Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, en réponse à une question sur les mesures prises pour améliorer la situation de l'emploi des jeunes, à l'Assemblée nationale le 17 janvier 2006.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,

Vous me permettrez de commencer cette session en vous souhaitant à chacune et à chacun plein de bonnes choses, les meilleurs voeux pour vous-même pour vos familles et, bien sûr, pour les Français.
Marc Laffineur nous place au coeur de nos responsabilités : l'emploi. Et c'est vrai, monsieur le député, que nous avons engagé la première étape de la bataille pour l'emploi, je l'ai dit, avec quelques résultats. Mais nous voulons aller plus loin face à ce que nous considérons comme l'inacceptable : c'est la situation faite aux jeunes, dans ce pays, sur le marché de l'emploi. Le constat, regardons-le : 23 % de chômeurs parmi les jeunes, près de dix ans, et parfois plus, pour rentrer durablement sur le marché de l'emploi. Tout ceci ne peut pas durer. Ce sont des années de précarité, je dis bien de précarité, c'est-à-dire l'enchaînement de stages de CDD, de périodes de chômage. Nous devons rompre ce cycle infernal. Face à cette situation, l'immobilisme est impossible, l'inaction est impossible, et la querelle est impossible. Seule l'action est à la hauteur des enjeux. Nous voulons donc apporter des solutions concrètes aux problèmes rencontrés par les jeunes de France. Et pour cela, nous voulons bâtir un véritable parcours d'embauche. D'abord, l'alternance qui a donné les preuves de son succès, parce qu'elle prépare véritablement à un métier. 80 % de ceux qui s'engagent dans un contrat de professionnalisation, 80 % de ceux qui s'engagent dans cette voie trouvent un emploi dans les jours qui suivent leur formation. Comme nous avons constaté que les PME faisaient toute leur place aux apprentis, mais que les grandes entreprises ne faisaient pas encore une place suffisante, nous avons décidé de demander aux entreprises au-dessus de 250 salariés d'ouvrir davantage leurs portes et nous avons affiché un objectif clair : 1 % d'apprentis pour 2007, 2 % pour 2008, 3 % pour 2009.

Deuxième étape : les stages. Les stages, aujourd'hui, font parfois l'objet et même peut-être souvent, d'abus. Eh bien, les stages seront encadrés ; c'est la demande des jeunes, c'est une nécessité sur le marché de l'emploi. Les bonnes pratiques seront définies dans une charte de stage, et tous les stages longs seront désormais, au-delà de trois mois, indemnisés et intégrés dans un véritable cursus universitaire et professionnel.

Enfin, le Gouvernement veut faciliter l'accès des jeunes aux contrats à durée indéterminée. Parce que, pour nous, l'ennemi, c'est la précarité ! Et nous voulons le faire avec des exonérations de charges, totales pour les jeunes au chômage depuis plus de six mois qui seraient embauchés en contrat à durée indéterminée. Nous voulons également définir un nouveau contrat à durée indéterminée, le contrat première embauche". Ce contrat offre des garanties fortes et en même temps, des garanties nouvelles. Des garanties fortes, parce que désormais, les stages que font tous les jeunes, les contrats de professionnalisation, les CDD, tout cela sera inscrit dans la période de consolidation de l'emploi de deux ans, qui permettra l'entrée dans ce contrat "première embauche". Par ailleurs, nous ouvrons des droits nouveaux pour les jeunes, des droits qu'ils n'ont pas aujourd'hui : l'indemnisation du chômage - vous n'y aviez pas pensé ! - au bout de quatre mois, pendant une période de deux mois ; le droit à la formation - vous n'y aviez pas pensé ! -, nous ouvrons à tous les jeunes le droit à la formation dès le premier mois du contrat "première embauche". Et parce que nous sommes soucieux de la vie quotidienne des jeunes, nous nous préoccupons de l'accès au logement et au crédit, grâce au Loca-pass, et grâce aux discussions que nous avons menées avec les banques, désormais, les contrats "nouvelles embauches" sont reconnus par les banques comme un véritable CDI, ce qu'ils sont ! Il en ira de même pour les contrats "première embauche". C'est une percée sur le marché de l'emploi en faveur des jeunes et contre la précarité.
Vous le voyez, l'objectif, c'est de donner de nouvelles garanties, de nouvelles opportunités aux jeunes de notre pays. L'objectif, c'est de leur permettre d'accéder à un emploi stable, loin des querelles, loin des batailles, loin des esprits partisans, dans le seul souci pragmatique du résultat et du service des Français.