Texte intégral
Q - Beaucoup a été dit sur l'échec du Processus de Barcelone. Pensez-vous que l'on soit reparti aujourd'hui sur de meilleures bases, autrement dit, considérez-vous que le projet Euromed soit viable ?
R - Le Sommet de Barcelone de novembre dernier n'a pas rencontré le succès espéré. Il a cependant permis de faire un bilan d'étape sur le Processus Euromed et d'engager les 35 pays de la zone sur un programme de travail commun à 5 ans. Ce projet euroméditerranéen est indispensable : l'objectif est le développement économique et la création d'emplois, pour relever le défi de l'entrée massive d'une population jeune sur le marché du travail. Nous voulons établir à l'horizon 2010 une zone de libre échange pour renforcer la croissance. Le commerce des marchandises est déjà largement libéralisé dans la zone. Il s'agit maintenant de développer les échanges de produits agricoles et de services. Cette initiative, ainsi que les réformes engagées par les pays méditerranéens, renforcera l'attractivité de la zone pour les investisseurs nationaux et étrangers, et sera une source de création d'emploi. La France pousse beaucoup au sein de l'Union à l'accélération des relations avec le Maroc. Nous disons même que si le processus euroméditerranée avance lentement en raison du nombre très élevé des pays qui y participent, il ne faut pas pénaliser ceux qui avancent le plus vite et il faut sans doute travailler d'abord avec les pays les plus ambitieux et les pays disponibles pour aller de l'avant rapidement. Bien évidemment le Maroc fait partie de cette avant-garde.
Q - Toujours sur ce même registre, les entraves sont notamment celles du déséquilibre en terme de développement entre les rives Nord et Sud de la méditerranée. Quelles mesures vous semblent urgentes sur ce plan ?
R - La priorité à terme est en effet la réduction des écarts de richesse avec les pays de l'Union européenne. Pour ce faire, il faut créer un climat plus favorable aux entreprises, renforcer les institutions publiques, consolider la stabilité macroéconomique, améliorer la gestion des finances publiques, accroître l'investissement national et étranger dans la région. Face à ces défis, les pays méditerranéens bénéficieront du soutien technique et financier du successeur de MEDA, l'instrument financier de voisinage et de partenariat (IEVP), des contributions bilatérales des Etats membres, de la Facilité euroméditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP). Ce soutien sera important et conforme à l'ambition que nous avons fixée pour notre partenariat euroméditerranéen.
Q - Comment se porte le commerce extérieur de la France ?
R - En 2005, les exportations françaises atteignent 355 milliards d'euros, ce qui correspond à un niveau record. Le déficit commercial est aussi élevé et s'explique en grande partie par la facture pétrolière. Les résultats 2005 montrent clairement que les entreprises sont compétitives et vont de l'avant. Les entreprises françaises n'ont jamais autant exporté qu'en 2005 et les signes positifs ne manquent pas : le nombre d'entreprises exportatrices repart à la hausse. C'est très encourageant pour l'emploi car nos PME recrutent pour l'exportation. La réorientation de notre commerce vers les zones en forte croissance, comme la Chine et l'Inde, est en marche. Enfin, les commandes étrangères à notre industrie, c'est-à-dire les exportations de demain, atteignent un niveau inégalé, près du double de 2004.
Q - Existe-t-il des priorités stratégiques par rapport à des pays partenaires comme le Maroc notamment ?
R - Oui nous avons décidé de fixer des priorités dans l'action publique pour aider à l'internationalisation des PME : 25 pays cibles ont été définis et le Maroc en fait bien entendu partie. La France consacre des ressources accrues pour inciter les entreprises à aller au Maroc.
Pour donner une impulsion supplémentaire, j'ai lancé en octobre 2005 "Cap Export", un ensemble de mesures permettant d'encourager le recrutement et la prospection de marchés étrangers par nos entreprises. Ce sont des outils d'appui particulièrement incitatifs que les petites et moyennes entreprises pourront utiliser. "Cap Export" vise trois objectifs : favoriser l'emploi à l'export, en particulier des jeunes ; partir gagner des marchés à l'étranger et jouer collectif à l'export.
Pour le Maroc, "France expo" qui s'est déroulée à Casablanca du 8 au 10 mars, est l'illustration de ce que "Cap export" peut apporter. La procédure de labellisation permet aussi de démultiplier les opérations collectives sur des salons à l'étranger et d'organiser des rencontres d'acheteurs. C'est ce que nous voulons faire avec le Maroc.
Q - Face à la montée en puissance des investissements espagnols, nous avons l'impression que la France ne saisit pas toujours les opportunités qui se présentent sur le marché marocain ?
R - Le Maroc a besoin d'investissements étrangers pour moderniser son appareil productif, pour accélérer la diffusion des nouvelles technologies et pour développer ses exportations. Ce qui est primordial, c'est que le Maroc soit attractif pour les investisseurs étrangers, quelle que soit leur origine. Je me réjouis que les entreprises européennes renforcent leurs positions car c'est le signe que l'intégration régionale au niveau économique est en marche. Pour revenir aux investissements français au Maroc, ils représentent 50 % des investissements étrangers au Maroc et ce chiffre augmente. Ce développement des investissements étrangers touche tous les secteurs, ce qui est encourageant pour l'avenir. Je citerai l'automobile, l'aéronautique, la banque, les services urbains, les transports. 2006 sera un excellent cru pour les investissements français au Maroc. La France est le premier investisseur étranger au Maroc et contribue aussi à la création d'emploi. Les liens entre nos pays sont très denses. Nos deux pays se connaissent bien et il est naturel que la France se fasse l'écho des Marocains en Europe. Auprès de la Commission européenne et de nos partenaires européens, la France sera toujours l'interprète des besoins du Maroc et essaiera de renforcer les liens de l'Union avec la rive Sud de la Méditerranée.
Q - Les exportateurs marocains se plaignent de la multiplication des barrières non douanières pour l'accès aux marchés communautaires. Est-ce la contrepartie déguisée du démantèlement ?
R - Les produits industriels marocains entraient déjà en franchise de droits de douanes sur le marché communautaire avant même l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Le démantèlement actuellement en cours ne concerne donc que les exportations industrielles européennes vers le Maroc. Pour revenir plus précisément à votre question, je suppose que vous faites allusion aux normes techniques communautaire. Ces normes ne doivent pas être perçues comme des barrières mais comme une garantie de sécurité et de qualité pour le consommateur. Toutefois, je reconnais que la mise en conformité à ces normes peut constituer une difficulté pour les industriels marocains. C'est la raison pour laquelle l'Union européenne a encouragé le Maroc à entamer un processus d'alignement de sa réglementation technique avec le système communautaire, dans certains secteurs prioritaires, en vue de la négociation d'un accord sur l'évaluation de la conformité et l'acceptation des produits industriels. Ce sera aussi un bon moyen pour les entreprises marocaines d'exporter vers le reste du monde car ces normes sont généralement acceptées partout.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2006
R - Le Sommet de Barcelone de novembre dernier n'a pas rencontré le succès espéré. Il a cependant permis de faire un bilan d'étape sur le Processus Euromed et d'engager les 35 pays de la zone sur un programme de travail commun à 5 ans. Ce projet euroméditerranéen est indispensable : l'objectif est le développement économique et la création d'emplois, pour relever le défi de l'entrée massive d'une population jeune sur le marché du travail. Nous voulons établir à l'horizon 2010 une zone de libre échange pour renforcer la croissance. Le commerce des marchandises est déjà largement libéralisé dans la zone. Il s'agit maintenant de développer les échanges de produits agricoles et de services. Cette initiative, ainsi que les réformes engagées par les pays méditerranéens, renforcera l'attractivité de la zone pour les investisseurs nationaux et étrangers, et sera une source de création d'emploi. La France pousse beaucoup au sein de l'Union à l'accélération des relations avec le Maroc. Nous disons même que si le processus euroméditerranée avance lentement en raison du nombre très élevé des pays qui y participent, il ne faut pas pénaliser ceux qui avancent le plus vite et il faut sans doute travailler d'abord avec les pays les plus ambitieux et les pays disponibles pour aller de l'avant rapidement. Bien évidemment le Maroc fait partie de cette avant-garde.
Q - Toujours sur ce même registre, les entraves sont notamment celles du déséquilibre en terme de développement entre les rives Nord et Sud de la méditerranée. Quelles mesures vous semblent urgentes sur ce plan ?
R - La priorité à terme est en effet la réduction des écarts de richesse avec les pays de l'Union européenne. Pour ce faire, il faut créer un climat plus favorable aux entreprises, renforcer les institutions publiques, consolider la stabilité macroéconomique, améliorer la gestion des finances publiques, accroître l'investissement national et étranger dans la région. Face à ces défis, les pays méditerranéens bénéficieront du soutien technique et financier du successeur de MEDA, l'instrument financier de voisinage et de partenariat (IEVP), des contributions bilatérales des Etats membres, de la Facilité euroméditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP). Ce soutien sera important et conforme à l'ambition que nous avons fixée pour notre partenariat euroméditerranéen.
Q - Comment se porte le commerce extérieur de la France ?
R - En 2005, les exportations françaises atteignent 355 milliards d'euros, ce qui correspond à un niveau record. Le déficit commercial est aussi élevé et s'explique en grande partie par la facture pétrolière. Les résultats 2005 montrent clairement que les entreprises sont compétitives et vont de l'avant. Les entreprises françaises n'ont jamais autant exporté qu'en 2005 et les signes positifs ne manquent pas : le nombre d'entreprises exportatrices repart à la hausse. C'est très encourageant pour l'emploi car nos PME recrutent pour l'exportation. La réorientation de notre commerce vers les zones en forte croissance, comme la Chine et l'Inde, est en marche. Enfin, les commandes étrangères à notre industrie, c'est-à-dire les exportations de demain, atteignent un niveau inégalé, près du double de 2004.
Q - Existe-t-il des priorités stratégiques par rapport à des pays partenaires comme le Maroc notamment ?
R - Oui nous avons décidé de fixer des priorités dans l'action publique pour aider à l'internationalisation des PME : 25 pays cibles ont été définis et le Maroc en fait bien entendu partie. La France consacre des ressources accrues pour inciter les entreprises à aller au Maroc.
Pour donner une impulsion supplémentaire, j'ai lancé en octobre 2005 "Cap Export", un ensemble de mesures permettant d'encourager le recrutement et la prospection de marchés étrangers par nos entreprises. Ce sont des outils d'appui particulièrement incitatifs que les petites et moyennes entreprises pourront utiliser. "Cap Export" vise trois objectifs : favoriser l'emploi à l'export, en particulier des jeunes ; partir gagner des marchés à l'étranger et jouer collectif à l'export.
Pour le Maroc, "France expo" qui s'est déroulée à Casablanca du 8 au 10 mars, est l'illustration de ce que "Cap export" peut apporter. La procédure de labellisation permet aussi de démultiplier les opérations collectives sur des salons à l'étranger et d'organiser des rencontres d'acheteurs. C'est ce que nous voulons faire avec le Maroc.
Q - Face à la montée en puissance des investissements espagnols, nous avons l'impression que la France ne saisit pas toujours les opportunités qui se présentent sur le marché marocain ?
R - Le Maroc a besoin d'investissements étrangers pour moderniser son appareil productif, pour accélérer la diffusion des nouvelles technologies et pour développer ses exportations. Ce qui est primordial, c'est que le Maroc soit attractif pour les investisseurs étrangers, quelle que soit leur origine. Je me réjouis que les entreprises européennes renforcent leurs positions car c'est le signe que l'intégration régionale au niveau économique est en marche. Pour revenir aux investissements français au Maroc, ils représentent 50 % des investissements étrangers au Maroc et ce chiffre augmente. Ce développement des investissements étrangers touche tous les secteurs, ce qui est encourageant pour l'avenir. Je citerai l'automobile, l'aéronautique, la banque, les services urbains, les transports. 2006 sera un excellent cru pour les investissements français au Maroc. La France est le premier investisseur étranger au Maroc et contribue aussi à la création d'emploi. Les liens entre nos pays sont très denses. Nos deux pays se connaissent bien et il est naturel que la France se fasse l'écho des Marocains en Europe. Auprès de la Commission européenne et de nos partenaires européens, la France sera toujours l'interprète des besoins du Maroc et essaiera de renforcer les liens de l'Union avec la rive Sud de la Méditerranée.
Q - Les exportateurs marocains se plaignent de la multiplication des barrières non douanières pour l'accès aux marchés communautaires. Est-ce la contrepartie déguisée du démantèlement ?
R - Les produits industriels marocains entraient déjà en franchise de droits de douanes sur le marché communautaire avant même l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Le démantèlement actuellement en cours ne concerne donc que les exportations industrielles européennes vers le Maroc. Pour revenir plus précisément à votre question, je suppose que vous faites allusion aux normes techniques communautaire. Ces normes ne doivent pas être perçues comme des barrières mais comme une garantie de sécurité et de qualité pour le consommateur. Toutefois, je reconnais que la mise en conformité à ces normes peut constituer une difficulté pour les industriels marocains. C'est la raison pour laquelle l'Union européenne a encouragé le Maroc à entamer un processus d'alignement de sa réglementation technique avec le système communautaire, dans certains secteurs prioritaires, en vue de la négociation d'un accord sur l'évaluation de la conformité et l'acceptation des produits industriels. Ce sera aussi un bon moyen pour les entreprises marocaines d'exporter vers le reste du monde car ces normes sont généralement acceptées partout.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 mars 2006