Texte intégral
Mesdames et Messieurs, Cher amis,
Cher Mariano, je te remercie de ton invitation. Je l'ai accepté immédiatement, car pour moi, venir à Madrid, c'est toujours un plaisir. Mais c'est aussi une fierté de parler aujourd'hui devant la convention du Parti Populaire. Car pendant des années, lorsque nous, la droite française, nous étions dans l'opposition, nous n'avions d'yeux que pour ce qui se passait en Espagne. Nous ne regardions que vous, le Parti Populaire, et ce que vous étiez en train de réaliser sous l'autorité de José Maria Aznar. Et à juste titre, car vous avez donné une leçon à l'Europe. Une leçon d'audace, de courage, d'intelligence et de modernité. Et l'Espagne, ces dernières années, est redevenue un Grand d'Europe. En 30 ans, elle a fait un bond spectaculaire. Peut-être dans les livres d'histoire parlera-t-on un jour d'une "renaissance espagnole" pour se référer à cette période. L'Espagne est devenue la 8ème économie mondiale en termes de PIB. C'est sous la présidence de mon ami José Maria Aznar qu'elle a atteint et dépassé la moyenne du revenu communautaire. Et c'est en observant l'Espagne, qui a connu un chômage de plus de 20%, que nous, les Français, pouvons être certains que ce n'est pas une fatalité, à condition de se donner les moyens de le combattre.
La vitalité retrouvée de l'Espagne, c'est largement le fruit des réformes courageusement engagées par José Maria Aznar. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Rodrigo Rato, son ministre des finances, a été désigné à la direction générale du FMI : ce sont des compétences et des succès économiques qui ont été ainsi reconnues et récompensées.
Et je sais, pour ma part, moi qui ai travaillé avec Mariano Rajoy et Angel Acebes lorsqu'ils étaient responsables de la sécurité des Espagnols, à la lutte contre le terrorisme, contre l'immigration clandestine, contre toutes les formes de criminalité organisée, que ce sont des hommes d'Etat courageux et décidés. Et je vois bien que si Madrid est bien une des capitales européennes les plus dynamiques, sur laquelle Paris devrait prendre exemple, elle le doit au talent et à l'énergie de son maire, Alberto Ruiz-Gallardon.
Alors qu'importe que vous, au Parti populaire, vous ayez pu souffrir de ce que vous avez ressenti comme de l'ingratitude de la part de vos concitoyens. L'ingratitude est la marque des grands peuples, disait Churchill. Mais votre enthousiasme et votre détermination, que je ressens aujourd'hui, me confirment ce que je sais depuis longtemps : vous êtes déjà tournés vers l'avenir !
Alors je dirai deux choses à mes amis. A José Maria, je dis que l'Histoire et les Espagnols te rendront justice de ton engagement, de ton courage, de ton intelligence, et de ton succès éclatant. A Mariano, je dis : "continue à préparer l'avenir, car ton heure va venir !"
Je veux aussi te dire, Mariano, que cet avenir, je souhaite que l'UMP et le Parti Populaire le préparent ensemble. Nous avons besoin d'échanger nos idées, de les confronter, de les critiquer, en un mot nous avons besoin de débattre, comme nous l'avons fait au cours de cette convention. Nous avons beaucoup à apprendre de vous et du dynamisme des Espagnols. Le changement que vous avez apporté à l'Espagne, les Français y aspirent aussi. Depuis trop longtemps, ils sont à la recherche d'une espérance, d'un projet, d'une alternative, d'une perspective. Mais ce que je dis pour la France, je peux le dire aussi pour l'Europe. Je réfléchis à la France d'après comme vous préparez "l'Espagne d'après". Alors ensemble nous devons imaginer l'Europe d'après. La réunification du continent autour de la liberté et des valeurs démocratiques est faite, et c'est un succès historique. Mais disons les choses : l'Europe a besoin d'un nouvel élan et de nouveaux projets.
Que voulons-nous faire de l'Europe ? A quoi le projet européen doit-il servir ? Il n'est que temps je crois de tenter, sans pessimisme mais sans illusion ni arrogance, d'apporter des réponses. C'est la mission que doivent s'assigner le Parti Populaire et l'UMP.
Nous devons donner une vision à l'Europe. Chacun voit bien que la perspective fédéraliste des Etats-Unis d'Europe, voulue par les pères fondateurs, se heurte à l'obstacle majeur que constitue le nombre des Etats membres, désormais trop élevé pour permettre un réel approfondissement de cette Union. Lorsque nous étions 12 partenaires, les Etats acceptaient plus ou moins aisément de partager des compétences nationales, parce que les peuples comprenaient ces décisions. De ce point de vue, le référendum gagné en Espagne a montré à tous que les Espagnols avaient un enthousiasme et une confiance dans l'avenir sans égaux en Europe. Car ce que nous avons vu lors des campagnes référendaires en France et aux Pays-Bas, c'est que d'autres peuples n'acceptent plus de voir leur identité, leurs repères politiques et culturels se perdre dans cet ensemble. Amis Espagnols, comment ne pas les comprendre ? Cet ensemble est si vaste qu'ils n'en voient plus les limites, d'autant que personne ne les a fixées. Cette construction est devenue si opaque qu'ils n'en comprennent plus ni les règles ni les objectifs. Le pouvoir y est si peu personnifié qu'ils ne savent plus à qui demander des comptes. Enfin cette Union est parfois si peu efficace pour apporter des solutions à leurs problèmes qu'ils n'espèrent même plus son action. Je pense même que parfois ils la craignent, ce qui est un comble. L'Europe imaginée pour protéger est perçue comme une menace pour nombre d'Européens.
Notre tâche commune, au PP et à l'UMP, c'est donc de rendre l'Europe à nouveau populaire, proche, accessible, compréhensible. Comment rendre aux Européens confiance dans cette maison commune ? Comment préparer l'Europe d'après ? Sans doute en acceptant l'idée que le projet des pères fondateurs doit être actualisé avec une idée-simple, une obsession : que cette construction soit efficace, qu'elle serve les intérêts des citoyens européens, qu'elle intervienne là où elle est plus utile que les pouvoirs publics nationaux et locaux. Or force est de reconnaître que nous sommes bien souvent allés trop loin dans l'intégration au mépris de toute efficacité. A l'inverse, nous sommes restés timorés dans d'autres domaines, là même où nous aurions dû prendre des risques et accepter que les Etats conjuguent leurs efforts pour faire pièce à nos concurrents mondiaux ; nous devons retrouver notre bon sens pour, sans tarder, clarifier les compétences entre les institutions communautaires et les Etats, selon les principes de la subsidiarité et de la proportionnalité : l'Europe là où il le faut, autant qu'il le faut, mais pas plus qu'il ne faut.
Je souhaite parallèlement que l'on définisse le statut de partenaire privilégié de l'Union européenne, pour ceux de nos voisins qui n'ont pas vocation à en être membre. Et ici, à Madrid, je veux dire que nous devons avant toute chose trouver la meilleure manière d'associer nos partenaires et voisins de la Méditerranée. Il n'y a rien d'automatique dans mon esprit : même si tous ceux qui participent au Processus de Barcelone ont une vocation géographique à s'associer à nous, ne pourront se voir acceptés comme partenaire privilégié de l'Union que ceux dont nous pourrons constater les progrès en matière démocratique.
Mes chers amis, nos deux partis comportent dans leur nom le mot "populaire". Ce n'est pas anodin. C'est un très beau mot, qui nous invite à l'action : la mission que nous devons nous assigner, c'est de rendre nos valeurs et nos idées populaires, en Espagne, en France, en Europe.
Et le mot action a un bel avenir lorsque l?on voit l?état tourmente de notre monde, la situation fébrile de l?Europe élargie, l?essoufflement de notre modèle économique et social. La politique n?est morte que pour ceux qui sont fatigues et qui regardent le futur avec les yeux nostalgiques du passe. Moi la politique, c?est ma passion, je lui ai consacre ma vie et elle ne me lasse pas. Notre génération de responsables politiques européens doit bannir le mot fatalité de son vocabulaire et je vous invite donc à faire le pari de l?audace. Audace qui nous permettra de bâtir la France et l?Espagne d?après et de préparer l?Europe de demain qui se construira sur nos valeurs communes. Et nos valeurs communes, avec le PP, c?est le travail, le mérite, la récompense de l?effort, la promotion sociale, la responsabilité, le refus de l?égalitarisme et du nivellement, qui conduisent toujours a plus d?injustice et d?inégalités.
Avec Mariano, vous savez que vous avez un leader qui saura faire gagner ces idées. Alors soyez confiants. Bonne chance !
Source http://www.u-m-p.org, le 7 mars 2006
Cher Mariano, je te remercie de ton invitation. Je l'ai accepté immédiatement, car pour moi, venir à Madrid, c'est toujours un plaisir. Mais c'est aussi une fierté de parler aujourd'hui devant la convention du Parti Populaire. Car pendant des années, lorsque nous, la droite française, nous étions dans l'opposition, nous n'avions d'yeux que pour ce qui se passait en Espagne. Nous ne regardions que vous, le Parti Populaire, et ce que vous étiez en train de réaliser sous l'autorité de José Maria Aznar. Et à juste titre, car vous avez donné une leçon à l'Europe. Une leçon d'audace, de courage, d'intelligence et de modernité. Et l'Espagne, ces dernières années, est redevenue un Grand d'Europe. En 30 ans, elle a fait un bond spectaculaire. Peut-être dans les livres d'histoire parlera-t-on un jour d'une "renaissance espagnole" pour se référer à cette période. L'Espagne est devenue la 8ème économie mondiale en termes de PIB. C'est sous la présidence de mon ami José Maria Aznar qu'elle a atteint et dépassé la moyenne du revenu communautaire. Et c'est en observant l'Espagne, qui a connu un chômage de plus de 20%, que nous, les Français, pouvons être certains que ce n'est pas une fatalité, à condition de se donner les moyens de le combattre.
La vitalité retrouvée de l'Espagne, c'est largement le fruit des réformes courageusement engagées par José Maria Aznar. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Rodrigo Rato, son ministre des finances, a été désigné à la direction générale du FMI : ce sont des compétences et des succès économiques qui ont été ainsi reconnues et récompensées.
Et je sais, pour ma part, moi qui ai travaillé avec Mariano Rajoy et Angel Acebes lorsqu'ils étaient responsables de la sécurité des Espagnols, à la lutte contre le terrorisme, contre l'immigration clandestine, contre toutes les formes de criminalité organisée, que ce sont des hommes d'Etat courageux et décidés. Et je vois bien que si Madrid est bien une des capitales européennes les plus dynamiques, sur laquelle Paris devrait prendre exemple, elle le doit au talent et à l'énergie de son maire, Alberto Ruiz-Gallardon.
Alors qu'importe que vous, au Parti populaire, vous ayez pu souffrir de ce que vous avez ressenti comme de l'ingratitude de la part de vos concitoyens. L'ingratitude est la marque des grands peuples, disait Churchill. Mais votre enthousiasme et votre détermination, que je ressens aujourd'hui, me confirment ce que je sais depuis longtemps : vous êtes déjà tournés vers l'avenir !
Alors je dirai deux choses à mes amis. A José Maria, je dis que l'Histoire et les Espagnols te rendront justice de ton engagement, de ton courage, de ton intelligence, et de ton succès éclatant. A Mariano, je dis : "continue à préparer l'avenir, car ton heure va venir !"
Je veux aussi te dire, Mariano, que cet avenir, je souhaite que l'UMP et le Parti Populaire le préparent ensemble. Nous avons besoin d'échanger nos idées, de les confronter, de les critiquer, en un mot nous avons besoin de débattre, comme nous l'avons fait au cours de cette convention. Nous avons beaucoup à apprendre de vous et du dynamisme des Espagnols. Le changement que vous avez apporté à l'Espagne, les Français y aspirent aussi. Depuis trop longtemps, ils sont à la recherche d'une espérance, d'un projet, d'une alternative, d'une perspective. Mais ce que je dis pour la France, je peux le dire aussi pour l'Europe. Je réfléchis à la France d'après comme vous préparez "l'Espagne d'après". Alors ensemble nous devons imaginer l'Europe d'après. La réunification du continent autour de la liberté et des valeurs démocratiques est faite, et c'est un succès historique. Mais disons les choses : l'Europe a besoin d'un nouvel élan et de nouveaux projets.
Que voulons-nous faire de l'Europe ? A quoi le projet européen doit-il servir ? Il n'est que temps je crois de tenter, sans pessimisme mais sans illusion ni arrogance, d'apporter des réponses. C'est la mission que doivent s'assigner le Parti Populaire et l'UMP.
Nous devons donner une vision à l'Europe. Chacun voit bien que la perspective fédéraliste des Etats-Unis d'Europe, voulue par les pères fondateurs, se heurte à l'obstacle majeur que constitue le nombre des Etats membres, désormais trop élevé pour permettre un réel approfondissement de cette Union. Lorsque nous étions 12 partenaires, les Etats acceptaient plus ou moins aisément de partager des compétences nationales, parce que les peuples comprenaient ces décisions. De ce point de vue, le référendum gagné en Espagne a montré à tous que les Espagnols avaient un enthousiasme et une confiance dans l'avenir sans égaux en Europe. Car ce que nous avons vu lors des campagnes référendaires en France et aux Pays-Bas, c'est que d'autres peuples n'acceptent plus de voir leur identité, leurs repères politiques et culturels se perdre dans cet ensemble. Amis Espagnols, comment ne pas les comprendre ? Cet ensemble est si vaste qu'ils n'en voient plus les limites, d'autant que personne ne les a fixées. Cette construction est devenue si opaque qu'ils n'en comprennent plus ni les règles ni les objectifs. Le pouvoir y est si peu personnifié qu'ils ne savent plus à qui demander des comptes. Enfin cette Union est parfois si peu efficace pour apporter des solutions à leurs problèmes qu'ils n'espèrent même plus son action. Je pense même que parfois ils la craignent, ce qui est un comble. L'Europe imaginée pour protéger est perçue comme une menace pour nombre d'Européens.
Notre tâche commune, au PP et à l'UMP, c'est donc de rendre l'Europe à nouveau populaire, proche, accessible, compréhensible. Comment rendre aux Européens confiance dans cette maison commune ? Comment préparer l'Europe d'après ? Sans doute en acceptant l'idée que le projet des pères fondateurs doit être actualisé avec une idée-simple, une obsession : que cette construction soit efficace, qu'elle serve les intérêts des citoyens européens, qu'elle intervienne là où elle est plus utile que les pouvoirs publics nationaux et locaux. Or force est de reconnaître que nous sommes bien souvent allés trop loin dans l'intégration au mépris de toute efficacité. A l'inverse, nous sommes restés timorés dans d'autres domaines, là même où nous aurions dû prendre des risques et accepter que les Etats conjuguent leurs efforts pour faire pièce à nos concurrents mondiaux ; nous devons retrouver notre bon sens pour, sans tarder, clarifier les compétences entre les institutions communautaires et les Etats, selon les principes de la subsidiarité et de la proportionnalité : l'Europe là où il le faut, autant qu'il le faut, mais pas plus qu'il ne faut.
Je souhaite parallèlement que l'on définisse le statut de partenaire privilégié de l'Union européenne, pour ceux de nos voisins qui n'ont pas vocation à en être membre. Et ici, à Madrid, je veux dire que nous devons avant toute chose trouver la meilleure manière d'associer nos partenaires et voisins de la Méditerranée. Il n'y a rien d'automatique dans mon esprit : même si tous ceux qui participent au Processus de Barcelone ont une vocation géographique à s'associer à nous, ne pourront se voir acceptés comme partenaire privilégié de l'Union que ceux dont nous pourrons constater les progrès en matière démocratique.
Mes chers amis, nos deux partis comportent dans leur nom le mot "populaire". Ce n'est pas anodin. C'est un très beau mot, qui nous invite à l'action : la mission que nous devons nous assigner, c'est de rendre nos valeurs et nos idées populaires, en Espagne, en France, en Europe.
Et le mot action a un bel avenir lorsque l?on voit l?état tourmente de notre monde, la situation fébrile de l?Europe élargie, l?essoufflement de notre modèle économique et social. La politique n?est morte que pour ceux qui sont fatigues et qui regardent le futur avec les yeux nostalgiques du passe. Moi la politique, c?est ma passion, je lui ai consacre ma vie et elle ne me lasse pas. Notre génération de responsables politiques européens doit bannir le mot fatalité de son vocabulaire et je vous invite donc à faire le pari de l?audace. Audace qui nous permettra de bâtir la France et l?Espagne d?après et de préparer l?Europe de demain qui se construira sur nos valeurs communes. Et nos valeurs communes, avec le PP, c?est le travail, le mérite, la récompense de l?effort, la promotion sociale, la responsabilité, le refus de l?égalitarisme et du nivellement, qui conduisent toujours a plus d?injustice et d?inégalités.
Avec Mariano, vous savez que vous avez un leader qui saura faire gagner ces idées. Alors soyez confiants. Bonne chance !
Source http://www.u-m-p.org, le 7 mars 2006