Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur le lancement de l'association de préfiguration de la Fondation France-Israël, Paris le 24 novembre 2005.

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Texte intégral

Madame et Monsieur les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

C'est pour moi, vous vous en doutez, un plaisir de vous accueillir aujourd'hui au Quai d'Orsay, et je veux remercier, pour commencer, chacune et chacun d'entre vous, dans la diversité de ses responsabilités, de s'être joint à cette rencontre.
Votre présence ce soir en témoigne : la France et Israël veulent répondre à des attentes fortes. Israël et la France veulent répondre à des attentes qui sont ressenties par les uns et les autres, quant au souhait - et peut-être la nécessité - de resserrer les liens qui existent entre le peuple français et le peuple israélien.
Car c'est bien là le sens de ce projet initié par le ministère des Affaires étrangères, et publiquement annoncé par le président de la République en juillet, à l'occasion de sa rencontre avec le Premier ministre, Ariel Sharon, que je voudrais ici saluer à titre personnel et politique pour le courage dont il a fait preuve récemment concernant l'évacuation de Gaza.
Cette initiative s'inscrit dans le prolongement de la relation entre nos deux pays, marquée par un dialogue sincère et confiant. La qualité de notre partenariat est un fait acquis, et cela, nous le devons notamment au rôle joué par la communauté francophone israélienne et la communauté juive de France, Monsieur le Président. Je connais et je salue le travail accompli par nombre d'entre vous. Aujourd'hui, en réalité, il convient d'aller plus loin.
Cela passe, naturellement, par nos échanges au plus haut niveau de l'Etat, sur la voie de l'impulsion nouvelle donnée à notre relation bilatérale. Et, je n'oublie pas à cet égard la part prise dans ce nouvel élan par le Groupe de haut niveau, groupe co-présidé par le professeur David Khayat et l'ambassadeur Lancry, qui nous font l'amitié de leur présence ce soir et que je salue.
Tous deux le savent bien, pour avoir contribué à poser ce diagnostic lucide : nous avons aujourd'hui besoin d'une institution non gouvernementale, capable de fédérer les acteurs publics et privés et de créer ainsi une dynamique nouvelle dans nos relations économiques, culturelles et scientifiques. Nous devons aussi être en mesure de combattre les préjugés, les images déformées, voire négatives, qui peuvent encore exister dans les opinions publiques de nos deux pays.
Aujourd'hui, un constat s'impose : les Français et les Israéliens ne se connaissent pas suffisamment. C'est donc un travail en profondeur qu'il nous faut entreprendre, bien au-delà du cercle de ceux qui ont une relation traditionnelle avec Israël.
Une Fondation peut répondre efficacement à cet objectif. C'est d'abord le choix le mieux adapté pour soutenir les initiatives de ceux - et ils sont nombreux - qui ont une bonne connaissance du contexte franco-israélien. Mais cette institution est aussi une nouvelle chance de mobiliser tous ceux qui accordent un juste intérêt à l'avenir de notre relation commune.
Je ne le sous-estime pas, il s'agit là d'une ?uvre de longue haleine. Nous devrons, en particulier, réaliser un immense travail auprès des nouvelles générations qui s'ignorent largement, mais qui n'en partagent pas moins des goûts, des activités, des intérêts communs. Demain, Israël sera encore plus proche de l'Europe, étant donné la nouvelle politique de voisinage de l'Union en Méditerranée. Nos jeunes, nos chercheurs, nos universitaires, nos hommes d'affaires, peuvent et doivent contribuer dès maintenant à bâtir cette proximité.
Les ambitions de la Fondation sont considérables, mais elles sont à vrai dire à la mesure de l'acte politique fort qui a décidé de sa création, et qui va rassembler désormais des représentants des pouvoirs publics et peut-être surtout des citoyens de nos deux pays.
Les Français et les lsraéliens s'apprêtent par conséquent à construire ensemble cette Fondation. Celle-ci a vocation à s'inscrire dans un temps long. Elle doit devenir la matrice à partir de laquelle nous pourrons développer une politique de communication dynamique qui s'adresse à l'ensemble des sociétés civiles, de part et d'autre de la Méditerranée.
La Fondation devra tout d'abord réaliser un travail d'image afin de modifier les mentalités et d'améliorer, dans nos deux pays, les perceptions réciproques. Elle devra aussi agir pour accroître notre relation économique et commerciale, en sensibilisant les industriels et les grands opérateurs financiers de France et d'Israël. Enfin, elle devra, me semble-t-il, offrir un nouveau soutien à notre coopération dans le champ de ce que les Israéliens font remarquablement bien : l'innovation industrielle, un domaine où nos deux pays excellent et qui a vocation à trouver de nouveaux relais.
Je n'oublie pas, naturellement, le rôle que la Fondation sera amenée à jouer sur le plan de la culture et de la francophonie, étant donné la présence en Israël de 60.000 binationaux et de quelque 500.000 francophones.
Toutes ces missions que je viens de vous décrire, trop rapidement bien évidemment, la Fondation les accomplira par elle-même, ou bien en soutien, comme "facilitateur" de projets, en aidant les initiatives qui seront portées par les associations ou par les acteurs non gouvernementaux.
Nous sommes très attachés, naturellement, à la réussite d'un projet que avons initié ici dans cette maison et qui a été officiellement lancé, je l'ai dit tout à l'heure, par le Premier ministre Ariel Sharon et par le président Jacques Chirac. Mais je tiens cependant à le souligner : Ne vous trompez pas : cette institution, comme toute fondation, sera juridiquement et financièrement autonome des pouvoirs publics. Elle aura sa propre identité, son autonomie de fonctionnement. Elle sera, en réalité, façonnée et modelée par tous ceux qui la soutiendront et qui participeront à sa création.
C'est donc un travail passionnant qui attend "l'association de préfiguration", dont le mandat va consister, dans les prochains mois, à monter le dossier de la Fondation et à lancer, dès l'année prochaine, les premières activités en France comme en Israël.
Le projet est aujourd'hui sur pied, et je tiens ici à remercier tout particulièrement Jacques Huntzinger, ancien ambassadeur de France en Israël, à qui j'ai confié depuis quelques mois la mission de réfléchir à ce projet de fondation et de le faire avancer, ainsi que tous ceux qui ont contribué aux efforts déjà menés.
Je voudrais simplement vous dire que dans la relation qui existe, et je terminerai comme cela, entre Israël et la France, il y a eu je le sais tout ce que l'on a pu dire et tout ce que l'on a pu voir et puis il y a le voyage d'Ariel Sharon récemment. Pour avoir eu la chance de parler longuement avec lui, j'ais été frappé par cette volonté, aujourd'hui, d'abord d'avoir des relations bilatérales apaisées mais surtout fructueuses et en même temps cette volonté de paix qui existe aujourd'hui plus que jamais. Sur le terrain j'ai rencontré à Gaza, Mahmoud Abbas, j'ai rencontré à Jérusalem, M. Sharon. Rarement je crois, il n'y a eu de la part de ces deux hommes une confiance comme aujourd'hui. Cette confiance, il faut la sécurité pour Israël, c'est évident. Il faut qu'il ai un début d'Etat sur les Territoires palestiniens. Il faut une police qui puisse ressembler à une police, il faut une justice qui puisse ressembler à une justice, il faut une lutte contre la corruption qui ressemble à une lutte contre la corruption. Tout cela c'est sur mais la volonté de paix y est des deux côtés, cela est sûr. L'Union européenne, il y a une semaine, chère Simone Weill, a pour la première fois été investie d'une responsabilité politique. Pour la première fois Israël et les Territoires palestiniens ont accepté que l'Union européenne soir responsable de A à Z d'une mission : celle qui vise à assurer le contrôle entre Gaza et l'Egypte, c'est-à-dire à Rafah, ce port de contrôle d'entrée des hommes, des marchandises et des biens ; projet politique, reconnaissance politique de l'Union européenne. Donc je crois que cette Fondation qui vient aujourd'hui vient à un moment particulier de plus grande confiance entre les politiques, les dirigeants, les responsables et donc évidemment, je le souhaite, les sociétés civiles.
Je souhaite donc à tous ceux qui vont s'investir dans cette Fondation, et c'est votre Fondation, pas celle du président de la République ou du Premier ministre Ariel Sharon, je vous souhaite donc à tous bon travail, bon courage et plein succès pour les prochains mois. Je forme le même v?u pour tous les citoyens israéliens qui se joindront à eux afin de donner vie à la Fondation France-Israël dont nous savons, déjà, qu'elle saura répondre aux attentes nombreuses que nous fondons en elle.
Je vous remercie toutes et tous de votre attention.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 novembre 2005)