Texte intégral
Q - Cette contribution signifie-t-elle un changement de la politique humanitaire française ?
La pauvreté n'est pas uniquement une affaire humanitaire, morale ou éthique. C'est véritablement, en Afrique, une arme de destruction massive. Cette question est donc l'un des plus grands problèmes actuels de politique internationale. Elle menace la stabilité de la planète, au même titre que la prolifération nucléaire ou l'intégrisme religieux. Le fossé se creuse entre le Nord qui devient de plus en plus riche et le Sud. La première conséquence de la pauvreté des pays africains, c'est la faiblesse des systèmes de santé publique. Le Sida touche 40 millions de personnes dans le monde dont 25 millions en Afrique. La tuberculose tue encore chaque année deux millions d'Africains alors que le médicament pour la soigner a été découvert en 1954 ! Si vous laissez la pauvreté envahir les trois-cinquièmes de la planète, il y aura des problèmes d'immigration majeurs. Ce qu'on a connu à Ceuta et Melilla ne sera qu'une vague de quelques millimètres par rapport à une vague énorme. Ni la loi, ni les mitraillettes ne pourront arrêter à nos frontières des millions de désespérés. Des personnes que les images des gaspillages de l'Occident peuvent conduire à l'intégrisme religieux voire au terrorisme.
Q - Ni l'ONU ni les aides bilatérales ne peuvent régler ces problèmes ?
R - Les structures existantes sont insuffisantes. C'est ce qu'ont dit Jacques Chirac et son homologue brésilien Lula en septembre 2004. Et les égoïsmes nationaux sont tels qu'on ne peut être assurés d'un financement régulier de l'aide au développement. D'où l'idée d'un financement pérenne innovant.
Q - Comment fonctionnera-t-il ?
R - A partir du premier juillet, une contribution de solidarité internationale sera prélevée sur tous les voyages en avion (low-cost ou non) au départ de France : un euro pour tout voyage dans l'Hexagone ou dans l'Union européenne, quatre euros pour les vols intercontinentaux, low-cost compris. Comme, à la suite de la France et du Brésil, 41 autres pays ont décidé de suivre ce chemin, on pourra récolter un milliard de dollars par an. Unitaid, ça veut dire "tous unis pour aider". Les citoyens du monde vont aider les citoyens du monde.
Q - A quoi servira cet argent ?
R - Les gens veulent bien donner mais, à juste titre, ils veulent savoir où va leur argent. J'ai eu l'idée, avec l'ancien président américain Bill Clinton, de créer une centrale d'achats de médicaments. J'ai aussi demandé à l'industrie pharmaceutique, qui l'a accepté, de casser les prix. Par exemple, le traitement d'un malade du Sida coûte 13.000 dollars par an et nous avons réussi à ramener ce coût à 150 dollars pour l'Afrique. Avec l'OMS, l'Unicef et les ONG, nous serons assurés que les médicaments arriveront bien à destination. Le temps presse. Un enfant meurt toutes les 30 secondes en Afrique.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2006
La pauvreté n'est pas uniquement une affaire humanitaire, morale ou éthique. C'est véritablement, en Afrique, une arme de destruction massive. Cette question est donc l'un des plus grands problèmes actuels de politique internationale. Elle menace la stabilité de la planète, au même titre que la prolifération nucléaire ou l'intégrisme religieux. Le fossé se creuse entre le Nord qui devient de plus en plus riche et le Sud. La première conséquence de la pauvreté des pays africains, c'est la faiblesse des systèmes de santé publique. Le Sida touche 40 millions de personnes dans le monde dont 25 millions en Afrique. La tuberculose tue encore chaque année deux millions d'Africains alors que le médicament pour la soigner a été découvert en 1954 ! Si vous laissez la pauvreté envahir les trois-cinquièmes de la planète, il y aura des problèmes d'immigration majeurs. Ce qu'on a connu à Ceuta et Melilla ne sera qu'une vague de quelques millimètres par rapport à une vague énorme. Ni la loi, ni les mitraillettes ne pourront arrêter à nos frontières des millions de désespérés. Des personnes que les images des gaspillages de l'Occident peuvent conduire à l'intégrisme religieux voire au terrorisme.
Q - Ni l'ONU ni les aides bilatérales ne peuvent régler ces problèmes ?
R - Les structures existantes sont insuffisantes. C'est ce qu'ont dit Jacques Chirac et son homologue brésilien Lula en septembre 2004. Et les égoïsmes nationaux sont tels qu'on ne peut être assurés d'un financement régulier de l'aide au développement. D'où l'idée d'un financement pérenne innovant.
Q - Comment fonctionnera-t-il ?
R - A partir du premier juillet, une contribution de solidarité internationale sera prélevée sur tous les voyages en avion (low-cost ou non) au départ de France : un euro pour tout voyage dans l'Hexagone ou dans l'Union européenne, quatre euros pour les vols intercontinentaux, low-cost compris. Comme, à la suite de la France et du Brésil, 41 autres pays ont décidé de suivre ce chemin, on pourra récolter un milliard de dollars par an. Unitaid, ça veut dire "tous unis pour aider". Les citoyens du monde vont aider les citoyens du monde.
Q - A quoi servira cet argent ?
R - Les gens veulent bien donner mais, à juste titre, ils veulent savoir où va leur argent. J'ai eu l'idée, avec l'ancien président américain Bill Clinton, de créer une centrale d'achats de médicaments. J'ai aussi demandé à l'industrie pharmaceutique, qui l'a accepté, de casser les prix. Par exemple, le traitement d'un malade du Sida coûte 13.000 dollars par an et nous avons réussi à ramener ce coût à 150 dollars pour l'Afrique. Avec l'OMS, l'Unicef et les ONG, nous serons assurés que les médicaments arriveront bien à destination. Le temps presse. Un enfant meurt toutes les 30 secondes en Afrique.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juin 2006