Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec Radio J le 23 avril 2006, sur le conditionnement de l'aide aux Palestiniens et la poursuite du processus de paix au Proche-Orient, la crise nucléaire iranienne, la flambée des cours du pétrole et la sécurité énergétique, le procès de Zacarias Moussaoui aux Etats-Unis, les relations franco-algériennes et l'avenir du traité d'amitié franco-algérien, la déclaration de Nicolas Sarkozy sur l'immigration.

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Média : Radio J

Texte intégral

Q - Bonjour Monsieur le Ministre, le ton monte entre pro-Fatah et pro-Hamas, des heurts ont même eu lieu hier, considérez-vous que l'Autorité palestinienne est en danger ?
R - Il y a eu deux rendez-vous très importants durant les trois derniers mois : l'élection israélienne et l'élection palestinienne. Pour moi, l'élection israélienne est une bonne nouvelle car c'est le camp de la paix qui a gagné. Concernant l'Autorité palestinienne, les élections législatives ont bénéficié d'une forte participation, de la transparence, et le Hamas est là.
A partir de ce moment-là, moment qui est, pour moi, historique, il faut qu'il y ait une négociation entre Israël et l'Autorité palestinienne.
Q - Le fait que le Hamas ait été prédominant durant ces élections ne pose-t-il pas un problème ? Le Hamas est-il aujourd'hui, un obstacle pour la paix ?
R - Comme vous le savez, aujourd'hui, nous demandons au Hamas de renoncer publiquement à la violence. Nous demandons au Hamas de reconnaître les Accords d'Oslo et nous demandons également au Hamas de reconnaître Israël. Il s'y refuse pour l'instant. Nous avons une responsabilité majeure : de ne pas asphyxier les Territoires palestiniens. Asphyxier les Territoires palestiniens serait une faute morale et surtout une faute politique majeure car il ne peut y avoir de paix à terme, il ne peut y avoir deux Etats viables, vivant l'un à côté de l'autre, dans l'esprit d'Oslo que si, évidemment, il y a une économie à Gaza. Et, il ne peut y avoir d'économie à Gaza que s'il y a un Etat de droit à Gaza.
Q - Comment éviter d'asphyxier, comme vous le dites, l'Autorité palestinienne ? Comment aider financièrement les Palestiniens sans financer le terrorisme ?
R - Je crois qu'il est très important de comprendre que l'Autorité palestinienne est différente du gouvernement palestinien.
Q - Vous parlez là de la différence entre le président Mahmoud Abbas issu du Fatah et le gouvernement dirigé par le Hamas.
R - Exactement et l'Autorité palestinienne est présidée par Mahmoud Abbas.
Je voudrais dire ici un mot particulier. Au terme des accords d'Oslo, l'Autorité palestinienne est compétente dans les Territoires palestiniens et, en revanche, sur le plan international, c'est l'OLP qui, seule, est considérée comme représentante du peuple palestinien.
Q - Mais, la donne a changé depuis les élections ?
R - Non. Il convient donc de distinguer aujourd'hui les institutions proprement dites. D'un côté l'Autorité palestinienne et la légitimité de Mahmoud Abbas, qui constitue, à mon avis, une préfiguration de l'Etat palestinien, et de l'autre, le gouvernement palestinien.
Q - Cela veut-il dire que, pour la France, le seul interlocuteur possible est Mahmoud Abbas qui se rend en France d'ici à la fin de la semaine ? Qu'allez-vous lui dire ? Qu'attendez-vous de lui ? Et que doit-il faire pour faire bouger le Processus de paix ?
R - Nous attendons de lui qu'il puisse continuer à créer cet Etat de droit. Je prends l'exemple de l'aide aux Territoires palestiniens dont on a beaucoup parlé récemment avec l'Union européenne qui, comme vous le savez, donne 250 millions d'euros : 150 millions pour des raisons humanitaires, qui ne seront pas remis en cause, et 100 millions pour l'administration, qui ont été provisoirement gelés.
Q -C'est un gel partiel ?
R - Je viens de le dire à l'instant, je pense qu'il est excessivement important de ne pas asphyxier les Territoires palestiniens, ce qui aurait des conséquences extrêmement graves sur un plan économique bien sûr, sur le plan social évidemment, et donc sur un plan sécuritaire. Il est de notre devoir d'être présents à Gaza, avec des hommes d'affaire, des projets pour le port, l'aéroport de Gaza. Il nous faut demander aux Israéliens de permettre aux Palestiniens de passer en Israël et vice-versa, c'est la seule solution. Comment pouvez-vous penser un seul instant que des centaines de milliers de jeunes de moins de 25 ans n'aient aucun espoir pour demain sur le plan économique. C'est la clef de tout.
Nous avons commencé dans l'Union européenne avec Rafah, qui est le point de passage entre l'Egypte et Gaza, nous devons continuer à jouer un rôle politique.
Q - Pensez-vous que vous serez entendus ?
R - Il nous faut être entendu, c'est absolument majeur et nous demandons d'ailleurs à Israël d'accepter de lever les recettes de TVA pour les donner aux Palestiniens. Il est absolument fondamental de ne pas asphyxier les Territoires palestiniens.
Nous demandons également à Mahmoud Abbas d'être parfaitement clair pour la lutte contre le terrorisme, contre les milices.
Q - Et notamment après l'attentat de Tel-Aviv du 18 avril où des ressortissants français ont été assassinés.
R - Je regrette personnellement, comme tous les Français, que le gouvernement du Hamas n'ait pas condamné cet attentat.
Q - La France a annoncé vendredi, par la voie de votre porte-parole au Quai d'Orsay que le ministre palestinien du Plan qui fait partie du Hamas ne pourrait pas venir en France. D'autre part, le 30 avril prochain, il y aura un colloque à Ivry pour soutenir, je cite "le combat du peuple palestinien" auquel un membre du Hamas, le porte-parole de ce mouvement, et un membre du Bureau politique du Front de Libération de la Palestine ont été invités. Auront-ils accès au territoire français ?
R - Je vous réponds très directement. Ces jours derniers, en effet, nous avons eu des demandes de visas. L'une provient d'un membre du gouvernement du Hamas, le ministre du Plan, qui devait venir à un colloque organisé à l'Institut du Monde arabe et que, d'ailleurs, j'ouvrirai mercredi prochain. En accord avec nos partenaires européens, il a été décidé de ne pas donner suite à cette demande.
Deux autres demandes de visas provenant de responsables du Hamas ont été déposées. Elles font l'objet d'une concertation avec nos partenaires européens, compte tenu des accords que nous avons avec nos partenaires de l'Espace Schengen. Là aussi, nous déciderons ensemble de la suite à donner à ces demandes.
Q - Souhaitez-vous qu'ils puissent venir en France ?
R - Nous examinerons cela avec nos partenaires de l'Espace Schengen et nous prendrons une décision commune.
Q - Considérez-vous que le Hamas est un mouvement terroriste ?
R - Le Hamas est un mouvement inscrit sur la liste des mouvements terroristes pour l'Union européenne. Demeure la question de l'aide à la population palestinienne.
Prenez l'exemple des hôpitaux, des infirmières, des médecins hospitaliers, des enseignants ou des magistrats anti-corruption. Voilà trois secteurs majeurs pour un début d'Etat de droit : la santé publique, l'éducation nationale et la justice. Comment faire en sorte que ces fonctionnaires puissent être payés sans parler avec le gouvernement du Hamas, sachant qu'il y a un ministre de la Santé, de l'Education nationale et un ministre de la Justice ?
C'est ce que nous devons aborder avec Mahmoud Abbas la semaine prochaine à Paris. Nous devons donner des moyens à l'Autorité palestinienne, trouver des financements nouveaux qui permettent de lutter contre la corruption, évidemment, et atteindre les objectifs.
Mais il est évident que l'élection du Hamas doit nous interpeller concernant l'aide que nous devons donner aux Palestiniens. Oui, nous devons apporter de l'aide au peuple palestinien mais pas à quelques personnes qui pourraient la détourner.
Q - Ce serait donc un financement sous conditions ?
R - Tout à fait, un financement sous conditions et sous contrôle grâce à cette Institution dirigé par Mahmoud Abbas, que nous reconnaissons sur un plan international, pour être destiné directement aux fonctionnaires palestiniens. C'est l'intérêt des Palestiniens, l'intér??t d'Israël et de la communauté internationale.
Q - Pour revenir aux deux membres du Hamas, est-il réellement envisageable qu'ils viennent à Paris ?
R - Nous prendrons une décision avec nos partenaires.
Il faut bien que vous compreniez. Que ce soit pour l'Iran dont nous parlerons dans un instant, que ce soit dans le domaine du Hamas, il est absolument nécessaire de ne pas prendre des décisions unilatérales.
Q - Et quand la décision sera-t-elle prise ?
R - Dans les prochains jours.
Q -Comment envisagez-vous la paix entre Israéliens et Palestiniens ? Les déclarations de M. Olmert disant qu'il souhaite faire avec la Cisjordanie ce qu'il a fait à Gaza vont-elles dans le bon sens ?
R - Il est aujourd'hui de notre responsabilité de ne pas céder à la tentation d'alimenter la violence. M. Olmert et M. Abbas ne doivent pas céder à la tentation.
Q - Vous êtes donc contre les représailles israéliennes par exemple ?
R - Il faut évidemment arrêter le cercle infernal de la violence. C'est uniquement par le dialogue que nous pourrons avoir une réponse, surtout après ces élections israéliennes. C'est de la responsabilité de la France, de l'Europe, de plaider pour ce dialogue et c'est de la responsabilité de la communauté internationale d'agir sans relâche pour parvenir à la paix avec un objectif simple : deux Etats viables qui vivent côte à côte et en sécurité. Il faut reprendre le chemin de la négociation.
Q - M. Olmert qui tend la main aux Palestiniens en disant qu'il est prêt à discuter, mais s'il n'y a pas d'interlocuteurs du côté palestinien, il y aura un retrait unilatéral. Cela va-t-il dans le bon sens ?
R - Il faut que nous prenions tous les canaux possibles : les Nations unies, l'Union européenne, le Quartet, le Conseil de sécurité des Nations unies. C'est fondamental et rien ne doit être épargné pour tenter d'obtenir la paix. Je fais partie, comme vous le savez, de ceux qui pensent que la Feuille de route est importante.
Q - Selon vous, elle n'est donc pas caduque ?
R - Non seulement elle n'est pas caduque, mais la politique unilatérale d'Israël ne peut être la seule politique possible car cela voudrait dire qu'en face, il n'y a pas de partenaires. Mahmoud Abbas doit, aujourd'hui, être totalement soutenu par nous, c'est capital pour nous d'aider à la légitimité de l'Autorité palestinienne et également, de travailler avec l'administration. Il n'y aura évidemment pas de contact avec les ministres faisant partie du Hamas mais il est nécessaire que nous ayons des contacts avec l'Administration et ses fonctionnaires.
Q - Les Etats-Unis sont-ils sur la ligne européenne ?
R - Il est nécessaire que les Etats-Unis comme l'Union européenne puissent comprendre que la seule solution pour aider à la résolution de ce conflit israélo-palestinien qui est dévastateur au Proche et au Moyen-Orient, c'est le dialogue et l'aide aux Palestiniens. On ne peut pas laisser s'asphyxier le peuple palestinien, sinon, ce sera la radicalisation totale du peuple palestinien. C'est évidemment très grave et inacceptable.
Q - Et la question de revenir aux frontières israéliennes de 1967, trouvez-vous cette solution réaliste ?
R - Il est important de se mettre autour de la table, que M. Olmert, d'une part, et M. Abbas, d'autre part, puissent en parler sans qu'il y ait une politique unilatérale. S'il y avait une "recolonisation" de la Cisjordanie, cette situation irait tout à fait à l'encontre de la paix.
J'ai toujours pensé que M. Sharon avait fait un geste de paix remarquable lorsqu'il a décidé - unilatéralement, certainement, mais malgré tout il l'a fait - de désengager l'armée israélienne de Gaza. Je l'ai souligné, je l'ai dit, j'en ai même parlé avec lui et je suis tout à fait persuadé que cet homme était animé de paix. Il faut que M. Olmert continue, mais il est maintenant obligé de passer par une négociation avec M. Abbas.
Q - Concernant l'issue de cet éventuel processus de paix, Considérez-vous qu'un retour aux frontières de 1967 est vraiment réaliste ?
R - La Feuille de route est là. Le Quartet est là aussi pour pouvoir aider les deux parties à se mettre d'accord sur les frontières. Ce n'est pas à la France seule de conduire cette politique.
Q - Quand irez-vous en Israël ?
R - J'irai en Israël probablement. Je rencontrerai M. Mahmoud Abbas car il viendra à Paris. J'aurai l'occasion de parler de tout cela avec lui. Il est important d'aller en Israël et d'aller dans les Territoires palestiniens. Il est également important de souligner qu'il est absolument effrayant de voir un attentat comme celui de Tel-Aviv qui a provoqué plusieurs victimes et blessés, plus d'une quarantaine de personnes. Ce fut une horreur.
Voilà ce qu'il faut dire aujourd'hui, voilà ce qu'il faut prêcher, la possibilité de deux Etats viables, l'un à côté de l'autre, la paix contre la sécurité.
Q - Vous irez en Israël en mai. Confirmez-vous également que le Premier ministre Olmert est attendu à Paris avant l'été ?
R - Je n'ai pas d'information à ce sujet.
Q - Ce matin, le porte-parole de la diplomatie iranienne a affirmé que l'enrichissement de l'uranium en Iran était irréversible. Où en est-on ? Que fait-on ?
R - Nous savons, depuis le 11 avril et parce que ce sont les dirigeants iraniens qui l'ont dit eux-mêmes, qu'ils ont fait fonctionner 164 centrifugeuses d'enrichissement de l'uranium. En réalité, nous savons depuis le début du mois d'août 2005 que les Iraniens, de manière unilatérale, tournent le dos à leurs engagements internationaux en reprenant leurs activités de conversion de l'uranium dans l'usine d'Ispahan. Depuis deux mois maintenant, il font également de l'enrichissement de l'uranium.
Q - Vous avez même parlé de centrales clandestines. Confirmez-vous cela encore aujourd'hui ?
R - Ce n'est pas moi qui le dit, c'est M. El Baradeï dans son rapport de l'AIEA où il indique qu'il existe un programme iranien nucléaire qui ne peut pas être uniquement expliqué par des fins civiles.
Q - Pour vous, il ne fait donc pas de doute que le régime iranien souhaite posséder l'arme nucléaire et qu'il fait en sorte d'avoir la possibilité de fabriquer une bombe ?
R - Le pouvoir iranien le dit très souvent mais la question n'est pas là. Nous croyons au multilatéralisme, nous croyons en l'ONU et en L'AIEA et au Conseil de sécurité des Nations unies. A contrario, nous ne croyons pas à ce que pourraient dire certains pays. Nous pensons que le directeur de l'AIEA dit la vérité. Or, M. El Baradeï indique que, parmi les éléments qu'il a vu dans le dossier nucléaire iranien, des choses sont susceptibles de ne pas être conformes.
Q - Cela veut dire que toutes les démarches européennes et onusiennes ont été vaines ?
R - Il est évident aujourd'hui que l'Accord de Paris de novembre 2004, accord dans lequel les Iraniens s'engageaient par écrit à suspendre toute activité nucléaire sensible et donc toute activité de conversion ou d'enrichissement de l'uranium, est caduque parce que les Iraniens, de manière unilatérale, sont revenus sur cet engagement.
Q - Ceci veut dire qu'aujourd'hui, la question n'est pas de savoir si l'Iran veut avoir la bombe, mais plutôt à quel moment l'Iran disposera de la bombe ?
R - Justement, je ne sais pas quand l'Iran pourra avoir un programme nucléaire qui lui permettrait ce que vous dites, mais ce que je sais, c'est que M. El Baradeï et l'Agence nous disent qu'il y a une progression rapide de l'avancée du programme nucléaire iranien.
Q - Comme le font certains, pourriez-vous qualifier cette bombe atomique d'islamique ? Y aura-t-il une bombe islamique en Iran ?
R - Aujourd'hui, le moment est venu de dire deux mots : l'unité et la fermeté de la communauté internationale.
Q - Et de quelle manière ? Et puis, cela n'aboutit pas ?
R - Absolument pas, elle aboutit puisque, pour la première fois, depuis très longtemps, sur le dossier iranien, non seulement l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont parvenus à faire une proposition commune...
Q - Mais il y a aussi la Russie et la Chine?
R - Pour avoir, je le disais, une session extraordinaire de l'Agence qui a eu lieu le 4 septembre dernier. A la suite de quoi, nous avons fait une proposition votée pratiquement à l'unanimité.
Q - C'est vrai, de votre côté, mais en Iran, cela ne porte pas ses fruits.
R - Cette proposition a été votée à l'unanimité en dehors de Cuba, de la Syrie et du Venezuela.
A partir de là, nous avons eu une réunion durant laquelle nous avons décidé, à l'Agence, d'avoir une déclaration présidentielle à l'ONU et de demander à M. El Baradeï de faire un rapport au Conseil de sécurité des Nations unies.
Passer le rapport de M. El Baradeï devant le Conseil de sécurité des Nations unies, croyez-moi, c'est un geste politique très fort qui a été fait, non seulement par les trois Européens mais également par la Russie, la Chine, l'Inde et toute la communauté internationale qui a voté à l'unanimité.
Q - Pour vous, l'Iran est-elle une menace pour la paix du monde ?
R - Nous avons donné à l'Iran une période d'un mois qui s'achèvera le 28 avril. M. El Baradeï était sur le terrain il y a une semaine ; il a pu poser toutes ses questions aux dirigeants iraniens. Il nous fera son rapport le 28 avril et à partir de cela, il y aura des discussions entre Condoleezza Rice, M. Lavrov, M. Straw et le ministre allemand. Nous nous rencontrerons dans les prochaines semaines.
Q - Donc, les sanctions contre l'Iran sont envisageables ?
R - Nous avons souhaité aujourd'hui que le Conseil de sécurité donne de l'autorité politique à l'Agence. A partir du moment où nous n'avons pas encore les réponses de l'Iran, je ne peux pas vous le dire. Mais c'est vrai que lorsque je vois cette déclaration aujourd'hui, où l'on nous dit que l'enrichissement est irréversible, c'est vrai que nous sommes excessivement préoccupés.
Q - N'avez-vous pas envie de dire que les sanctions aussi seront irréversibles ?
R - Cela ne se passe pas ainsi. Ce n'est pas le ministre des Affaires étrangères français qui, de manière unilatérale peut dire quelque chose. Sachez que nous avons une certitude, nous travaillons en permanence, minute par minute, avec nos amis du Royaume-Uni et avec nos amis allemands.
Nous aurons une réflexion commune. Si les Iraniens reviennent à la raison et suspendent les activités nucléaires sensibles, y compris l'enrichissement pour des raisons de recherches, nous pouvons leur faire des propositions. Une négociation peut s'établir, à la fois sur le plan du commerce, sur le plan industriel, sur le plan de la sécurité régionale. Nous pouvons aller jusque-là.
Q - Et sinon ?
R - Si la réponse est négative, il y aura le Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité aura à prendre ses responsabilités et tout le monde sait que, dans la panoplie du Conseil de sécurité, il y a de possibles sanctions.
Q - Il y a des possibilités de sanctions et il y a aussi ce que l'on entend aux Etats-Unis où la question n'est, semble-t-il, plus de savoir s'il y aura une frappe contre l'Iran, mais quand cette frappe aura lieu.
R - Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire que cela est d'actualité parce que je ne le pense pas.
Aujourd'hui, ensemble, avec les Américains - et je vois Mme Rice régulièrement à ce sujet -, il est évident que nous faisons tout pour trouver une issue diplomatique. Le président de la République l'a dit récemment au Caire, il l'avait déjà dit quelques jours avant, il faut privilégier la voie diplomatique.
Q - Oui, mais cela veut dire que si cela ne fonctionne pas, il faudra donc aller vers une autre voie, éventuellement la voie militaire ?
R - C'est la voie du Conseil de sécurité. Il faut faire très attention à ces termes. Il y a des protocoles, des procédures, et, pour nous, l'Iran doit répondre aujourd'hui. Si sa réponse est négative, le Conseil de sécurité aura à prendre des décisions.
Vous avez déjà une déclaration présidentielle qui demande, à l'unanimité de la communauté internationale à l'Iran, solennellement et fermement, de suspendre toute activité nucléaire sensible. Ceci est vrai pour la conversion et pour l'enrichissement.
A l'inverse, nous n'avons jamais, et je le dis ici très fermement, remis en question la possibilité pour l'Iran d'avoir de l'énergie nucléaire civile à des fins pacifiques.
Q - Si l'Iran va jusqu'au bout de ses ambitions nucléaires militaires, une intervention militaire, de la part notamment des occidentaux, est-elle exclue ou non ?
R - Sur la base du rapport de M. El Baradeï, le Conseil de sécurité devra décider des mesures à prendre. Il est probable que nous aurons de nouvelles réunion ministérielles pour préparer les décisions du Conseil de sécurité. En tout cas, ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est que la France reste pleinement attachée aux dispositions de la Charte des Nations unies régissant l'usage de la force nucléaire.
Q - Considérez-vous qu'une intervention militaire en Iran pourrait provoquer une déflagration au niveau international, et mettre le Proche-Orient et la paix du monde en danger ?
R - Il y a deux éléments. D'abord, si Téhéran ne prend pas les décisions nécessaires au rétablissement de la confiance, car il s'agit bien, avant tout, de la confiance, le Conseil de sécurité devra alors prendre les mesures nécessaires à cette fin. Parmi tous les instruments, il y en a qui sont positifs si Téhéran nous donne des réponses positives ; il y a des instruments négatifs, y compris des sanctions, si Téhéran nous donne des réponses négatives.
Q - Et la conséquence négative de cette tension en Iran, c'est la flambée du cours du pétrole. Demandez-vous aux pays de l'OPEP d'accroître leur production comme certains le réclament ?
R - Comme tous les pays du monde, l'Iran est dépendante de l'étranger pour ses approvisionnements dans de très nombreux domaines, en particulier pour raffiner le pétrole où l'Iran a besoin de la communauté internationale. Je crois qu'il faut faire très attention. On parle de rétorsions économiques iraniennes. Celles-ci feraient essentiellement du tort à l'Iran. Son appareil industriel a un besoin vital de la coopération économique étrangère. Aujourd'hui, il est vrai que nous subissons un triplement depuis 2003 du prix du baril du pétrole et qu'il y a un problème d'offre avec une augmentation incroyable de la demande.
Q - Alors, doit-on accroître la production du pétrole ?
R - Il y a un problème d'offre considérable avec les pays émergents comme l'Inde ou la Chine, qui ont un besoin extrêmement important d'énergie, mais il y a aussi un problème d'offre, pour des raisons géopolitiques et stratégiques. Nous parlons de l'Iran, mais nous pourrions également parler du Nigeria.
Je vois avec satisfaction que, le prix du pétrole augmentant, les pays producteurs sont en train de rechercher et de réaliser de nouveaux forages pour tenter de trouver de nouvelles nappes.
Q - Et pour baisser le prix du pétrole en France, faudrait-il taxer les bénéfices des compagnies pétrolières et donc de Total ?
R - Nous ne sommes pas entrés dans le troisième choc pétrolier.
Il y a une augmentation progressive du prix pétrole, mais il n'y a pas eu le fameux choc pétrolier.
Cette spirale haussière a inscrit la problématique de la sécurité énergétique au niveau de l'agenda international. Permettez-moi de vous dire ce que la France propose, elle a été le premier pays à présenter un mémorandum sur l'énergie. Pour commencer, nous souhaitons, pour la demande, qu'il y ait une plus grande efficacité énergétique dans les pays consommateurs, avec la mise en place des systèmes de certificats d'économie d'énergie. Ne faisons pas n'importe quoi avec l'énergie.
Q - Peut-il y avoir une taxation sur les bénéfices des compagnies pétrolières comme Total ?
R - Pour l'instant, ce n'est pas à l'ordre du jour. Les ministres des Finances viennent de se rencontrer. Nous ne sommes pas devant un choc pétrolier ; nous sommes devant une augmentation progressive du prix du pétrole et nous faisons tout pour que le prix baisse en jouant sur la demande, avec ces certificats d'économie d'énergie, des certificats blancs, c'est la proposition phare de la France. De plus, concernant l'offre, il faut des investissements nécessaires, en amont comme en aval, avec une ampleur capitale.
Q - Pour les économies d'énergies ?
R - Oui, bien sûr, et la transparence des marchés énergétiques, la transparence des données pétrolières et, enfin, une diversification des bouquets énergétiques. C'est le rôle du nucléaire et là, la France est un des principaux pays, avec Areva en particulier, à vendre des centrales nucléaire dans le monde, en Chine, en Turquie ou ailleurs. Je vais dans le monde entier vanter le nucléaire français.
Q - Aux Etats-Unis, le procès du Français Moussaoui en relation avec les attentats du 11 septembre touche à sa fin. Mérite-t-il la mort ?
R - Je souhaite d'abord rappeler très fermement la condamnation de la France concernant ces horribles attentats du 11 septembre.
Q - Pourquoi ? Pensez-vous que les choses ne sont pas assez claires ?
R - Je pense qu'il ne faut jamais s'habituer à l'horreur et que, encore dans 50 ans, il faudra le dire car c'est une horreur.
Q - Et concernant Moussaoui ?
R - Je souhaite dire que la France, plus que jamais, est inscrite dans la lutte contre le terrorisme international. Cela a été d'ailleurs reconnu récemment, dans un grand journal américain, le "Washington Post", où l'on a dit que la France était le principal pays qui luttait, avec les Etats-Unis, dans la lutte contre le terrorisme.
Enfin, je tiens à dire que toute cette lutte, cette condamnation, doit se faire dans le respect du droit international. Nous ne devons jamais céder sur les valeurs fondamentales de l'Etat de droit, le respect de nos grands principes démocratiques et de la garantie de l'adhésion de nos concitoyens au combat engagé contre le terrorisme. Dans le cadre de ces valeurs, la France est, comme vous le savez, opposée à la peine de mort.
Q - S'il n'était pas condamné, demanderiez-vous son retour en France, son extradition ?
R - C'est une position constante des autorités françaises, nous sommes opposés à la peine de mort, en toutes circonstances et, en même temps, nous sommes totalement inscrits dans la lutte contre le terrorisme international et nous condamnons, plus que jamais, l'horreur du 11 septembre.
Q - Vous souhaitez donc que Moussaoui ne soit pas condamné à mort. Est-ce cela ?
R - Je viens d'en parler.
Q - Faudra-t-il le faire revenir en France ?
R - Comme tout citoyen Français, M. Moussaoui a droit à la protection consulaire. Il a accepté cette assistance en 2002. Il a reçu la visite de représentants français dans sa prison et puis il l'a refusée, malgré plusieurs relances de notre consul général à Washington. Sachez que, malgré cela, nous continuons chaque jour de suivre son cas. Notre consul général et le magistrat français de liaison à Washington ont assisté à toutes les audiences. Ils sont en contact avec la mère de M. Moussaoui et ses avocats pour faciliter leurs démarches.
Q - S'il n'est pas condamné à mort mais à la perpétuité, souhaitez-vous qu'il puisse accomplir sa peine en France ?
R - Aujourd'hui, c'est au consulat français d'évoquer cette question avec M. Moussaoui.
Q - Et concernant l'Iran, j'aimerai avoir une précision : doit-on considérer, d'après vos réponses, que la porte de la diplomatie se ferme en ce qui concerne le nucléaire iranien ?
R - Tant que nous n'avons pas vécu la dernière seconde du 28 avril 2006, c'est-à-dire la date à laquelle les Iraniens doivent répondre au Conseil de sécurité des Nations unies, à la déclaration présidentielle qui a été signée par l'ensemble de la communauté internationale, y compris la Russie, la Chine, l'Inde et les autres, tant que nous n'avons pas reçu officiellement cette réponse, nous devons espérer encore la négociation, la voie diplomatique. Ensuite, ce sera au Conseil de sécurité de venir épauler l'Agence sur le plan politique pour prendre ses responsabilités.
Q - Concernant les relations entre la France et l'Algérie, une question toute simple, le président algérien est-il toujours en France, soigné au Val de grâce ?
R - Je ne le sais pas.
Q - Attendez, il est sorti du Val de grâce, vous devez savoir s'il est encore sur le territoire français ou non !
R - A ma connaissance, non.
Q - Il n'est donc plus sur le territoire français.
R - A ma connaissance. Ce que je peux vous dire...
Q - Attention, c'est important nous n'avions pas cette information.
R - Mais moi non plus, je ne l'ai pas. Je vous dis donc : "à ma connaissance".
Concernant les rapports entre la France et l'Algérie, nous ne pouvons pas penser l'avenir si nous n'avons pas un passé à la fois assumé et partagé.
Q - Qu'est-ce que cela veut dire ?
R - Cela veut dire que nous ne pouvons pas penser à un avenir commun s'il n'y a pas un passé partagé et assumé. Il faut une mémoire commune.
Concernant l'Algérie, on ne peut pas penser à un avenir commun si on ne partage pas, si on n'assume pas un passé ensemble. Je crois à un travail de mémoire, ce travail doit être double. Il faut, d'une part, prendre toutes les mémoires, avec le courage de la lucidité et de l'honnêteté - l'Histoire n'est jamais simple, elle est complexe - et d'autre part, le travail de mémoire ne doit pas être fait pas par des hommes politiques, fussent des grands responsables, ou par des parlementaires, il doit être fait par des historiens et par des chercheurs. Concernant le génocide dont vous venez de parler...
Q - Dont M. Bouteflika a parlé... un génocide d'identité algérienne.
R - Concernant le génocide qui est un mot qui, en effet, a été employé récemment, des philosophes et des intellectuels nous ont appris, en particulier Primo Levi, qu'il ne faut jamais galvauder ce type de termes. Je ne ferai qu'une remarque par rapport à ce que j'ai entendu, par rapport à ce qui a été rapporté concernant les propos de M. Bouteflika sur la France : je vois qu'il apprécie la médecine et les hôpitaux français. Vous comprendrez que je m'en réjouis doublement. D'abord parce que je suis médecin et ensuite parce que je suis le responsable de la diplomatie française.
Q - Mais pour vous, qu'est-ce qui explique les insultes du président algérien contre la France ? Est-ce un problème de politique intérieure algérienne ?
R - Aujourd'hui, il faut comprendre une chose : 75 % des Algériens ont moins de 25 ans et il est temps d'ouvrir une page nouvelle sur l'avenir commun de nos deux pays. L'Algérie est un partenaire plein et entier, souverain, indépendant bien sûr et la France doit travailler avec lui. C'est une puissance économique importante. L'Algérie d'aujourd'hui, c'est entre 5 et 6 % de croissance par an.
Q - Mais elle est draguée par les Etats-Unis !
R - Les Algériens sont devant une communauté internationale qui regardent la manne, en particulier pétrolière et énergétique. Il est important que nous ayons des relations et c'est la raison pour laquelle je me réjouis que des grands chefs d'entreprises, menés par la présidente du MEDEF, aillent prochainement, au mois de mai, en Algérie pour que nous puissions travailler ensemble. Regardez le métro d'Alger, le tramway d'Alger, tout ce qui va se passer dans les prochains mois concernant les entreprises françaises et l'Algérie. Nous devons être présents en Algérie.
Q - Au moment où vous aviez rencontré le président algérien et ensuite, lorsqu'il a fait ses déclarations concernant ce qu'il a appelé le génocide de l'identité algérienne, savait-il qu'il irait se faire soigner en France ?
R - Je ne le sais pas.
Q - Et pour revenir précisément à ce que vous disiez tout à l'heure, a priori, il n'est pas sur le territoire français ?
R - A ma connaissance, non.
Q- Souhaitez-vous des excuses de sa part ?
R - Je ne veux surtout pas polémiquer là-dessus. L'avenir de nos deux pays passe par un passé partagé et assumé, par un devoir de mémoire, par les historiens, par les chercheurs et non par des hommes politiques, fussent-ils responsables politiques de haut niveau. Cela passe aussi et surtout par un courage de lucidité et d'honnêteté.
Q - Vous étiez allé notamment en Algérie pour essayer de concrétiser cette signature du Traité d'amitié entre la France et l'Algérie. A priori, c'est remis à plus tard, pensez-vous que ce traité puisse être signé en 2007 et qu'il faudra passer par une relève des deux côtés de la Méditerranée ?
R - S'il y a bien une chose qui est certaine, c'est que, non seulement il n'y a pas de calendrier, mais surtout, le principal n'est pas là.
Q - Cela dépend !
R - Non, pour moi, le principal est de voir deux pays échanger sur le plan de la société civile. Par exemple, j'ai participé à l'inauguration d'une université franco-algérienne. Il y a une demande de formations pour des médecins, pour des professeurs de médecine, pour de futurs responsables de PME, pour de futurs instituteurs, c'est cela qui est intéressant. Il y a véritablement un partenariat d'exception que nous devons construire.
Car n'oubliez pas que les pays du Maghreb et, en particulier, le Maroc, la Tunisie et l'Algérie, sont une chance pour notre pays, demain. Plusieurs millions de personnes qui parlent le français dans un continent qui n'est pas le nôtre.
Sur un plan géostratégique et géopolitique, permettez-moi de vous dire qu'il est grand temps de passer à autre chose qu'à un passé. Bien sûr, il faut l'assumer et le partager, mais regardons l'avenir et je fais partie de ceux qui sont d'une génération qui regardent devant. Pas de rancoeurs mais, au contraire, des espoirs pour demain, pour que nos jeunes se connaissent, pour que nos entrepreneurs se connaissent, pour que nos journalistes se connaissent et pour que notre société civile se connaisse.
Q - Concernant le Traité d'amitié franco-algérien, il n'y a donc pas de calendrier ?
R - Non.
Q - Vous dites qu'il ne faut pas de rancoeur, mais, hier, M. Sarkozy a parlé d'immigration et on sait qu'il y a beaucoup d'Algériens parmi les immigrés en France et il a déclaré, à la façon de M. de Villiers : "ceux qui n'aiment pas la France doivent la quitter". Qu'en pensez-vous ?
R - Je ne peux pas laisser passer que vous fassiez croire que - et même si vous ne le faites pas exprès, je vous connais - Nicolas Sarkozy ait pu dire qu'il y avait trop d'immigration d'origine algérienne.
Q - Attendez, ce n'est pas ce que nous avons dit.
R - Madame, et c'est normal d'ailleurs, c'est tout son talent, a rapproché deux choses, la discussion précédente sur l'Algérie et les propos tenus hier salle Gavot.
Vous ne pouvez pas laisser dire que le président de l'UMP a fait une sorte de discrimination ou a fustigé, car ce n'est pas vrai.
Q - Approuvez-vous cette déclaration ?
R - Permettez-moi de répondre à ce sujet car c'est un élément très important.
Q - Surtout que c'est un slogan de Philippe de Villiers qui est plutôt à l'extrême droite sur l'échiquier politique,
R - Ce que n'est pas Nicolas Sarkozy.
Ce n'est pas la même chose. Je vais vous dire pourquoi ce ne sont pas les Algériens qui sont montrés du doigt ; l'Algérie n'est pas un pays d'immigration mais plutôt un pays de transit. L'immigration vient de l'Afrique subsaharienne, sahélienne, avec en particulier le Mali, le Niger. Ce sont des sujets qui sont importants.
Q - Attendez, ce n'est pas le sujet et il ne nous reste plus beaucoup de temps, nous devons vous poser des questions plus précises certainement.
R - Oui, mais il était important que je réponde à cela car ce n'est pas l'Algérie qui était montrée du doigt.
Q -On reprend la déclaration de M. Sarkozy je cite : "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter". Cela vous choque-t-il ?
R - Je reste absolument persuadé que la France doit être, certes, un pays ouvert, mais, en même temps, ceux qui viennent en France et qui participent à notre vie doivent totalement respecter les droits et les devoirs de ce pays. Cela existe dans tous les pays du monde, y compris ceux d'où viennent beaucoup d'immigrés et il n'y a aucune raison que la France accepte que, sur son sol, il y ait des personnes qui ne respectent pas les devoirs républicains.
Q - Vous reprenez donc à votre compte la déclaration de Nicolas Sarkozy ?
R - Non, je reprends à mon compte mes propres propos depuis dix ans qui sont évidents. La France est un pays qui peut accueillir et qui doit accueillir un certain nombre de personnes qui obtiennent le droit d'asile, par exemple. La France est un pays ouvert mais il est normal que la France fasse respecter les devoirs que toute personne qui séjourne dans ce pays doivent respecter.
Q - Mais vous êtes bien conscient qu'en faisant cette déclaration, Nicolas Sarkozy entre un peu sur les plates-bandes de l'extrême droite, il ne s'en est d'ailleurs pas caché hier, en voulant faire revenir les électeurs du Front National dans le giron de l'UMP.
Q - Est-ce une bonne stratégie ?
R - Je ne pense pas qu'il fasse cela pour ça, tout responsable politique, qu'il soit à gauche, au centre ou à droite, se doit de rappeler que toute personne vivant sur notre sol doit respecter un certain nombre de principes républicains que l'on appelle des devoirs républicains.
Il est effrayant, terrible même de voir que des propos comme ceux-là puissent faire polémique, non seulement, ce n'est pas pour faire de la polémique mais c'est la moindre des choses.
(...)
Q - On commémore demain, 24 avril, le soixante et unième anniversaire du génocide arménien, certains demandent le vote d'un texte punissant le négationnisme, puisque la France a voté une loi reconnaissant le génocide du peuple arménien le 29 janvier 2001. Faut-il cette loi anti- négationniste ?
R - La France, à travers son Parlement, a été unanime pour l'Arménie. Là aussi, le moment est venu, et cela me paraît très important de ne rien oublier sur ce qui s'est passé et surtout, à un moment où nous faisons l'Union européenne, à un moment où nous parlons de construction politique de l'Union européenne, il nous faut regarder devant, comme pour l'Algérie, en assumant et en partageant.
Q - Et en disant aux Turcs de reconnaître le génocide ?
R - J'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises.
(...).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 avril 2006