Texte intégral
Parmi les grands sujets de politique étrangère qui menacent la stabilité du monde, il en est un dont on ne parle jamais : la grande pauvreté, qui touche essentiellement les pays du Sud, et le fossé grandissant entre les pays riches et les pays pauvres, dont les trois pandémies que vous avez citées - sida, tuberculose, paludisme - sont la première conséquence.
90 % des nouvelles infections se déclarent dans les pays du Sud ; les médicaments sont au Nord, les malades et les morts sont au Sud. C'est pourquoi le président Lula et le président Chirac ont proposé, il y a deux ans à Genève, des financements nouveaux et pérennes, en plus de l'aide publique au développement. Les fonds récoltés financeront une centrale d'achat de médicaments : UNITAID.
De quatre pays au départ, nous sommes passés à quatorze, alors que quarante-trois font partie du groupe pilote sur les financements innovants. Il s'agit d'obtenir que l'industrie pharmaceutique "casse" les prix des médicaments contre la tuberculose, le paludisme et le sida, afin que les pays pauvres puissent y avoir accès, et qu'elle développe ces médicaments sous la forme pédiatrique - ce qui n'est pas encore fait pour le sida, alors même que 2.000 enfants sont contaminés chaque jour. Ce n'est pas seulement un problème sanitaire ou moral ; c'est un problème politique majeur, car il est le terreau de tous les problèmes d'immigration et de terrorisme qui existent dans l'Afrique Subsaharienne et le Sahel. Je vous remercie donc de votre question. La France a été le premier pays au monde à proposer cette contribution !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juin 2006