Point de presse de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur le rôle des fonds européens dans le développement économique et social des régions françaises, à Lyon le 11 mai 2006.

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Circonstance : Déplacement à Lyon (Rhône), le 11 mai 2006

Texte intégral

Merci de votre présence. Avant même de commencer, je veux à nouveau vous remercier, Monsieur le Préfet, pour votre accueil et l'organisation de ma visite qui m'a permis d'avoir une journée très intéressante.
D'abord avec l'inauguration de l'exposition que vous avez organisée, après l'avoir imaginée, et que l'on peut voir sur les grilles de la préfecture. Ce sont de très belles illustrations de ce que fait l'Etat pour la vie de nos concitoyens, présentées de façon didactique et vivante. Cette exposition est vraiment très réussie. J'ai aussi participé à un déjeuner républicain en Préfecture avec des acteurs locaux de l'action européenne. Cet après-midi, je suis allée à Saint Fons et dans le quartier Mermoz, j'y reviendrai dans un instant.
Voilà pour mon programme, pour regarder quelle est l'action de l'Europe ici - ou l'une de ses actions car elles sont multiples. J'avais choisi un angle particulier qui est celui de l'aide que nous donnent les fonds européens pour le développement économique et social de nos régions et, plus particulièrement, pour ce qui est des questions d'emploi et d'insertion.
Je ne vais pas vous assommer avec les chiffres mais il faut donner quelques indicateurs si on veut parler concrètement et mon objectif est de parler bien concrètement ! Les fonds structurels européens pour la région Rhône-Alpes représentent près de 870 millions d'euros pour la période 2000-2006 - puisque les budgets européens sont des budgets pluriannuels - dont 474 millions d'euros vont à la reconversion des zones industrielles, urbaines et rurales, et 385 millions d'euros aux actions en faveur de l'emploi et de la formation. S'ajoutent à cela 10 millions d'euros dans le cadre d'un programme spécifique qui s'appelle le Pic Urban dont bénéficie, dans la région, la ville de Grenoble.
Ces fonds européens - on dit aussi fonds structurels - aident au développement économique et social de toutes nos régions et ont une efficacité réelle. Dans la période budgétaire précédente nous avions, hélas, dû restituer une partie des crédits qui n'avait pas été consommée mais cela ne sera pas le cas cette fois ! Je profite donc de cette remarque pour remercier tous les acteurs locaux de leur efficacité : le Préfet de région, l'ensemble de ses services mais aussi toutes les autorités de gestion.
Venir à Lyon pour parler d'Europe peut paraître une évidence puisque Lyon est une ville européenne s'il en est. Elle est géographiquement, humainement et économiquement au coeur de l'Europe.
Et, pourtant, je crois qu'il était utile de venir ici parler d'Europe. Je le fais aussi souvent que possible dans nos régions pour voir ce qu'elle fait, pour mesurer concrètement son action, pour écouter ce que l'on peut en dire - c'est aussi mon rôle de ministre - et puis, pour expliquer et montrer sur la base d'exemples précis et concrets comment elle nous aide à monter un certain nombre de projets.
Retenez, pour fixer les esprits, que chaque région française reçoit plusieurs centaines de millions d'euros sur ces budgets pluriannuels. Ce sera le cas aussi les années suivantes même si ces crédits sont un peu en baisse, baisse qui est compensée par une plus grande souplesse de gestion. Ils nous permettent de cofinancer, chaque année, plusieurs centaines de projets. Ils peuvent être de nature très diverse : de grandes opérations urbaines comme avec le programme Urban, qui concernent des opérations lourdes - plusieurs milliers d'euros par projet -, des opérations d'aménagement ou de réaménagement de tel ou tel quartier, des opérations de formation, d'insertion, une palette d'opérations diverses avec un gros avantage, qui est le caractère pluriannuel de ces crédits c'est-à-dire une visibilité de plusieurs années. De plus, ces crédits européens ont un effet de levier car, d'une part, ils permettent d'obtenir d'autres fonds et, d'autre part, ils font, bien souvent, la différence. 15 %, 20 %, 50 % font la différence entre un projet mené à bien et un projet qui ne peut pas se faire. Ces crédits sont fondamentaux pour le développement économique et la cohésion sociale d'une région.
Alors, quelques mots sur les sites visités, je suis allée à Saint Fons voir l'entreprise ''Ecole''. L'entreprise "Ecole" permet à des salariés de se rendre sur leur lieu de travail peu ou pas desservi par le réseau de transports en commun lyonnais. Elle a ainsi développé une partie de ses activités dans l'aide à la personne. C'est un projet qui a permis de recruter 14 conducteurs, qui acheminent 151 personnes à leur travail. Cette action est cofinancée à 40 % par l'Europe, soit 162 330 euros. Nous sommes également allés avec le préfet visiter une partie du réaménagement du quartier de l'Arsenal - avec un accent particulier sur des opérations de réhabilitation de logements, d'aménagement de l'espace en voie de circulation et en jardins, pour désenclaver les quartiers et améliorer la cohésion sociale, pour permettre aux habitants de s'approprier leur quartier. C'est un objectif qui n'est pas seulement matériel et économique. C'est une action du programme Feder. L'Europe y intervient pratiquement pour 1 million d'euros et un taux de financement de 30 %.
Le quartier Mermoz est également réaménagé dans le cadre de la politique de la ville. J'ai ainsi eu l'occasion de visiter tout à l'heure "le point d'information médiation multiservices" qui est accessible à tous les habitants, au rez-de-chaussée. Il les aide à mieux accomplir leurs démarches administratives, à se renseigner, à mieux utiliser les services publics, à mieux s'orienter vers l'emploi, avec aussi des formations à l'informatique. C'est donc quelque chose de tout à fait concret qui marche bien et que les habitants apprécient et qui a bénéficié de 41 000 euros de fonds européens, soit 40 % du budget.
Enfin, nous avons visité l'atelier d'insertion "Zig Zag" qui mène une action d'insertion en permettant à des femmes en difficulté et parfois très éloignées de la vie sociale de préparer leur avenir et de trouver ensuite un autre emploi. L'Europe est, là aussi, présente et d'ailleurs elle est représentée visiblement : l'atelier bénéficie d'une aide européenne de près de 122 000 euros, soit 27 % du budget.
Mais l'Europe ne fait pas que cela ici. Je vous ai donné le chiffre de 870 millions d'euros, donc nous sommes loin de l'addition ! J'ai visité quatre activités différentes sur le même thème de l'emploi mais il existe des dizaines et des dizaines d'autres projets aidés. Il y a des projets aidés dans les nouvelles technologies comme Infoprod qui bénéficie de 700 000 euros, l'association CERIBOIS, dans la Drôme, qui a une activité de menuiserie avec une aide importante de l'Union européenne de 600 000 euros ou bien AGEFOS, PME d'insertion professionnelle pour développer les compétences et les qualifications des secrétaires. Cette action est couverte pour un tiers par les fonds européens. Tout ceci est normal, la France contribue au budget européen mais on en parle moins souvent pour ce que l'on reçoit et la façon dont on utilise ces fonds. Solidaire et efficace en même temps, voilà comment l'Europe nous aide à relever de grands défis et c'est ce que nous voyons ici avec des exemples très intéressants. Je m'arrête là pour la présentation générale. Je suis prête à répondre à vos questions si vous en avez.
Q - Mme Colonna, il y a, d'après ce que j'ai compris une grande amertume de la part d'acteurs européens qui n'ont pas été mis au courant de votre venue ?
R - Cette visite est organisée dans les conditions habituelles, en liaison avec la préfecture, mais aussi, bien souvent, avec le Mouvement européen que nous aidons, que nous finançons avec d'autres, qui sont nos partenaires et avec lesquels nous avons beaucoup de contacts au cours de ces dernières semaines pour une excellente raison c'est que nous avons tous travaillé ensemble pour la Journée de l'Europe le 9 mai dernier. Plusieurs acteurs européens ont aussi été invités au déjeuner en Préfecture et y ont participé. Je suis donc un peu surprise de ce que vous me dites mais il est possible que certains l'aient ignoré à notre corps défendant parce que tous les messages ont été passés. Vraiment, ces temps-ci nous avons beaucoup travaillé avec le Mouvement européen.
Q - Est-ce que c'est possible de faire exister l'Europe dans le débat un an après le 21 avril en politique actuelle, la France peine à redonner du sens à l'Europe ?
R - Je vais vous surprendre mais non cela n'est pas difficile ! Il y a bien sûr des défis à relever après ce qui s'est passé le 29 mai mais cela n'est pas difficile de travailler pour susciter l'intérêt. L'intérêt s'est maintenu et j'en vois une nouvelle preuve dans ce que j'en disais il y a quelques instants. Nous avons voulu donner au 9 mai, cette année, un retentissement particulier, de la visibilité et du sens, pour en revenir au sens profond de la construction européenne. Nous avons toujours trouvé un accueil positif quand nous avons organisé des débats, des concerts, des expositions. Sans budget supplémentaire, nous avons réussi à faire plus de 350 manifestations sur l'ensemble du territoire national. Je n'aurais pas pu les faire seule, c'est évident ! C'est un indicateur de plus qu'il y a beaucoup d'énergies positives, il y a beaucoup d'attentes aussi. Il faut que l'Europe prouve, jour après jour, qu'elle est utile, efficace, qu'elle s'améliore. Depuis un an, nous avons mis l'accent sur l'Europe des projets, une Europe plus concrète répondant mieux aux attentes des citoyens.
C'est pour cela que, lors de mes déplacements, je mets en avant ses réalisations concrètes. De même, j'aurais pu vous dire comment l'Europe nous aide dans la sécurité aérienne, la sécurité des transports, les normes en matière de santé ou d'environnement, la qualité des eaux, la téléphonie - nous pouvons téléphoner moins cher car nous avons le choix des opérateurs. On peut aussi se faire soigner dans toute l'Europe. On ne le sait pas suffisamment car nous ne l'avons pas assez expliqué. Il faut faire en sorte qu'au niveau national et européen il y ait une obligation pour faire figurer le drapeau européen quand des projets sont cofinancés par l'Union européenne.
Q - J'ai reçu ma déclaration d'impôts : il y a recettes-dépenses, ce que la France verse au budget européen mais pas ce que l'on reçoit !
R - Je n'avais aucune malice en vous disant dans mes propos introductifs qu'on parlait plus souvent de contributions que de ce que l'on reçoit ! N'ayant pas moi-même encore reçu ma déclaration, je ne l'ai pas vue. Cela ne peut pas être quelque chose de satisfaisant. Cela n'est pas normal et votre remarque m'encouragera à aller saisir Jean-François Copé. Il faut, en effet, mentionner les deux et je pense que lui et son administration ne s'en sont pas aperçus. Il faudrait avoir ce réflexe par simple souci, de bon sens et de bonne gestion, de dire qui fait quoi : on voit très souvent pour la réalisation de projets ce que l'Etat va apporter ou le conseil général ou le département. Si l'Europe le fait, il faut le dire pour que les gens le sachent.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mai 2006