Déclaration de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, sur l'information des consommateurs sur l'euro et le rôle des observatoires départementaux sur l'euro, Chambéry le 8 janvier 1998.

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Circonstance : Installation de l'Observatoire départemental de l'euro pour la Savoie à Chambéry

Texte intégral

Chambéry est une ville largement ouverte sur le monde, largement ouverte sur lEurope. Jai donc un plaisir tout particulier à me trouver aujourdhui avec vous pour installer lobservatoire départemental de leuro pour la Savoie.
Le passage à leuro est, comme tout changement de monnaie, une grande affaire. Je me réjouis de ce changement. Il marque une avancée dun grand projet, celui de la construction européenne.
Pour la première fois en Europe, par la voie pacifique, 290 millions dhommes et de femmes ont décidé librement et démocratiquement dunir leur destin en partageant leur souveraineté monétaire, pour mieux lexercer.
Comme la déjà souligné Dominique Strauss-Kahn, si leuro nest pas une potion magique, nous lavons voulu comme un instrument essentiel au service dun modèle de société européenne plus juste, plus solidaire, une Europe qui met résolument le cap sur la croissance et lemploi.
Leuro est déjà une triple conquête :
· une conquête de souveraineté : il nous aide déjà à maîtriser la mondialisation ;
· une conquête didentité : ce sera un symbole de lidentité européenne au quotidien ;
· une conquête économique et sociale : cest le moyen pour les européens de saffirmer dans la gestion des affaires économiques mondiales et de développer le modèle social européen.
Désormais, lEurope est aussi unie par une monnaie, qui regroupe dès son introduction 11 des 15 Etats membres composant lUnion Européenne. Cela donne à cette Europe un atout pour saffirmer sur la scène internationale, et progresser encore dans sa construction interne. Car la monnaie unique nest bien sûr pas laboutissement de la construction européenne. Elle nest quun élément dune construction qui progresse par étapes, qui est vraiment une chance et une opportunité pour le présent et pour lavenir.
Pour les consommateurs que sont aussi les citoyens, le changement de monnaie est aussi une affaire importante. Cest à la fois peu et beaucoup : cest un changement de référence.
Chacun de nous a en tête une appréciation monétaire en francs de la valeur des produits et services
que nous consommons. Nous avons maintenant trois ans pour nous acclimater à leuro : acquérir des
références en euros, commencer à manier leuro, pour ceux qui le voudront, en utilisant les cartes et
chèques en euros.
Ne surestimons pas pour autant lincidence pour le consommateur du passage à leuro. Le changement de monnaie naltère pas la nature de la concurrence entre les producteurs, ni de la concurrence entre les distributeurs : il faudra simplement comparer les offres en euros, et non plus en francs. Mais la concurrence, quel que soit le libellé monétaire, continuera à jouer. Limportant est que le consommateur puisse toujours effectuer ses choix de manière éclairée.
Les consommateurs vont tout de suite gagner le bénéfice dune comparaison plus large, puisquils pourront comparer sans gymnastique arithmétique les prix à léchelle du marché intérieur européen. Cest un atout pour nos entreprises et nos consommateurs, car cela va dans le sens dune diversification encore accrue de loffre de produits et de services.
La monnaie unique, cest donc pour le consommateur un changement de référence.
Je me dis que jai 3 ans pour macclimater à leuro. Ce nest ni trop, ni trop peu. Mais il ne faut pas attendre 2002, cest-à-dire le moment de lintroduction des pièces et des billets en euros. Il y aura alors une courte période de double circulation, six à huit semaines environ, permettant déchanger dans le circuit monétaire les pièces et billets en francs par des pièces et billets en euros.
La vraie transition, elle commence en ce mois de janvier 1999 et durera jusquau 1er janvier 2002. Déjà, au plan juridique, leuro est notre monnaie. Le franc est devenu une subdivision non décimale de leuro. Dans la vie des entreprises, toutes celles qui sont impliquées au-delà de lhexagone, leuro est rentré ou va rentrer dans des pratiques dutilisation courante.
Le consommateur ne doit donc pas rester à la traîne. Dès ce mois de janvier, il peut par les cartes bancaires ou des chèques spécialement libellés en euros utiliser leuro pour régler ses achats. Dans notre pays, où lutilisation des cartes bancaires est très développée, leuro est déjà une réalité concrète.
Mais ce qui me semble encore plus important, cest dacquérir des références (extraits dun tableau Le Parisien, 4/01/99) :

une baguette de pain
un paquet de lessive
un timbre
un abonnement EDF
une place de cinéma
Francs 4,20 70 3 327,84 38
Euros 0,64 10,67 0,46 49,98 5,79

Mais aussi :
une allocation familiale pour 2 enfants : 678,59 F 103, 45 euros
le S.M.I.C. net mensuel : 5.386 F 821 euros
le RMI : 2.502,30 F 381,47 euros
Pour ma part, jutilise pour acquérir ces références un moyen mnémotechnique qui me permet une approximation aisée :
Francs euros :
1) jajoute la moitié ;
2) je divise par 10.
Exemple : 100 F 150 15 euros
Euros francs :
1) jôte un tiers
2) je multiplie par 10
Exemple : 15 euros 10 100 F
Les observatoires locaux de leuro, à limage de celui de Chambéry, entrent dans une phase concrète. Au moins 70 observatoires seront installés dici fin janvier. Dès février, la totalité des observatoires seront en place.
Pourquoi des observatoires ? Quelles vont être leurs missions ? Jen vois pour lessentiel quatre :
1 - Favoriser le double affichage des prix en euros :
Lobservatoire doit apporter sa contribution à lélaboration dun bilan sans cesse actualisé du double affichage des prix par grands secteurs dactivités.
Ainsi, les représentants des consommateurs disposeront au niveau local et, par remontées, au niveau national, dun outil leur facilitant létablissement et le suivi du bilan tout au long de la période de transition.

2 - Etre à lécoute des réactions et des besoins du public, afin de cerner les difficultés éventuelles.
Les observatoires de leuro doivent se montrer attentifs à toutes les formes de réactions du public et à ses attentes.
Les observatoires seront donc chargés dassurer la remontée de linformation sur les réactions et les attentes du public. Ce suivi permettra de cerner les problèmes spécifiques que pourront rencontrer certaines catégories de personnes (je pense aux personnes agées notamment) et de lancer des campagnes dinformation adaptées.
3 - Prévenir et recenser les problèmes liés à lutilisation de leuro au plan local.
Sagissant des consommateurs, les observatoires doivent remplir une véritable mission de veille permanente et active.
Cela nécessite que lobservatoire départemental de leuro souvre sur lextérieur pour être à lécoute des besoins, des réactions et des attentes des consommateurs et des professionnels.
Pour cela, il pourra sappuyer sur les relais locaux, afin datteindre une plus grande efficacité.
Ainsi, les représentants des consommateurs auront par exemple à prendre en compte les informations recueillies par les associations de consommateurs dans le cadre de leurs permanences, par les associations caritatives ou encore par les représentants locaux des organismes sociaux, culturels ou éducatifs.
Mais lobservatoire devra aussi, dans un souci defficacité et de cohérence, travailler en coordination avec les autres groupes en charge du dossier de leuro dans le département. Je pense au comité de pilotage et de suivi.
Par ailleurs, en tant que Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, je souhaite que les observatoires veillent à aider les petites entreprises dans cette phase transitoire. Leuro est une chance pour toute notre économie.
Les PME ne doivent pas attendre pour opérer leur basculement vers leuro. Il est important quelles se mettent tout de suite à leuro, pour sassurer la place essentielle qui leur revient à léchelle européenne.
Bien évidemment, et je le rappelle ici, les organisations professionnellles mais également les chambres consulaires ont un rôle dinformation essentiel en la matière. Elles doivent aller vers lentreprise et ne pas attendre que les chefs dentreprise les sollicitent. Jestime très clairement que cela fait partie intégrante de leur mission de service public. Il faut quelles intensifient, en particulier les chambres de métiers, leur action dinformation vers les entreprises.
4 - La médiation sur les litiges de consommation ayant pour origine lutilisation de leuro.
Enfin, situé à un niveau proche des citoyens, lobservatoire local de leuro pourra faciliter le règlement amiable des litiges de consommation liés à lutilisation de leuro. Pour cela, il sera constitué au sein de chaque observatoire une petite équipe paritaire sous une présidence neutre. Il sagira dune conciliation rapide, entièrement gratuite et simple, cest à dire sans formalisme particulier.
En ce qui concerne la composition de ces observatoires, ils doivent être constitués de personnes motivées. Leur engagement doit permettre à cet organe davoir toute lefficacité indispensable.
Cest pour bien respecter la nécessaire liberté des acteurs du terrain que la composition de ces observatoires nest pas insérée dans une définition trop stricte. Il mapparait en effet utile de préserver une certaine souplesse, permettant de prendre en compte les besoins locaux et de mobiliser les compétences affirmées au niveau du terrain.
Compte tenu de ces paramètres, la rapidité et la cohérence de la mise en place de ces observatoires doivent beaucoup aux efforts combinés des représentants des consommateurs et des professionnels.
Jexprime des encouragements tout particuliers aux membres de lobservatoire de Chambéry, dans la mesure où cet observatoire est lun des premiers en France.
Je suis persuadée que lobservatoire de Savoie développera une activité riche en enseignements, et sera un vecteur de la réussite du passage à leuro.
Je remercie à cette occasion tous les services de la DGCCRF de leur implication déterminée, qui est dans cette affaire souhaitée et attendue par tous.
Nous avons, avec lintroduction de leuro, un terrain dengagement public fort au service de nos citoyens, dans un contexte de proximité. Bien entendu, le Gouvernement suivra de très près lévolution de la situation au cours de la période transitoire. Jassumerai ma part dans ce dispositif, au service des consommateurs et professionnels que je souhaite partenaires dun grand projet et dune grande ambition, comme cela me semble le cas ici et aujourdhui.
(Source http://www.pme-commerce-artisanat.gouv.fr)