Texte intégral
Mesdames, messieurs les parlementaires européens,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour votre invitation.
Elle témoigne de l'intérêt croissant que le tourisme suscite, en termes politiques, chez les parlementaires, aussi bien français qu'européens.
Le tourisme en Europe est une activité économique et sociale de première importance.
En effet, avec 386 millions de visiteurs étrangers accueillis en 1999 (soit près de 59 % des flux internationaux), notre continent est la principale région de destination touristique au monde.
Il est aussi la première région émettrice de touristes vers tous les autres pays de la planète.
Le tourisme y représente ainsi 5,5 % du PIB communautaire, 6 % des emplois (soit 9 millions d'emplois directs recensés aujourd'hui) et 30 % du commerce extérieur des services.
Cette importance devrait aller en augmentant puisque les projections de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoient, dans les vingt ans à venir, un doublement des flux touristiques internationaux au bénéfice de l'Europe.
On prévoit également la création de 2 à 3 millions d'emplois directs supplémentaires.
Par ailleurs, vous n'ignorez pas le rôle important que peut jouer le tourisme dans le développement local et l'aménagement du territoire.
Au-delà, je suis convaincue que le tourisme favorise aussi, d'un bout à l'autre de la planète, la découverte, la compréhension mutuelle, l'échange et l'amitié entre les peuples.
Il est en cela un formidable vecteur des valeurs de solidarité et de paix auquel notre monde aspire.
Paradoxalement, le tourisme n'est que peu intégré dans les compétences communautaires.
Et l'article 3 du Traité d'Amsterdam rappelle que les interventions en la matière doivent respecter le principe de subsidiarité en laissant aux États membres la plus grande marge d'action dans le cadre de leurs politiques nationales ou régionales.
Les tentatives d'actions communautaires se sont révélées peu efficaces en raison de la différence d'approche de ce secteur par certains états très attachés au respect du principe de subsidiarité.
Une telle situation ne favorisait pas le développement d'une vision globale et cohérente du tourisme.
Mais, depuis novembre 1997, avec la conférence européenne de Luxembourg réunie sur le thème du tourisme et de l'emploi et le Conseil des ministres qui l'a suivie, les choses ont bougé.
Ce Conseil des ministres a donné naissance à un groupe de haut niveau chargé d'approfondir ces problématiques.
Le Parlement lui-même montre un réel intérêt pour que le tourisme soit mieux pris en compte, au niveau des politiques européennes.
Le rapport du groupe de haut niveau a fourni des recommandations qui ont été approuvées par le Conseil des ministres du Marché intérieur du 21 juin 2000.
Elles ont aussi donné lieu à des avis favorables du Comité des régions, du Comité économique et social ainsi qu'à une résolution du Parlement européen, le 18 février 2000.
Les conclusions de ce Conseil ont conduit à la mise en place d'une série de travaux pilotés par quatre groupes d'experts sur les thèmes suivant :
la formation professionnelle des acteurs du tourisme,
l'information, en lien avec le développement des nouvelles technologies qui lui sont liées,
la qualité,
et le développement touristique durable.
Parallèlement à ces travaux - qui feront l'objet d'un rapport intermédiaire de la Commission à l'occasion de la réunion des ministres européens du tourisme que j'organise, à Lille, le 22 novembre et se poursuivront en 2001 - parallèlement à ces travaux donc, une réflexion et des actions ont été menées conjointement par certains pays membres, dont la France.
Plutôt que la création d'une politique communautaire du tourisme (qui impliquerait une modification du Traité à laquelle les États sont majoritairement opposés), cette réflexion et cette action visent à la coordination des politiques du tourisme mises en place dans chacun des États membres.
Ses premiers résultats se sont notamment illustrés lors de la conférence de Vilamoura, sous présidence portugaise, en mai dernier.
A cette occasion, la volonté des États membres de mieux prendre en compte le secteur du tourisme dans leurs politiques nationales et le souhait d'encourager des actions coordonnées dans ce domaine ont été actées.
Avec la présidence française de l'Union européenne, il s'agit non seulement de faire aboutir les efforts réalisés ces trois dernières années, mais aussi, de les inscrire dans la durée, tout en y ajoutant une forte dimension sociale.
Je m'attache ainsi à valoriser les actions menées avec les pays réceptifs du Sud - l'Italie, l'Espagne, le Portugal, - qui connaissent des problématiques voisines de celles de la France, notamment en matière d'emploi, de structures d'entreprises et d'équilibre de territoires.
Des interrogations similaires ont également été soulevées par l'Irlande, les Britanniques ou les Pays nordiques lors de mes rencontres bilatérales préparatoires à la réunion du 22 novembre à Lille que j'évoquais tout à l'heure.
Ceci dans le but d'encourager la mise en place d'une réelle politique cohérente au niveau des États membres dans ces différents domaines.
Je travaille également à un programme concret et pragmatique d'actions coordonnées touchant à quatre domaines :
l'amélioration des conditions de travail et la formation professionnelle.
Le secteur du tourisme connaît, en effet, un problème de qualification et d'emploi qui peut handicaper son développement si des efforts ne sont pas faits pour améliorer les conditions de travail - notamment celles des saisonniers, - la reconnaissance des compétences ou la formation des employeurs à la gestion des ressources humaines. Cet aspect a d'ailleurs été fortement souligné dans la résolution du Parlement du 18 février 2000.
l'aménagement des territoires à partir du concept maintenant largement partagé de tourisme durable et la mise en réseau de territoires pour favoriser les bonnes pratiques en la matière.
le soutien aux actions d'amélioration de la qualité de l'offre pour anticiper sur la concurrence à venir et faire en sorte que les PME, qui composent essentiellement le tissu économique de ce secteur, restent performantes.
Cela passe par une aide renforcée de ces entreprises à l'accès et à une plus large utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Cela passe aussi par une plus grande attention de la Commission à leurs particularités.
Il est d'ailleurs un point important qui préoccupe aujourd'hui la plupart des pays, c'est celui du phénomène de concentration des grandes entreprises de distribution qui, s'y l'on n'y prend pas garde, peut conduire, au-delà du point de vue économique, à une baisse effective de la qualité de l'offre touristique et à l'aggravation du déséquilibre des territoires.
enfin, je m'attache, et c'est l'apport original de la France, à promouvoir et favoriser, au niveau européen, la prise en compte du droit aux vacances pour tous.
Je considère, en effet, que ce droit mérite d'être affirmé avec plus de force.
Il contribue, par les échanges qu'il permet, à la découverte, à la compréhension des cultures et des traditions dans les divers États. Au-delà de son aspect social évident, il est aussi un facteur favorable à l'émergence d'une citoyenneté européenne.
Ainsi, en s'appuyant sur des expériences locales ou nationales, des politiques sectorielles coordonnées seront encouragées.
De même, le tourisme des jeunes sera particulièrement concerné.
Je souhaite, toujours dans cet esprit, qu'une réflexion soit rapidement menée sur des systèmes coordonnés d'aide au départ en vacances des personnes à revenus modestes.
Le secteur du tourisme social et associatif, à même d'opérer un brassage social à l'occasion des vacances, doit être également soutenu dans le cadre d'une politique citoyenne européenne.
L'accès aux vacances et aux loisirs des personnes handicapées, une question largement partagée au sein de la Communauté, doit lui aussi bénéficier d'une attention particulière.
En continuité de la présidence portugaise, la réunion de Lille sera surtout l'occasion de porter une attention particulière aux questions qui nous sont posées par l'important essor à venir du tourisme.
Le matin, se tiendra un forum, placé sous le signe du tourisme durable et largement ouvert aux représentants de la société civile et aux professionnels du tourisme.
Ce forum permettra d'affirmer la nécessité d'un tourisme de qualité, porteur de valeurs d'échanges, de solidarité et de paix et qui favorise un aménagement du territoire équilibré, respectueux des hommes, des cultures et de l'environnement.
J'ai souhaité que les parlementaires nationaux et européens soient largement invités à ce forum.
A l'issue de cette initiative, je ferai une communication au Conseil du marché intérieur du 30 novembre pour sensibiliser l'ensemble des gouvernements à ces problèmes en soulignant les points forts et les axes de convergences qui se seront dégagés à Lille.
Je compte sur le Parlement européen pour faire en sorte que cette démarche trouve un écho dans l'avenir et soit notamment relancée à l'occasion des différentes présidences de l'Union européenne.
Je ne saurais conclure mon propos sans vous dire combien le soutien de votre groupe parlementaire peut être important dans cette démarche.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 22 novembre 2000)
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour votre invitation.
Elle témoigne de l'intérêt croissant que le tourisme suscite, en termes politiques, chez les parlementaires, aussi bien français qu'européens.
Le tourisme en Europe est une activité économique et sociale de première importance.
En effet, avec 386 millions de visiteurs étrangers accueillis en 1999 (soit près de 59 % des flux internationaux), notre continent est la principale région de destination touristique au monde.
Il est aussi la première région émettrice de touristes vers tous les autres pays de la planète.
Le tourisme y représente ainsi 5,5 % du PIB communautaire, 6 % des emplois (soit 9 millions d'emplois directs recensés aujourd'hui) et 30 % du commerce extérieur des services.
Cette importance devrait aller en augmentant puisque les projections de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoient, dans les vingt ans à venir, un doublement des flux touristiques internationaux au bénéfice de l'Europe.
On prévoit également la création de 2 à 3 millions d'emplois directs supplémentaires.
Par ailleurs, vous n'ignorez pas le rôle important que peut jouer le tourisme dans le développement local et l'aménagement du territoire.
Au-delà, je suis convaincue que le tourisme favorise aussi, d'un bout à l'autre de la planète, la découverte, la compréhension mutuelle, l'échange et l'amitié entre les peuples.
Il est en cela un formidable vecteur des valeurs de solidarité et de paix auquel notre monde aspire.
Paradoxalement, le tourisme n'est que peu intégré dans les compétences communautaires.
Et l'article 3 du Traité d'Amsterdam rappelle que les interventions en la matière doivent respecter le principe de subsidiarité en laissant aux États membres la plus grande marge d'action dans le cadre de leurs politiques nationales ou régionales.
Les tentatives d'actions communautaires se sont révélées peu efficaces en raison de la différence d'approche de ce secteur par certains états très attachés au respect du principe de subsidiarité.
Une telle situation ne favorisait pas le développement d'une vision globale et cohérente du tourisme.
Mais, depuis novembre 1997, avec la conférence européenne de Luxembourg réunie sur le thème du tourisme et de l'emploi et le Conseil des ministres qui l'a suivie, les choses ont bougé.
Ce Conseil des ministres a donné naissance à un groupe de haut niveau chargé d'approfondir ces problématiques.
Le Parlement lui-même montre un réel intérêt pour que le tourisme soit mieux pris en compte, au niveau des politiques européennes.
Le rapport du groupe de haut niveau a fourni des recommandations qui ont été approuvées par le Conseil des ministres du Marché intérieur du 21 juin 2000.
Elles ont aussi donné lieu à des avis favorables du Comité des régions, du Comité économique et social ainsi qu'à une résolution du Parlement européen, le 18 février 2000.
Les conclusions de ce Conseil ont conduit à la mise en place d'une série de travaux pilotés par quatre groupes d'experts sur les thèmes suivant :
la formation professionnelle des acteurs du tourisme,
l'information, en lien avec le développement des nouvelles technologies qui lui sont liées,
la qualité,
et le développement touristique durable.
Parallèlement à ces travaux - qui feront l'objet d'un rapport intermédiaire de la Commission à l'occasion de la réunion des ministres européens du tourisme que j'organise, à Lille, le 22 novembre et se poursuivront en 2001 - parallèlement à ces travaux donc, une réflexion et des actions ont été menées conjointement par certains pays membres, dont la France.
Plutôt que la création d'une politique communautaire du tourisme (qui impliquerait une modification du Traité à laquelle les États sont majoritairement opposés), cette réflexion et cette action visent à la coordination des politiques du tourisme mises en place dans chacun des États membres.
Ses premiers résultats se sont notamment illustrés lors de la conférence de Vilamoura, sous présidence portugaise, en mai dernier.
A cette occasion, la volonté des États membres de mieux prendre en compte le secteur du tourisme dans leurs politiques nationales et le souhait d'encourager des actions coordonnées dans ce domaine ont été actées.
Avec la présidence française de l'Union européenne, il s'agit non seulement de faire aboutir les efforts réalisés ces trois dernières années, mais aussi, de les inscrire dans la durée, tout en y ajoutant une forte dimension sociale.
Je m'attache ainsi à valoriser les actions menées avec les pays réceptifs du Sud - l'Italie, l'Espagne, le Portugal, - qui connaissent des problématiques voisines de celles de la France, notamment en matière d'emploi, de structures d'entreprises et d'équilibre de territoires.
Des interrogations similaires ont également été soulevées par l'Irlande, les Britanniques ou les Pays nordiques lors de mes rencontres bilatérales préparatoires à la réunion du 22 novembre à Lille que j'évoquais tout à l'heure.
Ceci dans le but d'encourager la mise en place d'une réelle politique cohérente au niveau des États membres dans ces différents domaines.
Je travaille également à un programme concret et pragmatique d'actions coordonnées touchant à quatre domaines :
l'amélioration des conditions de travail et la formation professionnelle.
Le secteur du tourisme connaît, en effet, un problème de qualification et d'emploi qui peut handicaper son développement si des efforts ne sont pas faits pour améliorer les conditions de travail - notamment celles des saisonniers, - la reconnaissance des compétences ou la formation des employeurs à la gestion des ressources humaines. Cet aspect a d'ailleurs été fortement souligné dans la résolution du Parlement du 18 février 2000.
l'aménagement des territoires à partir du concept maintenant largement partagé de tourisme durable et la mise en réseau de territoires pour favoriser les bonnes pratiques en la matière.
le soutien aux actions d'amélioration de la qualité de l'offre pour anticiper sur la concurrence à venir et faire en sorte que les PME, qui composent essentiellement le tissu économique de ce secteur, restent performantes.
Cela passe par une aide renforcée de ces entreprises à l'accès et à une plus large utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Cela passe aussi par une plus grande attention de la Commission à leurs particularités.
Il est d'ailleurs un point important qui préoccupe aujourd'hui la plupart des pays, c'est celui du phénomène de concentration des grandes entreprises de distribution qui, s'y l'on n'y prend pas garde, peut conduire, au-delà du point de vue économique, à une baisse effective de la qualité de l'offre touristique et à l'aggravation du déséquilibre des territoires.
enfin, je m'attache, et c'est l'apport original de la France, à promouvoir et favoriser, au niveau européen, la prise en compte du droit aux vacances pour tous.
Je considère, en effet, que ce droit mérite d'être affirmé avec plus de force.
Il contribue, par les échanges qu'il permet, à la découverte, à la compréhension des cultures et des traditions dans les divers États. Au-delà de son aspect social évident, il est aussi un facteur favorable à l'émergence d'une citoyenneté européenne.
Ainsi, en s'appuyant sur des expériences locales ou nationales, des politiques sectorielles coordonnées seront encouragées.
De même, le tourisme des jeunes sera particulièrement concerné.
Je souhaite, toujours dans cet esprit, qu'une réflexion soit rapidement menée sur des systèmes coordonnés d'aide au départ en vacances des personnes à revenus modestes.
Le secteur du tourisme social et associatif, à même d'opérer un brassage social à l'occasion des vacances, doit être également soutenu dans le cadre d'une politique citoyenne européenne.
L'accès aux vacances et aux loisirs des personnes handicapées, une question largement partagée au sein de la Communauté, doit lui aussi bénéficier d'une attention particulière.
En continuité de la présidence portugaise, la réunion de Lille sera surtout l'occasion de porter une attention particulière aux questions qui nous sont posées par l'important essor à venir du tourisme.
Le matin, se tiendra un forum, placé sous le signe du tourisme durable et largement ouvert aux représentants de la société civile et aux professionnels du tourisme.
Ce forum permettra d'affirmer la nécessité d'un tourisme de qualité, porteur de valeurs d'échanges, de solidarité et de paix et qui favorise un aménagement du territoire équilibré, respectueux des hommes, des cultures et de l'environnement.
J'ai souhaité que les parlementaires nationaux et européens soient largement invités à ce forum.
A l'issue de cette initiative, je ferai une communication au Conseil du marché intérieur du 30 novembre pour sensibiliser l'ensemble des gouvernements à ces problèmes en soulignant les points forts et les axes de convergences qui se seront dégagés à Lille.
Je compte sur le Parlement européen pour faire en sorte que cette démarche trouve un écho dans l'avenir et soit notamment relancée à l'occasion des différentes présidences de l'Union européenne.
Je ne saurais conclure mon propos sans vous dire combien le soutien de votre groupe parlementaire peut être important dans cette démarche.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 22 novembre 2000)