Texte intégral
Q - Cette semaine, vous avez lancé UNITAID, c'est-à-dire un programme qui prévoit la création d'une Centrale d'achat de médicaments pour les pays en voie de développement financée par une contribution prélevée sur les billets d'avion.
R - Parmi tout ce que nous voyons aujourd'hui dans ce monde qui devient de plus en plus dangereux, nous parlons beaucoup de la prolifération nucléaire, avec l'Iran en particulier, nous parlons beaucoup de la montée de l'intégrisme religieux, de l'avenir des ressources énergétiques, mais ce dont nous sommes certains, c'est que la chose la plus dangereuse - le président Lula dit souvent que c'est l'arme de destruction massive la plus importante au monde - c'est la pauvreté.
Or, la première conséquence de la pauvreté dans le monde, c'est l'absence de santé publique. Des maladies comme la tuberculose que l'on croyait à jamais vaincue, le sida, le paludisme, qui font des ravages incroyables avec cette statistique terrible qui indique qu'un enfant décède toutes les 30 secondes en Afrique.
Ce n'est pas un sujet humanitaire comme on le dit souvent banalement, ce n'est pas non plus un sujet sanitaire, c'est un sujet politique car, si nous ne nous préoccupons pas des pays du Sud, l'immigration sera considérable. Que peut-on dire à un parent qui voit son enfant mourir de tuberculose, sachant que les antibiotiques qui permettent la guérison de cette maladie ont été créés en 1954 et que ces personnes n'en disposent pas ? Sachant que la rifampicine se trouve de l'autre côté de la frontière, vous allez la chercher, même si vous avez 3 000 kms à parcourir.
Q - UNITAID commence en France le 1er juillet, par un prélèvement d'un euro sur les vols à destination de la France et de l'Europe et de 4 euros sur les vols internationaux. Finalement, c'est très peu ?
R - Ce n'est strictement rien. En France, par exemple, cette collecte qui représentera 200 millions d'euros par an commence au 1er juillet et l'an prochain à cette même date, nous aurons déjà obtenu 200 millions d'euros.
Très souvent, on se demande où va l'argent recueilli ? C'est cela la question car je crois que tout le monde est d'accord pour payer un euro par billet d'avion. Le problème est que, de temps en temps, il y a des scandales, des problèmes de corruption et nous ne savons pas exactement où va l'argent.
L'idée a été de se dire qu'avec cet argent, nous pourrions créer une Centrale mondiale d'achat, de médicaments en indiquant à l'industrie pharmaceutique : "on aurait un milliard de dollars par an à vous donner pendant 20 ans. Si vous "cassez" les prix." Que nous, les pays riches, nous puissions nous payer des médicaments, c'est normal, nous pouvons payer le prix, mais les pays du Sud ne peuvent pas payer. Le résultat est qu'ils n'ont pas de médicaments contre la tuberculose, le sida et le paludisme.
C'est le président Chirac et le président Lula qui ont eu cette idée. Ensuite, il y a eu l'adhésion de M. Lagos, le président chilien et de Mme Bachelet, qui a pris sa succession, puis les Norvégiens. Maintenant, Les Britanniques nous ont dit "oui", ainsi que des pays du Sud comme Madagascar, la Côte d'Ivoire, l'île Maurice...
Il se trouve que c'est bien de prendre un symbole de la mondialisation comme le billet d'avion pour pouvoir réguler cette mondialisation. C'est une démarche citoyenne mondiale. Un citoyen du monde aide un autre citoyen du monde, sans savoir exactement qui il est. Ce n'est pas un Français qui aide un citoyen congolais, ni un Allemand qui aide un Togolais, c'est un citoyen du monde qui en aide un autre. C'est une mondialisation plus humaine, plus solidaire et plus citoyenne.
Q - Les Etats-Unis sont-ils "dans le coup" ?
R - Non, mais le président Bush a parfaitement compris que c'était un sujet politique. Il a, quant à lui, lancé le programme "PEPFAR" (President's Emergency Plan for AIDS Relief) de l'ordre de 3 milliards de dollars qui a deux caractéristiques : d'abord, il ne sollicite que des industries pharmaceutiques américaines ; ensuite, il s'exerce au niveau bilatéral, c'est-à-dire qu'il contacte un autre chef d'Etat, un chef d'Etat africain par exemple, à qui il propose son aide en diminuant les prix des médicaments, en échange de quoi il obtient autre chose.
Q - C'est un moyen d'en tirer un bénéfice en fait ?
R - Oui et nous avons, nous, une vision totalement différente qui est multilatérale, mondiale, où nous n'avons pas le droit, me semble-t-il, surtout après ce qui a été fait en Afrique depuis plusieurs siècles, nous n'avons pas le droit aujourd'hui de faire du commerce en utilisant le désespoir de ces peuples.
Q - UNITAID va également bénéficier du partenariat de la FIFA, au début de chaque match du Mondial, les capitales échangeront, symboliquement, un ballon marqué du logo UNITAID.
R - Je parcours le monde depuis un an en tentant de vendre cette idée à d'autres ministres des Affaires étrangères. Chaque fois, ils me répondent que c'est une très bonne idée qu'il faut exploiter et qu'ils en parleront au chef de l'Etat. Généralement, le chef de l'Etat dit "oui". Mais ensuite, le ministre des Finances du pays concerné refuse de donner une contribution de plus. En définitive, nous n'avions que très peu de pays engagés. Même s'il y en a 43, il faut dépasser ce chiffre et nous avons pensé que le mieux était d'interpeller directement l'opinion publique mondiale afin qu'elle sache ce que nous faisons. Ensuite, que les opinions publiques jugent leur gouvernement, qui mettra ou pas la mesure en place. Quelle plus belle manière de parler à l'ensemble de l'opinion publique que la Coupe du monde de football ?
Je suis donc allé rendre visite au président Blatter, président de la FIFA, en lui proposant notre idée, en disant que nous pourrions peut-être aider dans ce sens à éviter cette catastrophe. Le lendemain, il m'a rappelé en me disant qu'il était d'accord et qu'au début de chacun des 64 matchs de la Coupe du monde, il y aurait des arbitres et des enfants portant des ballons UNITAID. Ceci sera télévisé et retransmis aux milliards de personnes qui suivent cet événement. Maintenant, à nous de faire connaître cet événement à tous les journalistes sportifs afin qu'ils sachent exactement de quoi il s'agit.
Q - Nous avons l'impression que, devant les difficultés que vous rencontrez, comme ministre des Affaires étrangères, vous vous réfugiez justement dans l'humanitaire Philippe. Est-ce exact ?
R - Il y a beaucoup de difficultés mais, la vie est trop courte pour ne pas penser à l'essentiel.
Q - Vous êtes arrivé au Quai d'Orsay, juste après le "non" à l'Europe, ce ne devait pas être facile d'être ministre des Affaires étrangères lorsque la France, qui était l'un des pays fondateurs de l'Europe, dit "non" ?
R - Oui, je regrette le "non" et l'on s'est aperçu que le plan B évoqué par ceux qui ont dit "non", et qui étaient des hommes politiques avertis, n'existait pas. On se rend compte maintenant que ce n'était pas vrai.
On dit aujourd'hui que l'Europe est en panne. Permettez-moi de dire que, depuis quelques mois, l'Europe vient de définir, pour la première fois, une politique européenne de l'énergie, une politique européenne de la recherche et nous allons vers une politique de sécurité intérieure.
Dire que l'Europe est totalement en panne n'est pas exact. Ce qui est vrai, c'est qu'il nous faut des institutions pour vivre à 27 demain, beaucoup mieux qu'aujourd'hui.
(...)
Q - Nous allons maintenant parler de Michael Blanc. Que fait-on ?
R - Je m'en occupe concrètement toutes les semaines. Il y a trois solutions.
Première solution, il y a un transfèrement de Michael Blanc, comme je l'ai demandé aux autorités indonésiennes. J'ai même demandé au ministre de la Justice de venir d'abord en France ; il est venu pour la première fois en janvier pour qu'on puisse parler ensemble des transfèrements. J'ai envoyé une délégation pour rédiger l'accord de transfèrement avant de me rendre sur place. Il se trouve que les autorités indonésiennes nous disent, dans la mesure où il est condamné à perpétuité : "il ne sera transféré que si vous nous assurez qu'il fera la moitié de sa peine". Mais la moitié de la peine à perpétuité, je ne sais pas ce que cela veut dire et on bute sur ce sujet.
Par ailleurs, les autorités indonésiennes nous disent : "si on le transfère en France, nous, autorités indonésiennes, gouvernement indonésien, nous devons pouvoir contrôler en permanence ce qui se passe et dire notre mot si une mesure de clémence intervenait". C'est impossible dans notre droit français. Ou il vient en France ou il ne vient pas ; s'il vient en France, il est sur le territoire français et il dépend du droit français. Nous butons là-dessus et je suis pessimiste sur ce sujet.
La deuxième solution, c'est la commutation de la peine ; c'est-à-dire de passer de la perpétuité à 20 ans ou à 15 ans. Nous l'avons demandé au président de l'Indonésie. Le président Chirac a écrit début janvier 2005 et nous n'avons pas eu d'accusé de réception de ces courriers. Nous souhaitons qu'il puisse y avoir une diminution de la peine et nous l'avons demandé au président indonésien.
Troisième solution : c'est la grâce mais il faut faire très attention parce que le président indonésien a manifesté sa priorité de faire preuve d'une sévérité extrême vis-à-vis des personnes qui trafiquent ou qui sont pris en flagrant délit de détention de drogues.
Je le dis avec beaucoup de conviction : je ferai tout, j'ai dit aux autorités indonésiennes...
Q - On compte sur vous, cette famille compte sur vous, tout le monde compte sur vous...
R - Oui, ils peuvent compter sur moi mais je préfère vous dire la vérité. Aujourd'hui, la possibilité de transférer Michael Blanc en France est négociée avec les autorités indonésiennes qui ne veulent pas, aujourd'hui, accepter ce que je leur propose.
Q - Cela fait 2356 jours qu'il est là-bas.
R - C'est effrayant et j'ai même demandé au ministre des Affaires étrangères du Timor oriental, prix Nobel de la Paix 1996, qui connaît bien le président indonésien, de lui parler directement de Michael Blanc. Il m'a dit qu'il y avait peut-être un espoir de commutation de peine mais je ne veux pas donner un tel espoir s'il n'y a rien de sûr.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2006
R - Parmi tout ce que nous voyons aujourd'hui dans ce monde qui devient de plus en plus dangereux, nous parlons beaucoup de la prolifération nucléaire, avec l'Iran en particulier, nous parlons beaucoup de la montée de l'intégrisme religieux, de l'avenir des ressources énergétiques, mais ce dont nous sommes certains, c'est que la chose la plus dangereuse - le président Lula dit souvent que c'est l'arme de destruction massive la plus importante au monde - c'est la pauvreté.
Or, la première conséquence de la pauvreté dans le monde, c'est l'absence de santé publique. Des maladies comme la tuberculose que l'on croyait à jamais vaincue, le sida, le paludisme, qui font des ravages incroyables avec cette statistique terrible qui indique qu'un enfant décède toutes les 30 secondes en Afrique.
Ce n'est pas un sujet humanitaire comme on le dit souvent banalement, ce n'est pas non plus un sujet sanitaire, c'est un sujet politique car, si nous ne nous préoccupons pas des pays du Sud, l'immigration sera considérable. Que peut-on dire à un parent qui voit son enfant mourir de tuberculose, sachant que les antibiotiques qui permettent la guérison de cette maladie ont été créés en 1954 et que ces personnes n'en disposent pas ? Sachant que la rifampicine se trouve de l'autre côté de la frontière, vous allez la chercher, même si vous avez 3 000 kms à parcourir.
Q - UNITAID commence en France le 1er juillet, par un prélèvement d'un euro sur les vols à destination de la France et de l'Europe et de 4 euros sur les vols internationaux. Finalement, c'est très peu ?
R - Ce n'est strictement rien. En France, par exemple, cette collecte qui représentera 200 millions d'euros par an commence au 1er juillet et l'an prochain à cette même date, nous aurons déjà obtenu 200 millions d'euros.
Très souvent, on se demande où va l'argent recueilli ? C'est cela la question car je crois que tout le monde est d'accord pour payer un euro par billet d'avion. Le problème est que, de temps en temps, il y a des scandales, des problèmes de corruption et nous ne savons pas exactement où va l'argent.
L'idée a été de se dire qu'avec cet argent, nous pourrions créer une Centrale mondiale d'achat, de médicaments en indiquant à l'industrie pharmaceutique : "on aurait un milliard de dollars par an à vous donner pendant 20 ans. Si vous "cassez" les prix." Que nous, les pays riches, nous puissions nous payer des médicaments, c'est normal, nous pouvons payer le prix, mais les pays du Sud ne peuvent pas payer. Le résultat est qu'ils n'ont pas de médicaments contre la tuberculose, le sida et le paludisme.
C'est le président Chirac et le président Lula qui ont eu cette idée. Ensuite, il y a eu l'adhésion de M. Lagos, le président chilien et de Mme Bachelet, qui a pris sa succession, puis les Norvégiens. Maintenant, Les Britanniques nous ont dit "oui", ainsi que des pays du Sud comme Madagascar, la Côte d'Ivoire, l'île Maurice...
Il se trouve que c'est bien de prendre un symbole de la mondialisation comme le billet d'avion pour pouvoir réguler cette mondialisation. C'est une démarche citoyenne mondiale. Un citoyen du monde aide un autre citoyen du monde, sans savoir exactement qui il est. Ce n'est pas un Français qui aide un citoyen congolais, ni un Allemand qui aide un Togolais, c'est un citoyen du monde qui en aide un autre. C'est une mondialisation plus humaine, plus solidaire et plus citoyenne.
Q - Les Etats-Unis sont-ils "dans le coup" ?
R - Non, mais le président Bush a parfaitement compris que c'était un sujet politique. Il a, quant à lui, lancé le programme "PEPFAR" (President's Emergency Plan for AIDS Relief) de l'ordre de 3 milliards de dollars qui a deux caractéristiques : d'abord, il ne sollicite que des industries pharmaceutiques américaines ; ensuite, il s'exerce au niveau bilatéral, c'est-à-dire qu'il contacte un autre chef d'Etat, un chef d'Etat africain par exemple, à qui il propose son aide en diminuant les prix des médicaments, en échange de quoi il obtient autre chose.
Q - C'est un moyen d'en tirer un bénéfice en fait ?
R - Oui et nous avons, nous, une vision totalement différente qui est multilatérale, mondiale, où nous n'avons pas le droit, me semble-t-il, surtout après ce qui a été fait en Afrique depuis plusieurs siècles, nous n'avons pas le droit aujourd'hui de faire du commerce en utilisant le désespoir de ces peuples.
Q - UNITAID va également bénéficier du partenariat de la FIFA, au début de chaque match du Mondial, les capitales échangeront, symboliquement, un ballon marqué du logo UNITAID.
R - Je parcours le monde depuis un an en tentant de vendre cette idée à d'autres ministres des Affaires étrangères. Chaque fois, ils me répondent que c'est une très bonne idée qu'il faut exploiter et qu'ils en parleront au chef de l'Etat. Généralement, le chef de l'Etat dit "oui". Mais ensuite, le ministre des Finances du pays concerné refuse de donner une contribution de plus. En définitive, nous n'avions que très peu de pays engagés. Même s'il y en a 43, il faut dépasser ce chiffre et nous avons pensé que le mieux était d'interpeller directement l'opinion publique mondiale afin qu'elle sache ce que nous faisons. Ensuite, que les opinions publiques jugent leur gouvernement, qui mettra ou pas la mesure en place. Quelle plus belle manière de parler à l'ensemble de l'opinion publique que la Coupe du monde de football ?
Je suis donc allé rendre visite au président Blatter, président de la FIFA, en lui proposant notre idée, en disant que nous pourrions peut-être aider dans ce sens à éviter cette catastrophe. Le lendemain, il m'a rappelé en me disant qu'il était d'accord et qu'au début de chacun des 64 matchs de la Coupe du monde, il y aurait des arbitres et des enfants portant des ballons UNITAID. Ceci sera télévisé et retransmis aux milliards de personnes qui suivent cet événement. Maintenant, à nous de faire connaître cet événement à tous les journalistes sportifs afin qu'ils sachent exactement de quoi il s'agit.
Q - Nous avons l'impression que, devant les difficultés que vous rencontrez, comme ministre des Affaires étrangères, vous vous réfugiez justement dans l'humanitaire Philippe. Est-ce exact ?
R - Il y a beaucoup de difficultés mais, la vie est trop courte pour ne pas penser à l'essentiel.
Q - Vous êtes arrivé au Quai d'Orsay, juste après le "non" à l'Europe, ce ne devait pas être facile d'être ministre des Affaires étrangères lorsque la France, qui était l'un des pays fondateurs de l'Europe, dit "non" ?
R - Oui, je regrette le "non" et l'on s'est aperçu que le plan B évoqué par ceux qui ont dit "non", et qui étaient des hommes politiques avertis, n'existait pas. On se rend compte maintenant que ce n'était pas vrai.
On dit aujourd'hui que l'Europe est en panne. Permettez-moi de dire que, depuis quelques mois, l'Europe vient de définir, pour la première fois, une politique européenne de l'énergie, une politique européenne de la recherche et nous allons vers une politique de sécurité intérieure.
Dire que l'Europe est totalement en panne n'est pas exact. Ce qui est vrai, c'est qu'il nous faut des institutions pour vivre à 27 demain, beaucoup mieux qu'aujourd'hui.
(...)
Q - Nous allons maintenant parler de Michael Blanc. Que fait-on ?
R - Je m'en occupe concrètement toutes les semaines. Il y a trois solutions.
Première solution, il y a un transfèrement de Michael Blanc, comme je l'ai demandé aux autorités indonésiennes. J'ai même demandé au ministre de la Justice de venir d'abord en France ; il est venu pour la première fois en janvier pour qu'on puisse parler ensemble des transfèrements. J'ai envoyé une délégation pour rédiger l'accord de transfèrement avant de me rendre sur place. Il se trouve que les autorités indonésiennes nous disent, dans la mesure où il est condamné à perpétuité : "il ne sera transféré que si vous nous assurez qu'il fera la moitié de sa peine". Mais la moitié de la peine à perpétuité, je ne sais pas ce que cela veut dire et on bute sur ce sujet.
Par ailleurs, les autorités indonésiennes nous disent : "si on le transfère en France, nous, autorités indonésiennes, gouvernement indonésien, nous devons pouvoir contrôler en permanence ce qui se passe et dire notre mot si une mesure de clémence intervenait". C'est impossible dans notre droit français. Ou il vient en France ou il ne vient pas ; s'il vient en France, il est sur le territoire français et il dépend du droit français. Nous butons là-dessus et je suis pessimiste sur ce sujet.
La deuxième solution, c'est la commutation de la peine ; c'est-à-dire de passer de la perpétuité à 20 ans ou à 15 ans. Nous l'avons demandé au président de l'Indonésie. Le président Chirac a écrit début janvier 2005 et nous n'avons pas eu d'accusé de réception de ces courriers. Nous souhaitons qu'il puisse y avoir une diminution de la peine et nous l'avons demandé au président indonésien.
Troisième solution : c'est la grâce mais il faut faire très attention parce que le président indonésien a manifesté sa priorité de faire preuve d'une sévérité extrême vis-à-vis des personnes qui trafiquent ou qui sont pris en flagrant délit de détention de drogues.
Je le dis avec beaucoup de conviction : je ferai tout, j'ai dit aux autorités indonésiennes...
Q - On compte sur vous, cette famille compte sur vous, tout le monde compte sur vous...
R - Oui, ils peuvent compter sur moi mais je préfère vous dire la vérité. Aujourd'hui, la possibilité de transférer Michael Blanc en France est négociée avec les autorités indonésiennes qui ne veulent pas, aujourd'hui, accepter ce que je leur propose.
Q - Cela fait 2356 jours qu'il est là-bas.
R - C'est effrayant et j'ai même demandé au ministre des Affaires étrangères du Timor oriental, prix Nobel de la Paix 1996, qui connaît bien le président indonésien, de lui parler directement de Michael Blanc. Il m'a dit qu'il y avait peut-être un espoir de commutation de peine mais je ne veux pas donner un tel espoir s'il n'y a rien de sûr.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 juin 2006