Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur l'action de l'Etat dans la lutte contre la maladie du chikungunya, Saint-Denis de La Réunion le 26 février 2006.

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Circonstance : Déplacement de Dominique de Villepin à La Réunion les 26 et 27 février 2006 discours à la mairie de Saint-Denis de La Réunion

Texte intégral

Messieurs les ministres,
Monsieur le préfet,
Monsieur le député-maire, Cher René-Paul Victoria,
Messieurs les conseillers généraux,
Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais vous remercier, Monsieur le maire, du fond du coeur pour les mots d'accueil que vous venez de prononcer. Ils me touchent infiniment.
Ma visite, ce matin, est conforme à l'usage républicain. Mais elle est avant tout un grand plaisir, pour plusieurs raisons :
D'abord parce que ma première visite Outre-mer, depuis mon arrivée à Matignon, est pour Saint-Denis, première ville de la Réunion et plus grande ville française d'outre-mer.
Ensuite parce qu'elle me permet de rendre hommage à son maire, René-Paul Victoria, à qui je veux dire mon amitié. Je connais votre fidélité et la qualité de votre engagement politique, cher René-Paul. Je sais qu'elle ne doit rien au calcul, mais bien à vos qualités humaines et à votre engagement au service de votre ville, du département de la Réunion et de tous les Réunionnais. En défendant la Réunion, c'est une part essentielle de l'identité nationale que vous représentez lorsque vous siégez à l'Assemblée nationale.
Je viens aujourd'hui à la Réunion dans des circonstances difficiles et douloureuses. Ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que dans cette épreuve, vous pouvez compter sur la solidarité de toute la communauté nationale et sur l'engagement sans réserve du gouvernement.

1. En premier lieu, je veux rendre hommage à l' implication personnelle de chacun d'entre vous dans la gestion de la crise sanitaire que nous vivons.
Face au chikungunya, les maires sont en première ligne. Ils sont, comme partout en France, les interlocuteurs immédiats de la population : ils sont en en permanence à son écoute afin de répondre à ses attentes.
Cette mission, très lourde en temps normal, est devenue écrasante ces trois derniers mois et surtout ces dernières semaines, lorsque la maladie a commencé à se propager plus vite, lorsque les effets sont tout à coup devenus dramatiques.
Je sais avec quel dévouement et quel courage vous avez relevé ce défi. Sans compter votre temps, ni votre énergie, vous avez rassuré nos concitoyens, vous les avez aidé à garder leur sang froid et à se protéger.
A tous les moments de cette crise, les Dyonisiens ont pu constater votre courage personnel et votre dévouement. Vous avez mis au service de l'intérêt général la connaissance approfondie que vous avez de la réalité sociale de la Réunion, si riche et si complexe. Vous avez été aux côtés des plus démunis, qui sont aussi les plus exposés à la maladie.
Confrontés brutalement à cette crise, comme tous vos collègues maires des 24 communes de la Réunion, vous avez fait face avec détermination et en refusant tout esprit de polémique partisane, vous avez pris la direction des opérations de lutte contre le vecteur de la maladie sans ménager vos efforts et dans un esprit de partenariat constructif avec l'Etat et le Conseil général. Chacun doit vous en être reconnaissant et vous doit pour cela le respect.

2. Je suis venu vous dire aussi que l'Etat est à vos côtés.
L'épidémie de chikungunya nécessite d'abord une mobilisation totale de l'ensemble des autorités publiques, en métropole comme à la Réunion, mais aussi de toute la société réunionnaise.
Tous les moyens nécessaires sont mis en oeuvre pour lutter contre l'épidémie, soigner les malades, faire avancer la recherche et soutenir l'économie de l'île. Je viens d'exposer il y a quelques instants les nouvelles mesures décidées par le gouvernement : une mobilisation générale sur tous les fronts, la prévention, la réponse sanitaire, la recherche et le soutien à l'économie.
Ces moyens, l'Etat les met à la disposition de la Réunion sans limite ni réserve, dans un esprit de solidarité nationale et de justice à l'égard d'un département auquel nous sommes particulièrement attachés.
Je veux le dire aujourd'hui : notre partenariat avec la région, le département et les communes doit se poursuivre et se renforcer pour préparer l'avenir de la Réunion.
Tous ceux qui sont venus à la Réunion connaissent la beauté et la diversité de cette île. Mais ils connaissent aussi la vitalité et l'enthousiasme des réunionnais. Votre économie est aujourd'hui l'une des plus dynamiques de toutes nos régions.
Pour valoriser pleinement ces atouts, nous devons trouver ensemble les solutions qui vous permettront de relever les défis auxquels vous faites face, notamment l'éloignement et l'isolement avec le reste de notre pays. Il faut donc poursuivre et amplifier les efforts que nous menons ensemble pour développer la Réunion, la doter des infrastructures dont elle a besoin, protéger son environnement, former sa jeunesse et aider ses entreprises à créer des emplois.
La ville de Saint-Denis a un rôle majeur à jouer dans la construction de la Réunion du 21ème siècle. Je sais que nous pouvons tous compter sur votre investissement personnel, cher René-Paul, pour faire de votre commune un lieu à la mesure de ses atouts et des attentes de ses habitants.
Vous avez entamé un aménagement du front de mer, véritable façade de Saint-Denis, trop longtemps délaissée. Vous allez ainsi renouveler en profondeur l'identité du centre historique de la ville et le rendre plus attractif encore pour ses habitants et pour les visiteurs.
Je sais que vous prévoyez d'autres aménagements pour renforcer le tissu urbain tout au long des prochaines années. Tous ne sont pas portés par la commune : je pense par exemple à l'achèvement du boulevard sud ou à l'arrivée, quelques années plus tard, du tram-train. Mais leur insertion harmonieuse dans l'environnement urbain concerne directement la commune.
L'Etat vous soutiendra dans ces projets et, au côté des autres partenaires, tout particulièrement la région et le département, il veillera à faire progresser les dossiers et à faciliter la mutation harmonieuse de Saint-Denis.
Je voudrais évoquer pour finir un enjeu majeur pour plusieurs quartiers de votre commune : la prévention des inondations et de l'érosion due aux intempéries.
J'ai été informé des dégâts considérables provoqués par les fortes pluies de la semaine passée aux abords de la Rivière des Pluies. Ces intempéries nous rappellent la nécessité de progresser dans la mise en place d'une stratégie de prévention adaptée à la réalité climatique et géographique de la Réunion et qui ne soit pas la simple reproduction des solutions trouvées en métropole. Le rapport d'expertise que j'ai demandé le 8 février dernier me sera remis avant l'été.
Sur la base des conclusions de ce rapport et dès que la maîtrise d'ouvrage sera constituée, une somme de 1,5 million d'euros sera mobilisée pour lancer les premières études, élaborer un programme d'action et réaliser les premiers travaux dès cette année.
A compter de 2007, l'Etat abondera le plan pour l'endiguement des ravines en tant que de besoin afin de réaliser les travaux nécessaires sur la Rivière des Pluies dans les meilleurs délais.
Ces exemples, parmi tant d'autres, témoignent de la volonté de l'Etat de ne pas dévier de la direction prise, en accord avec les partenaires publics réunionnais, pour construire la Réunion de demain. La crise que nous traversons renforcera, j'en suis convaincu, notre solidarité et notre détermination commune. J'y veillerai personnellement dans les arbitrages qui seront prochainement rendus au sein de l'Etat dans le cadre de la préparation du prochain contrat de plan entre l'Etat, la région et le département ainsi que du document de programmation des fonds structurels européens.
Pour finir je voudrais faire un voeu : celui de voir cette belle île et ce beau département libéré le plus rapidement possible du chikungunya. Grâce à nos efforts conjugués, grâce au courage de tous les réunionnais et de leurs responsables politiques, je suis convaincu que nous viendrons à bout de ce fléau.
Je fais le voeu de pouvoir vous retrouver bientôt dans des circonstances moins douloureuses, afin de pouvoir consacrer davantage de temps à cette ville si jeune et si riche par son histoire son patrimoine.
Je serai heureux d'y être à nouveau accueilli par un jeune maire plein de talent, actif et dévoué à l'intérêt général.
Merci encore de votre accueil à tous, merci de votre amitié et de vos encouragements.

Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 27 février 2006