Déclaration de M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur les priorités de la politique de sécurité routière en direction des jeunes, notamment en matière de formation et de prévention de l'alcool et du cannabis, Paris le 12 juin 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Dominique Perben - Ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer

Circonstance : Clôture des 13e rencontres parlementaires sur la route et la sécurité routière à Paris, le 12 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Mesdames, messieurs,

Je me réjouis tout particulièrement d'être parmi vous cet après-midi pour clôturer ces 13èmes rencontres parlementaires sur la route et la sécurité routière.
Je remercie Hervé MARITON, à la fois pour l'organisation de cette manifestation et le choix de son thème « jeunes et sécurité routière : un défi à relever ».
J'ai vu que le programme de travail des deux tables rondes avait été particulièrement dense.
Mon intervention n'aura donc pas vocation à être exhaustive. Elle se limitera aux points essentiels sur lesquels je souhaite tout particulièrement appeler votre attention.

I - Malgré les progrès considérables constatés depuis 4 ans, les jeunes restent une catégorie sociale particulièrement exposée au risque routier.
J'ai eu l'occasion de rappeler, la semaine dernière devant vous, mesdames et messieurs les députés, le très bon bilan de la politique de sécurité routière menée en France depuis, la formidable impulsion donnée par le Président de la République, le 14 juillet 2002.
Nous avons ainsi réussi, grâce à la mobilisation de tous, à sauver plus de 8 000 vies et éviter 100 000 blessés au cours des quatre années écoulées.
Le nombre de personnes tuées sur nos routes a baissé de 31 % entre 2002 et 2005 pour atteindre le chiffre « historique » de 4975.
Cela signifie que l'objectif ambitieux visant à passer sous le seuil des « 5000 personnes tuées » fin 2005 a été atteint.
Nous continuons à enregistrer des résultats très encourageants, puisque sur les 5 premiers mois de 2006, la baisse est de 11,4 %. Cela signifie 224 vies sauvées par rapport à l'année dernière, à la même époque.
Les 15 - 24 ans restent pourtant une catégorie sociale toujours sur-exposée en terme d'accidentalité routière : ils représentent 13 % de la population et 28 % des personnes tuées. La route reste la première cause de mortalité pour les membres de cette tranche d'âge et notamment pour les garçons.
Le bilan définitif de l'année 2005 que j'ai présenté la semaine dernière montre néanmoins des signes encourageants avec une forte baisse du nombre de tués pour deux classes d'âge de je unes :

  • pour les moins de 15 ans, le nombre de tués a diminué de 25 % par rapport à 2004 ;
  • pour les 18 - 24 ans, la baisse est de 6,9 % ;
  • à l'inverse, la classe des 15 -17 ans a vu son nombre de tués augmenter de 12,6 %.

L'insécurité routière qui frappe les jeunes présente un certain nombre de spécificités qui ont été analysées en détail durant ces 13émes rencontres parlementaires et qui appellent des réponses adaptées.

II - Les priorités de ma politique de sécurité routière en direction des jeunes
2.1- En matière de formation
Le permis à 1 euro par jour a été lancé le 3 octobre 2005. Plus de la moitié des auto - écoles ont à ce jour signé une charte avec l'Etat et plus de 40 000 prêts ont été accordés par les établissements de crédits. Cette mesure en faveur de l'insertion des jeunes a également un impact en terme de sécurité routière à travers les chartes de qualité, signées avec l'Etat.
L'attestation scolaire de sécurité routière qui est une pièce importante du continuum éducatif et un élément constitutif du permis de conduire, vient d'être modernisée. L'épreuve se déroule maintenant avec un outil multimédia de 400 questions et les candidats ont la possibilité de passer plusieurs fois l'examen.
L'épreuve théorique générale du permis de conduire (le code de la route) va se trouvée enrichie de nouvelles questions portant sur les usagers vulnérables, l'éco-conduite, le permis probatoire, le contrôle sanction automatisé. Toutes ces problématiques ont en commun de promouvoir une conduite apaisée auprès d'une classe d'âge dont une minorité des membres reste tentée par les conduites à risque.

2.2 - En matière de prévention de l'alcool et du cannabis
La mortalité routière des jeunes est particulièrement élevée en fin de semaine. Elle est fortement corrélée aux sorties du samedi soir et à la consommation d'alcool et de cannabis.
Le mélange des deux substances multiplie par 15 le risque de provoquer un accident et d'en être la première victime.
Une importante campagne sur la prévention de l'alcool, notamment à l'occasion des sorties en discothèques du samedi soir , a été lancée en 2005 avec le personnage de « SAM - celui qui conduit et ne boit pas » pour ramener ses amis en vie.
Nos enquêtes d'impact montrent que les jeunes se sont bien appropriés ce personnage de SAM. Il continuera à faire l'objet de campagnes de communication ciblées, notamment au moment des vacances d'été et de Noël, les plus sensibles en matière de consommation d'alcool.
En matière de prévention et de lutte contre le cannabis, l'enquête « stupéfiants accidents mortels » dont les résultats ont été publiés en décembre 2005 , a démontré que cette substance était directement à l'origine de 230 morts par an sur nos routes. A partir de ce diagnostic, une campagne d' information et de sensibilisation aux dangers du cannabis vient d'être lancée autour d'une plate forme d'échange, d'un site Internet dédié, de spots radio et d'affiches.
Parallèlement, le travail se poursuit, en lien avec le ministère de l'intérieur pour adopter
un test de dépistage salivaire fiable dans les meilleurs délai. 2.3 - En matière de lutte contre le débridage des deux roues motorisés Concernant les jeunes, le risque particulier des deux roues motorisés (cyclomoteurs et motos) et de l'âge sont particulièrement corrélés.
La loi du 5 janvier 2006 sur la sécurité et le développement des transports, vous le savez, marque une étape importante en matière de lutte contre le débridage.
Les sanctions ont été considérablement durcies à l'encontre des professionnels qui mettraient en vente des deux roues motorisés, débridés ou des matériels de débridage. Les sanctions encourues vont jusqu'à des peines d'emprisonnement de 2 ans, 30 000 euros d'amende et une interdiction d'exercer son activité professionnelle pendant une durée de 5 ans.
Le défi « jeunes » est une priorité permanente des pouvoirs publics dont l'action est relayée et amplifiée par de nombreuses associations que je tiens à remercier tout particulièrement.
Trouver le bon équilibre entre le nécessaire contrôle/sanction, la prévention et l'éducation, tel est le défi que nous devons relever, responsables publics et acteurs de la société civile face à la surexposition au risque routier que présentent les jeunes.
Seule une action simultanée sur l'ensemble des facteurs d'accidents (formation, alcool, stupéfiants, vitesse, respect des règles) est à même de produire des résultats.
Ce thème choisi pour cette 13ème édition des « Rencontres parlementaires sur la route et la sécurité routière », organisées par Hervé MARITON était particulièrement judicieux. Mais la lutte contre l'insécurité routière chez les jeunes concerne également les adultes dans leur rôle de parent et d'éducateur.
Les conduites à risque ont pour point commun une mise en danger plus ou moins volontaire de soi, sur la route ou ailleurs. Il appartient à chacun d'entre nous d'aider nos jeunes à effectuer ce passage vers l'âge adulte dans les meilleures conditions possibles.

Source http://www.equipement.gouv.fr, le 16 juin 2006