Texte intégral
Q - On va évidemment parler de l'avenir de l'Union européenne, un an après le référendum constitutionnel du 29 mai 2005, mais d'abord, je n'oublie pas que vous revenez hier du Brésil où vous avez accompagné le président Jacques Chirac dans son voyage en Amérique du sud. Est-ce que vous n'êtes pas déçus par ce voyage au Brésil ? Apparemment les travées du Congrès étaient à moitié vides pour écouter le président de la République et il n'y avait pas de liesse dans les rues. Ca a été un voyage à demi réussi, à demi raté ?
R - Franchement, lorsque l'on vit un voyage comme celui-là, que l'on voit la démocratie s'installer en Amérique du Sud en général - nous sommes allés au Brésil et au Chili - lorsque l'on voit le degré d'investissement de notre pays au Brésil et au Chili, un des meilleurs dans le monde, lorsque l'on voit les centaines de milliers de personnes que la France fait vivre là-bas, lorsque l'on voit la francophilie et la francophonie et l'amitié personnelle qui existe entre le président et le président Lula, président d'une des plus grandes puissances du monde d'ici quinze ou vingt ans, ne l'oubliez pas, et également une amitié naissante, réelle, que j'ai vu personnellement entre le président et Mme Michelle Bachelet, alors je peux vous dire que non seulement, ce n'est pas peine perdue, mais que c'est un succès.
Et la France doit arrêter de penser qu'elle est en déclin et qu'elle n'existe pas. Lorsque l'on va en Amérique du Sud, on s'aperçoit à quel point il est important aujourd'hui d'être là-bas, d'être présent. De nombreux chefs d'entreprise étaient là, il n'y a pas que le métro de Santiago, il y a aussi tous les très grands projets que nous avons avec ces pays, en particulier dans l'énergie.
Q - Confidence de votre part ; vous avez vu le président de la République, on l'a entendu dire, lors d'une conférence de presse, aux journalistes : "Au fond, quand je vais à l'étranger, on me dit que ça ne sert à rien, et quand je reste en France, on me dit que je ne fais pas ce qu'il faut faire". Est-ce que vous avez senti un président de la République un peu blasé, un peu fatigué, un peu déçu ?
R - Pas du tout, même exactement le contraire, pour tout vous dire. Dans une grande forme, et surtout capable de montrer que l'on peut être aujourd'hui la France dans l'Union européenne et avoir une vision du monde multilatérale. Ce ne sont pas les Américains et uniquement eux qui doivent défendre la vérité dans le monde, qui ont seuls la vérité. Il existe aujourd'hui en Amérique du Sud, de la part des populations, une volonté d'écouter un président comme celui-là, qui leur dit : "Faisons des choses ensemble, vous n'êtes pas obligés de les faire toujours avec les Américains". Ce qu'il a fait en Irak, il y a trois ans, a formidablement marqué les esprits y compris en Amérique du Sud.
Sachez-le, parce que c'est important en diplomatie. Il y a deux manières de voir la diplomatie : soit on se met derrière une très grande puissance, et en général c'est le cas, soit alors on est avec sa propre volonté, sa propre vérité et c'est bon de la faire partager au monde. Croyez-moi, il la partage.
Q - Mais dans l'Union européenne, est-ce que l'influence de la France n'est pas beaucoup altérée depuis le 29 mai de l'an passé ?
R - La France a voté "non", les Pays-Bas ont voté "non", c'est vrai. Seize pays ont ratifié, c'est vrai. Mais la France, depuis un an, n'arrête pas de faire des propositions. Le mieux, c'est de parler concrètement, et j'ai envie de dire sérieusement. Lorsque l'on parle sérieusement et concrètement, qu'est-ce que l'on voit ? On voit que l'Europe de la défense avance très fortement. Regardez ce qui va se passer dans les jours qui viennent en République démocratique du Congo sous commandement allemand, mais avec notre présence. Regardez la gendarmerie européenne, elle est en train de partir. Regardez les 50 milliards d'euros que nous allons donner pour qu'il y ait une défense européenne entre 2007 et 2013, pour que Javier Solana, notre Haut Représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune travaille mieux avec la Commission. Regardez ce qui se passe aujourd'hui avec l'Europe des projets. ITER, c'est l'énergie de la fusion, l'énergie solaire, en France. Regardez Galiléo. Mais oui, est-ce que l'Europe est aujourd'hui un projet politique ou pas ? Si c'est un projet politique, alors je crois à Galiléo, je ne crois pas uniquement au GPS américain. Ca, c'est la France également.
Q - Sur les institutions, on entend l'Allemagne, Mme Angela Merkel, dire, d'ailleurs tous les autres pays, les quinze autres pays qui ont ratifié la Constitution, il faudrait revoter moyennant un protocole social. Est-ce que c'est acceptable par la France ?
R - Mais ensuite il y a le volet institutionnel, et c'est vrai que sur le plan institutionnel, ce n'est pas parce qu'il y a eu...
Q - Je vais formuler ma question autrement : est-ce que vous pensez, vous, de manière très réaliste, que sur le plan institutionnel il ne peut rien se passer d'ici, d'abord aux présidentielles françaises, voire d'ici à deux ou trois ans ?
R - Tout le monde sait très bien qu'il ne va pas y avoir un vote sur la Constitution d'ici à l'élection présidentielle. La question n'est pas là. Mais ce n'est pas parce qu'il n'y aura pas de vote sur la Constitution d'ici à l'élection présidentielle que l'Europe est en panne. Tout cela n'est pas vrai.
Ce qui est important, c'est que les parlements nationaux soient beaucoup plus associés, c'est que les citoyens soient beaucoup plus associés. Ca, ce sont les leçons du référendum. Mais surtout, l'Europe, elle continue à avancer au quotidien. C'est ça qui est la chose la plus importante. Alors, évidemment nous aurons une discussion sur le texte parce que les nouveaux élargissements, ou même les élargissements qui ont déjà été faits, méritent aujourd'hui un traité. Mais pour l'instant, à traité constant, nous pouvons faire avancer l'Europe, et je crois qu'il serait malsain de faire croire que l'Europe est en panne aujourd'hui parce que c'est exactement tout le contraire.
Q - Vous allez rencontrer, je crois, si je ne me trompe, le ministre des Affaires étrangères de Bulgarie, qui vient vous rencontrer cette semaine. La Roumanie, la Bulgarie, veulent entrer dans l'Union européenne. Est-ce qu'il faut durcir les conditions de l'élargissement aujourd'hui ?
R - Il n'y a pas à durcir, pour nous c'est très simple. La Commission va présenter un rapport, pour savoir si la Bulgarie et la Roumanie sont prêtes à entrer dans l'Union européenne. Si la Commission dit "oui", nous dirons "oui", parce qu'il ne s'agit pas de fermer la porte maintenant à la Bulgarie et la Roumanie. C'est une chance pour nous de les avoir. Par contre, pour tout nouvel élargissement, le président Chirac a pris une décision. Plus aucun élargissement après la Croatie, sans référendum.
Q - Autrement dit, il n'y aura pas d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne ?
R - Ca, c'est vous qui le dites.
Q - Vous imaginez un référendum sur la Turquie aujourd'hui ?
R - Parce que la situation de la Turquie est aujourd'hui examinée par la Commission, chapitre par chapitre, pour regarder si la Turquie entre dans les critères de la démocratie, des Droits de l'Homme, de liberté de culte. Est-ce que l'on veut que la Turquie regarde plutôt vers nous, ou regarde de l'autre côté vers l'Iran ? Qu'est-ce que nous voulons ? Il y aura un grand débat. Je ne suis pas sûr, aujourd'hui, de ce que les Français décideront dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, dans vingt ans, je ne sais pas quand aura lieu ce référendum. Je ne sais pas si ce sera "oui" ou "non" comme ça, facilement.
Q - Vous avez dit "l'Europe n'est pas en panne, elle continue à fonctionner". Il y a quand même quelque chose qui m'a frappé pendant ce week-end. Vos collègues des Affaires étrangères étaient tous réunis à Vienne, vous n'y étiez pas puisque vous étiez au Brésil, c'est Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes, qui était à Vienne. Qu'est-ce qu'ils ont décidé ? Ils ont décidé qu'il était urgent de ne pas décider, au fond qu'il était urgent d'attendre.
R - Non mais là, cela concernait le plan institutionnel. Mais bien sûr, tout le monde sait très bien, que pendant l'année qui arrive, il n'y aura pas de nouveau référendum sur la Constitution. Le sujet n'est pas là. Le sujet est de savoir si l'Europe aujourd'hui se comporte comme une union politique, capable vis-à-vis des Américains, vis-à-vis du MERCOSUR - j'étais en Amérique du sud hier et avant-hier - vis-à-vis de l'ASEAN, les pays de l'Asie, est-ce que nous nous comportons comme un groupe de pays capable de faire de la politique, c'est à dire, d'avoir une défense, une politique étrangère, voire "notre" mondialisation, ou pas.
Q - Prenons un exemple immédiat pour terminer cette rencontre. Le tremblement de terre à Java, est-ce qu'il y a une réaction européenne ou est-ce qu'il y a une réaction française ?
R - Eh bien justement, le projet que nous avons le 15 juin au Conseil européen c'est de mettre en place une force d'action rapide. Qu'est-ce que nous avons fait, nous ? Avant-hier, immédiatement, grâce au ministère de la Santé, je voudrais d'ailleurs lui rendre hommage, mais aussi au ministère de l'Intérieur, le ministère des Affaires étrangères a envoyé un avion avec cinq évaluateurs, dont deux médecins. Hier, nous avons envoyé une quarantaine de personnes : 22 du Samu - 10 médecins, 10 infirmières, 2 logisticiens - mais aussi 20 personnes de la protection civile.
Aujourd'hui nous allons faire partir du fret, des médicaments d'urgence, peut-être un hôpital de campagne. Pourquoi pas, si les autorités indonésiennes nous le demandent ? Nous allons partir avec Véolia et d'autres entreprises, pour l'épuration de l'eau potable. Ca, c'est français.
Mais je voudrais que sur le tarmac de Djakarta, actuellement, il puisse y avoir des avions européens et pas uniquement des avions américains. Ca, c'est une proposition que nous allons faire le 15 juin, nous n'avons pas besoin de Constitution et de nouveau traité pour cela.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mai 2006
R - Franchement, lorsque l'on vit un voyage comme celui-là, que l'on voit la démocratie s'installer en Amérique du Sud en général - nous sommes allés au Brésil et au Chili - lorsque l'on voit le degré d'investissement de notre pays au Brésil et au Chili, un des meilleurs dans le monde, lorsque l'on voit les centaines de milliers de personnes que la France fait vivre là-bas, lorsque l'on voit la francophilie et la francophonie et l'amitié personnelle qui existe entre le président et le président Lula, président d'une des plus grandes puissances du monde d'ici quinze ou vingt ans, ne l'oubliez pas, et également une amitié naissante, réelle, que j'ai vu personnellement entre le président et Mme Michelle Bachelet, alors je peux vous dire que non seulement, ce n'est pas peine perdue, mais que c'est un succès.
Et la France doit arrêter de penser qu'elle est en déclin et qu'elle n'existe pas. Lorsque l'on va en Amérique du Sud, on s'aperçoit à quel point il est important aujourd'hui d'être là-bas, d'être présent. De nombreux chefs d'entreprise étaient là, il n'y a pas que le métro de Santiago, il y a aussi tous les très grands projets que nous avons avec ces pays, en particulier dans l'énergie.
Q - Confidence de votre part ; vous avez vu le président de la République, on l'a entendu dire, lors d'une conférence de presse, aux journalistes : "Au fond, quand je vais à l'étranger, on me dit que ça ne sert à rien, et quand je reste en France, on me dit que je ne fais pas ce qu'il faut faire". Est-ce que vous avez senti un président de la République un peu blasé, un peu fatigué, un peu déçu ?
R - Pas du tout, même exactement le contraire, pour tout vous dire. Dans une grande forme, et surtout capable de montrer que l'on peut être aujourd'hui la France dans l'Union européenne et avoir une vision du monde multilatérale. Ce ne sont pas les Américains et uniquement eux qui doivent défendre la vérité dans le monde, qui ont seuls la vérité. Il existe aujourd'hui en Amérique du Sud, de la part des populations, une volonté d'écouter un président comme celui-là, qui leur dit : "Faisons des choses ensemble, vous n'êtes pas obligés de les faire toujours avec les Américains". Ce qu'il a fait en Irak, il y a trois ans, a formidablement marqué les esprits y compris en Amérique du Sud.
Sachez-le, parce que c'est important en diplomatie. Il y a deux manières de voir la diplomatie : soit on se met derrière une très grande puissance, et en général c'est le cas, soit alors on est avec sa propre volonté, sa propre vérité et c'est bon de la faire partager au monde. Croyez-moi, il la partage.
Q - Mais dans l'Union européenne, est-ce que l'influence de la France n'est pas beaucoup altérée depuis le 29 mai de l'an passé ?
R - La France a voté "non", les Pays-Bas ont voté "non", c'est vrai. Seize pays ont ratifié, c'est vrai. Mais la France, depuis un an, n'arrête pas de faire des propositions. Le mieux, c'est de parler concrètement, et j'ai envie de dire sérieusement. Lorsque l'on parle sérieusement et concrètement, qu'est-ce que l'on voit ? On voit que l'Europe de la défense avance très fortement. Regardez ce qui va se passer dans les jours qui viennent en République démocratique du Congo sous commandement allemand, mais avec notre présence. Regardez la gendarmerie européenne, elle est en train de partir. Regardez les 50 milliards d'euros que nous allons donner pour qu'il y ait une défense européenne entre 2007 et 2013, pour que Javier Solana, notre Haut Représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune travaille mieux avec la Commission. Regardez ce qui se passe aujourd'hui avec l'Europe des projets. ITER, c'est l'énergie de la fusion, l'énergie solaire, en France. Regardez Galiléo. Mais oui, est-ce que l'Europe est aujourd'hui un projet politique ou pas ? Si c'est un projet politique, alors je crois à Galiléo, je ne crois pas uniquement au GPS américain. Ca, c'est la France également.
Q - Sur les institutions, on entend l'Allemagne, Mme Angela Merkel, dire, d'ailleurs tous les autres pays, les quinze autres pays qui ont ratifié la Constitution, il faudrait revoter moyennant un protocole social. Est-ce que c'est acceptable par la France ?
R - Mais ensuite il y a le volet institutionnel, et c'est vrai que sur le plan institutionnel, ce n'est pas parce qu'il y a eu...
Q - Je vais formuler ma question autrement : est-ce que vous pensez, vous, de manière très réaliste, que sur le plan institutionnel il ne peut rien se passer d'ici, d'abord aux présidentielles françaises, voire d'ici à deux ou trois ans ?
R - Tout le monde sait très bien qu'il ne va pas y avoir un vote sur la Constitution d'ici à l'élection présidentielle. La question n'est pas là. Mais ce n'est pas parce qu'il n'y aura pas de vote sur la Constitution d'ici à l'élection présidentielle que l'Europe est en panne. Tout cela n'est pas vrai.
Ce qui est important, c'est que les parlements nationaux soient beaucoup plus associés, c'est que les citoyens soient beaucoup plus associés. Ca, ce sont les leçons du référendum. Mais surtout, l'Europe, elle continue à avancer au quotidien. C'est ça qui est la chose la plus importante. Alors, évidemment nous aurons une discussion sur le texte parce que les nouveaux élargissements, ou même les élargissements qui ont déjà été faits, méritent aujourd'hui un traité. Mais pour l'instant, à traité constant, nous pouvons faire avancer l'Europe, et je crois qu'il serait malsain de faire croire que l'Europe est en panne aujourd'hui parce que c'est exactement tout le contraire.
Q - Vous allez rencontrer, je crois, si je ne me trompe, le ministre des Affaires étrangères de Bulgarie, qui vient vous rencontrer cette semaine. La Roumanie, la Bulgarie, veulent entrer dans l'Union européenne. Est-ce qu'il faut durcir les conditions de l'élargissement aujourd'hui ?
R - Il n'y a pas à durcir, pour nous c'est très simple. La Commission va présenter un rapport, pour savoir si la Bulgarie et la Roumanie sont prêtes à entrer dans l'Union européenne. Si la Commission dit "oui", nous dirons "oui", parce qu'il ne s'agit pas de fermer la porte maintenant à la Bulgarie et la Roumanie. C'est une chance pour nous de les avoir. Par contre, pour tout nouvel élargissement, le président Chirac a pris une décision. Plus aucun élargissement après la Croatie, sans référendum.
Q - Autrement dit, il n'y aura pas d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne ?
R - Ca, c'est vous qui le dites.
Q - Vous imaginez un référendum sur la Turquie aujourd'hui ?
R - Parce que la situation de la Turquie est aujourd'hui examinée par la Commission, chapitre par chapitre, pour regarder si la Turquie entre dans les critères de la démocratie, des Droits de l'Homme, de liberté de culte. Est-ce que l'on veut que la Turquie regarde plutôt vers nous, ou regarde de l'autre côté vers l'Iran ? Qu'est-ce que nous voulons ? Il y aura un grand débat. Je ne suis pas sûr, aujourd'hui, de ce que les Français décideront dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, dans vingt ans, je ne sais pas quand aura lieu ce référendum. Je ne sais pas si ce sera "oui" ou "non" comme ça, facilement.
Q - Vous avez dit "l'Europe n'est pas en panne, elle continue à fonctionner". Il y a quand même quelque chose qui m'a frappé pendant ce week-end. Vos collègues des Affaires étrangères étaient tous réunis à Vienne, vous n'y étiez pas puisque vous étiez au Brésil, c'est Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes, qui était à Vienne. Qu'est-ce qu'ils ont décidé ? Ils ont décidé qu'il était urgent de ne pas décider, au fond qu'il était urgent d'attendre.
R - Non mais là, cela concernait le plan institutionnel. Mais bien sûr, tout le monde sait très bien, que pendant l'année qui arrive, il n'y aura pas de nouveau référendum sur la Constitution. Le sujet n'est pas là. Le sujet est de savoir si l'Europe aujourd'hui se comporte comme une union politique, capable vis-à-vis des Américains, vis-à-vis du MERCOSUR - j'étais en Amérique du sud hier et avant-hier - vis-à-vis de l'ASEAN, les pays de l'Asie, est-ce que nous nous comportons comme un groupe de pays capable de faire de la politique, c'est à dire, d'avoir une défense, une politique étrangère, voire "notre" mondialisation, ou pas.
Q - Prenons un exemple immédiat pour terminer cette rencontre. Le tremblement de terre à Java, est-ce qu'il y a une réaction européenne ou est-ce qu'il y a une réaction française ?
R - Eh bien justement, le projet que nous avons le 15 juin au Conseil européen c'est de mettre en place une force d'action rapide. Qu'est-ce que nous avons fait, nous ? Avant-hier, immédiatement, grâce au ministère de la Santé, je voudrais d'ailleurs lui rendre hommage, mais aussi au ministère de l'Intérieur, le ministère des Affaires étrangères a envoyé un avion avec cinq évaluateurs, dont deux médecins. Hier, nous avons envoyé une quarantaine de personnes : 22 du Samu - 10 médecins, 10 infirmières, 2 logisticiens - mais aussi 20 personnes de la protection civile.
Aujourd'hui nous allons faire partir du fret, des médicaments d'urgence, peut-être un hôpital de campagne. Pourquoi pas, si les autorités indonésiennes nous le demandent ? Nous allons partir avec Véolia et d'autres entreprises, pour l'épuration de l'eau potable. Ca, c'est français.
Mais je voudrais que sur le tarmac de Djakarta, actuellement, il puisse y avoir des avions européens et pas uniquement des avions américains. Ca, c'est une proposition que nous allons faire le 15 juin, nous n'avons pas besoin de Constitution et de nouveau traité pour cela.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mai 2006