Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Thierry de Segonzac,
Monsieur le Président du conseil régional,
Monsieur le Délégué général,
Chers Amis,
Je suis très heureux de vous retrouver, à la Maison de Radio France, pour une grande première, la première nuit des industries techniques. Une nuit que vous avez voulue festive, inédite, avec pour la première fois, la projection de films de patrimoine, comme ceux des frères Lumière, en Haute Définition, mais aussi des démonstrations de vos savoir-faire et des trophées. Une nuit pour mettre en lumière vos talents, vos métiers, votre créativité auxquels je tiens à rendre un nouvel hommage et je pense tout particulièrement ce soir aux inventeurs de la louma, Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron -. Une nuit pour défendre vos idées et vos projets et tel est aussi le sens de ma présence ce soir à vos côtés.
Lors de votre assemblée générale, le 27 janvier dernier, j'avais souligné le rôle essentiel des industries techniques au service de la création, de la diversité culturelle, du rayonnement de notre cinéma, de notre production audiovisuelle et multimédia.
Depuis, la convention internationale sur la diversité culturelle a été adoptée, à la quasi-unanimité, à l'Unesco, le 20 octobre dernier. Je sais la part que vous avez prise à ce combat réussi, au sein de la coalition pour la diversité culturelle et je tiens à vous remercier.
Chaque Etat voit ainsi reconnu par la communauté internationale son droit à mener des politiques culturelles et à soutenir ses industries culturelles.
La mise en oeuvre du crédit d'impôt pour le cinéma et son extension à l'audiovisuel ont fortement contribué à favoriser la relocalisation des tournages sur notre territoire.
Les apports des fonds régionaux, abondés également par l'Etat, ont renforcé l'effet de levier incontestablement efficace des crédits d'impôt.
L'action, que j'ai encouragée, de la Commission Nationale du Film France aux côtés des Commissions régionales, pour améliorer l'accueil des tournages étrangers en France a également contribué au rayonnement international des industries techniques françaises.
J'ai tenu à mobiliser toutes les énergies du ministère, en particulier la Direction des Musées de France et la Direction de l'Architecture et du Patrimoine, ainsi que les établissements publics et le Centre des monuments nationaux, afin de faciliter les tournages dans les lieux de notre patrimoine.
2005 fut une année exemplaire avec, notamment, l'accueil des tournages du Da Vinci Code de Ron Howard au Louvre et de Marie-Antoinette de Sofia Coppola à Versailles.
L'ensemble de ces mesures a permis de relocaliser ou de préserver plus de 2500 emplois.
Je sais que vous devez relever de nouveaux défis, qui sont autant de chances à saisir pour un secteur en mutation. En effet, après des années difficiles qui ont vu de nombreuses restructurations, la situation en 2004 et surtout en 2005 semble s'être sensiblement assainie. De grands pôles de taille européenne se sont constitués tandis que de nombreux prestataires de taille se dirigeaient vers un retour à l'équilibre financier.
J'ai conscience que la situation générale des industries techniques demeure cependant fragile. Nous sommes face à un paysage audiovisuel et cinématographique en pleine évolution sous l'effet de la pénétration générale du numérique dans vos métiers. Aux nouveaux outils de production et de post-production, s'ajoutent aujourd'hui et demain de nouveaux réseaux de distribution, qui correspondent à de nouveaux modes de consommation : la VOD, la TNT, la télévision sur les mobiles, la télévision haute définition. Et demain, probablement, la projection numérique en salles.
Face à ses évolutions, il me paraît essentiel de préserver l'équilibre entre des pôles de dimension internationale, et un tissu de petites et moyennes entreprises performantes dans leur domaine, et de haute productivité.
Nous pouvons nous féliciter de l'apparition d'un petit nombre de grands pôles de taille européenne ou internationale. C'est grâce à ces entreprises que la France tiendra sa place dans le monde.
Cette concurrence régulée doit aussi s'exercer à l'intérieur de nos frontières. L'imagination des créateurs de films et d'oeuvres audiovisuelles (sans parler pour l'instant des jeux vidéo) a besoin des solutions techniques innovantes commercialisées par un grand nombre d'entreprises performantes et solides.
Je tiens à ce que l'Etat, c'est-à-dire le Ministère de la Culture et de la Communication et le CNC, avec le partenariat actif des régions, accompagne les industries techniques dans ces nouvelles étapes.
Cette année, le gouvernement a mis en place les pôles de compétitivité au service d'une politique industrielle et de recherche de grande envergure.
La capacité d'innovation par la recherche et le développement, clé de la compétitivité, est au coeur de cette politique. Le label décerné par le gouvernement au pôle IMVN (Image, Multimédia et Vie Numérique), déposé par la région Ile-de-France, et que j'avais personnellement soutenu, parmi les 15 pôles à dimension internationale, est très encourageant pour les industries techniques.
Je tiens à saluer Jean-Pierre Cottet, qui est président de ce pôle. Sa grande expérience de l?audiovisuel nous sera très précieuse.
La mobilisation de la FICAM aux côtés de nombreuses industries techniques, pour porter et défendre ce projet fédérateur est ainsi récompensée. Il faut que toutes les industries techniques les rejoignent.
L'importance de l?enjeu ne vous a pas échappé : il s'agit de réunir les compétences, les talents et les énergies de chacun (industriels et entreprises de toute taille, laboratoires publics de recherche, établissements d'enseignement supérieur) pour gagner la bataille mondiale des contenus numériques.
L'engagement de l'Etat et des collectivités de la région Ile-de-France est bien évidemment un facteur clé de réussite.
Depuis 2001, le réseau Recherche et Innovation en Audiovisuel et Multimédia RIAM créé par le Ministère de la Culture et de la Communication (via le CNC), le Ministère délégué à l'Industrie et le Ministère de la Recherche, soutient les travaux de recherche & développement des industries techniques.
Aujourd'hui, ce mécanisme a évolué pour tenir compte de la création par le gouvernement de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), et les projets sont désormais financés à la fois par le CNC et par l'ANR. En 2005, plus de la moitié des projets financés par le CNC et plus du quart des projets financés par l'ANR sont portés par au moins une entreprise du secteur des industries techniques. Le financement de ces seuls projets représente plus de 5 millions d'euros de subventions de l'ANR et du CNC. Cet effort s'ajoute à l'aide directe du CNC aux industries techniques, qui est aussi de l'ordre de 5 M?, et qui porte sur des investissements qui relèvent aussi souvent de l'innovation et du développement de vos entreprises.
J'ai parlé de l'Europe. Un chantier important nous attend dès l'an prochain : il s'agit de conforter la pérennité des systèmes de soutien en faveur des industries techniques, tout en les adaptant aux règles de l'Union européenne. J'ai engagé un dialogue constructif, confiant et transparent avec la commissaire européenne en charge de la concurrence, afin que la spécificité de notre dispositif soit préservé.
Les aides en faveur des PME, et toutes les formes d'aides en faveur de la Recherche et développement, en complément du dispositif RIAM que je viens d'évoquer, sont en voie de validation par Bruxelles.
Sur ces sujets, je demande au CNC d'organiser une rencontre de concertation approfondie avec la FICAM dans les tout premiers jours de l'année.
Je ne veux pas terminer sans saluer votre engagement en faveur du court métrage. Depuis des années, des dizaines ou des centaines de courts métrages n'ont pu voir le jour que par la contribution, souvent en nature, des industries techniques.
Vous avez voulu aller plus loin en plaçant cet engagement dans le cadre des dispositions en faveur du mécénat d'entreprise. Au moment où les travaux, que vous avez menés depuis près d'un an aux côtés du CNC et de représentants du court métrage sont en passe d?aboutir, je tiens à vous en féliciter.
Je suis heureux que vos idées et vos projets progressent et je vous souhaite une excellente soirée.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 6 décembre 2005)