Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les relations franco-autrichiennes et la construction européenne, à Vienne le 24 novembre 2005.

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Circonstance : Déplacement en Autriche-point de presse conjoint avec Mme Ursula Plassnik, ministre autrichienne des affaires étrangères, à Vienne le 24 novembre 2005

Texte intégral


Merci beaucoup Madame la Ministre, merci chère Ursula, merci de votre présence à tous. Je suis particulièrement heureuse d'être ici à Vienne, qui est une ville magnifique, et aux côtés d'Ursula Plassnik que je connais depuis longtemps et avec laquelle nous avons eu une réunion de travail dense et très amicale à la fois. Vous connaissez, je pense, mon programme : outre ces entretiens politiques, je verrai demain le ministre de l'Economie et de l'Emploi et M. Khol, et je ferai une rapide visite à la maison de l'intégration. Je pense qu'il y a un certain nombre de réflexions qui pourront être tirées de l'expérience qui y est menée et dont j'entends le plus grand bien.
Ma visite ici prend place à quelques semaines de la future présidence autrichienne. C'est la raison principale de mon déplacement à Vienne aujourd'hui. Outre les relations bilatérales que nous maintenons et qui sont, en ce moment, particulièrement denses, les échanges de visites sont nombreux. D'autres visites ministérielles françaises en Autriche sont prévues d'ici la fin de l'année, aujourd'hui même le vice-chancelier autrichien est à Paris. Je sais que l'Autriche se prépare à sa présidence depuis longtemps, très sérieusement, et qu'elle a à coeur de la réussir. Je suis venue ici dire à nos amis autrichiens que la France, comme l'avait dit le président de la République au chancelier Schüssel, qui était venu au mois de mars, la France sera aux côtés de la présidence et fera tous les efforts possibles pour qu'elle soit un succès. Nous avons besoin de montrer que l'Europe avance, au moment où nos pays s'interrogent sur le projet européen, où il y a une série de doutes, de questionnements, parfois même d'incertitudes sur ses capacités à répondre aux grands défis du moment.
La grande responsabilité de la présidence, c'est de dégager l'intérêt général européen, peut-être en incitant les pays à avancer à un meilleur rythme qu'ils ne le feraient habituellement. Nous sommes aux côtés de la présidence autrichienne et nous ferons tout notre possible pour l'aider à faire que les citoyens retrouvent confiance en l'Europe. Il y aura de lourds dossiers à traiter dans les quelques mois qui viennent ; tout ce qui est sur l'agenda habituel de début d'année, avec, au mois de mars, un Conseil européen sur la stratégie de Lisbonne qui devrait nous permettre de voir comment, sur les questions économiques, de développement, de croissance, d'emploi, nous pouvons donner davantage d'impulsion pour que les citoyens ressentent concrètement que l'Europe leur est utile. Il y a un certain nombre de textes en projet, je pense au projet de directive sur les services ou à la question du débat sur l'Europe, qu'il faut continuer, et, dans nos pays il faut faire un effort particulier pour entretenir le débat sur l'Europe. Le gouvernement, les parlements, les partenaires sociaux, la société civile, je crois que c'est très important de ne pas laisser retomber ce besoin d'explication, de dialogue qui s'est exprimé dans nos pays.
Nous avons évoqué aussi avec Ursula Plassnik les grands dossiers européens du moment. Je parle bien sûr du futur budget de l'Union européenne, les perspectives financières. Nous avons, je crois, pour la plupart des questions, de très fortes convergences et nous essaierons de les mettre à profit pour encourager l'actuelle présidence à redoubler d'efforts et à faire en sorte que ses partenaires puissent rapidement disposer de propositions précises de sa part, de nature à permettre l'émergence d'un consensus. Très clairement, pour nous, il s'agit de propositions basées sur la dernière proposition luxembourgeoise, là où nous nous sommes quittés en juin ; 20 Etats sur 25 ont accepté le projet de budget alors présenté. En repartant de cette base, moyennant quelques ajustements, nous pouvons avoir un accord sur le budget d'ici la fin de l'année ; c'est nécessaire, c'est très attendu et donc la responsabilité de l'actuelle présidence est forte.
Nous avons également parlé des Balkans. J'étais moi-même la semaine dernière à Sarajevo et je sais l'importance qu'y attache un pays comme l'Autriche. Vous l'avez rappelé, vous avez été pendant 50 ans au bout presque de l'Europe. Nous sommes aujourd'hui dans un autre monde. Nous considérons là-aussi, dans une très grande harmonie de vues, que l'aventure européenne doit se poursuivre dans ce qu'elle a de meilleur, c'est-à-dire l'unification du continent européen, la paix et la stabilité, le progrès économique et social pour tous nos peuples. L'aventure européenne, non seulement n'est pas finie, mais je crois que c'est la plus belle aventure du siècle. Il faut la poursuivre avec optimisme et résolument. Pour poursuivre sur les Balkans, nous sommes d'accord pour considérer qu'il faut continuer à donner un contenu concret à cette perspective européenne, pour cette région que nous avons reconnue sous présidence française à la fin de l'année 2000, et qui s'est confirmée au moment du Conseil européen de Thessalonique.
J'évoquerai rapidement nos relations bilatérales. Elles sont aujourd'hui étroites, ce sont des relations de confiance, ma visite en témoigne. Nous avons et aurons de nombreux échanges politiques. Sur le plan culturel, en ce moment à Paris, il y a une exposition que je n'ai pas réussi à voir et pourtant elle est assez près du ministère des Affaires étrangères. C'est une très belle exposition qui a un succès français, mais aussi européen et même mondial. Pour montrer que l'Europe, non seulement ne se fait pas contre nos identités ou contre nos cultures, mais, au contraire, nous aide à défendre nos identités et notre culture. J'essaierai tout à l'heure d'aller visiter la belle exposition sur les Impressionnistes qu'il y a en ce moment à Vienne.
Sur le plan économique, là aussi, peu de choses à souligner : les relations sont bonnes, elles sont à nouveau en progression, même si nous souhaitons que les entreprises françaises s'intéressent encore plus à l'Autriche et nous avons tous ce souhait d'avoir encore des relations en progression. Il n'y a aucune difficulté particulière à signaler, la coopération se poursuit avec de bons résultats. Et enfin, la place du français est ici éminemment représentée : je n'ai fait ni demande ni exprimé de souhait particulier !
Q - Après des années de tension entre Vienne et Paris, comment envisagez-vous les relations franco-autrichiennes au niveau européen, notamment dans le domaine agricole et sur la directive sur les services ?
R - Je compléterai ainsi : nous avons eu une difficulté dans le passé mais aujourd'hui la situation est bien différente et nous avons de nombreux domaines de coopération. Ursula les citait, on pourrait ajouter aussi les transports ou d'autres dossiers. Beaucoup de points de convergence précise mais surtout, je crois que la France et l'Autriche partagent une vision de l'Union européenne qui est très proche. Nous avons une vision d'une Europe politique, ambitieuse et solidaire tout à la fois. Et je souscris pleinement à ce que disait Ursula Plassnik sur l'importance que nous attachons aussi à la dimension sociale, l'importance que nos deux pays attachent à poursuivre un modèle de développement économique et social équilibré. Donc beaucoup de choses en commun et qui font qu'aujourd'hui, je le redis, on souhaite être à côté de la présidence future. Il y a encore quelques semaines et des décisions importantes à prendre d'ici là, et nous le souhaitons vivement, pour l'aider à relever le défi et remettre l'Europe en marche comme il faut et faire que nos citoyens progressivement retrouvent cette confiance dans l'Europe qu'ils ont un petit peu tendance à oublier.(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2005)