Texte intégral
Q - Quelle est la tendance qui va être annoncée ce jeudi matin à partir des statistiques des douanes pour le commerce extérieur dans les six premiers mois de l'année ?
R - Les tendances que j'annoncerai tout à l'heure sont bonnes, et les nouvelles sont bonnes en matière d'exportation. Les entreprises sont en train à nouveau de battre des records d'exportation avec des augmentations supérieures à 7%, pour les chiffres trimestriels que je réserve pour tout à l'heure, et surtout ce qui est important, c'est que nous exportons maintenant plus que nous importons. Ce qui est important puisque nous sommes en train de nous attaquer à notre déficit du commerce extérieur qui va en se réduisant.
Q - C'est-à-dire que les chiffres officiels seront donc donnés dans trois quarts d'heure - vous ne pouvez pas les donner avant -, mais ce sont les tendances. Est-ce que l'on peut dire actuellement que c'est meilleur que l'an dernier à la même époque ?
R - Oui, indéniablement. C'est nettement meilleur que l'année dernière et cela prouve que nos entreprises françaises ont décidé de réorienter leurs exportations vers les zones à forte croissance. C'est très net dans nos résultats où nous voyons que vers les Etats-Unis, vers la Chine, vers l'Inde et vers la Russie ainsi que vers le Japon, qui étaient nos cinq pays pilotes. Clairement, les exportations se redressent largement plus que la moyenne ; donc, vraiment les entreprises prennent le cap des marchés en croissance.
Q - Peut-on dire quel est, en valeur, le pourcentage de la France dans le marché mondial ?
R - Oui, c'est à peu près 5%. 5% du commerce mondial sont réalisés par des entreprises françaises.
Q - Quel est le bon niveau d'exportation pour que la France maintienne ses positions ?
R - Il faudrait continuer à croître au même rythme que la croissance du commerce mondial, parce que cela voudrait dire que nous stabilisons nos parts de marché, ce qui est le cas aujourd'hui. Et si on peut faire mieux, plus, cela voudrait dire que nous gagnons des parts de marché, ce qui est très difficile évidemment dans un marché mondial où, comme vous le savez, des acteurs comme la Chine, comme l'Inde mais aussi comme la Turquie ou comme la Pologne, essaient eux aussi de gagner des parts de marché. Mais pour l'instant, on est plus que stabilisé.
Donc, c'est bon.
Q - Est-ce que vous envisagez de nouvelles mesures pour stimuler les exportateurs français ?
R - Vous me lancez sur un sujet qui m'irrite particulièrement. Je vais vous dire pourquoi : parce que ce que les entreprises me disent - et ce que j'ai vécu moi, comme chef d'entreprise -, c'est que l'on a plus intérêt à véritablement mettre en musique les mesures annoncées plutôt qu'à continuer à faire systématiquement des annonces. Je m'explique. Bien souvent, on annonce et puis les mesures ne sont pas tout à fait prêtes, et puis surtout on essaie de remettre systématiquement des couches supplémentaires de mesures. Alors que ce que me disent en matière d'exportation, en tout cas les entreprises, c'est : "simplifiez, donnez de la lisibilité, de l'efficacité aux mesures mais n'en rajoutez pas plus que nous n'en avons déjà". Simplifier avant tout, élaguer et supprimer les mesures qui ne servent à rien et proposer des mesures qui soient efficaces et facile à utiliser pour les entreprises.
Q - On a entendu donc les tendances, mais comment est-ce que vous évaluez l'impact de la hausse du prix du pétrole sur le commerce extérieur français ?
R - Une précision d'abord : compte tenu de la politique énergétique française qui, vous le savez, depuis des années maintenant est axée sur une diversité de sources, notamment de la source électronucléaire, nous avons pu réduire notre dépendance énergétique. En 1974, si on prend un chiffre de référence, la valeur de la facture énergétique correspondait à peu près à 4 points de produit intérieur brut. C'est-à-dire que 4 points de notre production étaient consacrés à l'énergie.
Aujourd'hui, c'est 2,1 points de PIB qui sont consacrés à de l'énergie.
Q - Cela veut dire, donc, que l'on n'est pas trop dépendant ?
R - Non, cela veut dire que l'on a réduit notre dépendance considérablement et beaucoup plus que nos voisins. En revanche, bien entendu, l'augmentation de la facture pétrolière va peser sur le commerce extérieur parce que nous allons devoir continuer à acheter du pétrole, puisque nous en consommons à un taux qui va être plus élevé. Aujourd'hui d'ailleurs, la facture pétrolière explique largement une grande partie du déficit du commerce extérieur.
Q - Sur quelle hypothèse de prix du pétrole tablez-vous dans les semaines qui viennent ?
R - On travaille sur des hypothèses qui vont de 75 à 100 dollars ; je crois qu'il faut être réaliste et envisager les scénarios roses et puis les scénarios plus sombres.
Q - Pourrait-il y avoir un retour en arrière, c'est-à-dire une baisse ?
R - Cela parait très improbable, parce que la Chine et l'Inde qui sont des pays émergents à forte croissance sont eux aussi des pays gros consommateurs de pétrole et qui n'en produisent quasiment pas.
D'autre part, il y a un certain nombre de menaces qui pèsent, avec la saison des ouragans qui arrive, avec le pipeline de British petroleum en Alaska qui est arrêté actuellement pour des raisons de protection de l'environnement. Donc, je ne pense pas que l'on soit dans une période de baisse, même si on ne tenait pas compte des foyers de tensions dans le monde, comme au Moyen-Orient ou au Proche-Orient. On est dans une période de raréfaction des ressources et cela va nous amener à changer nos comportements. Ce qui ne veut pas dire nécessairement que l'on fera moins de croissance ou que l'on se portera plus mal, mais on réfléchira peut-être à deux fois avant de prendre une voiture, on prendra moins facilement un avion qu'on ne le fait actuellement.
Q - A part le pétrole, il y a les taux d'intérêts qui ont été relevés par la Banque centrale européenne il y a huit jours, alors qu'en revanche, la réserve fédérale américaine n'a pas modifié ses taux, par crainte d'un ralentissement de la croissance. Cette différence de rythme économique des deux côtés de l'Atlantique, est-ce que cela peut être inquiétant ?
R - Cela prouve d'abord que nos économies européennes sont en croissance et sont en bonne évolution. En revanche, aux Etats-Unis, on constate depuis quelques semaines un ralentissement de l'économie américaine, que l'on a intégré dans nos prévisions et qui est manifesté par ce mouvement sur les taux d'intérêts. Moi, cela me soucie un peu parce que les Etats-Unis sont évidemment un de nos pays pilotes.
Q - Une récession chez eux serait redoutable pour nous ?
R - Pour les exportations en tout cas, ce serait ennuyeux, puisque cela correspond à 10% de nos exportations. Et puis, de toute façon, l'économie américaine, compte tenu de sa taille, de son volume, de ses effets d'entraînement, lorsqu'elle s'essouffle, on peine toujours un peu derrière.
Q - Les négociations de l'OMC, l'organisation mondiale du commerce, ont été suspendues fin juillet. Le blocage vient surtout des dossiers agricoles, mais enfin l'absence d'accord est-ce que c'est préjudiciable selon vous ou bien après tout, on peut très bien se passer de l'OMC pour faire du commerce ?
R - Le commerce continue de toute façon et il y a des accords bilatéraux qui existent ; et puis, on a une zone de l'Union européenne dans laquelle on exporte à peu près 66% de nos exportations. Ceci étant, le commerce multilatéral est important puisque c'est la seule façon d'intégrer les pays les moins développés dans un mouvement qui doit nous entraîner tous vers une croissance mieux répartie.
Q - Autrement dit, la France pourrait avoir une initiative pour relancer cette négociation ?
R - Ce n'est pas seulement la France puisque vous savez que, dans l'OMC, on dialogue au travers de l'Union européenne et que c'est la Commission européenne qui représente tous les Etats membres. Mais il n'est pas exclu qu'on fasse des propositions.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2006
R - Les tendances que j'annoncerai tout à l'heure sont bonnes, et les nouvelles sont bonnes en matière d'exportation. Les entreprises sont en train à nouveau de battre des records d'exportation avec des augmentations supérieures à 7%, pour les chiffres trimestriels que je réserve pour tout à l'heure, et surtout ce qui est important, c'est que nous exportons maintenant plus que nous importons. Ce qui est important puisque nous sommes en train de nous attaquer à notre déficit du commerce extérieur qui va en se réduisant.
Q - C'est-à-dire que les chiffres officiels seront donc donnés dans trois quarts d'heure - vous ne pouvez pas les donner avant -, mais ce sont les tendances. Est-ce que l'on peut dire actuellement que c'est meilleur que l'an dernier à la même époque ?
R - Oui, indéniablement. C'est nettement meilleur que l'année dernière et cela prouve que nos entreprises françaises ont décidé de réorienter leurs exportations vers les zones à forte croissance. C'est très net dans nos résultats où nous voyons que vers les Etats-Unis, vers la Chine, vers l'Inde et vers la Russie ainsi que vers le Japon, qui étaient nos cinq pays pilotes. Clairement, les exportations se redressent largement plus que la moyenne ; donc, vraiment les entreprises prennent le cap des marchés en croissance.
Q - Peut-on dire quel est, en valeur, le pourcentage de la France dans le marché mondial ?
R - Oui, c'est à peu près 5%. 5% du commerce mondial sont réalisés par des entreprises françaises.
Q - Quel est le bon niveau d'exportation pour que la France maintienne ses positions ?
R - Il faudrait continuer à croître au même rythme que la croissance du commerce mondial, parce que cela voudrait dire que nous stabilisons nos parts de marché, ce qui est le cas aujourd'hui. Et si on peut faire mieux, plus, cela voudrait dire que nous gagnons des parts de marché, ce qui est très difficile évidemment dans un marché mondial où, comme vous le savez, des acteurs comme la Chine, comme l'Inde mais aussi comme la Turquie ou comme la Pologne, essaient eux aussi de gagner des parts de marché. Mais pour l'instant, on est plus que stabilisé.
Donc, c'est bon.
Q - Est-ce que vous envisagez de nouvelles mesures pour stimuler les exportateurs français ?
R - Vous me lancez sur un sujet qui m'irrite particulièrement. Je vais vous dire pourquoi : parce que ce que les entreprises me disent - et ce que j'ai vécu moi, comme chef d'entreprise -, c'est que l'on a plus intérêt à véritablement mettre en musique les mesures annoncées plutôt qu'à continuer à faire systématiquement des annonces. Je m'explique. Bien souvent, on annonce et puis les mesures ne sont pas tout à fait prêtes, et puis surtout on essaie de remettre systématiquement des couches supplémentaires de mesures. Alors que ce que me disent en matière d'exportation, en tout cas les entreprises, c'est : "simplifiez, donnez de la lisibilité, de l'efficacité aux mesures mais n'en rajoutez pas plus que nous n'en avons déjà". Simplifier avant tout, élaguer et supprimer les mesures qui ne servent à rien et proposer des mesures qui soient efficaces et facile à utiliser pour les entreprises.
Q - On a entendu donc les tendances, mais comment est-ce que vous évaluez l'impact de la hausse du prix du pétrole sur le commerce extérieur français ?
R - Une précision d'abord : compte tenu de la politique énergétique française qui, vous le savez, depuis des années maintenant est axée sur une diversité de sources, notamment de la source électronucléaire, nous avons pu réduire notre dépendance énergétique. En 1974, si on prend un chiffre de référence, la valeur de la facture énergétique correspondait à peu près à 4 points de produit intérieur brut. C'est-à-dire que 4 points de notre production étaient consacrés à l'énergie.
Aujourd'hui, c'est 2,1 points de PIB qui sont consacrés à de l'énergie.
Q - Cela veut dire, donc, que l'on n'est pas trop dépendant ?
R - Non, cela veut dire que l'on a réduit notre dépendance considérablement et beaucoup plus que nos voisins. En revanche, bien entendu, l'augmentation de la facture pétrolière va peser sur le commerce extérieur parce que nous allons devoir continuer à acheter du pétrole, puisque nous en consommons à un taux qui va être plus élevé. Aujourd'hui d'ailleurs, la facture pétrolière explique largement une grande partie du déficit du commerce extérieur.
Q - Sur quelle hypothèse de prix du pétrole tablez-vous dans les semaines qui viennent ?
R - On travaille sur des hypothèses qui vont de 75 à 100 dollars ; je crois qu'il faut être réaliste et envisager les scénarios roses et puis les scénarios plus sombres.
Q - Pourrait-il y avoir un retour en arrière, c'est-à-dire une baisse ?
R - Cela parait très improbable, parce que la Chine et l'Inde qui sont des pays émergents à forte croissance sont eux aussi des pays gros consommateurs de pétrole et qui n'en produisent quasiment pas.
D'autre part, il y a un certain nombre de menaces qui pèsent, avec la saison des ouragans qui arrive, avec le pipeline de British petroleum en Alaska qui est arrêté actuellement pour des raisons de protection de l'environnement. Donc, je ne pense pas que l'on soit dans une période de baisse, même si on ne tenait pas compte des foyers de tensions dans le monde, comme au Moyen-Orient ou au Proche-Orient. On est dans une période de raréfaction des ressources et cela va nous amener à changer nos comportements. Ce qui ne veut pas dire nécessairement que l'on fera moins de croissance ou que l'on se portera plus mal, mais on réfléchira peut-être à deux fois avant de prendre une voiture, on prendra moins facilement un avion qu'on ne le fait actuellement.
Q - A part le pétrole, il y a les taux d'intérêts qui ont été relevés par la Banque centrale européenne il y a huit jours, alors qu'en revanche, la réserve fédérale américaine n'a pas modifié ses taux, par crainte d'un ralentissement de la croissance. Cette différence de rythme économique des deux côtés de l'Atlantique, est-ce que cela peut être inquiétant ?
R - Cela prouve d'abord que nos économies européennes sont en croissance et sont en bonne évolution. En revanche, aux Etats-Unis, on constate depuis quelques semaines un ralentissement de l'économie américaine, que l'on a intégré dans nos prévisions et qui est manifesté par ce mouvement sur les taux d'intérêts. Moi, cela me soucie un peu parce que les Etats-Unis sont évidemment un de nos pays pilotes.
Q - Une récession chez eux serait redoutable pour nous ?
R - Pour les exportations en tout cas, ce serait ennuyeux, puisque cela correspond à 10% de nos exportations. Et puis, de toute façon, l'économie américaine, compte tenu de sa taille, de son volume, de ses effets d'entraînement, lorsqu'elle s'essouffle, on peine toujours un peu derrière.
Q - Les négociations de l'OMC, l'organisation mondiale du commerce, ont été suspendues fin juillet. Le blocage vient surtout des dossiers agricoles, mais enfin l'absence d'accord est-ce que c'est préjudiciable selon vous ou bien après tout, on peut très bien se passer de l'OMC pour faire du commerce ?
R - Le commerce continue de toute façon et il y a des accords bilatéraux qui existent ; et puis, on a une zone de l'Union européenne dans laquelle on exporte à peu près 66% de nos exportations. Ceci étant, le commerce multilatéral est important puisque c'est la seule façon d'intégrer les pays les moins développés dans un mouvement qui doit nous entraîner tous vers une croissance mieux répartie.
Q - Autrement dit, la France pourrait avoir une initiative pour relancer cette négociation ?
R - Ce n'est pas seulement la France puisque vous savez que, dans l'OMC, on dialogue au travers de l'Union européenne et que c'est la Commission européenne qui représente tous les Etats membres. Mais il n'est pas exclu qu'on fasse des propositions.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2006