Point de presse de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, sur la mobilisation de la France et des organisations internationales spécialisées contre la grippe aviaire au Nigeria et dans les pays limitrophes, Paris le 11 février 2006.

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Circonstance : Rencontre de Philippe Douste-Blazy avec l'ambassadeur du Nigeria en présence des organisations internationales spécialisées sur la lutte contre la grippe aviaire au Nigeria, à Paris le 11 février 2006

Texte intégral

L'épizootie de grippe aviaire, jusqu'à présent cantonnée à l'Est de l'Europe et en Asie, vient de faire son apparition, avec les premiers foyers de contamination confirmés dans plusieurs élevages de volailles au Nord du Nigeria. Il faut prendre des mesures d'anticipation en ce qui concerne les pays voisins.
L'Afrique est par ailleurs le point de départ des oiseaux migrateurs qui regagneront l'Europe et la France à partir de la mi-mars.
Après l'entretien que j'ai eu avec l'ambassadeur du Nigeria et les représentants des organisations internationales, notamment de l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (OAA/FAO), de l'Organisation mondiale de la Santé animale (OIE) et du Programme alimentaire mondial (PAM), nous avons décidé un certain nombre d'actions. Nous avons décidé de créer une force d'intervention rapide européenne, d'abord franco-allemande, sur la proposition du Premier ministre, M. Dominique de Villepin et de la chancelière allemande, Mme Angela Merkel, lors du dernier Sommet franco-allemand. Je peux donc vous annoncer que les experts des deux pays seront envoyés dans les tout prochains jours dans la région afin d'appuyer les initiatives de l'OAA/FAO et de l'OMS pour y dresser un bilan d'épidémiologie. Nous espérons que d'autres pays européens rejoindront cette initiative franco-allemande. La France ne peut pas envisager de ne pas créer très rapidement une cellule de veille sanitaire basée dans la région, qui rassemblerait le réseau de nos experts régionaux dont deux sont actuellement au Nigeria et au Bénin, en étroite collaboration avec l'OAA/FAO, l'OIE et l'OMS. Ce dispositif pourrait être reproduit ailleurs en Afrique partout où la crise sanitaire s'étendra.
La France va étudier avec ses principaux partenaires la possibilité de financer l'installation de laboratoires, la fourniture de vaccins et puis un soutien technique.
J'ai également saisi le Programme alimentaire mondial afin de prévenir les conséquences d'une éventuelle crise alimentaire consécutive à un abatage de volailles.
Pour sa part, l'Organisation internationale des Epizooties fournira des vaccins.
Tout cela se fait dans le cadre de la Conférence des donateurs de Pékin, qui a eu lieu les 17 et 18 janvier derniers, Conférence des donateurs qui a permis d'envisager un financement de 1,9 milliard de dollars. La France a décidé pour sa part de décaisser 4,9 millions d'euros pour l'OAA/FAO, 3 millions d'euros pour l'OMS et 2,1 millions pour l'OIE.
Je voudrais aussi remercier mes collègues du ministère de l'Agriculture et du ministère de la Santé avec lesquels, bien sûr, nous travaillons. Nous mettons nos postes diplomatiques à leur disposition, à la disposition des experts pour pouvoir s'organiser dans les différents pays, en particulier au Nigeria.
Je terminerai en parlant des mesures de protection des Français résidant et de passage. Trois mesures ont été prises par le ministère des Affaires étrangères : d'abord des avertissements pour le site "conseils aux voyageurs" ; à ce jour un avertissement a été mis sur le site "conseils aux voyageurs" pour le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad. A ce stade, c'est un avertissement qui conseille la prudence mais ne déconseille pas de se rendre dans ces pays.
Nous avons également demandé la mise à disposition de traitements anti-viraux et de masques pour les Français à l'étranger et en accord avec le ministère de la Santé qui fournit les produits. Nous avons également envoyé des médicaments anti-viraux et des masques au Nigeria et dans les pays limitrophes. Le ministère des Affaires étrangères livrera le mercredi 15 février à deux postes au Nigeria, où se trouvent, je vous le rappelle, 1.800 Français, des doses de Tamiflu, des doses pour adultes et pour enfants, 27 000 masques anti-projections et 2000 masques FFP2, de protection.
Dans les pays limitrophes, la situation est la suivante : le Niger et le Tchad ont reçu courant janvier le Tamiflu qui leur était destiné. Ils devraient recevoir avant la fin février leurs masques FFP2 et anti-projections. Le Bénin et le Cameroun recevront le 15 et 20 février le Tamiflu qui leur est destiné ainsi que leurs masques.
Enfin le ministère des Affaires étrangères rappelle qu'à ce stade, la forme humaine de la grippe aviaire n'a pas encore été signalée.
Q - Allez-vous répondre à des mesures particulières, compte-tenu des cas signalés en Italie ?
R - Nous sommes en relation permanente avec les autorités italiennes dans le cadre de l'Union européenne et les ministères de la Santé et de l'Agriculture ont déjà une force européenne qui est autonome et il n'y a pas lieu, au ministère des Affaires étrangères, d'agir plus particulièrement.
Q ? (A propos des cas de grippe aviaire apparus au Nigeria)
R - Ce que nous savons, c'est que des cas ont dû apparaître il y a à peu près un mois et, que c'est à l'occasion de contrôles particulièrement importants, que la veille sanitaire a permis de reconnaître ce type de virus qui est d'ailleurs aujourd'hui en train d'être étudié pour en connaître l'origine.
Q ? (A propos des mesures à prendre dans la région à la suite des cas apparus au Nigeria)
R ? Actuellement, il me paraît important, et le directeur général de la Santé l'a dit pendant la réunion, de s'occuper bien sûr du Nigeria mais d'anticiper l'épidémie, en particulier dans les pays voisins.
Q ? (A propos de la réunion de ce jour)
R - Si nous organisons cette réunion aujourd'hui avec l'OAA/FAO, avec l'OIE en présence du PAM, c'est bien parce qu'on comprend bien que la conférence qui a eu lieu les 18 et 19 janvier a été une réussite sur l'annonce de financements mais, que maintenant, il faut suivre les décaissements. Or, il n'y aura pas d'élimination des volailles avec indemnisation et il n'y aura pas vaccination s'il n'y a pas de moyens mis en oeuvre à disposition de l'OAA/FAO, de l'OIE et de l'OMS. Un des grands messages que nous lançons est que tous les pays qui ont été appelés à donner, puissent maintenant aider les organisations, en particulier pour ce qui concerne l'hygiène et qu'il puisse y avoir des moyens mis à la disposition des vétérinaires, des techniciens, médecins, des épidémiologistes, de façon, à ce que la communauté internationale soit à la hauteur des enjeux.
Je rappelle qu'il faut tout faire pour éviter la mutation de ce virusSource http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2006