Texte intégral
Q- Nous allons parler du Pacte national pour le logement, qui est en fait une loi qui ne devrait pas tarder à s'appeler "loi Borloo", comme toutes les lois signées par un ministre. Ce Pacte national pour le logement a pour objet de donner un logement à tous ceux qui en ont besoin, et notamment le logement social. Combien de logements sociaux supplémentaires ?
R- Il faut passer à 120.000, il faut tripler. En 2000, on en a construit 40.000. Cette année, 80.000, on a doublé. Il faut passer à 120.000. Pour cela, il faut libérer des terrains, il faut aider les maires bâtisseurs, il faut baisser à la TVA à 5,5 %, il y a tout un ensemble de procédures qui permettent de tripler la production. C'est l'engagement que j'ai pris il y a trois ans. Pour l'instant, on a doublé ; il faut qu'on triple.
Q- Quand vous parlez de "libérer des terrains", concrètement, il faut repérer ces terrains. Cela veut-il dire que chez vous, il y a un "monsieur terrain", un géomètre qui va interroger toutes les communes, en leur demandant ce qu'ils font de ça, ce qu'ils font de ci ?
R- Non, il y a deux choses. Premièrement, la France est le seul pays où, quand une commune décide de rendre un terrain constructible, cela a beaucoup plus de valeurs mais c'est le propriétaire qui a la plus-value. On propose que la commune qui permet l'enrichissement touche un peu de la plus-value, ce qui va encourager et aider les maires à avoir des terrains...
Q- Ce sera "moitié-moitié" ?
R- Non, c'est 10 % pour la collectivité. Mais c'est un énorme changement, cela n'existait pas. Et il y a les taxes sur le foncier bâti, enfin bref, un certain nombre de dispositifs... Et la deuxième chose, ce sont les terrains de l'Etat ou les terrains publics, ce que l'on appelait les délaissés de la SNCF, les terrains de l'armée : on les a identifiés, on les vend 35 % moins cher que ce que disent les Domaines, qui est la règle... Et cette année, on va donc commencer à construire 20.000 logements sociaux sur les terrains de l'Etat.
Q- Et vous les vendez...
R- Aux organismes HLM... Et troisièmement, un texte est passé cette nuit. Il y a beaucoup de gens qui ont un petit appartement, un studio, qu'ils n'osent pas louer, parce qu'ils ne sont pas sûrs d'êtres payés...
Q- Parce qu'ils le gardent pour le petit quand il fera ses études, parce que c'est compliqué après...
R- Il y en a des centaines de milliers. Voilà ce que l'on a fait, cette nuit : on a dit que si avant le 31 décembre 2007, ils mettent en location leur logement vacant, ils vont pouvoir déduire 75 % - 30 % plus 45 % - des loyers qu'ils toucheront des impôts. C'est un énorme accélérateur et on pense que l'on va en libérer 100.000, 200.000, 300.000... Enfin, c'est assez considérable.
Q- En quoi le dispositif Robien, qui permettait justement d'investir dans l'achat d'appartement pour le louer, va-t-il être modifié ?
R- Simplement, il va être à la fois renforcé, mais il faudra que les loyers - cela va être plus social, plus populaire - soient 30 % inférieurs aux loyers du bassin de la ville dans laquelle vous êtes.
Q- Un certain nombre d'élus se font un peu tirer les oreilles pour construire des logements sociaux. Il y en a normalement 20 % d'obligatoire. On sait qu'il y a des maires qui ne le veulent pas. D'ailleurs, cela vous a valu, en partie, la visite de l'abbé Pierre... Ce n'est pas vous qui l'avez fait venir pour défendre votre projet de loi à l'Assemblée nationale ?
R- Non, mais on travaille très souvent avec lui et ses équipes et j'étais ravi de l'accueillir !
Q- Mais qu'allez-vous faire contre ces élus, qui sont parfois d'ailleurs des élus de droite, qui disent qu'ils préfèrent payer plutôt que d'avoir des logements sociaux ?
R- Parfois de droite, parfois de gauche... Eh bien on a saisi les préfets, les constats de carence ont été faits et ces communes voient la pénalité doubler, dès lors qu'elles ne suivent pas le rattrapage qui est prévu sur vingt ans.
Q- Je voudrais que l'on passe à un tout autre dossier, mais qui vous
concerne très directement...
R- Le CPE, j'espère !
Q- Voilà. On évoquait les jeunes qui doivent se loger, et en attendant de se loger, ils cherchent un emploi. Sur le CPE, une mobilisation est déjà annoncée pour le 7 février. Beaucoup de jeunes disent que c'est un contrat au rabais, que la précarité est pour eux, que c'est insupportable...
R- Vous avez raison de commencer par dire qu'il faut se loger et avoir un emploi. Parce que dans le CPE, ce qui est prévu, c'est l'accompagnement d'une garantie de logement.
Q- C'est-à-dire que l'Etat va distribuer sa caution ?
R- Absolument, c'est le Loca Pass, pour que les jeunes n'aient pas à payer six mois d'avance, la caution du beau-père ou de la belle-mère ou de la mère du fiancé ou de la fiancé... Deuxièmement, je voudrais juste qu'on me réponde à une seule question : pour un jeune - et pour tout le monde d'ailleurs en France -, on vous propose un stage, un CDD ou un CDI avec deux ans de souplesse mais avec des droits - c'est-à-dire qu'en cas de rupture, vous avez des indemnités, etc. Si l'on vous propose un stage, un CDD ou un CPE, lequel prenez-vous ? Y a-t-il une personne en France qui va choisir le stage, l'intérim ou le CDD ? Non ! Donc cette idée que ce serait de la précarité, alors que tous nos jeunes - ma propre fille est en stage ! L'apprentissage du premier métier, les entreprises, très bien, ou pas très bien d'ailleurs... On leur fait le coup du stage, puis un peu d'intérim, puis re-un stage, puis un CDD... Il faut huit ans pour avoir un CDI en France, huit années ! On est les derniers de la classe. Alors si on m'explique que le CDD, l'intérim ou le stage, c'est mieux que le contrat "première embauche", je suis content et il faut qu'on le retire !
Q- Le contrat "première embauche", c'est donc deux ans, avec des droits...
R- Non ! C'est un contrat à durée indéterminée. Pendant deux ans, les conditions de rupture sont souples pour l'employeur, mais donnent droit à des indemnités chômage dès le quatrième mois, des indemnités de rupture, le droit à la formation et le droit à une garantie pour se loger.
Le contrat "nouvelles embauches" fonctionne, vous entendez - près de 300.000 ont été signés -, voyez-vous des gens qui s'en plaignent, des scandales ?
Q- Sur le fond, avez-vous le sentiment que c'est une manoeuvre politique ? Il y a là une chose qui peut en effet se nouer... On sait que souvent, les jeunes, les étudiants, les lycéens ont des thèmes de manifestation : est-ce que cela peut être un thème, comme le CIP qui avait, à l'époque d'E. Balladur, mis dans la rue des centaines de milliers de jeunes ? Est-ce l'occasion pour la gauche de se "refaire la cerise", comme on le dit vulgairement ?
R- J'ai noté que c'est F. Hollande, du Parti socialiste, qui est monté le premier aux créneaux et qui souhaite en faire une opération contre le Gouvernement. écoutez, je n'en sais rien, cela m'est assez égal au fond. Ce que je sais, c'est que l'on avait deux scandales : les très jeunes et les seniors. Pour les seniors, que fait-on ? Les partenaires sociaux ont proposé le CDD senior...
Q- On trouve que c'est scandaleux qu'on l'accepte pour les seniors et qu'on ne l'accepte pas pour les jeunes ?
R- Surtout que c'est un CDI ! On essaie de traiter des problèmes spécifiques. Il y avait un problème senior et il y a un problème junior, pour simplifier. Sinon, pour le reste, le chômage baisse, mois après mois, dans les autres secteurs. Il y avait un double problème ; on sait que pour les seniors, qu'il fallait qu'il y ait un contrat qui soit adapté : c'est fait avec les partenaires sociaux. Et pour les juniors, pour la première embauche...
Q- Mais avez-vous le sentiment que l'opinion publique... ?
R- Mais on sait très bien ce que disent les sondages : ils sont globalement favorables pour ce premier CDI particulier dans la vie. On sait d'ailleurs qu'un grand journal de gauche, que je ne citerai pas, en a commandé un au CSA et qu'il est tellement bon qu'ils ne l'ont pas
publié !
Q- C'est Le Monde ?
R- Non !
Q- C'est Libération ?
R- Non, c'est l'Humanité ! Mais peu importe, nous, nous en avons des sondages. Et les jeunes sont majoritairement pour. Il faut arrêter de les prendre pour des buses, quand même !
Q- D'ailleurs, on vous a vu très énervé à l'Assemblée et vous disiez "il y en a marre !"
R- Je comprends parfaitement bien que, par exemple, les organisations syndicales disent "attention", qu'il ne s'agit pas d'accepter que tout le dispositif français fonctionne comme cela, cela, je peux le comprendre. Je peux comprendre qu'entre l'envie d'aller très vite et le temps de la concertation, là... Il y a des choses où l'on n'a pas tort et on n'a pas raison sur tout... Mais là, faire croire qu'un contrat à durée indéterminée souple, avec une garantie de logement, ce serait moins bien qu'un CDD, je dois dire que j'ai du mal !
Q- La mobilisation du 7 février ne vous fait donc pas peur ?R- Mais attendez, on est dans un pays démocratique ! Voilà, il y a une mobilisation, il y en a eu d'autres, il y en aura d'autres...
R- Il faut passer à 120.000, il faut tripler. En 2000, on en a construit 40.000. Cette année, 80.000, on a doublé. Il faut passer à 120.000. Pour cela, il faut libérer des terrains, il faut aider les maires bâtisseurs, il faut baisser à la TVA à 5,5 %, il y a tout un ensemble de procédures qui permettent de tripler la production. C'est l'engagement que j'ai pris il y a trois ans. Pour l'instant, on a doublé ; il faut qu'on triple.
Q- Quand vous parlez de "libérer des terrains", concrètement, il faut repérer ces terrains. Cela veut-il dire que chez vous, il y a un "monsieur terrain", un géomètre qui va interroger toutes les communes, en leur demandant ce qu'ils font de ça, ce qu'ils font de ci ?
R- Non, il y a deux choses. Premièrement, la France est le seul pays où, quand une commune décide de rendre un terrain constructible, cela a beaucoup plus de valeurs mais c'est le propriétaire qui a la plus-value. On propose que la commune qui permet l'enrichissement touche un peu de la plus-value, ce qui va encourager et aider les maires à avoir des terrains...
Q- Ce sera "moitié-moitié" ?
R- Non, c'est 10 % pour la collectivité. Mais c'est un énorme changement, cela n'existait pas. Et il y a les taxes sur le foncier bâti, enfin bref, un certain nombre de dispositifs... Et la deuxième chose, ce sont les terrains de l'Etat ou les terrains publics, ce que l'on appelait les délaissés de la SNCF, les terrains de l'armée : on les a identifiés, on les vend 35 % moins cher que ce que disent les Domaines, qui est la règle... Et cette année, on va donc commencer à construire 20.000 logements sociaux sur les terrains de l'Etat.
Q- Et vous les vendez...
R- Aux organismes HLM... Et troisièmement, un texte est passé cette nuit. Il y a beaucoup de gens qui ont un petit appartement, un studio, qu'ils n'osent pas louer, parce qu'ils ne sont pas sûrs d'êtres payés...
Q- Parce qu'ils le gardent pour le petit quand il fera ses études, parce que c'est compliqué après...
R- Il y en a des centaines de milliers. Voilà ce que l'on a fait, cette nuit : on a dit que si avant le 31 décembre 2007, ils mettent en location leur logement vacant, ils vont pouvoir déduire 75 % - 30 % plus 45 % - des loyers qu'ils toucheront des impôts. C'est un énorme accélérateur et on pense que l'on va en libérer 100.000, 200.000, 300.000... Enfin, c'est assez considérable.
Q- En quoi le dispositif Robien, qui permettait justement d'investir dans l'achat d'appartement pour le louer, va-t-il être modifié ?
R- Simplement, il va être à la fois renforcé, mais il faudra que les loyers - cela va être plus social, plus populaire - soient 30 % inférieurs aux loyers du bassin de la ville dans laquelle vous êtes.
Q- Un certain nombre d'élus se font un peu tirer les oreilles pour construire des logements sociaux. Il y en a normalement 20 % d'obligatoire. On sait qu'il y a des maires qui ne le veulent pas. D'ailleurs, cela vous a valu, en partie, la visite de l'abbé Pierre... Ce n'est pas vous qui l'avez fait venir pour défendre votre projet de loi à l'Assemblée nationale ?
R- Non, mais on travaille très souvent avec lui et ses équipes et j'étais ravi de l'accueillir !
Q- Mais qu'allez-vous faire contre ces élus, qui sont parfois d'ailleurs des élus de droite, qui disent qu'ils préfèrent payer plutôt que d'avoir des logements sociaux ?
R- Parfois de droite, parfois de gauche... Eh bien on a saisi les préfets, les constats de carence ont été faits et ces communes voient la pénalité doubler, dès lors qu'elles ne suivent pas le rattrapage qui est prévu sur vingt ans.
Q- Je voudrais que l'on passe à un tout autre dossier, mais qui vous
concerne très directement...
R- Le CPE, j'espère !
Q- Voilà. On évoquait les jeunes qui doivent se loger, et en attendant de se loger, ils cherchent un emploi. Sur le CPE, une mobilisation est déjà annoncée pour le 7 février. Beaucoup de jeunes disent que c'est un contrat au rabais, que la précarité est pour eux, que c'est insupportable...
R- Vous avez raison de commencer par dire qu'il faut se loger et avoir un emploi. Parce que dans le CPE, ce qui est prévu, c'est l'accompagnement d'une garantie de logement.
Q- C'est-à-dire que l'Etat va distribuer sa caution ?
R- Absolument, c'est le Loca Pass, pour que les jeunes n'aient pas à payer six mois d'avance, la caution du beau-père ou de la belle-mère ou de la mère du fiancé ou de la fiancé... Deuxièmement, je voudrais juste qu'on me réponde à une seule question : pour un jeune - et pour tout le monde d'ailleurs en France -, on vous propose un stage, un CDD ou un CDI avec deux ans de souplesse mais avec des droits - c'est-à-dire qu'en cas de rupture, vous avez des indemnités, etc. Si l'on vous propose un stage, un CDD ou un CPE, lequel prenez-vous ? Y a-t-il une personne en France qui va choisir le stage, l'intérim ou le CDD ? Non ! Donc cette idée que ce serait de la précarité, alors que tous nos jeunes - ma propre fille est en stage ! L'apprentissage du premier métier, les entreprises, très bien, ou pas très bien d'ailleurs... On leur fait le coup du stage, puis un peu d'intérim, puis re-un stage, puis un CDD... Il faut huit ans pour avoir un CDI en France, huit années ! On est les derniers de la classe. Alors si on m'explique que le CDD, l'intérim ou le stage, c'est mieux que le contrat "première embauche", je suis content et il faut qu'on le retire !
Q- Le contrat "première embauche", c'est donc deux ans, avec des droits...
R- Non ! C'est un contrat à durée indéterminée. Pendant deux ans, les conditions de rupture sont souples pour l'employeur, mais donnent droit à des indemnités chômage dès le quatrième mois, des indemnités de rupture, le droit à la formation et le droit à une garantie pour se loger.
Le contrat "nouvelles embauches" fonctionne, vous entendez - près de 300.000 ont été signés -, voyez-vous des gens qui s'en plaignent, des scandales ?
Q- Sur le fond, avez-vous le sentiment que c'est une manoeuvre politique ? Il y a là une chose qui peut en effet se nouer... On sait que souvent, les jeunes, les étudiants, les lycéens ont des thèmes de manifestation : est-ce que cela peut être un thème, comme le CIP qui avait, à l'époque d'E. Balladur, mis dans la rue des centaines de milliers de jeunes ? Est-ce l'occasion pour la gauche de se "refaire la cerise", comme on le dit vulgairement ?
R- J'ai noté que c'est F. Hollande, du Parti socialiste, qui est monté le premier aux créneaux et qui souhaite en faire une opération contre le Gouvernement. écoutez, je n'en sais rien, cela m'est assez égal au fond. Ce que je sais, c'est que l'on avait deux scandales : les très jeunes et les seniors. Pour les seniors, que fait-on ? Les partenaires sociaux ont proposé le CDD senior...
Q- On trouve que c'est scandaleux qu'on l'accepte pour les seniors et qu'on ne l'accepte pas pour les jeunes ?
R- Surtout que c'est un CDI ! On essaie de traiter des problèmes spécifiques. Il y avait un problème senior et il y a un problème junior, pour simplifier. Sinon, pour le reste, le chômage baisse, mois après mois, dans les autres secteurs. Il y avait un double problème ; on sait que pour les seniors, qu'il fallait qu'il y ait un contrat qui soit adapté : c'est fait avec les partenaires sociaux. Et pour les juniors, pour la première embauche...
Q- Mais avez-vous le sentiment que l'opinion publique... ?
R- Mais on sait très bien ce que disent les sondages : ils sont globalement favorables pour ce premier CDI particulier dans la vie. On sait d'ailleurs qu'un grand journal de gauche, que je ne citerai pas, en a commandé un au CSA et qu'il est tellement bon qu'ils ne l'ont pas
publié !
Q- C'est Le Monde ?
R- Non !
Q- C'est Libération ?
R- Non, c'est l'Humanité ! Mais peu importe, nous, nous en avons des sondages. Et les jeunes sont majoritairement pour. Il faut arrêter de les prendre pour des buses, quand même !
Q- D'ailleurs, on vous a vu très énervé à l'Assemblée et vous disiez "il y en a marre !"
R- Je comprends parfaitement bien que, par exemple, les organisations syndicales disent "attention", qu'il ne s'agit pas d'accepter que tout le dispositif français fonctionne comme cela, cela, je peux le comprendre. Je peux comprendre qu'entre l'envie d'aller très vite et le temps de la concertation, là... Il y a des choses où l'on n'a pas tort et on n'a pas raison sur tout... Mais là, faire croire qu'un contrat à durée indéterminée souple, avec une garantie de logement, ce serait moins bien qu'un CDD, je dois dire que j'ai du mal !
Q- La mobilisation du 7 février ne vous fait donc pas peur ?R- Mais attendez, on est dans un pays démocratique ! Voilà, il y a une mobilisation, il y en a eu d'autres, il y en aura d'autres...