Interview de M. Hervé Morin, président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, dans "Le Figaro" le 16 décembre 2005, sur l'UDF, les institutions et le scrutin proportionnel aux élections législatives.

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Le Figaro. -Pourquoi l'UDF plaide-t-elle désormais pour une VIe République ?
Hervé MORIN. -Pour rompre avec des pratiques anciennes d'irresponsabilité politique et de confusion des pouvoirs. Il ne s'agit pas de basculer dans un régime parlementaire, mais d'afficher, en passant de la Ve à la VIe, un changement d'époque. Aujourd'hui, la France est une république, mais plus une démocratie. La démocratie s'appuie sur un système de pouvoirs et de contre-pouvoirs. Or les contre-pouvoirs ne marchent pas.
Le Figaro. -Quelles pistes de réformes proposez-vous ?
Hervé MORIN. -Il faut, bien sûr, instiller une part de proportionnelle aux élections législatives. Il est normal que l'extrême droite et l'extrême gauche soient représentées. La proportionnelle permet aussi aux députés de tenir leur rôle de parlementaires sans passer leur temps dans leurs circonscriptions. Il faut aussi un gouvernement resserré à quinze ou seize ministres, un nouveau mode de désignation des hauts responsables de l'Etat. Enfin, nous voulons imposer le renouvellement des générations. Dans tous les pays occidentaux, les dirigeants changent tous les dix ans.
Le Figaro. -Changer les institutions, n'est-ce pas le moyen de contourner la question que pose aujourd'hui Gilles de Robien : l'UDF est-elle dans la majorité ou dans l'opposition ?
Hervé MORIN. -Le point central de la Ve République est l'élection du président de la République au suffrage universel, qui redessine à chaque fois la place de la majorité et de l'opposition.
Le Figaro. -Vous n'êtes donc ni dans la majorité ni dans l'opposition ?
Hervé MORIN. -Nous n'avons rien de commun avec le PS. Nous ne sommes pas dans la majorité, puisque nous n'avons jamais été associés à aucune des décisions du gouvernement depuis 2002.
Le Figaro. -Pourtant, vous étiez nombreux à vouloir participer à un gouvernement Sarkozy au mois de juin dernier...
Hervé MORIN. -C'est vrai pour quelques-uns. Mais Sarkozy, ça n'est ni Villepin ni Chirac. C'est l'homme à abattre pour les chiraquiens. Comme nous, il parle de rupture. Mais il a son projet. Nous avons le nôtre, et au demeurant en tant que membre du gouvernement il est coresponsable de son action.
source http://www.udf.org, le 10 janvier 2006