Texte intégral
Merci Monsieur le Ministre, si vous me le permettez Mesdames et Messieurs, je m'exprimerai en français et si vous le souhaitez, l'interprète pourra vous aider. Je voudrais remercier les autorités portugaises de me recevoir aujourd'hui. Nous nous voyons souvent avec mon collègue, M. Neves, mais j'ai pu voir aussi M. Vitorino et je verrai demain le ministre de l'Economie. Le Premier ministre me fait l'honneur de me recevoir tout à l'heure. Je lui en suis profondément reconnaissante car il est important que nous ayons des contacts les uns avec les autres au moment où l'Europe traverse une période de doutes et de difficultés. Je suis convaincue que c'est en parlant entre nous que nous pourrons ensemble dégager des pistes d'actions communes. Je suis très heureuse d'avoir pu avoir ces entretiens approfondis qui ont porté essentiellement sur les questions européennes et nous poursuivrons ce soir sur les questions bilatérales. Comme vous l'a dit M. Neves, nous avons pour l'essentiel des positions très proches. Il est à la fois nécessaire et urgent que l'Union européenne maintenant parvienne à un accord sur le futur budget de l'Union, ce que nous appelons les perspectives financières. Certes, il y a un budget pour cette année, et pour l'année prochaine, mais le temps passe vite et nous avons besoin de savoir où nous allons. Il est donc tout à fait essentiel que la présidence britannique fasse maintenant des propositions à ses partenaires qui soient des propositions de nature à nous permettre de trouver un accord, c'est-à-dire des propositions, nous semble-t-il, basées sur le dernier travail qui avait été fait par la présidence précédente. Si nous repartons de cette base de négociations, la proposition luxembourgeoise, moyennant quelques ajustements, nous pourrons avoir un accord. Nous avons aussi parlé des questions commerciales internationales et d'un certain nombre d'autres sujets européens. Sur chacun de ces grands domaines, nos positions sont proches. Je voudrais ajouter une dernière chose avant que nous répondions à vos questions : il se trouve que ma visite au Portugal prend place très peu de temps avant la célébration du 20ème anniversaire de l'entrée de ce pays dans l'Union européenne. Cela m'amène à partager avec vous une réflexion. Quand on voit à la fois le succès du Portugal dans l'Union européenne et ce que ce pays a apporté à l'Union, je crois qu'il y a pour chacun d'entre nous à méditer sur ce qu'est la solidarité entre nos pays. C'est en respectant cette exigence de solidarité que l'Union européenne pourra continuer à se faire, pour le plus grand bénéfice de nos citoyens et pour le plus grand bénéfice de nos pays, à un moment où parfois les égoïsmes l'emportent sur l'esprit européen. Je trouve que cet anniversaire est le moment de se souvenir de cette leçon dans un pays qui a si bien réussi.
Q - Pour le problème des banlieues, que nous appelons un problème français, faut-il avoir des réponses au niveau européen, des politiques européennes ?
R - Ce sont des questions délicates et, souvent, avec des raisons multiples et profondes à la fois, que nous devons traiter dans un cadre national, parce qu'il y a des caractéristiques avant tout françaises. Mais une partie des réponses peut venir de l'Union européenne. C'est d'ailleurs déjà le cas : notre pays, comme le Portugal et d'autres pays membres de l'Union européenne, bénéficient de fonds européens destinés à la rénovation urbaine et la transformation de certains quartiers difficiles. Nous avons entendu hier le président de la Commission européenne, M. Barroso, faire des propositions intéressantes à cet égard. Il se trouve que dans les déplacements que je fais dans les régions françaises pour essayer de renouer le dialogue avec nos compatriotes, de leur expliquer ce qu'apporte l'Europe concrètement, j'étais allée il y a quelques semaines à Mantes-la-Jolie l'une des villes en France qui bénéficient de ce programme que l'on appelle "Urban". Lorsqu'on voit combien cette ville a été transformée grâce aux efforts faits depuis plus de dix ans et en partie avec l'aide de fonds européens, on se dit, en effet, que l'aide de l'Europe sera la bienvenue. J'ai pu inaugurer une école d'infirmières, j'ai pu aller visiter un certain nombre d'entreprises qui ont été créées grâce à cette aide de l'Union européenne. Pour vous répondre plus simplement Madame, c'est d'abord de la responsabilité de la France de trouver des solutions et de trouver des réponses, mais en effet l'Union européenne peut nous aider.
Q - Dans le cadre élargi de votre intervention, est-ce qu'on peut établir un lien entre le référendum français sur le traité constitutionnel et les événements actuels en France ?
R - Je crois que toutes les réflexions sont possibles, mais qu'il faut les garder dans un cadre raisonnable. Donc je ne ferai pas ce parallèle et je crois qu'il n'est pas bon de le faire. Les Français appelés à se prononcer par référendum sur un projet de traité constitutionnel se sont exprimés démocratiquement. Ce dont vous parlez, me semble-t-il, révèle des phénomènes d'une nature bien différente, de questions sur les évolutions de nos sociétés, sur notre capacité à permettre aux étrangers qui viennent en France de s'intégrer et aux enfants d'étrangers de trouver leur voie dans la communauté nationale. Et, à ce propos, je tiens à dire qu'à ma connaissance il n'y pas eu de problème avec la communauté portugaise en France et je m'en félicite. Ils sont nombreux en France et une partie d'entre eux sont maintenant des nationaux français.
Q - sur les perspectives financières
R - La base de négociation doit rester la dernière proposition de la présidence précédente, c'est-à-dire la proposition luxembourgeoise de la mi-juin. Sur cette base, la très grande majorité des Etats membres avait accepté de suivre la présidence et nous étions vingt pays sur 25, dont nos deux pays, à l'avoir acceptée, au prix d'un certain nombre d'efforts. Lorsque je parle d'efforts, je parle d'efforts menés pendant la négociation par rapport à nos premières positions de négociations. C'était le cas pour la plupart de nos pays, c'était le cas en particulier pour la France. Vous vous souvenez peut-être qu'à l'origine la France et quelques-uns de ses partenaires souhaitaient un budget qui reste dans un cadre d'évolution allant jusqu'à 1 % du revenu national brut. En acceptant la proposition luxembourgeoise, nous avions accepté d'aller au-delà de cette première base de négociation. Parce qu'elle était bonne sur le fond : elle permettait à l'Europe de financer ses politiques communes et de développer des politiques nouvelles en matières de justice, d'immigration, de politique étrangère et de sécurité commune et également en matière d'innovation et de recherche, et parce qu'elle permettait aussi de financer l'élargissement. Pour notre pays ceci représentait un effort financier considérable, plus de 10 milliards d'euros de contributions brutes supplémentaires sur la période. Nos sommes prêts à faire le même effort dans ce cadre, pour autant que le paquet d'ensemble soit un paquet équilibré et satisfaisant comme l'était la proposition luxembourgeoise.
Merci.(Source http://www,diplomatie,gouv,fr, le 24 novembre 2005)