Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de remercier personnellement le Docteur Lee d'avoir accepté d'héberger dans les locaux de l'OMS cette première réunion du Groupe pilote sur les contributions de solidarité en faveur du développement.
Je veux remercier également chacun d'entre vous d'avoir pu participer à cette réunion, certains au prix d'un long voyage. La sincérité de votre engagement est à la mesure des objectifs d'intérêt commun qu'il nous faut atteindre ensemble. Enfin, je tiens à saluer la présidence brésilienne du groupe pilote d'avoir animé ces travaux avec une grande compétence et efficacité, ainsi que le Chili et la Norvège qui l'ont si efficacement secondée.
Le moment est important. Nous assistons aujourd'hui à la concrétisation d'une idée portée à l'origine par le président de la République, M. Jacques Chirac, par le président Lula du Brésil, et par l'ancien président chilien, M. Lagos : créer des financements innovants pour le développement, et réconcilier ainsi sur le terrain les impératifs d'efficacité et de solidarité.
C'est ici même, en janvier 2004 à Genève, que ces trois chefs d'Etat réunis autour du Secrétaire général des Nations unies ont lancé "l'initiative contre la faim et la pauvreté". La mise en oeuvre de nouveaux mécanismes de financement du développement s'inscrit dans un cadre politique plus général de lutte contre l'extrême pauvreté, et je crois important de le garder à l'esprit au terme de cette réunion technique.
Ceux d'entre vous qui ont participé à la Conférence de Paris des 28 février et du 1er mars derniers le savent : c'est une véritable dynamique politique, croissante et mobilisatrice, qui porte désormais ce projet. A ce stade, quatorze pays ont affiché leur intention de créer une contribution de solidarité sur les billets d'avion, et plusieurs d'entre eux sont prêts à affecter les recettes de cette contribution à la FIAM : tel est l'objet de notre première réunion aujourd'hui à Genève.
Au sein du groupe pilote, une discussion ouverte, franche et sincère s'est engagée sur la proposition de FIAM portée par le Brésil, le Chili, et la France. Et chacun a pu y participer en faisant valoir son point de vue : les Etats, les ONG, bien sûr, mais aussi l'industrie pharmaceutique, les grandes fondations privées ainsi que les organisations internationales.
Il me semble que cette façon de travailler, transparente, collective et participative, est la mieux adaptée pour faire avancer nos travaux, et je forme le voeu que cette méthode nous permette de finaliser le projet de FIAM à brève échéance, comme nous nous y sommes tous engagés.
Bien entendu, beaucoup de questions ont été abordées aujourd'hui, des interrogations légitimes ont été soulevées. Tout cela va dans le sens d'un dialogue ouvert et sincère, auquel il revient à chacun d'entre nous de contribuer, sans préjugé, ni idée préconçue. L'objet de cette réunion n'était d'ailleurs pas de déboucher sur un catalogue de conclusions finies et irrévocables, bien au contraire ! Car c'est ensemble, par la force de nos échanges, que nous allons créer et mettre en place cette structure nouvelle : ceci nécessite naturellement du temps et de la concertation.
Pour autant, convenons-en au terme de cette réunion : de nouveaux pas ont été faits, des progrès substantiels ont été réalisés, et je me félicite que vos travaux aient déjà permis d'acter certains grands principes sur lesquels nous pourrons bâtir plus efficacement et plus concrètement notre action.
Premièrement, sur l'objectif de la FIAM : nous en sommes tous aujourd'hui d'accord, ce mécanisme devra contribuer à la baisse du prix des médicaments, et donc à l'amélioration de l'accès aux traitements dans les pays en développement.
Pour cela, la FIAM dispose d'un atout majeur : ce sont les ressources stables, fiables et prévisibles, provenant notamment de la contribution sur les billets d'avion, qui permettront d'offrir à l'industrie pharmaceutique des débouchés sécurisés et une visibilité en contrepartie de laquelle les prix des médicaments, encore trop élevés, pourront être diminués.
Deuxième point : nous le savons, les besoins en matière de développement sont immenses. Par conséquent, si la FIAM permet de mobiliser des ressources d'un type nouveau, il convient aussi d'identifier où ces ressources devront être affectées de la manière la mieux appropriée et la plus adéquate afin de pallier les besoins les plus urgents.
Il nous faut donc choisir, définir en quelque sorte des niches d'action ciblées, dans lesquelles la FIAM et les ressources qui lui seront allouées seront en mesure d'apporter une réelle valeur ajoutée. La France a formulé un certain nombre de propositions, en suggérant notamment que la FIAM intervienne sur le marché des combinaisons pédiatriques contre le sida. Les discussions vont se poursuivre, mais chacun en est désormais bien conscient : il nous faut commencer par des actions précises et ciblées, afin de donner à la FIAM toutes les chances d'élargir progressivement son périmètre d'intervention.
Le troisième point concerne la gouvernance. Dans ce domaine, nous devons garder à l'esprit quelques mots-clés qui nous serviront de guide et d'impératifs d'action : simplicité, légèreté, complémentarité, efficacité, transparence.
Dans chacun des pays concernés, les financements innovants représentent en effet, pour les concitoyens, un nouvel effort de solidarité. Cet effort, cette solidarité, nos concitoyens y consentent, mais à la condition que l'argent soit dépensé au strict bénéfice des populations les plus pauvres. Il est par conséquent hors de question que la FIAM entraîne la création d'une nouvelle bureaucratie.
Par ailleurs, convenons-en : il serait absurde et contre-productif de venir compliquer encore davantage le fonctionnement des institutions existantes. Je tiens à le souligner ici : la FIAM doit s'intégrer dans le paysage actuel de nos institutions sans l'alourdir, agir là où elle peut être utile, en s'appuyant sur les structures existantes, sans les dupliquer.
Enfin, nous en avons tous conscience : la FIAM doit être rapidement créée. Au demeurant, nos concitoyens ne comprendraient pas que le produit de l'impôt qu'ils acquittent ne soit pas rapidement dirigé vers le terrain. Les bases d'un consensus sont désormais posées. Naturellement, beaucoup reste encore à faire dans le cadre des grands principes que je viens d'énoncer. Mais nous disposons aujourd'hui de fondations solides : à nous de poser peu à peu ces nouveaux jalons qui nous permettront d'avancer rapidement et de manière concrète.
Dans les toutes prochaines semaines, vous le savez, un groupe de travail restreint travaillera à affiner et préciser ce projet ; le fruit de ses réflexions sera ensuite soumis aux autres membres du groupe pilote.
Par ailleurs, à compter de la semaine prochaine, le secrétariat permanent et la présidence brésilienne mettront à la disposition de chacun d'entre vous un blog qui constituera un espace de travail partagé. J'encourage vivement chacun d'entre vous à y participer. Il s'agit là d'un outil de travail et de réflexion très utile, auquel le groupe pilote se réfèrera pour continuer à progresser sur ses problématiques.
Je vous donne donc rendez-vous au plus tard à New York, au moment de la session à haut-niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida. Le moment sera alors venu de tirer le bilan des travaux auxquels vous participerez d'ici là. Je sais pouvoir compter, d'ici cette échéance, sur votre esprit d'efficacité et de responsabilité collective : il a pleinement caractérisé la réunion d'aujourd'hui et je tiens une nouvelle fois à saluer.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 avril 2006