Texte intégral
Q - Au Parti socialiste comme à l'UMP, actuellement il est surtout
question des prochaines élections présidentielle et législatives. Est-
ce aussi dans cette perspective que le président de l'UDF est en visite
à La Réunion ?
R - Non, il s'agit d'une visite amicale faite en dehors des périodes
électorales pour montrer qu'il y a des candidats qui ne viennent pas
seulement à La Réunion en période électorale pour des raisons
électorales. Depuis longtemps, Cyrille Hamilcaro, maire de Saint-Louis
et vice-président du conseil général de La Réunion m'avait fait l'
amitié de m'inviter à participer aux fêtes de sa ville. C'est avec
plaisir que je réponds aujourd'hui à son invitation. J'en profite pour
rencontrer des scientifiques, en l'occurrence Serge Svizzero, le
président de l'université, et Christian Lefebvre, directeur du
laboratoire de recherches en biochimie et génétique, pour savoir où en
est la guerre contre le moustique. Les travaux qui sont menés dans ce
sens me paraissent importants non seulement pour la lutte contre le
chikungunya qui est loin d'être gagnée, mais aussi pour toutes les
autres maladies transmises par des moustiques.
Q - Vous êtes quand même l'un des candidats déclarés dans la course à
l'Élysée. A ce titre quelle est votre vision de La Réunion et avez-vous
pour l'île un projet particulier ?
R - C'est la cinquième ou sixième fois que je viens ici. Je suis
attaché à La Réunion pour l'expérience que cela représente, à savoir la
rencontre de communautés. J'apprécie également le fait qu'il y a ici
des gens très actifs et très entreprenants. Je suis frappé par cette
jeunesse qui bouge et n'hésite pas à partir étudier loin de chez soi,
au Canada ou en Australie, par exemple. En tant qu'ancien ministre de
l'Éducation, j'y suis très sensible. " C'est vrai qu'à l'intérieur d'un
programme politique pour la France, il est important de définir un
projet pour La Réunion. Quand viendra le temps du programme, j'en
parlerai. C'est trop tôt pour le moment. Ce qui ne m'empêche pas de
savoir qu'il y a ici des chantiers très importants sur le plan des
financements publics, comme le tram-train et la route des Tamarins. Je
dois d'ailleurs en parler avec la présidente du conseil général, avec
qui je dois déjeuner dimanche midi.
Q - Vous allez donc rencontrer Nassimah Dindar mais pas Jean-Paul
Virapoullé. Est-ce à dire que le divorce est définitivement consommé
avec le fondateur de La Relève qui a rallié l'UMP ?
R - Ce que je vois, c'est que les gens ne sont pas à l'aise dans l'UMP.
Ceux qui sont autour de Jean-Paul Virapoullé n'ont pas vocation à être
pliés et soumis. Je ne suis pas contre l'idée de La Relève, c'est celle
que j'ai développée pour faire naître quelque chose de nouveau. Et ça
fonctionne, j'en veux pour preuve tout ce que fait déjà Cyrille
Hamilcaro qui, j'en suis sûr, fera un bon député. Je suis heureux de
voir que de nouveaux responsables politiques font leur chemin. "Autre
exemple, celui d'Anne-Marie Payet qui a été la première personne à
évoquer la question du chikungunya au Sénat, dans l'indifférence
générale. Ce qui ne l'a pas empêchée de remonter au créneau à plusieurs
reprises jusqu'à ce que l'intérêt du sujet soit enfin reconnu. C'est ça
l'UDF. Et si aujourd'hui l'UDF a formé La Relève et puis est partie à
l'UMP, c'est vrai que ça provoque un creux à l'UDF, mais cela ne durera
pas. La génération des responsables politiques actuels est une
génération dont l'avenir est derrière elle. Ce qui ne m'empêche de
considérer que sur le fond, ils avaient raison. Je ne renie rien des
combats politiques qui ont été menés, comme par exemple, contre
labidépartementalisation ou pour une meilleure utilisation des
contributions sociales en faveur de l'emploi. De ce point de vue, Jean
-Paul Virapoullé a été le père du RMA. Je reste parfaitement en phase
avec les critiques qu'ils forment sur les projets pharaoniques en cours
à La Réunion, et de façon plus générale sur l'usage qui est fait des
fonds publics.
Q - La porte n'est donc pas fermée pour une éventuelle réconciliation ?
R - Les portes doivent toujours rester ouvertes. Pour tout le monde et
surtout pour des jeunes qui, j'espère trouveront leur place à côté des
élus que nous avons ici et à Mayotte. C'est avec eux que nous allons
reconstruire l'UDF.
Q - A propos de Mayotte justement d'où vous arrivez, quel est votre
sentiment concernant le problème d'immigration clandestine massive ?
R - D'abord, à propos de Mayotte, je veux rappeler que je suis
favorable à la départementalisation que la population appelle de ces
voeux. Je crois qu'il faut répondre aux aspirations de cette société
mahoraise qui a quelque chose d'unique, à savoir qu'elle est à la fois
très jeune et très attachée à ses traditions. Elle se caractérise par
un islam ouvert et un fort attachement à la France, mais il est vrai
qu'aucune communauté ne pourrait résister sans dommage à une
immigration aussi massive. Je crois qu'il y a au moins deux choses à
faire. D'abord, l'Etat français doit dire plus clairement et plus
fermement ses conditions aux Comores. Les aides doivent être utilisées
plus efficacement. Par ailleurs, je l'ai déjà dit, le droit du sol ne
peut pas continuer à s'appliquer à Mayotte, comme en Guyane, et dans
une moindre mesure en Guadeloupe. Tout en étant sensible à la misère
qui touche les habitants de la forêt brésilienne, de Haïti, comme des
Comores, on ne peut pas laisser une partie de la maison France être
déstabilisée par de tels flux migratoires. Et qu'on ne me parle pas de
racisme, car à Mayotte, il s'agit de gens de même origine, parfois de
la même famille.
Q - Vos choix concernant Mayotte semblent assez arrêtés, mais vous n'
avez vraiment rien à dire concernant La Réunion ?
R - Le moment venu, j'aurai bien évidemment des choses à dire sur La
Réunion. D'ici là, je vais nourrir ma réflexion des entretiens que je
vais avoir durant ce week-end. Je vais notamment écouter ce qu'ont à
dire les responsables économiques. Je vais rencontrer les militants
aussi, ainsi que des jeunes avec qui je dois passer une heure à la
Maison des Bons Enfants, à Saint-Louis, à 16 heures aujourd'hui. Et
puis, je reviendrai pour en parler.
Propos recueillis par Renaud Guiliani source http://www.udf.org, le 29 août 2006
question des prochaines élections présidentielle et législatives. Est-
ce aussi dans cette perspective que le président de l'UDF est en visite
à La Réunion ?
R - Non, il s'agit d'une visite amicale faite en dehors des périodes
électorales pour montrer qu'il y a des candidats qui ne viennent pas
seulement à La Réunion en période électorale pour des raisons
électorales. Depuis longtemps, Cyrille Hamilcaro, maire de Saint-Louis
et vice-président du conseil général de La Réunion m'avait fait l'
amitié de m'inviter à participer aux fêtes de sa ville. C'est avec
plaisir que je réponds aujourd'hui à son invitation. J'en profite pour
rencontrer des scientifiques, en l'occurrence Serge Svizzero, le
président de l'université, et Christian Lefebvre, directeur du
laboratoire de recherches en biochimie et génétique, pour savoir où en
est la guerre contre le moustique. Les travaux qui sont menés dans ce
sens me paraissent importants non seulement pour la lutte contre le
chikungunya qui est loin d'être gagnée, mais aussi pour toutes les
autres maladies transmises par des moustiques.
Q - Vous êtes quand même l'un des candidats déclarés dans la course à
l'Élysée. A ce titre quelle est votre vision de La Réunion et avez-vous
pour l'île un projet particulier ?
R - C'est la cinquième ou sixième fois que je viens ici. Je suis
attaché à La Réunion pour l'expérience que cela représente, à savoir la
rencontre de communautés. J'apprécie également le fait qu'il y a ici
des gens très actifs et très entreprenants. Je suis frappé par cette
jeunesse qui bouge et n'hésite pas à partir étudier loin de chez soi,
au Canada ou en Australie, par exemple. En tant qu'ancien ministre de
l'Éducation, j'y suis très sensible. " C'est vrai qu'à l'intérieur d'un
programme politique pour la France, il est important de définir un
projet pour La Réunion. Quand viendra le temps du programme, j'en
parlerai. C'est trop tôt pour le moment. Ce qui ne m'empêche pas de
savoir qu'il y a ici des chantiers très importants sur le plan des
financements publics, comme le tram-train et la route des Tamarins. Je
dois d'ailleurs en parler avec la présidente du conseil général, avec
qui je dois déjeuner dimanche midi.
Q - Vous allez donc rencontrer Nassimah Dindar mais pas Jean-Paul
Virapoullé. Est-ce à dire que le divorce est définitivement consommé
avec le fondateur de La Relève qui a rallié l'UMP ?
R - Ce que je vois, c'est que les gens ne sont pas à l'aise dans l'UMP.
Ceux qui sont autour de Jean-Paul Virapoullé n'ont pas vocation à être
pliés et soumis. Je ne suis pas contre l'idée de La Relève, c'est celle
que j'ai développée pour faire naître quelque chose de nouveau. Et ça
fonctionne, j'en veux pour preuve tout ce que fait déjà Cyrille
Hamilcaro qui, j'en suis sûr, fera un bon député. Je suis heureux de
voir que de nouveaux responsables politiques font leur chemin. "Autre
exemple, celui d'Anne-Marie Payet qui a été la première personne à
évoquer la question du chikungunya au Sénat, dans l'indifférence
générale. Ce qui ne l'a pas empêchée de remonter au créneau à plusieurs
reprises jusqu'à ce que l'intérêt du sujet soit enfin reconnu. C'est ça
l'UDF. Et si aujourd'hui l'UDF a formé La Relève et puis est partie à
l'UMP, c'est vrai que ça provoque un creux à l'UDF, mais cela ne durera
pas. La génération des responsables politiques actuels est une
génération dont l'avenir est derrière elle. Ce qui ne m'empêche de
considérer que sur le fond, ils avaient raison. Je ne renie rien des
combats politiques qui ont été menés, comme par exemple, contre
labidépartementalisation ou pour une meilleure utilisation des
contributions sociales en faveur de l'emploi. De ce point de vue, Jean
-Paul Virapoullé a été le père du RMA. Je reste parfaitement en phase
avec les critiques qu'ils forment sur les projets pharaoniques en cours
à La Réunion, et de façon plus générale sur l'usage qui est fait des
fonds publics.
Q - La porte n'est donc pas fermée pour une éventuelle réconciliation ?
R - Les portes doivent toujours rester ouvertes. Pour tout le monde et
surtout pour des jeunes qui, j'espère trouveront leur place à côté des
élus que nous avons ici et à Mayotte. C'est avec eux que nous allons
reconstruire l'UDF.
Q - A propos de Mayotte justement d'où vous arrivez, quel est votre
sentiment concernant le problème d'immigration clandestine massive ?
R - D'abord, à propos de Mayotte, je veux rappeler que je suis
favorable à la départementalisation que la population appelle de ces
voeux. Je crois qu'il faut répondre aux aspirations de cette société
mahoraise qui a quelque chose d'unique, à savoir qu'elle est à la fois
très jeune et très attachée à ses traditions. Elle se caractérise par
un islam ouvert et un fort attachement à la France, mais il est vrai
qu'aucune communauté ne pourrait résister sans dommage à une
immigration aussi massive. Je crois qu'il y a au moins deux choses à
faire. D'abord, l'Etat français doit dire plus clairement et plus
fermement ses conditions aux Comores. Les aides doivent être utilisées
plus efficacement. Par ailleurs, je l'ai déjà dit, le droit du sol ne
peut pas continuer à s'appliquer à Mayotte, comme en Guyane, et dans
une moindre mesure en Guadeloupe. Tout en étant sensible à la misère
qui touche les habitants de la forêt brésilienne, de Haïti, comme des
Comores, on ne peut pas laisser une partie de la maison France être
déstabilisée par de tels flux migratoires. Et qu'on ne me parle pas de
racisme, car à Mayotte, il s'agit de gens de même origine, parfois de
la même famille.
Q - Vos choix concernant Mayotte semblent assez arrêtés, mais vous n'
avez vraiment rien à dire concernant La Réunion ?
R - Le moment venu, j'aurai bien évidemment des choses à dire sur La
Réunion. D'ici là, je vais nourrir ma réflexion des entretiens que je
vais avoir durant ce week-end. Je vais notamment écouter ce qu'ont à
dire les responsables économiques. Je vais rencontrer les militants
aussi, ainsi que des jeunes avec qui je dois passer une heure à la
Maison des Bons Enfants, à Saint-Louis, à 16 heures aujourd'hui. Et
puis, je reviendrai pour en parler.
Propos recueillis par Renaud Guiliani source http://www.udf.org, le 29 août 2006