Déclaration de Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication, sur l'action du gouvernement en matière de décentralisation culturelle notamment, le soutien aux projets culturels de la ville de Marmande et l'accès au multimédia, Marmande le 1er décembre 2000.

Prononcé le 1er décembre 2000

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Circonstance : Allocution à l'Hôtel de ville de Marmande le 1er décembre 2000

Texte intégral

Monsieur le Maire, cher Gérard Gouzes, c'est avec joie que je vous rejoins dans la maison commune de votre belle ville de Marmande, première étape de mon parcours d'aujourd'hui dans le Sud Ouest. Vous avez choisi de faire de la culture un des instruments de votre politique de développement, et vous mettez plus particulièrement l'accent sur la musique. Je pense que c'est un bon choix, car aujourd'hui la musique, les musiques devrais-je dire, sont souvent au cur des pratiques artistiques de nos concitoyens et un des modes d'expression les plus prisés d'un large public et notamment des jeunes dans les milieux les plus divers.
L'existence déjà ancienne des " Nuits lyriques en Marmandais " atteste de votre ambition. Cette manifestation est devenue au fil des ans une de celles qui comptent pour le soutien apporté aux jeunes chanteurs lyriques en faveur de leur insertion dans la vie professionnelle.
Vous vous souciez aussi des musiques d'aujourd'hui ; je sais que vous envisagez de leur consacrer un espace. Je pense qu'une telle initiative trouverait sa place dans le réseau aquitain des salles de musique amplifiée. Je suis donc tout à fait favorable à ce que nous examinions ensemble tous les aspects de ce projet, de façon à réunir dans les meilleurs délais les conditions de sa mise en uvre. Ce projet gagnerait beaucoup d'ailleurs à être articulé avec ce qui se passe dans l'Ecole Maurice Ravel que nous venons de visiter. Elle est incontestablement l'établissement d'enseignement musical et chorégraphique le plus actif du département et assurément le plus fréquenté. La compétence et le dynamisme de son directeur, M. Philippe Mestre, sont connus de tous. Mes services y sont, vous le savez, attentifs. Vous souhaitez que l'Etat y soit plus présent et que cela se traduise par la reconnaissance de cet établissement comme Ecole nationale de musique. Sachez, cher Gérard Gouzes, que je partage votre souhait même s'il y faut deux conditions qui ne vous surprendront pas : une diversification et un accroissement du nombre des disciplines enseignées, et donc des professeurs concernés, et une inscription explicite dans un cadre intercommunal qui accroîtrait le rayonnement et l'efficacité de ce bel outil et justifierait pleinement la reconnaissance et l'engagement financier de l'Etat, dès 2002 j'espère.
Je ne vous annonce pas cette bonne nouvelle seulement par amitié, une amitié fortifiée par nos trois années de travail commun à la Commission des Lois de l'Assemblée Nationale ; ce n'est pas non plus parce que la période des fêtes arrive, mais bien parce que je crois très profondément qu'une des missions de mon ministère est de contribuer à corriger les déséquilibres culturels sur notre territoire, en soutenant les initiatives de villes comme la vôtre et des départements comme le Lot-et-Garonne.
Je ne me satisferai jamais d'une carte culturelle de la France qui entérinerait les inégalités existantes. Une des justifications de l'action et de l'existence même de mon ministère est de contribuer à modifier l'ordre installé des choses et à faire en sorte que la rencontre avec l'art et la culture soit possible pour tous, où que l'on habite. L'égal accès au savoir et à la culture est pour Lionel Jospin un objectif prioritaire de l'action gouvernementale. Objectif d'autant plus fondé que les nouvelles technologies ouvrent aujourd'hui des possibilités d'accès considérablement accrues mais peuvent aussi créer de nouvelles inégalités des chances. C'est pourquoi le Premier Ministre dès 1997 a engagé un programme d'action très fort pour que l'entrée de la France dans la Société de l'Information se fasse dans une démarche démocratique égalitaire. Le réseau des institutions artistiques et culturelles est un des points d'appui de cette politique. Je m'attache à multiplier les Espaces Culture Multimédia qui offrent un accès public et souvent gratuit aux nouvelles technologies et suscitent déjà chez les jeunes créateurs de disciplines diverses des initiatives d'un nouveau type. La musique est bien sûr avec l'image, un des terrains de prédilection de ces expressions innovantes. Dans cette action de décentralisation et de démocratisation culturelle, la convergence des efforts de l'Etat et des collectivités territoriales est bien sûr déterminante. C'est pourquoi je me réjouis du partenariat qui se dessine ici à Marmande. C'est le sens de mon engagement personnel qui est venu aujourd'hui à la rencontre du vôtre.
Je vous remercie de votre accueil.

(Source http://www.culture.gouv.fr, le 1er décembre 2000)