Texte intégral
Monsieur le Président d'INTERFEL, cher Gilles Vignaud,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à ouvrir cette assemblée générale de l'interprofession des fruits et légumes : Interfel.
Cette assemblée générale, vous l'avez rappelé, est la trentième. J'ai tenu à participer à ce trentième anniversaire de votre interprofession afin de bien marquer l'intérêt particulier que je porte à votre filière, à ses entreprises, aux hommes et aux femmes qui les font vivre au quotidien à travers toute la France.
Créée en 1976, INTERFEL rassemble et représente paritairement les collèges des organisations professionnelles de la production et de la distribution des fruits et légumes frais. Elle est reconnue comme seule Interprofession nationale pour les fruits et légumes frais par le Gouvernement, qui lui délègue le pouvoir d'élaborer des accords interprofessionnels qui ont force de loi.
Cette année est aussi celle du dixième anniversaire de la reconnaissance d'INTERFEL par l'Union européenne, obtenue le 21 novembre 1996.
Trente ans, c'est un âge où on a déjà une histoire, et vous l'avez rappelée, mais c'est aussi un âge où on a encore l'avenir devant soi.
Mon premier message sera celui du rassemblement de toutes les énergies en faveur de la filière des fruits et légumes.
Votre interprofession réunit des entreprises et des métiers très divers, du producteur, de l'expéditeur, du grossiste, au distributeur et au détaillant. Vous avez aussi la chance de compter des personnalités très fortes. Je sais que vous avez traversé une période de crise l'an passé. Mais je sais aussi que vous êtes désormais de nouveau tous réunis pour ce trentième anniversaire, et je tiens aujourd'hui à vous en féliciter et à vous encourager dans cette voie. Car la filière de pourra peser et gagner que si elle est rassemblée.
L'industrie agroalimentaire française est la première en Europe et la deuxième dans le monde, avec près de 140 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et la transformation de fruits et légumes représente à elle-seule 30 % de la filière agroalimentaire française. Et c'est bien l'ensemble de la filière qui doit aujourd'hui lutter pour préserver ses atouts face à la concurrence mondiale.
D'amont en aval, tout au long de la chaîne du frais, les métiers de la production et de la distribution des fruits et légumes requièrent un savoir-faire pointu, une expertise fine, qui contribuent à l'ajustement des quantités et à la maîtrise de la qualité tant gustative que sanitaire.
La filière française des fruits et légumes, c'est :
# près de 700.000 emplois directs, dont 450.000 emplois saisonniers,
# 120.000 entreprises, pour la plupart petites et moyennes,
# 10.000.000 de tonnes de fruits et légumes (hors pommes de terre) chaque année,
# 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires au stade de la consommation (hors pommes de terre).
L'interprofession, c'est l'alliance entre plusieurs grandes familles, qui ont chacune un rôle indispensable à jouer en faveur de la promotion des fruits et légumes :
# Les producteurs, à la fois chef d'entreprise et observateurs attentifs de la nature, qui ont la délicate mission d'exploiter tout le potentiel de leurs cultures et vergers pour obtenir des produits sains et de qualité.
# Les expéditeurs, point de passage obligé entre la production et la commercialisation, qui doivent garantir le stockage et l'acheminement des produits dans les meilleures conditions pour une qualité optimale des produits.
# Les grossistes, par lesquels transitent plus de 50 % des fruits et légumes frais distribués en France. Le poids des entreprises de gros et leur diversité de structure constituent une originalité de la filière des fruits et légumes, qu'il faut transformer en atout.
# Les distributeurs, qui sont un débouché incontournable pour les fruits et légumes, puisqu'ils réalisent 71 % du chiffre d'affaires des ventes au détail. Les chefs de rayon fruits et légumes gèrent au quotidien l'approvisionnement et la mise à la vente de 100 à 200 références, dont les fruits et légumes frais constituent la base. Ce rayon compte parmi les plus attractifs d'un supermarché ou hypermarché. Un client sur deux vient y acheter un produit et y dépenser 4 à 6 euros par visite. Ce seul rayon représente en moyenne 7 à 8 % des ventes d'un hypermarché ou supermarché.
# Les détaillants. Face à la concurrence accrue des circuits de distribution, les détaillants spécialisés en fruits et légumes conservent tout leur rôle. Ils se différencient par la proximité, l'écoute, le conseil, l'accueil, la disponibilité, la présentation de l'étalage, allié à une parfaite connaissance des produits qu'ils proposent à leur clientèle.
Vous avez devant vous des enjeux considérables :
# Mieux vendre vos produits ;
# Répondre aux nouvelles attentes des consommateurs ;
# Améliorer la qualité ;
# Renforcer l'attractivité de vos métiers ;
# Stimuler l'innovation, depuis la création de variétés nouvelles jusqu'aux nouveaux modes de distribution.
Votre filière doit bénéficier des deux lois que j'ai fait adopter en 2003 et en 2005 en faveur de la création, du développement et de la transmission d'entreprise. La plupart des membres d'Interfel sont des petites et moyennes entreprises et sont donc au coeur de ce dispositif :
Je citerai notamment :
# La possibilité de reporter et d'étaler le paiement des charges sociales à régler durant la première année d'activité,
# La mise en place d'un lieu unique pour la création des entreprises, le Centre de Formalité des Entreprises (CFE),
# La possibilité de créer son entreprise tout en restant salarié,
# L'exonération de droits pour les dons familiaux destinés à la création ou la reprise d'une entreprise,
# L'exonération totale d'impôt sur les donations des entreprises à l'un de leurs salariés,
# ou encore la prime à la transmission d'entreprise lorsque le cédant accompagne le repreneur, qui vient compléter l'exonération totale des plus-values de cession des entreprises individuelles réalisant moins de 250.000 Euros de chiffre d'affaires.
A ces instruments s'ajoutent aujourd'hui les nouveaux contrats de travail que nous avons mis en place et qui facilitent le recrutement, comme le Contrat Nouvelle Embauche (CNE), qui connaît un succès considérable avec plus de 450.000 embauches et plus de 200.000 nouveaux emplois créés dans le secteur marchand en six mois. Et ce n'est qu'un début, car ces contrats répondent particulièrement bien aux besoins de souplesse des petites et moyennes entreprises.
En ce qui concerne la modernisation des relations commerciales, nous avons réformé la loi Galland afin notamment de mieux protéger les petites et moyennes entreprises des abus de puissance d'achat, des marges arrières injustifiées, des retours de marchandises et autres déductions d'office arbitraires, des enchères inversées qui peuvent avoir un effet destructeur pour les fruits et légumes frais. Cette modernisation des relations commerciales doit aussi servir l'interprofession des fruits et légumes.
Je souhaite vous proposer aujourd'hui un plan d'action spécifique en faveur des fruits et légumes. Ce plan repose d'une part sur la promotion des fruits et légumes (1), d'autre part sur l'innovation des produits et des services (2).
1. Sensibilisation de l'ensemble des acteurs de notre société aux enjeux de la consommation des fruits et légumes : Redécouvrir les fruits et légumes
# Signature de la Charte « Fruits, Légumes et Société ». Cette charte, qui a été initiée par les professionnels, constitue un excellent moyen pour alerter l'ensemble des élus et des décideurs sur les enjeux et les choix de société liés à la consommation de fruits et légumes. Par cette Charte, chacun s'engage à agir concrètement, à tous les niveaux, pour promouvoir la consommation des fruits et légumes frais :
. Plus de légumes et de fruits à la cantine scolaire et universitaire,
. Remplacement des distributeurs automatiques de produits gras et sucrés par des distributeurs de fruits et légumes frais,
. Création et distribution de bons d'achat gratuits de fruits et légumes frais pour les populations défavorisées,
. Aide au maintien des productions en zone périurbaine.
Je vous annonce aujourd'hui que je signerai cette Charte le 16 mai prochain au Ministère, et demanderai aux directions régionales du commerce de la relayer auprès des collectivités locales et des directeurs d'école, de collège et de lycée. En signant cette charte, chacun peut contribuer à faire bouger notre société.
# Promotion d'une semaine nationale des fruits et légumes, reposant sur la Fraich Attitude initiée en 2005. Je donnerai le coup d'envoi le 16 mai prochain au Ministère de la semaine de la Fraich Attitude 2006. Un marché aux fruits et légumes sera organisé à cette occasion dans la cour et le jardin du Ministère. Des classes d'écoles des quartiers de la banlieue parisienne seront invitées. Les élèves participeront à différents ateliers ludiques sur les thèmes de la cuisine, de la nutrition, et de la santé. Des parlementaires de tous bords seront invités.
De nombreuses actions en restauration collective et commerciale avec des partenariats nationaux seront lancées.
De grands groupes de restauration collective et de restauration commerciale proposeront des menus à forte composante fruits et légumes frais pendant toute la semaine.
Plusieurs enseignes de la grande distribution participeront à cette campagne en organisant des opérations exceptionnelles de promotion des fruits et légumes durant tout la semaine.
De nombreuses actions de pédagogie, d'information et de dégustations sont prévues dans des écoles primaires, les collèges et les lycées, mais aussi les centres aérés, les clubs sportifs, ainsi que sur les marchés. Plusieurs écoles primaires profiteront également de l'occasion pour faire découvrir les fruits et légumes frais aux enfants en organisant des ateliers « fruits et légumes », des visites d'exploitations et de marchés en partenariat avec les professionnels de la filière.
J'ai pris contact avec l'Institut National du Cancer et son président le professeur Davird Kayat, qui m'a confirmé sa disponibilité pour associer l'Institut à cette semaine de promotion de la consommation des fruits et légumes.
Depuis 30 ans, l'industrialisation de notre cuisine et de notre alimentation a contribué au développement de l'obésité et à la croissance des maladies comme les cancers, le diabète gras, les maladies cardiaques...Les propositions alimentaires industrielles se sont multipliées, ainsi que les goûters fourrés, les céréales du petit déjeuner, les snacks sucrés et salés, les boissons sucrées. Ces produits, certes pratiques, nous ont déresponsabilisés de ce que nous mangeons. Et la course au " toujours plus " (des goûts plus prononcés pour flatter le palais, des produits plus vite prêts) a entraîné une dérive nutritionnelle, vers plus de sucre, de sel et de gras, aboutissant au problème alarmant de l'obésité.
Nous avons perdu le plaisir et la créativité de préparer de vrais repas à base d'aliments naturels, et parallèlement nous consommons désormais trop d'énergie. Retrouver de la naturalité dans ce que nous mangeons, retrouver le chemin de la cuisine et manger à nouveau des aliments naturels, voilà qui nous permettra de retrouver plaisir, convivialité et santé !
Je vous propose donc de faire de la semaine de la fraich'attitude un instant de grande mobilisation nationale en faveur de l'équilibre alimentaire.
# Le Gouvernement lancera le mois prochain un nouveau programme national nutrition santé (PNNS) pour les années 2006-2009. Ce plan succédera au PNNS 1, qui a couvert la période 2001-2005, et qui a donné de premiers résultats intéressants. Ce deuxième Programme National Nutrition Santé sera particulièrement ambitieux en faveur des fruits et légumes. Je tiens à saluer le travail accompli par le Professeur Serge Hercberg, Vice Président du PNNS, qui a réussi à associer l'ensemble de la filière à la préparation de ce programme.
La nutrition est l'un des facteurs majeurs contribuant à la survenue de diverses pathologies. Elle n'est pas l'unique cause de ces pathologies, mais en constitue un facteur favorisant, essentiel parmi d'autres facteurs d'environnement ou génétique. C'est un facteur pour lequel il est possible d'intervenir, en favorisant la consommation de fruits et légumes.
Les maladies cardiovasculaires sont aujourd'hui la première cause de mortalité en France (32 % des décès), à l'origine de près de 170.000 décès chaque année. La nutrition intervient sur certains types de cancers notamment digestifs : c'est un des chapitres de l'objectif de prévention du plan cancer. L'obésité concerne 7 à 10 % des adultes et 16 % des enfants âgés de 7 à 10 ans. En France, sa fréquence augmente chez les enfants de façon inquiétante depuis quelques années.
Le deuxième Programme National Nutrition Santé comportera des actions significatives pour améliorer les comportements nutritionnels ainsi que la qualité et la présentation de l'offre alimentaire. Le PNNS2 ne sera pas constitué de recommandations générales mais de propositions d'actions concrètes et pragmatiques.
2. Innovation
# Innovation produit
La filière fruits et légumes doit être à la pointe de l'innovation.
Elle doit participer pleinement à la stratégie des pôles de compétitivité. Un pôle de compétitivité se définit comme la combinaison, sur un territoire donné, d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche publiques ou privées, engagés dans une démarche partenariale destinée à créer des synergies autour de projets communs à caractère innovant et disposant de la masse critique nécessaire pour atteindre une visibilité internationale.
Il y a bien entendu le pôle de compétitivité fruits et légumes des régions Languedoc-Roussillon et Provence Alpes Côte d'Azur. Ce pôle doit créer des richesses nouvelles en mettant sur le marché des produits inédits et à forte valeur ajoutée, mais aussi développer de nouvelles formations et optimiser les échanges entre les acteurs de la filière. Ce projet, qui va "de la fourche à la fourchette", est parrainé par l'Association nationale des industries agroalimentaires, les chambres d'agriculture et l'Inra et se positionne dans le cadre du programme national nutrition santé. Mais il y a aussi d'autres pôles de compétitivité qui peuvent largement contribuer à l'innovation au sein de votre filière, comme :
. Le pôle « Végétal spécialisé (pôle à vocation mondiale) » de la Région Pays de la Loire ;
. Le pôle « Produits et procédés innovants pour la santé (Prod'Innov) » en Aquitaine ;
. Le Pôle « goût nutrition santé (Vitagora) » en Bourgogne ;
. Le pôle « Industries et agro-ressources (pôle à vocation mondiale) » en Champagne-Ardenne /Picardie ;
. Le pôle « Systèmes agroalimentaires durables et qualité de vie en méditerranée (Q@LI-MEDiterranée) » en Languedoc-Roussillon ;
. Le pôle « Aliment de demain (Valorial) » en Bretagne,
. Le pôle « Cancer-Bio-Santé » de la Région Midi-Pyrénées ;
. Le pôle « Industries du commerce » du Nord Pas de Calais, qui doit aussi permettre d'innover en ce qui concerne les modes de distribution des fruits et légumes.
Je compte réunir avec votre interprofession l'ensemble des pôles de compétitivité potentiellement concernés par les fruits et légumes au sein d'un groupe de travail sur l'innovation.
# Innovation service
L'accès aux fruits et légumes passe aussi par la définition de nouveaux modes de distributions, répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.
Les lieux de ventes doivent être plus proches et plus lisibles pour le consommateur.
Je souhaite expérimenter avec l'interprofession de nouveaux modes de distribution des fruits et légumes frais, reposant sur :
. Une signalétique commune, basée sur les produits de nos terroirs et potagers de France. Car c'est dans la segmentation et la différenciation que réside la création de valeur. Sur des marchés de produits « standards » c'est la concurrence par les prix qui prédomine et l'offre française n'est pas la mieux placée pour cela. Et sur un marché insuffisamment segmenté, les éventuelles différences de qualité ne sont pas perçues par le consommateur et ne sont donc pas rémunératrices pour ceux qui les engagent. Cette signalétique serait accompagnée d'un matériel d'identification, qui pourrait être présenté avec un système de languette pour fixation. Elle doit pouvoir s'accrocher sur les colis ou devant les produits sur les étals ;
. Une charte de qualité, prescrivant à chaque détaillant affilié une gamme de produits suffisante, et en privilégiant les produits d'origine française, avec par exemple un label « potager de France » ;
. Des outils d'information à l'attention des consommateurs, diffusés au rythme des saisons, vantant notamment les vertus nutritionnelles des fruits et légumes ainsi que les points forts de la Charte de qualité ;
. Des cartes de fidélité pour ses clients ;
. Des programmes d'animation commerciale, sur le plan national ou local ;
. La mise à disposition de chaque commerçant de matériel de publicité liée à la vente (PLV), d'affiches personnalisées, de dépliants consommateurs (fiches produits, fiches recettes...),...
. Un partenariat avec les producteurs et les grossistes, prenant des formes variées telles que la mise en oeuvre d'opérations d'animations produits ;
. L'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour la promotion mais aussi pour la vente de fruits et légumes, sous un format adapté au commerce électronique (livraison de corbeilles de fruits et légumes de saison). Je lancerai dans les prochains jours un appel à projet pour l'utilisation collective du commerce électronique pour la distribution des fruits et légumes par des producteurs ou détaillants indépendants ;
. L'aide au développement de la livraison à domicile ou au bureau et à la vente sur le domaine public : J'ai mis en place une dotation de provision pour investissement de 15.000 Euros en faveur des PME qui investissent dans le domaine de la sécurité alimentaire. Je souhaite que cette dotation puisse venir en aide aux commerçants et aux producteurs qui s'engageront dans des projets innovants de distribution des fruits et légumes à partir de véhicules spécialement aménagés à cet effet.
Cette expérimentation pourrait reposer dans un premier temps sur les 250 détaillants indépendants déjà engagés dans le réseau « Le Fruitier ».
Les fruits et légumes sont des produits qui manquent de lisibilité pour le consommateur. Celui-ci a des attentes multiples. Il souhaite des produits « sur-mesure ». Il faut donc accentuer la repérabilité des produits : faire en effet un travail pédagogique auprès des consommateurs en revenant à la saisonnalité des produits et à la mise en avant de nos terroirs, qui restent notre principal atout.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.interfel.com, le 16 mai 2006
Mesdames et messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à ouvrir cette assemblée générale de l'interprofession des fruits et légumes : Interfel.
Cette assemblée générale, vous l'avez rappelé, est la trentième. J'ai tenu à participer à ce trentième anniversaire de votre interprofession afin de bien marquer l'intérêt particulier que je porte à votre filière, à ses entreprises, aux hommes et aux femmes qui les font vivre au quotidien à travers toute la France.
Créée en 1976, INTERFEL rassemble et représente paritairement les collèges des organisations professionnelles de la production et de la distribution des fruits et légumes frais. Elle est reconnue comme seule Interprofession nationale pour les fruits et légumes frais par le Gouvernement, qui lui délègue le pouvoir d'élaborer des accords interprofessionnels qui ont force de loi.
Cette année est aussi celle du dixième anniversaire de la reconnaissance d'INTERFEL par l'Union européenne, obtenue le 21 novembre 1996.
Trente ans, c'est un âge où on a déjà une histoire, et vous l'avez rappelée, mais c'est aussi un âge où on a encore l'avenir devant soi.
Mon premier message sera celui du rassemblement de toutes les énergies en faveur de la filière des fruits et légumes.
Votre interprofession réunit des entreprises et des métiers très divers, du producteur, de l'expéditeur, du grossiste, au distributeur et au détaillant. Vous avez aussi la chance de compter des personnalités très fortes. Je sais que vous avez traversé une période de crise l'an passé. Mais je sais aussi que vous êtes désormais de nouveau tous réunis pour ce trentième anniversaire, et je tiens aujourd'hui à vous en féliciter et à vous encourager dans cette voie. Car la filière de pourra peser et gagner que si elle est rassemblée.
L'industrie agroalimentaire française est la première en Europe et la deuxième dans le monde, avec près de 140 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Et la transformation de fruits et légumes représente à elle-seule 30 % de la filière agroalimentaire française. Et c'est bien l'ensemble de la filière qui doit aujourd'hui lutter pour préserver ses atouts face à la concurrence mondiale.
D'amont en aval, tout au long de la chaîne du frais, les métiers de la production et de la distribution des fruits et légumes requièrent un savoir-faire pointu, une expertise fine, qui contribuent à l'ajustement des quantités et à la maîtrise de la qualité tant gustative que sanitaire.
La filière française des fruits et légumes, c'est :
# près de 700.000 emplois directs, dont 450.000 emplois saisonniers,
# 120.000 entreprises, pour la plupart petites et moyennes,
# 10.000.000 de tonnes de fruits et légumes (hors pommes de terre) chaque année,
# 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires au stade de la consommation (hors pommes de terre).
L'interprofession, c'est l'alliance entre plusieurs grandes familles, qui ont chacune un rôle indispensable à jouer en faveur de la promotion des fruits et légumes :
# Les producteurs, à la fois chef d'entreprise et observateurs attentifs de la nature, qui ont la délicate mission d'exploiter tout le potentiel de leurs cultures et vergers pour obtenir des produits sains et de qualité.
# Les expéditeurs, point de passage obligé entre la production et la commercialisation, qui doivent garantir le stockage et l'acheminement des produits dans les meilleures conditions pour une qualité optimale des produits.
# Les grossistes, par lesquels transitent plus de 50 % des fruits et légumes frais distribués en France. Le poids des entreprises de gros et leur diversité de structure constituent une originalité de la filière des fruits et légumes, qu'il faut transformer en atout.
# Les distributeurs, qui sont un débouché incontournable pour les fruits et légumes, puisqu'ils réalisent 71 % du chiffre d'affaires des ventes au détail. Les chefs de rayon fruits et légumes gèrent au quotidien l'approvisionnement et la mise à la vente de 100 à 200 références, dont les fruits et légumes frais constituent la base. Ce rayon compte parmi les plus attractifs d'un supermarché ou hypermarché. Un client sur deux vient y acheter un produit et y dépenser 4 à 6 euros par visite. Ce seul rayon représente en moyenne 7 à 8 % des ventes d'un hypermarché ou supermarché.
# Les détaillants. Face à la concurrence accrue des circuits de distribution, les détaillants spécialisés en fruits et légumes conservent tout leur rôle. Ils se différencient par la proximité, l'écoute, le conseil, l'accueil, la disponibilité, la présentation de l'étalage, allié à une parfaite connaissance des produits qu'ils proposent à leur clientèle.
Vous avez devant vous des enjeux considérables :
# Mieux vendre vos produits ;
# Répondre aux nouvelles attentes des consommateurs ;
# Améliorer la qualité ;
# Renforcer l'attractivité de vos métiers ;
# Stimuler l'innovation, depuis la création de variétés nouvelles jusqu'aux nouveaux modes de distribution.
Votre filière doit bénéficier des deux lois que j'ai fait adopter en 2003 et en 2005 en faveur de la création, du développement et de la transmission d'entreprise. La plupart des membres d'Interfel sont des petites et moyennes entreprises et sont donc au coeur de ce dispositif :
Je citerai notamment :
# La possibilité de reporter et d'étaler le paiement des charges sociales à régler durant la première année d'activité,
# La mise en place d'un lieu unique pour la création des entreprises, le Centre de Formalité des Entreprises (CFE),
# La possibilité de créer son entreprise tout en restant salarié,
# L'exonération de droits pour les dons familiaux destinés à la création ou la reprise d'une entreprise,
# L'exonération totale d'impôt sur les donations des entreprises à l'un de leurs salariés,
# ou encore la prime à la transmission d'entreprise lorsque le cédant accompagne le repreneur, qui vient compléter l'exonération totale des plus-values de cession des entreprises individuelles réalisant moins de 250.000 Euros de chiffre d'affaires.
A ces instruments s'ajoutent aujourd'hui les nouveaux contrats de travail que nous avons mis en place et qui facilitent le recrutement, comme le Contrat Nouvelle Embauche (CNE), qui connaît un succès considérable avec plus de 450.000 embauches et plus de 200.000 nouveaux emplois créés dans le secteur marchand en six mois. Et ce n'est qu'un début, car ces contrats répondent particulièrement bien aux besoins de souplesse des petites et moyennes entreprises.
En ce qui concerne la modernisation des relations commerciales, nous avons réformé la loi Galland afin notamment de mieux protéger les petites et moyennes entreprises des abus de puissance d'achat, des marges arrières injustifiées, des retours de marchandises et autres déductions d'office arbitraires, des enchères inversées qui peuvent avoir un effet destructeur pour les fruits et légumes frais. Cette modernisation des relations commerciales doit aussi servir l'interprofession des fruits et légumes.
Je souhaite vous proposer aujourd'hui un plan d'action spécifique en faveur des fruits et légumes. Ce plan repose d'une part sur la promotion des fruits et légumes (1), d'autre part sur l'innovation des produits et des services (2).
1. Sensibilisation de l'ensemble des acteurs de notre société aux enjeux de la consommation des fruits et légumes : Redécouvrir les fruits et légumes
# Signature de la Charte « Fruits, Légumes et Société ». Cette charte, qui a été initiée par les professionnels, constitue un excellent moyen pour alerter l'ensemble des élus et des décideurs sur les enjeux et les choix de société liés à la consommation de fruits et légumes. Par cette Charte, chacun s'engage à agir concrètement, à tous les niveaux, pour promouvoir la consommation des fruits et légumes frais :
. Plus de légumes et de fruits à la cantine scolaire et universitaire,
. Remplacement des distributeurs automatiques de produits gras et sucrés par des distributeurs de fruits et légumes frais,
. Création et distribution de bons d'achat gratuits de fruits et légumes frais pour les populations défavorisées,
. Aide au maintien des productions en zone périurbaine.
Je vous annonce aujourd'hui que je signerai cette Charte le 16 mai prochain au Ministère, et demanderai aux directions régionales du commerce de la relayer auprès des collectivités locales et des directeurs d'école, de collège et de lycée. En signant cette charte, chacun peut contribuer à faire bouger notre société.
# Promotion d'une semaine nationale des fruits et légumes, reposant sur la Fraich Attitude initiée en 2005. Je donnerai le coup d'envoi le 16 mai prochain au Ministère de la semaine de la Fraich Attitude 2006. Un marché aux fruits et légumes sera organisé à cette occasion dans la cour et le jardin du Ministère. Des classes d'écoles des quartiers de la banlieue parisienne seront invitées. Les élèves participeront à différents ateliers ludiques sur les thèmes de la cuisine, de la nutrition, et de la santé. Des parlementaires de tous bords seront invités.
De nombreuses actions en restauration collective et commerciale avec des partenariats nationaux seront lancées.
De grands groupes de restauration collective et de restauration commerciale proposeront des menus à forte composante fruits et légumes frais pendant toute la semaine.
Plusieurs enseignes de la grande distribution participeront à cette campagne en organisant des opérations exceptionnelles de promotion des fruits et légumes durant tout la semaine.
De nombreuses actions de pédagogie, d'information et de dégustations sont prévues dans des écoles primaires, les collèges et les lycées, mais aussi les centres aérés, les clubs sportifs, ainsi que sur les marchés. Plusieurs écoles primaires profiteront également de l'occasion pour faire découvrir les fruits et légumes frais aux enfants en organisant des ateliers « fruits et légumes », des visites d'exploitations et de marchés en partenariat avec les professionnels de la filière.
J'ai pris contact avec l'Institut National du Cancer et son président le professeur Davird Kayat, qui m'a confirmé sa disponibilité pour associer l'Institut à cette semaine de promotion de la consommation des fruits et légumes.
Depuis 30 ans, l'industrialisation de notre cuisine et de notre alimentation a contribué au développement de l'obésité et à la croissance des maladies comme les cancers, le diabète gras, les maladies cardiaques...Les propositions alimentaires industrielles se sont multipliées, ainsi que les goûters fourrés, les céréales du petit déjeuner, les snacks sucrés et salés, les boissons sucrées. Ces produits, certes pratiques, nous ont déresponsabilisés de ce que nous mangeons. Et la course au " toujours plus " (des goûts plus prononcés pour flatter le palais, des produits plus vite prêts) a entraîné une dérive nutritionnelle, vers plus de sucre, de sel et de gras, aboutissant au problème alarmant de l'obésité.
Nous avons perdu le plaisir et la créativité de préparer de vrais repas à base d'aliments naturels, et parallèlement nous consommons désormais trop d'énergie. Retrouver de la naturalité dans ce que nous mangeons, retrouver le chemin de la cuisine et manger à nouveau des aliments naturels, voilà qui nous permettra de retrouver plaisir, convivialité et santé !
Je vous propose donc de faire de la semaine de la fraich'attitude un instant de grande mobilisation nationale en faveur de l'équilibre alimentaire.
# Le Gouvernement lancera le mois prochain un nouveau programme national nutrition santé (PNNS) pour les années 2006-2009. Ce plan succédera au PNNS 1, qui a couvert la période 2001-2005, et qui a donné de premiers résultats intéressants. Ce deuxième Programme National Nutrition Santé sera particulièrement ambitieux en faveur des fruits et légumes. Je tiens à saluer le travail accompli par le Professeur Serge Hercberg, Vice Président du PNNS, qui a réussi à associer l'ensemble de la filière à la préparation de ce programme.
La nutrition est l'un des facteurs majeurs contribuant à la survenue de diverses pathologies. Elle n'est pas l'unique cause de ces pathologies, mais en constitue un facteur favorisant, essentiel parmi d'autres facteurs d'environnement ou génétique. C'est un facteur pour lequel il est possible d'intervenir, en favorisant la consommation de fruits et légumes.
Les maladies cardiovasculaires sont aujourd'hui la première cause de mortalité en France (32 % des décès), à l'origine de près de 170.000 décès chaque année. La nutrition intervient sur certains types de cancers notamment digestifs : c'est un des chapitres de l'objectif de prévention du plan cancer. L'obésité concerne 7 à 10 % des adultes et 16 % des enfants âgés de 7 à 10 ans. En France, sa fréquence augmente chez les enfants de façon inquiétante depuis quelques années.
Le deuxième Programme National Nutrition Santé comportera des actions significatives pour améliorer les comportements nutritionnels ainsi que la qualité et la présentation de l'offre alimentaire. Le PNNS2 ne sera pas constitué de recommandations générales mais de propositions d'actions concrètes et pragmatiques.
2. Innovation
# Innovation produit
La filière fruits et légumes doit être à la pointe de l'innovation.
Elle doit participer pleinement à la stratégie des pôles de compétitivité. Un pôle de compétitivité se définit comme la combinaison, sur un territoire donné, d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche publiques ou privées, engagés dans une démarche partenariale destinée à créer des synergies autour de projets communs à caractère innovant et disposant de la masse critique nécessaire pour atteindre une visibilité internationale.
Il y a bien entendu le pôle de compétitivité fruits et légumes des régions Languedoc-Roussillon et Provence Alpes Côte d'Azur. Ce pôle doit créer des richesses nouvelles en mettant sur le marché des produits inédits et à forte valeur ajoutée, mais aussi développer de nouvelles formations et optimiser les échanges entre les acteurs de la filière. Ce projet, qui va "de la fourche à la fourchette", est parrainé par l'Association nationale des industries agroalimentaires, les chambres d'agriculture et l'Inra et se positionne dans le cadre du programme national nutrition santé. Mais il y a aussi d'autres pôles de compétitivité qui peuvent largement contribuer à l'innovation au sein de votre filière, comme :
. Le pôle « Végétal spécialisé (pôle à vocation mondiale) » de la Région Pays de la Loire ;
. Le pôle « Produits et procédés innovants pour la santé (Prod'Innov) » en Aquitaine ;
. Le Pôle « goût nutrition santé (Vitagora) » en Bourgogne ;
. Le pôle « Industries et agro-ressources (pôle à vocation mondiale) » en Champagne-Ardenne /Picardie ;
. Le pôle « Systèmes agroalimentaires durables et qualité de vie en méditerranée (Q@LI-MEDiterranée) » en Languedoc-Roussillon ;
. Le pôle « Aliment de demain (Valorial) » en Bretagne,
. Le pôle « Cancer-Bio-Santé » de la Région Midi-Pyrénées ;
. Le pôle « Industries du commerce » du Nord Pas de Calais, qui doit aussi permettre d'innover en ce qui concerne les modes de distribution des fruits et légumes.
Je compte réunir avec votre interprofession l'ensemble des pôles de compétitivité potentiellement concernés par les fruits et légumes au sein d'un groupe de travail sur l'innovation.
# Innovation service
L'accès aux fruits et légumes passe aussi par la définition de nouveaux modes de distributions, répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.
Les lieux de ventes doivent être plus proches et plus lisibles pour le consommateur.
Je souhaite expérimenter avec l'interprofession de nouveaux modes de distribution des fruits et légumes frais, reposant sur :
. Une signalétique commune, basée sur les produits de nos terroirs et potagers de France. Car c'est dans la segmentation et la différenciation que réside la création de valeur. Sur des marchés de produits « standards » c'est la concurrence par les prix qui prédomine et l'offre française n'est pas la mieux placée pour cela. Et sur un marché insuffisamment segmenté, les éventuelles différences de qualité ne sont pas perçues par le consommateur et ne sont donc pas rémunératrices pour ceux qui les engagent. Cette signalétique serait accompagnée d'un matériel d'identification, qui pourrait être présenté avec un système de languette pour fixation. Elle doit pouvoir s'accrocher sur les colis ou devant les produits sur les étals ;
. Une charte de qualité, prescrivant à chaque détaillant affilié une gamme de produits suffisante, et en privilégiant les produits d'origine française, avec par exemple un label « potager de France » ;
. Des outils d'information à l'attention des consommateurs, diffusés au rythme des saisons, vantant notamment les vertus nutritionnelles des fruits et légumes ainsi que les points forts de la Charte de qualité ;
. Des cartes de fidélité pour ses clients ;
. Des programmes d'animation commerciale, sur le plan national ou local ;
. La mise à disposition de chaque commerçant de matériel de publicité liée à la vente (PLV), d'affiches personnalisées, de dépliants consommateurs (fiches produits, fiches recettes...),...
. Un partenariat avec les producteurs et les grossistes, prenant des formes variées telles que la mise en oeuvre d'opérations d'animations produits ;
. L'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour la promotion mais aussi pour la vente de fruits et légumes, sous un format adapté au commerce électronique (livraison de corbeilles de fruits et légumes de saison). Je lancerai dans les prochains jours un appel à projet pour l'utilisation collective du commerce électronique pour la distribution des fruits et légumes par des producteurs ou détaillants indépendants ;
. L'aide au développement de la livraison à domicile ou au bureau et à la vente sur le domaine public : J'ai mis en place une dotation de provision pour investissement de 15.000 Euros en faveur des PME qui investissent dans le domaine de la sécurité alimentaire. Je souhaite que cette dotation puisse venir en aide aux commerçants et aux producteurs qui s'engageront dans des projets innovants de distribution des fruits et légumes à partir de véhicules spécialement aménagés à cet effet.
Cette expérimentation pourrait reposer dans un premier temps sur les 250 détaillants indépendants déjà engagés dans le réseau « Le Fruitier ».
Les fruits et légumes sont des produits qui manquent de lisibilité pour le consommateur. Celui-ci a des attentes multiples. Il souhaite des produits « sur-mesure ». Il faut donc accentuer la repérabilité des produits : faire en effet un travail pédagogique auprès des consommateurs en revenant à la saisonnalité des produits et à la mise en avant de nos terroirs, qui restent notre principal atout.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.interfel.com, le 16 mai 2006