Texte intégral
Chers Compatriotes,
chers Amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de votre présence. J'arrive à l'instant de Bruxelles où j'accompagnais une vingtaine de nos parlementaires nationaux, députés et sénateurs, et je suis heureuse de commencer ma visite en Croatie par cette rencontre avec vous.
J'aurai, demain, divers entretiens bilatéraux avec le président de la République, avec le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères, que j'avais déjà rencontrée au mois de septembre dernier en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.
Je suis aujourd'hui devant une communauté encore peu nombreuse mais en augmentation constante. Je crois que vous êtes environ 800 personnes. J'y vois le signe du dynamisme du pays. Je suis aussi heureuse de constater la progression régulière du nombre des filiales d'entreprises françaises, qui est de 51 aujourd'hui.
Je saisis également l'occasion de notre première rencontre d'aujourd'hui pour vous rappeler que nous sommes à votre service, que les services de l'ambassade sont naturellement à votre service, à votre disposition pour faciliter votre vie, toutes vos démarches, votre installation et votre bonne insertion dans le pays. Cela va de soi, mais je le dis d'autant plus volontiers que je sais que les choses se passent très bien ici et que l'ambassadeur a parmi toutes ses qualités celle d'être de mes amis !
La question de l'éducation, comme toujours pour ceux qui sont à l'étranger, pour ceux d'entre nous qui ne sommes pas franco-croates, est essentielle. Vous pouvez compter sur les efforts de notre ambassade et de la diplomatie française pour vous aider à avoir un cadre scolaire de bon niveau pour vos enfants, répondant à vos exigences.
En quelques années des étapes importantes ont pu être franchies. L'école française de Zagreb a été ouverte en 1995. Lors de la rentrée 2005, dix ans après, elle s'est installée dans de nouveaux locaux, en partenariat avec l'école allemande, dans un site appelé l'Eurocampus et avec le soutien accordé la même année par l'AEFE. Et, nouvelle étape, pour la rentrée prochaine, le niveau 6ème sera ouvert avec le soutien du CNED, et, peut-être et nous le souhaitons, si les effectifs le permettent, le niveau de la 5ème. Je suis heureuse de pouvoir vous le dire officiellement. Je suis sûre que vous le saviez grâce à la diligence de l'ambassade mais voilà une confirmation officielle.
A ce propos, je voulais vous remercier de vos efforts, de votre engagement. Il y a bien sûr l'aide qui vient de France, le budget qui vient de notre pays, mais l'engagement des parents d'élèves est important dans ce dossier. Je sais qu'ils ont eu un rôle moteur dans le développement de cette école et je les en remercie. Aucune des dernières étapes n'aurait pu être franchie sans eux.
Je sais aussi que de nouvelles propositions de tarification sont à l'étude, afin d'aider les parents non français, dont les revenus peuvent être différents, à inscrire leurs enfants à l'école française. C'est notre intérêt. C'est une démarche d'avenir qui est généreuse et nous la soutenons par l'AEFE.
Enfin, je veux saluer nos amis de l'Alliance française qui sont avec nous ce soir. L'Alliance française est le partenaire fidèle avec lequel l'Institut français de Zagreb et l'ambassade travaillent pour diffuser la langue et la culture françaises dans ce pays. Un projet est sur le point d'aboutir : l'ouverture, dans la zone piétonnière, non loin de la médiathèque, qui demeurera, de nouveaux locaux communs à l'Alliance et à l'Institut.
Des locaux qui permettront d'améliorer la visibilité francophone ici dans ce pays et de développer encore l'enseignement du français. Ils devraient être inaugurés avant la fin de l'année. J'espère que nous tiendrons cette promesse. L'Alliance française, comme elle le sait, peut compter sur notre soutien.
Enfin, pour conclure, je veux vous dire un mot sur l'action européenne de notre pays. Les temps s'y prêtent puisque nous avons fêté l'anniversaire - le triste anniversaire devrais-je dire quoique respectant les convictions de chacun - du 29 mai et que nous avons entendu, à cette occasion, pas mal de choses erronées. Je vais m'efforcer d'être diplomate et de m'arrêter là. Contrairement à ce que l'on entend dire ici ou là et à ce que l'on a lu à cette occasion, la France a tenu son rang en Europe. Depuis un an, la France n'a cessé d'être en initiative et elle a fait beaucoup de propositions à ses partenaires pour avancer en mettant l'accent sur trois priorités ; priorités sur lesquelles elle a obtenu des résultats. Et c'est cela qui compte.
Nous voulons d'abord mettre en place une Europe qui réponde davantage aux attentes des citoyens : c'est ce que le gouvernement a baptisé "l'Europe des projets" qui passe par la mise en place de politiques efficaces et concrètes. Et, un an après, les résultats sont là : dans le domaine de l'énergie, par exemple, où les 25 Etats membres ont posé au Conseil européen de mars les premiers jalons d'une véritable politique européenne de l'énergie qui n'existait pas et qu'il fallait bâtir. C'est une nécessité économique et c'est aussi l'une des conditions de l'indépendance future de l'Europe.
On a beaucoup parlé du budget européen de l'an dernier du mois de décembre et de la difficulté à le faire. Nous avons eu un bon accord pour un bon budget : 864 milliards d'euros pour la période 2007-2013. C'est une somme qui permettra à l'Union européenne d'agir. L'Europe a les moyens de ses ambitions, contrairement, là aussi, à ce que l'on entend parfois et c'est 55 milliards de plus que le budget précédent. Cela n'est pas rien. De plus, un certain nombre de secteurs d'action ont été renforcés. Je veux citer le domaine de la recherche et de l'innovation, qui sont des secteurs clefs de notre compétitivité. Ce budget a connu une très forte augmentation avec plus de 35 % de hausse : c'est un saut que l'on ne voit pas toujours dans les budgets nationaux. Vous voyez donc les orientations claires prises par l'Europe en faveur de la recherche et de l'innovation et donc de notre capacité à rester compétitifs dans le monde de demain.
Autre exemple, dans le domaine de l'éducation avec l'augmentation très forte du nombre de bourses Erasmus et Leonardo, qui permettent à nos étudiants et jeunes apprentis de découvrir davantage l'Europe, de comprendre de quoi elle est faite et de connaître nos voisins. Nous avons voulu renforcer ces programmes et cela a été fait. Je pourrai multiplier les exemples, nous avons pu prendre des décisions fondamentales concernant ITER, avec à la clef, peut-être, l'énergie de demain; nous avons pu mettre sur les rails GALILEO, le futur GPS européen avec des implications, là aussi, dans notre vie quotidienne.
Sachez simplement que l'Europe prend les décisions qu'il lui faut prendre, parfois avec du retard ou des difficultés, mais elle les prend. Elles sont souvent le fruit d'initiatives françaises. Je peux vous le dire sur la base de l'expérience qui a été la mienne depuis un an, même dans les conditions difficiles : elle fait ce qu'elle doit faire ! Nous tenons notre place, nous restons un pays profondément engagé, actif et écouté dans la construction européenne.
Notre deuxième grande priorité, c'est d'inviter nos partenaires à réfléchir sur les autres grands défis d'avenir pour l'Union que sont les institutions et l'élargissement. Sur chacun de ces sujets, nous avons fait des propositions. En ce qui concerne les institutions, sans porter atteinte à l'avenir du Traité constitutionnel qui reste ouvert mais aussi incertain, nous proposons d'améliorer déjà tout ce qui peut l'être dans le fonctionnement des institutions sur la base des traités existants : c'est possible, les textes nous le permettent dans un certain nombre de domaines qui ne sont pas sans importance : la justice, les affaires intérieures, c'est-à-dire tout ce qui a trait à la sécurité des Européens. A l'intérieur de l'espace européen, contre la criminalité, contre le terrorisme nous pourrions agir, si nous le voulions, avec des mécanismes de décision simplifiés. Sur la coordination de la politique économique, la dimension sociale, le rôle des parlements nationaux ou bien la politique étrangère, la politique extérieure de l'Union, les textes nous permettent de faire plus.
Faire cela ne veut pas dire que nous n'avons pas besoin d'institutions rénovées. Nous en aurons besoin dans une Europe élargie. Sur l'élargissement, nous voulons nous assurer qu'il restera à l'avenir le réel succès qu'il a toujours été dans le passé. Je tiens à dire que l'élargissement a été une formidable réussite, un accomplissement historique conforme à la vocation première de la construction européenne : bâtir sur notre continent un espace de paix, de démocratie - nous étions encore divisés il y a quinze ans - et un espace de développement économique et social. Qui pourrait croire, que dans un monde mondialisé, nous n'aurions pas besoin de nous unir pour être plus forts ?
L'arrivée de nouveaux membres a été une réussite mais nous ne l'avons pas peut-être perçue ainsi car nous ne l'avons pas assez expliquée mais nous continuerons à l'expliquer. L'élargissement sera d'autant mieux une réussite que l'Europe sera capable d'accueillir les nouveaux pays membres dans de bonnes conditions. C'est l'intérêt de tous. Nous ne disons pas d'autres choses, nous ne posons pas de nouvelles conditions, nous ne voulons pas autre chose que continuer de réussir le processus d'élargissement.
Troisième priorité et il le fallait : il faut continuer à faire l'Europe mais il faut aussi la faire autrement. Nous avons pris des décisions pour mieux associer les Français aux processus de décisions européens qui les concernent et qui touchent nos vies quotidiennes sous tous leurs aspects depuis un an. L'un des messages que nous avons bien compris est qu'il faut faire l'Europe autrement et quand je dis les Français, je veux dire tous les Français : le Parlement - nous avons plus de débats au Parlement, les collectivités territoriales, les partenaires sociaux, les associations, la société civile en général. Il faut chercher à voir davantage la société civile et l'informer davantage. Nous avons ainsi mis en place de nombreux dispositifs, mais il faudra du temps.
En ce qui concerne les écoles, nous sommes en train de mettre la dernière main sur ce que l'on appelle le socle commun des connaissances, c'est-à-dire les connaissances de base que chacun doit posséder car l'on n'y parlait pas du tout d'Europe et il faut peut-être faire le lien avec ce qui s'est passé ensuite ! Ces connaissances seront vérifiées dans le brevet des collèges : il y aura un minimum d'instruction civique européenne. De même, les instituts de formation des maîtres ne les formaient pas du tout aux questions européennes. Je n'ai pas là l'ambition qu'on y apprenne des choses compliquées mais simplement les bases car l'Europe c'est notre vie quotidienne. Il y a des journées d'appel de préparation à la Défense : beaucoup de Français y passent, on saisira cette occasion pour y diffuser des connaissances de base sur l'Europe. Par ailleurs, nous avons créé un nouveau site Internet - et je vous conseille d'aller le voir - touteleurope.fr qui vise à vous donner une information claire et pédagogique. On croule sous les sites Internet sur l'Europe mais ils sont compliqués, faits pour des spécialistes. Là, vous verrez, c'est très bien fait. Il permet notamment de suivre le déroulement de négociations.
Tout cela ne remplace évidemment pas les contacts directs : c'est pourquoi, comme aujourd'hui avec vous à Zagreb, je rencontre très régulièrement nos compatriotes en me déplaçant aussi souvent que possible dans les régions françaises pour voir ce que l'Europe y fait réellement. Nous parlons ensemble d'Europe d'une façon non théorique mais, au contraire, très concrète.
Voilà autant d'exemples qui vous montrent que le choix de notre pays en matière européenne est clairement du côté de l'action et non de celui de l'immobilisme. Et cette détermination à aller de l'avant est essentielle car il ne faut jamais oublier qu'il ne dépend que de nous et de notre volonté collective de bâtir cette Europe à laquelle nous croyons. L'Europe ne tombe pas du ciel et elle ne vient pas de la planète Mars. Elle est faite par les hommes et les femmes qui la bâtissent, jour après jour, depuis plus de cinquante ans. L'Europe sera ce que nous en ferons. Je veux vous le dire avec force. Non seulement elle nous concerne tous mais nous en sommes tous responsables. Donc, à nous de la bâtir.
Au moment où la Croatie est sur le chemin de l'Union européenne, je voulais vous apporter ce message de notre pays, un message tourné vers l'avenir et pas vers le passé, le message d'un pays qui travaille sans relâche et avec conviction à construire l'Union européenne.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2006