Texte intégral
Je ne suis pas millénariste. Jai lesprit trop scientifique pour adhérer à ce genre dirrationalité. Si ces mots de « XXIème siècle », de « 3ème millénaire » reviennent si souvent dans mes propos, cest parce que jai la conviction dune urgence. Cette urgence, cest de prendre conscience collectivement des bouleversements que vont entraîner, quentraînent déjà, notre entrée dans une époque nouvelle.
XXIème siècle nest quune ponctuation.
Cest, dès maintenant, que nous devons, pour nous-mêmes et pour nos enfants, nous tracer un chemin dans un monde où les savoirs vont évoluer très vite, où la formation et léducation seront, beaucoup plus encore quaujourdhui, des éléments de force. Un monde où lhorizon de référence ne sera plus, comme au XVIIème siècle, la région, ni, comme au XIXème siècle, la nation, ni, comme au XXème siècle, le continent mais le monde. La compétition va sintensifier encore. Chaque pays comptera ses atouts. Parmi les domaines où la France peut, lucidement, espérer être au premier plan, il y a lécole. Lécole élémentaire, dabord.
Ouvrons les yeux, sortons un peu de cet esprit de dénigrement qui caractérise si fort les élites intellectuelles de ce pays et, alors, nous verrons que nous avons aujourdhui, dans notre pays, une école élémentaire, riche dune tradition dont les valeurs sont toujours vivantes. Nous verrons que notre école élémentaire bénéficie dun attachement auquel aucune autre institution républicaine ne peut prétendre.
Nous verrons que notre école élémentaire est une des meilleures du monde. La preuve ? Les demandes daide que nous recevons de pays comme le Venezuela, le Liban, la Chine, le Brésil, le Mexique et même les États-Unis.
Pour réussir, il faut nous appuyer sur nos valeurs, les conforter et nous fixer de nouveaux caps, qui permettront à notre école de sadapter à son siècle et de répondre aux besoins des enfants et aux attentes des parents ainsi que de la société. Lionel Jospin, Ministre de lEducation nationale, dans sa loi dorientation pour léducation, en a tracé les principes et a ouvert la voie. À nous de la suivre.
Restons deux minutes sur la force de notre école. Pour moi, cette force, ce sont deux atouts : les principes qui la fondent, et les enseignants qui la font vivre.
Les principes tout dabord. Ils sont plus que jamais dactualité.
LEcole est, dabord et avant tout, une institution républicaine. Cest, on le sait bien, lorigine étymologique - et révolutionnaire - du terme même dinstituteur.
Et même si la position de lenseignant du primaire a évolué dans notre société, même sil devient un professeur des écoles, ( professeurs des écoles, ils le sont, je le rappelle, depuis que Lionel Jospin, leur a reconnu ce statut quils attendaient), même si, comme dautres composantes de lEducation nationale, lécole primaire sinterroge, je le sais bien, elle reste très attachée à ses principes fondateurs.
Le premier est légalité des chances. Cest ce qui donne son sens à lécole gratuite et obligatoire de la République, lécole au service de la démocratie. Cest Condorcet qui a le mieux, peut-être, formulé ce lien organique. « Ce quil faut former, disait-il, ce ne sont pas des virtuoses () ; ce sont des hommes et des citoyens. » Et cest pourquoi, ajoutait-il, « aucun talent ne doit être négligé ». Limpératif de justice sociale assigné à lécole nest pas fondé sur la générosité dune société qui ne veut oublier personne. Il est lié à notre démocratie. « On enseigne donc ce qui est nécessaire à chaque individu pour se conduire lui-même et jouir de la plénitude de ses droits ».
Le second est celui de laïcité, quil faut entendre dans le sens que Jules Ferry lui donnait en écrivant à tous les instituteurs à la fin du siècle dernier. LEcole a un devoir de tolérance, de respect des consciences et des enfants quelle accueille. Car elle forme des citoyens libres et sattache à développer le jugement critique.
Je tiens à vous parler maintenant des enseignants qui la font vivre et qui en sont la force.
Ils ont dabord le talent rare daccueillir tous les enfants dans leur diversité, dans leurs difficultés et de leur donner à tous les savoirs fondamentaux, ce qui permet de former une personnalité. Ils sont là pour leur donner les éléments dun savoir et dune culture.
Et puis, chez tous les enseignants du primaire, il y a une extraordinaire relation avec leurs élèves. Cest leur grande force. Dans leur difficile métier qui est celui dapprendre, ils ont une façon à eux de dire « nos enfants », de parler de leurs élèves, de les percevoir dans leur diversité, de les accompagner dans leur développement et dans leurs apprentissages, de les aimer et de les aider à grandir. Qui na pas gardé le souvenir de ses instituteurs ?
On voit bien ce quune école primaire, recentrée sur ses missions, confirmée dans son rôle central, dotée des moyens de le faire, peut apporter pour préparer nos enfants au monde de demain. Il faudra maîtriser les savoirs fondamentaux, être capable de se forger une autonomie de pensée, savoir trouver sa place dans la société, exercer sa citoyenneté, savoir conduire sa vie. Parce que nos enfants devront inventer, notre premier devoir, cest de nous préoccuper de notre école élémentaire.
Il nest quune façon de se poser la question du sens et des missions de lécole, cest de repartir de lenfant, de ses besoins, de sa diversité, de ses talents, de sa dignité, de ses espoirs et aussi de ses rêves. Cest ce que nous avons fait. Et je veux là souligner la richesse du travail accompli, depuis des mois, en commun avec les partenaires syndicaux, les parents délèves, les associations, tous ceux sans qui nous ne serions pas là aujourdhui. Ce projet est aussi le leur.
Ce que lécole doit dabord aux enfants, ce sont les apprentissages fondamentaux : parler, lire, écrire, compter, connaître lhistoire, la géographie, souvrir à lexpérimentation scientifique.
Laissez-moi expliquer ce que jentends par cet apprentissage qui vient sajouter à ceux que nous connaissons tous : parler Pour moi, la parole est première. Elle précède tous les apprentissages et notamment ceux de la lecture et de lécriture. Plus lacquisition du langage est installée, précocement et solidement, plus lapprentissage de la lecture est facilité. Nous le savons.
Cest, dans le langage, que se marquent dabord les inégalités : les inégalités dévolution personnelle des enfants, qui sont tous très différents dans leur rythme dacquisition du langage, les inégalités sociales.
Pour tous les enfants, le langage est la clef qui lui permet dentrer en relation avec ce qui lentoure et avec le monde scolaire en particulier. Plus tard, la maîtrise dune bonne langue à loral, les capacités de conviction, de discussion, déchanges sont des atouts fondamentaux dans une vie professionnelle et, bien souvent, personnelle.
Il faut donc donner une place au « parler », au même titre que le « lire, écrire, compter ».
Rappelons-nous que lapprentissage de la rhétorique, dune certaine éloquence publique, occupait, à dautres époques, une place considérable dans notre enseignement. En « tordant le cou » à la rhétorique, pour paraphraser Victor Hugo, on a parfois négligé cette dimension essentielle quest nest pas lusage de la parole. Nous incitons déjà, il question de le nier, dans nos instructions, les élèves à la participation orale. Franchissons une nouvelle étape en en faisant un apprentissage structuré et explicite. Cest la bonne façon de lutter contre limplicite social dans lequel nous sommes en permanence, en matière de langage et qui nous entraîne, sans le savoir, dans la pire des ségrégations.
Il faut commencer le plus tôt possible. Avec Ségolène Royal, nous souhaitons que sengage une réflexion pédagogique autour de lacquisition du langage. Lapprentissage de la prise de parole devra être inventif et maîtrisé . Il y a des moments pour faire silence, des moments pour parler. Dans certaines écoles, la journée commence, systématiquement, par une prise de parole en petits groupes, conduite par lenseignant et je crois que cest là une bonne pratique. Il y en a dautres. Je fais confiance aux enseignants pour les inventer. Et puis la parole, cest aussi le récit, la fiction, le conte, la lecture à haute voix, le théâtre auxquels il faut donner toute leur importance, comme certains le font déjà.
Et, bien sûr, après la parole, avec la parole, il y a les trois apprentissages, chers à Jules Ferry : lire, écrire, compter. Ils sont plus que jamais dactualité. La lecture dabord, à laquelle Ségolène Royal consacrera un travail spécifique, notamment en direction de la lutte contre lillettrisme. Écrire, dans la rigueur dabord, dans lexpression imaginative ensuite. Compter et notamment le calcul mental, à une époque où lusage des calculettes nous ferait craindre quon oublie lapprentissage du calcul. Se concentrer sur ces objectifs veut dire quà travers les exercices multiples qui se font en classe, à travers aussi linitiation à lhistoire (quelques repères bien connus ne peuvent être que bénéfiques), à la géographie, aux sciences de la nature, léducation civique, la morale, il ne faut pas perdre de vue ces objectifs. Je sais que cest le souci de tous les maîtres mais le rappeler ici ne fait pas de mal.
A côté de ces apprentissages, il faut que lécole donne une nouvelle place aux activités artistiques, aux sports, aux nouvelles technologies, y compris à travers leur dimension ludique, à lexpérimentation scientifique, dans lesprit de lexpérience engagée par Georges Charpak : la « main à la pâte ».
Pourquoi ? Non pas parce que ce sont des activités déveil. Je récuse cette terminologie et la frontière - absurde - quelle découpe dans le champ des connaissances, de la culture humaniste mais aussi dans le développement des enfants. Le développement de lenfant est multiple et complexe. Tout y contribue. La personnalité, les comportements moraux plus que jamais nécessaires aujourdhui à la vie en société, à lengagement citoyen, à laltruisme se forgent aussi dans une salle de sports ou sur un terrain de jeu.
Donner laccès à la culture, aux arts, aux sports, aux nouvelles technologies (pour lesquelles, je le rappelle, nous avons déjà engagé des efforts financiers et rattrapé un retard important ; cet effort sera poursuivi, notamment à lécole), à lesprit scientifique sans lequel on ne peut comprendre notre monde, et cela pour chacun, quelle que soit son origine sociale, tel est le nouveau défi de lécole de légalité des chances, de lécole pour tous, de lécole de la République. Car cest dabord lécole qui doit offrir à tous ces ouvertures sur le monde.
Dans cette ouverture sur le monde, je noublie bien sûr pas les langues étrangères, auxquelles il faudra sinitier dès le CM1. Je connais les difficultés de cette initiation. Mais, avec laide notamment dassistants de langues étrangers, nous devrions pouvoir le faire. La proximité européenne est une chance que nous devons saisir. Nous ne pouvons pas ne pas aider nos jeunes à jouer pleinement leur rôle dans cette Europe où la diversité des langues est une richesse.
Ces exigences de savoir et de culture ne doivent pas faire oublier un objectif sans lequel tous les autres nauraient pas de sens. Dans une société pluri-culturelle, où les repères, la cellule familiale notamment, sont plus fragiles , parfois déstabilisés, lobjectif dintégration doit être lun des grands objectifs de lécole républicaine. Cest pourquoi lécole doit être aujourdhui le lieu privilégié de lapprentissage de ce que jappelle la morale civique, cest-à-dire, les règles qui permettront à nos enfants de vivre ensemble plus tard, de refuser la délinquance, de résister au désespoir et à la violence.
Lintégration, cest lexact inverse de lexclusion. Combattre lexclusion, cest dabord combattre lexclusion scolaire, et surtout la plus précoce. Or, à cet âge, tous les enfants peuvent avoir, à un moment ou un autre, des difficultés. Certains sont immédiatement aidés, à la maison par leur famille, parfois par des cours particuliers. Mais les autres, tous les autres ?
Il faut désormais que lécole soit son propre recours : laide à lélève doit devenir une pratique courante et laide aux élèves en difficulté une obligation. Pour eux, il faut instaurer de véritables cours particuliers à lécole. Cette aide individualisée pour quelques uns doit, je le précise, se faire avec le souci des autres enfants à qui des activités, appropriées à leurs besoins, doivent être proposées pendant ce temps-là.
Tels sont les trois défis pour lécole du XXIème siècle : se recentrer sur des exigences fondamentales, les étendre à dautres champs, culturels ou sportifs et aider les élèves.
Pour y parvenir, il faudra réussir un certain nombre dévolutions qui sont au cur de la Charte.
La première évolution est celle de la journée. Il faut du temps pour toutes les activités, pour tous les apprentissages. Cela ne veut pas dire quil y a un temps éducatif qui relève de lécole et des enseignants et un temps non éducatif qui relève de lextérieur. Ce chemin-là est une impasse que nous refusons. Toutes les activités de lenfant, quand il est à lécole, relèvent dun acte éducatif, ont un sens éducatif. Il ny aura pas daprès-midi sans cartable, car cela na pas de sens du point de vue de lenfant lui-même. Lacte éducatif doit être une dimension permanente dans tout ce qui se passe à lécole.
Cela implique une deuxième évolution. Il faut admettre que lenseignant na pas à tout faire, à prendre en charge lensemble des activités. Jemploierai volontiers une image : il est tantôt soliste, tantôt chef dorchestre.
Il est soliste quand il enseigne les apprentissages fondamentaux ou sur tel ou tel enseignement dans lequel il sest, de lui-même, spécialisé.
Il devient chef dorchestre quand il anime le travail des intervenants extérieurs ou des aides éducateurs. En tant que chef dorchestre, il conçoit, pour chaque classe, parfois pour chaque élève, un parcours éducatif. Cest pourquoi le beau métier dinstituteur se transforme en celui de professeur décole. Cest pourquoi nous avons accéléré la transformation dun métier dans lautre, de telle sorte quaucun instituteur daujourdhui ne prenne sa retraite sans être devenu professeur décole.
Dans ce nouvel environnement pédagogique, il y a désormais les aides-éducateurs. Nous avons commencé de les recruter, il y a un an. Ils sont aujourdhui 40 000 dans le primaire. Nous savons quils ont trouvé leur place dans les écoles, quils y interviennent avec succès. Ces jeunes, qui étaient hier au chômage, montrent par leur enthousiasme, leur imagination, quils avaient leur place dans léquipe éducative, quils ont contribué à enrichir. Ils inventent un nouveau métier. Quils sachent que je suis fier deux et que je les aiderais à sinsérer pleinement dans le monde du travail.
Autour des enseignants, nous proposons la constitution dune équipe éducative, polyvalente, travaillant dans le dialogue et en cohérence, en relation avec tous les partenaires de lécole : les parents tout dabord, mais aussi les mairies et lensemble du secteur associatif.
Sachons tous ensemble dépasser le faux débat entre « école ouverte » et « école fermée ». Lécole est un sanctuaire lorsquil sagit de violence ou de respect des valeurs fondamentales de la République : mais elle est un coeur ouvert lorsquil sagit dinsertion dans la vie de la Cité. Il faut savoir mettre lensemble des partenariats au service de lélève. Nous proposons à tous un cadre clair et lassurance dune cohérence des actions. Les intervenants extérieurs ne doivent plus être des corps extérieurs, mal intégrés à lécole. La Charte permet à chacun de trouver un cadre, une place et, prolongée par des contrats éducatifs locaux, que développe Ségolène Royal en partenariat avec le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture, elle permettra de mieux articuler les différents temps de lenfant dans lécole et hors de lécole.
Cest la troisième évolution. Elle est fondamentale car elle est un formidable levier de mobilisation de toutes les énergies autour de lécole. Tous pourront le faire dans un cadre global au sein duquel lécole a une mission spécifique quelle doit se donner les moyens dassumer. La nation attend delle quelle garantisse léducation pour tous. Sa mission est de garantir la démocratie dans laccès au savoir, de garantir léquité républicaine et légalité des chances.
De même que pour chacun de ses élèves, quil travaille seul ou en équipe, lenseignant est le garant de lobjectif éducatif, de même, lécole au plan local est le garant de la démocratie dans laccès au savoir. Si lécole renonce à cette mission, alors elle renonce à elle-même. Alors le libéralisme, que je refuse parce quil instaure la loi de la jungle, linégalité et quil tourne le dos aux valeurs républicaines, aura avancé.
Mais pour que lécole soit un garant, il faut que la nation assume ses responsabilités. Je suis très conscient des inégalités réelles dans la république. Certaines communes pauvres ne pourront aider lécole comme elles voudraient le faire. Cest là que lEtat doit être le garant de léquité en renforçant la présence des aides éducateurs. Cest là que le concept de République sexprime et sexprimera.
Enfin, quatrième, évolution : cest le métier de professeur des écoles qui change.
Je reprends ma métaphore du soliste et du chef dorchestre. Recentré sur les apprentissages, sur lorganisation du temps éducatif de lenfant, lenseignant doit aussi je lai dit - se consacrer au soutien aux élèves.
Les enseignants du premier degré consacrent aujourdhui 26 heures à leurs élèves. Je souhaite quà lavenir ils puissent consacrer, en plus des 24 heures de cours habituels, deux heures au soutien aux élèves en difficultés. Cela se fera progressivement dans les écoles qui entreront dans la logique de la Charte , avec, je le rappelle, lobligation dorganiser des activités adaptées aux besoins des autres élèves.
Ces grandes évolutions, cest la charte, cest lEcole du XXIème siècle. La charte est un guide : elle trace un avenir pour lécole, elle montre le chemin pour avancer.
Je ne voudrais pas terminer ce discours sans vous dire ce quil va concrètement se passer dès la mi-février.
Aux enseignantes et aux enseignants du primaire, aux directrices et aux directeurs décoles, je veux dire : ce qui commence au mois de février est une démarche dun type nouveau.
Cest le début officiel dune démarche qui sera progressive et qui a vocation à sétendre à toutes les écoles. Il nest pas question de vous demander des heures et des heures de réunions, des tonnes de papiers et de questionnaires à remplir pour, au bout du compte, vous laisser dans lincertitude sur la pérennité des actions. Je sais que vous êtes fatigués de ces modes de pilotage venant du sommet.
LEcole du XXIème siècle ne viendra pas sajouter à toutes vos charges. Cest tout au contraire un cadre et une mise en cohérence qui clarifiera les actions et simplifiera votre travail.
Cela veut dire que la démarche qui commence sera analysée, évaluée en permanence et suivie. Ce sera la mission de lINRP qui, sous la responsabilité de Philippe MEIRIEU, déterminera un échantillon représentatif de 2000 écoles. Je vous précise que toutes les autres écoles seront informées par lINRP des résultats obtenus dans léchantillon, pour pouvoir se préparer. Il faudra aussi introduire des pratiques nouvelles de concertation, de confrontation des expériences, de discussion. Les enseignants, dans ces pratiques nouvelles, dans cette nouvelle organisation du temps scolaire, dans cette nouvelle manière de maîtriser et de transmettre les savoirs, seront des pionniers, des chercheurs. Ce sera le rôle de lINRP que dorganiser tout cela, en utilisant tous les moyens disponibles.
Je terminerai en madressant à tous les enseignants du primaire. Jai parlé deux, de vous, comme de chercheurs et comme de pionniers. Cest véritablement ce que vous êtes tous et depuis longtemps. Je sais linventivité, la créativité, la conscience professionnelle, je voudrais dire lengagement, des enseignants du primaire de ce pays. Ce que je leur propose, comme un défi, cest dinventer lécole de demain. Et je le fais avec une certaine émotion.
Ce nest pas moi, ce sont eux qui construiront lEcole du XXIème siècle, meilleure, plus conviviale, plus juste mais aussi rigoureuse et citoyenne que celle quont, en leur temps, construit les hussards noirs de la République, dont ils sont les dignes et modernes héritiers.
(Source http://www.education.gouv.fr)
XXIème siècle nest quune ponctuation.
Cest, dès maintenant, que nous devons, pour nous-mêmes et pour nos enfants, nous tracer un chemin dans un monde où les savoirs vont évoluer très vite, où la formation et léducation seront, beaucoup plus encore quaujourdhui, des éléments de force. Un monde où lhorizon de référence ne sera plus, comme au XVIIème siècle, la région, ni, comme au XIXème siècle, la nation, ni, comme au XXème siècle, le continent mais le monde. La compétition va sintensifier encore. Chaque pays comptera ses atouts. Parmi les domaines où la France peut, lucidement, espérer être au premier plan, il y a lécole. Lécole élémentaire, dabord.
Ouvrons les yeux, sortons un peu de cet esprit de dénigrement qui caractérise si fort les élites intellectuelles de ce pays et, alors, nous verrons que nous avons aujourdhui, dans notre pays, une école élémentaire, riche dune tradition dont les valeurs sont toujours vivantes. Nous verrons que notre école élémentaire bénéficie dun attachement auquel aucune autre institution républicaine ne peut prétendre.
Nous verrons que notre école élémentaire est une des meilleures du monde. La preuve ? Les demandes daide que nous recevons de pays comme le Venezuela, le Liban, la Chine, le Brésil, le Mexique et même les États-Unis.
Pour réussir, il faut nous appuyer sur nos valeurs, les conforter et nous fixer de nouveaux caps, qui permettront à notre école de sadapter à son siècle et de répondre aux besoins des enfants et aux attentes des parents ainsi que de la société. Lionel Jospin, Ministre de lEducation nationale, dans sa loi dorientation pour léducation, en a tracé les principes et a ouvert la voie. À nous de la suivre.
Restons deux minutes sur la force de notre école. Pour moi, cette force, ce sont deux atouts : les principes qui la fondent, et les enseignants qui la font vivre.
Les principes tout dabord. Ils sont plus que jamais dactualité.
LEcole est, dabord et avant tout, une institution républicaine. Cest, on le sait bien, lorigine étymologique - et révolutionnaire - du terme même dinstituteur.
Et même si la position de lenseignant du primaire a évolué dans notre société, même sil devient un professeur des écoles, ( professeurs des écoles, ils le sont, je le rappelle, depuis que Lionel Jospin, leur a reconnu ce statut quils attendaient), même si, comme dautres composantes de lEducation nationale, lécole primaire sinterroge, je le sais bien, elle reste très attachée à ses principes fondateurs.
Le premier est légalité des chances. Cest ce qui donne son sens à lécole gratuite et obligatoire de la République, lécole au service de la démocratie. Cest Condorcet qui a le mieux, peut-être, formulé ce lien organique. « Ce quil faut former, disait-il, ce ne sont pas des virtuoses () ; ce sont des hommes et des citoyens. » Et cest pourquoi, ajoutait-il, « aucun talent ne doit être négligé ». Limpératif de justice sociale assigné à lécole nest pas fondé sur la générosité dune société qui ne veut oublier personne. Il est lié à notre démocratie. « On enseigne donc ce qui est nécessaire à chaque individu pour se conduire lui-même et jouir de la plénitude de ses droits ».
Le second est celui de laïcité, quil faut entendre dans le sens que Jules Ferry lui donnait en écrivant à tous les instituteurs à la fin du siècle dernier. LEcole a un devoir de tolérance, de respect des consciences et des enfants quelle accueille. Car elle forme des citoyens libres et sattache à développer le jugement critique.
Je tiens à vous parler maintenant des enseignants qui la font vivre et qui en sont la force.
Ils ont dabord le talent rare daccueillir tous les enfants dans leur diversité, dans leurs difficultés et de leur donner à tous les savoirs fondamentaux, ce qui permet de former une personnalité. Ils sont là pour leur donner les éléments dun savoir et dune culture.
Et puis, chez tous les enseignants du primaire, il y a une extraordinaire relation avec leurs élèves. Cest leur grande force. Dans leur difficile métier qui est celui dapprendre, ils ont une façon à eux de dire « nos enfants », de parler de leurs élèves, de les percevoir dans leur diversité, de les accompagner dans leur développement et dans leurs apprentissages, de les aimer et de les aider à grandir. Qui na pas gardé le souvenir de ses instituteurs ?
On voit bien ce quune école primaire, recentrée sur ses missions, confirmée dans son rôle central, dotée des moyens de le faire, peut apporter pour préparer nos enfants au monde de demain. Il faudra maîtriser les savoirs fondamentaux, être capable de se forger une autonomie de pensée, savoir trouver sa place dans la société, exercer sa citoyenneté, savoir conduire sa vie. Parce que nos enfants devront inventer, notre premier devoir, cest de nous préoccuper de notre école élémentaire.
Il nest quune façon de se poser la question du sens et des missions de lécole, cest de repartir de lenfant, de ses besoins, de sa diversité, de ses talents, de sa dignité, de ses espoirs et aussi de ses rêves. Cest ce que nous avons fait. Et je veux là souligner la richesse du travail accompli, depuis des mois, en commun avec les partenaires syndicaux, les parents délèves, les associations, tous ceux sans qui nous ne serions pas là aujourdhui. Ce projet est aussi le leur.
Ce que lécole doit dabord aux enfants, ce sont les apprentissages fondamentaux : parler, lire, écrire, compter, connaître lhistoire, la géographie, souvrir à lexpérimentation scientifique.
Laissez-moi expliquer ce que jentends par cet apprentissage qui vient sajouter à ceux que nous connaissons tous : parler Pour moi, la parole est première. Elle précède tous les apprentissages et notamment ceux de la lecture et de lécriture. Plus lacquisition du langage est installée, précocement et solidement, plus lapprentissage de la lecture est facilité. Nous le savons.
Cest, dans le langage, que se marquent dabord les inégalités : les inégalités dévolution personnelle des enfants, qui sont tous très différents dans leur rythme dacquisition du langage, les inégalités sociales.
Pour tous les enfants, le langage est la clef qui lui permet dentrer en relation avec ce qui lentoure et avec le monde scolaire en particulier. Plus tard, la maîtrise dune bonne langue à loral, les capacités de conviction, de discussion, déchanges sont des atouts fondamentaux dans une vie professionnelle et, bien souvent, personnelle.
Il faut donc donner une place au « parler », au même titre que le « lire, écrire, compter ».
Rappelons-nous que lapprentissage de la rhétorique, dune certaine éloquence publique, occupait, à dautres époques, une place considérable dans notre enseignement. En « tordant le cou » à la rhétorique, pour paraphraser Victor Hugo, on a parfois négligé cette dimension essentielle quest nest pas lusage de la parole. Nous incitons déjà, il question de le nier, dans nos instructions, les élèves à la participation orale. Franchissons une nouvelle étape en en faisant un apprentissage structuré et explicite. Cest la bonne façon de lutter contre limplicite social dans lequel nous sommes en permanence, en matière de langage et qui nous entraîne, sans le savoir, dans la pire des ségrégations.
Il faut commencer le plus tôt possible. Avec Ségolène Royal, nous souhaitons que sengage une réflexion pédagogique autour de lacquisition du langage. Lapprentissage de la prise de parole devra être inventif et maîtrisé . Il y a des moments pour faire silence, des moments pour parler. Dans certaines écoles, la journée commence, systématiquement, par une prise de parole en petits groupes, conduite par lenseignant et je crois que cest là une bonne pratique. Il y en a dautres. Je fais confiance aux enseignants pour les inventer. Et puis la parole, cest aussi le récit, la fiction, le conte, la lecture à haute voix, le théâtre auxquels il faut donner toute leur importance, comme certains le font déjà.
Et, bien sûr, après la parole, avec la parole, il y a les trois apprentissages, chers à Jules Ferry : lire, écrire, compter. Ils sont plus que jamais dactualité. La lecture dabord, à laquelle Ségolène Royal consacrera un travail spécifique, notamment en direction de la lutte contre lillettrisme. Écrire, dans la rigueur dabord, dans lexpression imaginative ensuite. Compter et notamment le calcul mental, à une époque où lusage des calculettes nous ferait craindre quon oublie lapprentissage du calcul. Se concentrer sur ces objectifs veut dire quà travers les exercices multiples qui se font en classe, à travers aussi linitiation à lhistoire (quelques repères bien connus ne peuvent être que bénéfiques), à la géographie, aux sciences de la nature, léducation civique, la morale, il ne faut pas perdre de vue ces objectifs. Je sais que cest le souci de tous les maîtres mais le rappeler ici ne fait pas de mal.
A côté de ces apprentissages, il faut que lécole donne une nouvelle place aux activités artistiques, aux sports, aux nouvelles technologies, y compris à travers leur dimension ludique, à lexpérimentation scientifique, dans lesprit de lexpérience engagée par Georges Charpak : la « main à la pâte ».
Pourquoi ? Non pas parce que ce sont des activités déveil. Je récuse cette terminologie et la frontière - absurde - quelle découpe dans le champ des connaissances, de la culture humaniste mais aussi dans le développement des enfants. Le développement de lenfant est multiple et complexe. Tout y contribue. La personnalité, les comportements moraux plus que jamais nécessaires aujourdhui à la vie en société, à lengagement citoyen, à laltruisme se forgent aussi dans une salle de sports ou sur un terrain de jeu.
Donner laccès à la culture, aux arts, aux sports, aux nouvelles technologies (pour lesquelles, je le rappelle, nous avons déjà engagé des efforts financiers et rattrapé un retard important ; cet effort sera poursuivi, notamment à lécole), à lesprit scientifique sans lequel on ne peut comprendre notre monde, et cela pour chacun, quelle que soit son origine sociale, tel est le nouveau défi de lécole de légalité des chances, de lécole pour tous, de lécole de la République. Car cest dabord lécole qui doit offrir à tous ces ouvertures sur le monde.
Dans cette ouverture sur le monde, je noublie bien sûr pas les langues étrangères, auxquelles il faudra sinitier dès le CM1. Je connais les difficultés de cette initiation. Mais, avec laide notamment dassistants de langues étrangers, nous devrions pouvoir le faire. La proximité européenne est une chance que nous devons saisir. Nous ne pouvons pas ne pas aider nos jeunes à jouer pleinement leur rôle dans cette Europe où la diversité des langues est une richesse.
Ces exigences de savoir et de culture ne doivent pas faire oublier un objectif sans lequel tous les autres nauraient pas de sens. Dans une société pluri-culturelle, où les repères, la cellule familiale notamment, sont plus fragiles , parfois déstabilisés, lobjectif dintégration doit être lun des grands objectifs de lécole républicaine. Cest pourquoi lécole doit être aujourdhui le lieu privilégié de lapprentissage de ce que jappelle la morale civique, cest-à-dire, les règles qui permettront à nos enfants de vivre ensemble plus tard, de refuser la délinquance, de résister au désespoir et à la violence.
Lintégration, cest lexact inverse de lexclusion. Combattre lexclusion, cest dabord combattre lexclusion scolaire, et surtout la plus précoce. Or, à cet âge, tous les enfants peuvent avoir, à un moment ou un autre, des difficultés. Certains sont immédiatement aidés, à la maison par leur famille, parfois par des cours particuliers. Mais les autres, tous les autres ?
Il faut désormais que lécole soit son propre recours : laide à lélève doit devenir une pratique courante et laide aux élèves en difficulté une obligation. Pour eux, il faut instaurer de véritables cours particuliers à lécole. Cette aide individualisée pour quelques uns doit, je le précise, se faire avec le souci des autres enfants à qui des activités, appropriées à leurs besoins, doivent être proposées pendant ce temps-là.
Tels sont les trois défis pour lécole du XXIème siècle : se recentrer sur des exigences fondamentales, les étendre à dautres champs, culturels ou sportifs et aider les élèves.
Pour y parvenir, il faudra réussir un certain nombre dévolutions qui sont au cur de la Charte.
La première évolution est celle de la journée. Il faut du temps pour toutes les activités, pour tous les apprentissages. Cela ne veut pas dire quil y a un temps éducatif qui relève de lécole et des enseignants et un temps non éducatif qui relève de lextérieur. Ce chemin-là est une impasse que nous refusons. Toutes les activités de lenfant, quand il est à lécole, relèvent dun acte éducatif, ont un sens éducatif. Il ny aura pas daprès-midi sans cartable, car cela na pas de sens du point de vue de lenfant lui-même. Lacte éducatif doit être une dimension permanente dans tout ce qui se passe à lécole.
Cela implique une deuxième évolution. Il faut admettre que lenseignant na pas à tout faire, à prendre en charge lensemble des activités. Jemploierai volontiers une image : il est tantôt soliste, tantôt chef dorchestre.
Il est soliste quand il enseigne les apprentissages fondamentaux ou sur tel ou tel enseignement dans lequel il sest, de lui-même, spécialisé.
Il devient chef dorchestre quand il anime le travail des intervenants extérieurs ou des aides éducateurs. En tant que chef dorchestre, il conçoit, pour chaque classe, parfois pour chaque élève, un parcours éducatif. Cest pourquoi le beau métier dinstituteur se transforme en celui de professeur décole. Cest pourquoi nous avons accéléré la transformation dun métier dans lautre, de telle sorte quaucun instituteur daujourdhui ne prenne sa retraite sans être devenu professeur décole.
Dans ce nouvel environnement pédagogique, il y a désormais les aides-éducateurs. Nous avons commencé de les recruter, il y a un an. Ils sont aujourdhui 40 000 dans le primaire. Nous savons quils ont trouvé leur place dans les écoles, quils y interviennent avec succès. Ces jeunes, qui étaient hier au chômage, montrent par leur enthousiasme, leur imagination, quils avaient leur place dans léquipe éducative, quils ont contribué à enrichir. Ils inventent un nouveau métier. Quils sachent que je suis fier deux et que je les aiderais à sinsérer pleinement dans le monde du travail.
Autour des enseignants, nous proposons la constitution dune équipe éducative, polyvalente, travaillant dans le dialogue et en cohérence, en relation avec tous les partenaires de lécole : les parents tout dabord, mais aussi les mairies et lensemble du secteur associatif.
Sachons tous ensemble dépasser le faux débat entre « école ouverte » et « école fermée ». Lécole est un sanctuaire lorsquil sagit de violence ou de respect des valeurs fondamentales de la République : mais elle est un coeur ouvert lorsquil sagit dinsertion dans la vie de la Cité. Il faut savoir mettre lensemble des partenariats au service de lélève. Nous proposons à tous un cadre clair et lassurance dune cohérence des actions. Les intervenants extérieurs ne doivent plus être des corps extérieurs, mal intégrés à lécole. La Charte permet à chacun de trouver un cadre, une place et, prolongée par des contrats éducatifs locaux, que développe Ségolène Royal en partenariat avec le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture, elle permettra de mieux articuler les différents temps de lenfant dans lécole et hors de lécole.
Cest la troisième évolution. Elle est fondamentale car elle est un formidable levier de mobilisation de toutes les énergies autour de lécole. Tous pourront le faire dans un cadre global au sein duquel lécole a une mission spécifique quelle doit se donner les moyens dassumer. La nation attend delle quelle garantisse léducation pour tous. Sa mission est de garantir la démocratie dans laccès au savoir, de garantir léquité républicaine et légalité des chances.
De même que pour chacun de ses élèves, quil travaille seul ou en équipe, lenseignant est le garant de lobjectif éducatif, de même, lécole au plan local est le garant de la démocratie dans laccès au savoir. Si lécole renonce à cette mission, alors elle renonce à elle-même. Alors le libéralisme, que je refuse parce quil instaure la loi de la jungle, linégalité et quil tourne le dos aux valeurs républicaines, aura avancé.
Mais pour que lécole soit un garant, il faut que la nation assume ses responsabilités. Je suis très conscient des inégalités réelles dans la république. Certaines communes pauvres ne pourront aider lécole comme elles voudraient le faire. Cest là que lEtat doit être le garant de léquité en renforçant la présence des aides éducateurs. Cest là que le concept de République sexprime et sexprimera.
Enfin, quatrième, évolution : cest le métier de professeur des écoles qui change.
Je reprends ma métaphore du soliste et du chef dorchestre. Recentré sur les apprentissages, sur lorganisation du temps éducatif de lenfant, lenseignant doit aussi je lai dit - se consacrer au soutien aux élèves.
Les enseignants du premier degré consacrent aujourdhui 26 heures à leurs élèves. Je souhaite quà lavenir ils puissent consacrer, en plus des 24 heures de cours habituels, deux heures au soutien aux élèves en difficultés. Cela se fera progressivement dans les écoles qui entreront dans la logique de la Charte , avec, je le rappelle, lobligation dorganiser des activités adaptées aux besoins des autres élèves.
Ces grandes évolutions, cest la charte, cest lEcole du XXIème siècle. La charte est un guide : elle trace un avenir pour lécole, elle montre le chemin pour avancer.
Je ne voudrais pas terminer ce discours sans vous dire ce quil va concrètement se passer dès la mi-février.
Aux enseignantes et aux enseignants du primaire, aux directrices et aux directeurs décoles, je veux dire : ce qui commence au mois de février est une démarche dun type nouveau.
Cest le début officiel dune démarche qui sera progressive et qui a vocation à sétendre à toutes les écoles. Il nest pas question de vous demander des heures et des heures de réunions, des tonnes de papiers et de questionnaires à remplir pour, au bout du compte, vous laisser dans lincertitude sur la pérennité des actions. Je sais que vous êtes fatigués de ces modes de pilotage venant du sommet.
LEcole du XXIème siècle ne viendra pas sajouter à toutes vos charges. Cest tout au contraire un cadre et une mise en cohérence qui clarifiera les actions et simplifiera votre travail.
Cela veut dire que la démarche qui commence sera analysée, évaluée en permanence et suivie. Ce sera la mission de lINRP qui, sous la responsabilité de Philippe MEIRIEU, déterminera un échantillon représentatif de 2000 écoles. Je vous précise que toutes les autres écoles seront informées par lINRP des résultats obtenus dans léchantillon, pour pouvoir se préparer. Il faudra aussi introduire des pratiques nouvelles de concertation, de confrontation des expériences, de discussion. Les enseignants, dans ces pratiques nouvelles, dans cette nouvelle organisation du temps scolaire, dans cette nouvelle manière de maîtriser et de transmettre les savoirs, seront des pionniers, des chercheurs. Ce sera le rôle de lINRP que dorganiser tout cela, en utilisant tous les moyens disponibles.
Je terminerai en madressant à tous les enseignants du primaire. Jai parlé deux, de vous, comme de chercheurs et comme de pionniers. Cest véritablement ce que vous êtes tous et depuis longtemps. Je sais linventivité, la créativité, la conscience professionnelle, je voudrais dire lengagement, des enseignants du primaire de ce pays. Ce que je leur propose, comme un défi, cest dinventer lécole de demain. Et je le fais avec une certaine émotion.
Ce nest pas moi, ce sont eux qui construiront lEcole du XXIème siècle, meilleure, plus conviviale, plus juste mais aussi rigoureuse et citoyenne que celle quont, en leur temps, construit les hussards noirs de la République, dont ils sont les dignes et modernes héritiers.
(Source http://www.education.gouv.fr)