Texte intégral
Q - On entend beaucoup parler de merroutage : mais, dans le concret, tout semble aller au ralenti. Qu'en est-il du projet de transport des camions notamment par voie maritime entre Toulon et Gênes ?
R - Le rééquilibrage entre les modes de transports dans une perspective de développement durable est à mes yeux indispensable. Le gouvernement est très favorable au merroutage pour qu'il devienne une vraie alternative à la route. Le projet de transport de camions par voie maritime entre Toulon et Gênes constitue un bon exemple d'alternative économique et écologique au transport routier. D'autres lignes, telles que la liaison maritime entre Toulon et Rome (Civitavecchia) que j'ai pu voir en juillet 2005, illustrent toutes les avantages que l'on peut tirer de ces autoroutes de la mer : moins de pollution, moins de trafic sur notre réseau routier, moins de risque d'accident. Pour qu'elles se développent, nous souhaitons qu'elles bénéficient d'un financement à la hauteur de l'enjeu. Le Premier ministre a, pour cela, décidé de transmettre à la Commission européenne une demande de financements européens.
Q - Bruxelles c'est pour les pêcheurs azuréens une Europe qui leur fait souvent peur. A tort ou à raison. Mais à leurs yeux, elle est synonyme de réglementation trop souvent tatillonne avec, pour conséquence, une réduction de leurs activités. Que faire pour les rassurer ?
R - L'ouverture des marchés en Europe constitue pour les pêcheurs et les aquaculteurs français des acquis majeurs pour maintenir et développer des secteurs économiques des régions littorales. Pour 2007-2013, le soutien européen passera notamment par le Fonds européen pour la pêche (FEP), nouvellement créé. Les avancées obtenues au bout de deux ans de négociations sont nombreuses, grâce notamment à l'engagement de M. Dominique Bussereau, ministre de l'Agriculture et de la Pêche, en particulier pour moderniser la flotte et permettre l'installation des jeunes. Le montant des aides d'Etat qui pourront être versées sans autorisation préalable passera de 3 000 à 30 000 euros par entreprise sur trois ans en cas de crise. Les aides de l'Europe permettront d'améliorer la sélectivité des engins, la promotion et la qualité des produits ou encore d'adapter les entreprises au gazole cher. Par ailleurs, notre proposition de constituer une "réserve de jauge" se réalise : une partie des tonneaux de jauge des navires sortis de flotte pourra être réaffectée dans des projets de construction ou d'agrandissement de navires. Cette réserve va ainsi contribuer à améliorer la sécurité, le confort et la qualité à bord. C'est un acquis important de la négociation que nous avons menée à Bruxelles.
Q - La mer, et notamment la Méditerranée, n'a pas vraiment de frontière : peut-on espérer que les pays riverains - au Nord mais au Sud aussi - s'associeront pour veiller à une meilleure qualité des eaux menacées par bien des aspects ?
R - La protection de l'environnement est l'un des sujets majeurs des relations euro-méditerranéennes. Le programme d'action adopté par tous les pays de l'Union et les pays riverains lors du Sommet de Barcelone en novembre 2005 pour les 5 prochaines années est particulièrement important : il prévoit la mise en oeuvre de la stratégie méditerranéenne pour le développement durable et la définition d'une feuille de route pour la dépollution de la Méditerranée d'ici 2020. L'objectif est de trouver des solutions à toutes les sources de pollution (émissions industrielles, déchets urbains et notamment les eaux usées). Il s'agit d'une démarche intégrée et nous plaidons pour qu'elle s'inscrive dans le cadre international existant pour la Méditerranée. J'espère que cette feuille de route sera adoptée lors de la prochaine réunion des ministres de l'Environnement qui se tiendra au Caire le 20 novembre prochain.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juin 2006