Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire et président de l'UMP, sur le rôle de la police dans la lutte contre la délinquance, Perpignan le 1er juin 2006.

Prononcé le 1er juin 2006

Intervenant(s) : 
  • Nicolas Sarkozy - Ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire et président de l'UMP

Circonstance : Rencontre avec les fonctionnaires de police à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 1er juin 2006

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

C'est avec un grand plaisir que je vous retrouve, ici à Perpignan.
Votre ville évoque toujours pour moi des souvenirs particuliers, car comme vous le savez, il y a un an, elle faisait l'objet de mon premier déplacement dès mon retour place Beauvau.
Le contexte était tout autre et c'est avec une grande satisfaction que je reviens parmi vous, comme je vous l'avais promis, dans un Perpignan apaisé, loin des tensions que nous avons connues l'an passé.
Je note avec enthousiasme que votre travail a porté ses fruits.
Vous avez su réagir sur le moment, face à l'ampleur des troubles, en unissant vos forces et en faisant preuve d'un sang froid et d'un courage qui vous honorent.
Mais vous avez su aussi, et le défi n'était pas facile à relever, gérer ce qu'on appelle "l'après".
Bien évidemment toutes les tensions n'ont pas disparu, les heurts du 8 octobre dernier nous l'ont rappelé.
Mais force est de constater que le calme est revenu et laissez moi vous en féliciter.
Il y a un an, je me suis engagé à vous donner les moyens de lutter efficacement contre la délinquance.
Je vous ai promis 30 fonctionnaires supplémentaires. Ces derniers sont arrivés à l'automne et j'ai même fait modifier à la hausse la norme de référence en policiers fixée pour Perpignan.
Je suis pleinement satisfait de voir que vous avez su organiser vos services en conséquence et de manière pertinente.
Car lorsqu'on regarde vos résultats, mesdames et messieurs, on ne peut qu'être satisfait et je suis certain que les habitants de cette ville vous en sont reconnaissants.
Depuis le début de l'année la délinquance de voie publique a diminué de 4 % et l'activité judiciaire a progressé puisque le nombre de faits élucidés a gagné presque 5 %.
Vous devez continuer dans cette voie, nos concitoyens méritent qu'on leur redonne les droits qu'ils ont en matière de sécurité.
Dans ce domaine, je pense que votre action sera utilement renforcée par les 30 nouvelles caméras de surveillance, placées, en concertation avec la mairie, dans les endroits stratégiques et les plus sensibles de Perpignan.
Bien qu' opérationnelles depuis seulement quelques jours, je sais qu'elles ont déjà permis d'identifier et de confondre deux délinquants dans une affaire de vol par effraction.
Par ailleurs je constate avec plaisir que le poste de police de Saint Jacques fonctionne actuellement sur des plages horaires plus larges qu'auparavant et ce 7 jours sur 7, permettant un meilleur accueil du public.
Cette avancée est significative des changements opérés depuis un an et je suis encore une fois très satisfait de constater que les moyens supplémentaires que je vous ai fournis, combinés à votre travail de qualité et votre professionnalisme, ont fait avancer, ici à Perpignan, la lutte que nous menons tous contre la délinquance.
J'ai constaté tout particulièrement votre progression en terme d'occupation de la voie publique, condition d'une meilleure efficacité policière. Vous étiez très en retard sur la moyenne nationale en 2005, et pour les 4 premiers mois de 2006, la main courante informatisée enregistre une augmentation de cette présence de plus de 20 %, objectif que j'ai fixé pour cette année
Mais nous devons continuer notre travail, car beaucoup de choses restent à faire.
Partout en France, les violences contre les personnes augmentent et Perpignan n'est pas épargné par ce phénomène. Même si ce type de délinquance ne représente que 10 % de l'ensemble. Même si dans cette catégorie seules n'augmentent en réalité que les violences de la sphère privée contre lesquelles on comprend que la police soit largement désarmée.
Vous me connaissez, je ne peux pas me contenter d'un constat et laissez moi vous répéter ce que j'ai dit avant hier à vos collègues de Seine Saint Denis, qui connaissent actuellement une période de vive tension.
Même si cela dérange certains, nous devons continuer nos efforts, continuer nos enquêtes, nos patrouilles, continuer à aller là où, à part les voyous, plus personne n'ose aller, continuer à lutter contre l'économie souterraine, à l'origine de l'insécurité et des violences que connaissent nos concitoyens.
Il y a peu de temps, ici à Perpignan, certains d'entre vous ont fait une grosse prise de stupéfiants et ont démantelé un trafic international.
Cette belle affaire mérite d'être soulignée et reflète au plus juste la teneur de mes propos.
Je m'entretiendrai dans un instant avec les fonctionnaires à l'origine de cette action et j'ai hâte qu'ils m'expliquent dans le détail leur enquête.
Travail, pugnacité et fermeté voilà ce que j'attends de vous parce que j'ai confiance en vous et en votre professionnalisme.
Je sais pouvoir compter sur vous pour agir avec discernement et dans les règles strictes qui encadrent votre métier.
Mais force est de constater que dans le combat que vous menez, vous ne pouvez pas agir seul.
Il est trop facile de rejeter à chaque fois la hausse de la délinquance sur l'action ou la prétendue inaction des forces de police.
Mon projet de loi sur la prévention de la délinquance va faire du maire la pierre angulaire d'un nouveau dispositif combinant à la fois la concertation, la collaboration entre toutes les institutions et les acteurs, mais aussi la sanction.
Prévention et répression ne doivent plus être opposées, ces deux notions sont complémentaires.
Car il est temps de briser certains tabous.
L'ordonnance de 1945 sur les mineurs n'est plus du tout adaptée à la délinquance que nous connaissons aujourd'hui. Vous, policiers, en êtes les témoins au quotidien.
Mais au-delà de ce problème, c'est la chaîne pénale dans son ensemble qu'il faut revisiter, car je ne comprends pas qu'aujourd'hui il faille parfois attendre 20 rappels à la loi et une bonne dizaine de condamnations avec sursis pour enfin voir mis en prison un individu, qui, jusqu'alors n'avait comme réponse contraignante à ses méfaits que 24 heures de garde à vue et encore lorsque celle-ci n'était pas levée.
Avant de vous quitter, je voudrais aussi souligner le courage de deux d'entre vous, qui il y a quelques jours ont été pris à partie dans le quartier sensible de Saint-Jacques alors qu'ils tentaient d'interpeller un individu faisant du rodéo sur une moto volée.
Je connais votre motivation à tous et c'est une de vos principales qualités, mais partir tout seul ou même à deux à la poursuite d'un individu dans une cité sensible, les anciens vous le diront, ce n'est pas très raisonnable.
Alors mesdames, messieurs, ayez toujours à l'esprit que votre premier devoir de fonctionnaire de police, c'est de rentrer entiers chez vous le soir à la maison. Ce n'est pas une invitation à l'inaction mais à la raison.
Je vous remercie.

Source http://www.interieur.gouv.fr, le 7 juin 2006