Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec MM. le docteur Jong-Wook Lee, directeur général de l'OMS, et Carlos Antonio Da Rocha Paranhos, chef de la délégation brésilienne, sur les financements innovants pour l'achat de médicaments pour les pays en développement, Genève le 21 avril 2006.

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Circonstance : Réunion du groupe pilote sur la Facilité internationale d'achat de médicaments (FIAM) à Genève le 21 avril 2006

Texte intégral

Le moment est historique parce que nous savons très bien que l'aide au développement, l'aide aux pays les plus pauvres, la lutte contre les pandémies, demandent beaucoup plus d'argent que ce que les pays riches donnent. Une fois que l'on a dit cela, il faut trouver un moyen de résoudre ce problème. Ce moyen, ce sont les financements innovants.
L'idée du financement innovant, la taxe sur les billets d'avion ou autre chose, c'est de pouvoir donner un peu plus au niveau planétaire. Ce n'est pas un Français, un Anglais, un Brésilien qui donne à un Béninois, un Togolais ou à un autre citoyen de pays du sud qui en a besoin. C'est un citoyen du monde qui donne à un autre citoyen du monde. C'est une révolution, c'est nouveau. Et aujourd'hui, nous avons convoqué la première réunion de travail qui concrétise cette idée qu'ont eue le président Chirac et le président Lula.
Combien vont rapporter ces financements innovants ? C'est justement en fonction du succès de cette idée que l'on pourra juger si elle est porteuse de tous les espoirs. Prenez la France, la loi est passée. Le 1er juillet, il y aura une taxe sur les billets d'avion. Cela rapportera 200 millions d'euros. Le Brésil, la Norvège et le Chili veulent nous suivre ; plus les jours passent et plus il y a d'autres pays qui veulent nous suivre parce que personne ne peut rester à côté d'une aussi belle opportunité pour soigner l'humanité.
Alors évidemment, la question qui nous est posée, c'est de ne pas dupliquer. C'est de ne pas faire une nouvelle bureaucratie, de ne pas être, je dirai, un doublon de l'OMS, un doublon de l'ONUSIDA, un doublon du Fonds mondial. Surtout pas. Au contraire, les objectifs de l'OMS, les objectifs de l'ONUSIDA, les objectifs du Fonds global sont nos objectifs.
Mais l'idée que, lorsque l'on aura des sommes importantes et que l'on interpellera les laboratoires pharmaceutiques ou ceux qui vendent des médicaments en leur disant : "nous avons 1 milliard de dollars à engager sur 10 ou 15 ans", ils baisseront les prix, cette idée va intéresser le Fonds global, l'OMS et l'ONUSIDA. Puis nous verrons avec ces institutions quels sont les médicaments qu'il faut acheter.
C'est une sorte de facilité d'achat de médicaments et cela peut être, aussi, l'occasion d'être sur d'autres niches : la pédiatrie par exemple. Il n'est pas normal aujourd'hui que l'on ne fasse pas suffisamment pour la pédiatrie ou pour un programme mère-enfant comme le Brésil souhaite le faire. Bref, il y a des idées en complémentarité de ce qui se fait et surtout pas en duplication.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 avril 2006