Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec M. Boris Tadic, président de Serbie, sur les questions liées au futur statut du Kosovo, à l'éventuel référendum au Montenegro, et aux perspectives de coopération de l'Union européenne avec la Serbie conditionnées par l'arrestation des criminels de guerre, MM. Madlic et Karadzic, Belgrade le 9 décembre 2005.

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Circonstance : Voyage de Philippe Douste-Blazy en Serbie-et-Montenegro le 9 décembre 2005 : entretien avec le président serbe le 9

Texte intégral

Je voulais juste dire en effet que nous avons eu un entretien très fort avec le président. Je pars du principe que la Serbie doit être un atout et non pas un facteur d'instabilité, car pour toute notre génération, les Balkans ont présenté des risques d'instabilité. Il faut donc à tout prix que nous trouvions les solutions pour que les Balkans soient et que la Serbie en particulier soit un atout.

Alors, il y a trois sujets que je voudrais aborder.
Le premier, bien évidemment, c'est le Kosovo, car je suis le premier ministre des Affaires étrangères du Groupe de contact à être venu ici depuis le lancement du processus de négociations sur le statut futur, donc il y a là une actualité brûlante. Pour nous, c'est simple, je l'ai dit, il faut à tout prix que les Serbes comprennent et fassent preuve de réalisme face à ce constat : 90 % d'Albanais, 10 % de Serbes. A partir de là, il y une nécessité, c'est que les Serbes doivent pouvoir revenir au Kosovo. Les Serbes doivent pouvoir être respectés au Kosovo ; bien évidemment, leur patrimoine religieux doit être respecté? Bref, il y a tout ce que le Groupe de contact a écrit : pas de partition du Kosovo, pas de rattachement du Kosovo à un pays tiers, il doit y avoir également, cela me paraît très important, une communauté internationale qui doit rester pour assurer la sécurité du Kosovo et des populations qui y habitent.
Mais, au-delà de tout cela, il est important que la communauté internationale puisse trouver un équilibre et que l'on puisse trouver un équilibre ici entre une certaine forme d'indépendance et le respect total des Serbes au Kosovo. C'est une première chose.

La deuxième chose, c'est la perspective européenne. Mais, au-delà de cela, pour toute ma génération, c'est le problème des criminels de guerre. Tout criminel de guerre doit être recherché, traqué, personne ne doit les relâcher ni relâcher la vigilance, où qu'ils soient, où que ce soit et qu'ils le sachent, que ce soit clair. Le Premier ministre croate, avec lequel je m'étais entretenu en juillet, m'avait dit : "Nous le ferons avant la fin de l'année" ; ils l'ont fait, bravo ! Carla Del Ponte ne pouvait pas tout dire, probablement, il y a un mois et demi à Bruxelles ; là, c'est fait. Les Serbes, pour Mladic et Karadzic, doivent faire pareil. C'est une nécessité, c'est important d'abord pour éventuellement parler de perspectives européennes, c'est évident. Il faut reconnaître que, récemment, depuis six mois, quinze criminels de guerre ont quand même été livrés au Tribunal pénal international. Il faut absolument collaborer. Pour nous, c'est fondamental. C'est un élément de crédibilité internationale.

Un troisième élément, c'est le Monténégro. Là, constitutionnellement, le Monténégro peut organiser un referendum. C'est le président qui, souverainement, accepte cela, et nous ferons tout pour faire en sorte que ces élections soient les plus transparentes possibles car, si cela n'était pas le cas, cela ne voudrait rien dire. J'ajoute que nous sommes un certain nombre à avoir vécu les moments terribles de Sarajevo, de Vukovar, et il est excessivement important pour nous, qui avons vécu cela en plein milieu de l'Europe, de savoir que tout criminel de guerre sera recherché.
Merci beaucoup, Monsieur le Président, vraiment.

Source : http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 décembre 2005