Texte intégral
Q - Pour quelles raisons combattez-vous la fusion Suez-GDF ?
R - La question n'est pas la fusion Suez-GDF. La question est qu'il ne
faut pas privatiser GDF. Nous sommes sur le point de vivre une crise
des énergies fossiles à la surface de la planète en raison de la
progression très forte de la consommation par des continents en voie
d'explosion économique comme la Chine et l'Inde. Dans le même temps,
nous sommes au bord d'une crise climatique due au rejet dans l'
atmosphère des gaz à effet de serre provenant de la combustion des ces
mêmes carburants fossiles. A ce moment critique, l'Etat ne doit pas
abandonner l'outil qu'il s'est forgé pour la politique énergétique.
Q - Plaidez-vous pour le statu quo ou proposez-vous une solution
alternative ?
R - Je plaide pour que l'on tienne la parole donnée aux Français, il y
a dix-huit mois, par la majorité. Nicolas Sarkozy, alors ministre de
l'économie, s'est engagé à conserver une large majorité - 70 % - dans
EDF aussi bien que dans GDF. Après, on peut tout envisager. On peut
imaginer des stratégies de regroupement pour avoir des positions mieux
garanties sur le marché. Pour autant, on ne doit pas abandonner le
contrôle public dans le domaine énergétique, à EDF comme à GDF. Le
marché européen représente 500 milliards de mètres cubes de gaz. GDF
pèse 65 milliards, Suez un peu plus de 20. Une fusion Suez-GDF ne
change pas vraiment l'échelle. Non seulement la fusion ne met pas à l'
abri de rien, mais elle ouvre des risques. Car il y a une
caractéristique dans le marché du gaz, trop souvent négligée : alors
que sur le pétrole on compte une multitude de fournisseurs, sur le
marché du gaz en Europe il n'y en a réellement que trois : La Norvège,
l'Algérie et la Russie. Tout le monde voit bien quel risque d'
instabilité une telle liste suppose. Une entreprise à majorité
publique, garantie par un pays tout entier, est mieux armée en face de
ces risques d'instabilité. Le marché du gaz est aujourd'hui aussi un
marché politique et pas seulement un marché économique.
Q - Cette opération n'a-t-elle pas été menée pour éviter l'OPA d'Enel
sur Suez ?
R - Il est tout à fait normal que Suez joue cette carte. Mais nous
parlementaires, nous devons examiner non pas l'intérêt de Suez mais l'
intérêt du peuple français. Une entreprise privée travaille pour ses
actionnaires et recherche pour eux le meilleur rendement financier.
Nous, législateurs, nous devons au contraire garantir que , sur un
sujet aussi sensible, l'intérêt général sera pris en compte et pas
seulement l'intérêt des actionnaires.
Q - La privatisation risque-t-elle de faire monter les prix du gaz ?
R - Pour moi, ce n'est pas le débat principal mais le risque existe.
Imaginez que la future entreprise ait des contrats d'approvisionnement
et que se produise une explosion des prix sur le marché américain. Si
l'entreprise est privatisée, elle enverra ses tankers de gaz liquide se
vendre sur le marché le plus avantageux et cela fera monter les prix
sur le marché français ou européen. La principale question, c'est que
la nation doit disposer d'un instrument s'il se produit une crise
énergétique ou s'il faut prendre des décisions importantes dans le
domaine climatique. Avec la privatisation de GDF, l'Etat serait privé
d'un instrument essentiel pour défendre l'intérêt général.
Q - Si le débat se passe mal, le gouvernement pourrait-il renoncer à
son texte ?
R - Si on votait à bulletins secrets, l'Assemblée nationale déciderait
de ne pas privatiser GDF, j'en suis certain. Je ne perds pas espoir que
le débat se développe et que le gouvernement change d'avis. Je refuse
de baisser les bras. La puissance publique porteuse de l'intérêt
général ne doit pas renoncer à la politique énergétique. Pour autant,
je suis contre la stratégie d'obstructions adoptée par le PS qui
empêche le débat de se développer et sert ceux qui au gouvernement sont
pour un passage en force.
Propos recueillis par Delphine Girard source http://www.udf.org, le 8 septembre 2006
R - La question n'est pas la fusion Suez-GDF. La question est qu'il ne
faut pas privatiser GDF. Nous sommes sur le point de vivre une crise
des énergies fossiles à la surface de la planète en raison de la
progression très forte de la consommation par des continents en voie
d'explosion économique comme la Chine et l'Inde. Dans le même temps,
nous sommes au bord d'une crise climatique due au rejet dans l'
atmosphère des gaz à effet de serre provenant de la combustion des ces
mêmes carburants fossiles. A ce moment critique, l'Etat ne doit pas
abandonner l'outil qu'il s'est forgé pour la politique énergétique.
Q - Plaidez-vous pour le statu quo ou proposez-vous une solution
alternative ?
R - Je plaide pour que l'on tienne la parole donnée aux Français, il y
a dix-huit mois, par la majorité. Nicolas Sarkozy, alors ministre de
l'économie, s'est engagé à conserver une large majorité - 70 % - dans
EDF aussi bien que dans GDF. Après, on peut tout envisager. On peut
imaginer des stratégies de regroupement pour avoir des positions mieux
garanties sur le marché. Pour autant, on ne doit pas abandonner le
contrôle public dans le domaine énergétique, à EDF comme à GDF. Le
marché européen représente 500 milliards de mètres cubes de gaz. GDF
pèse 65 milliards, Suez un peu plus de 20. Une fusion Suez-GDF ne
change pas vraiment l'échelle. Non seulement la fusion ne met pas à l'
abri de rien, mais elle ouvre des risques. Car il y a une
caractéristique dans le marché du gaz, trop souvent négligée : alors
que sur le pétrole on compte une multitude de fournisseurs, sur le
marché du gaz en Europe il n'y en a réellement que trois : La Norvège,
l'Algérie et la Russie. Tout le monde voit bien quel risque d'
instabilité une telle liste suppose. Une entreprise à majorité
publique, garantie par un pays tout entier, est mieux armée en face de
ces risques d'instabilité. Le marché du gaz est aujourd'hui aussi un
marché politique et pas seulement un marché économique.
Q - Cette opération n'a-t-elle pas été menée pour éviter l'OPA d'Enel
sur Suez ?
R - Il est tout à fait normal que Suez joue cette carte. Mais nous
parlementaires, nous devons examiner non pas l'intérêt de Suez mais l'
intérêt du peuple français. Une entreprise privée travaille pour ses
actionnaires et recherche pour eux le meilleur rendement financier.
Nous, législateurs, nous devons au contraire garantir que , sur un
sujet aussi sensible, l'intérêt général sera pris en compte et pas
seulement l'intérêt des actionnaires.
Q - La privatisation risque-t-elle de faire monter les prix du gaz ?
R - Pour moi, ce n'est pas le débat principal mais le risque existe.
Imaginez que la future entreprise ait des contrats d'approvisionnement
et que se produise une explosion des prix sur le marché américain. Si
l'entreprise est privatisée, elle enverra ses tankers de gaz liquide se
vendre sur le marché le plus avantageux et cela fera monter les prix
sur le marché français ou européen. La principale question, c'est que
la nation doit disposer d'un instrument s'il se produit une crise
énergétique ou s'il faut prendre des décisions importantes dans le
domaine climatique. Avec la privatisation de GDF, l'Etat serait privé
d'un instrument essentiel pour défendre l'intérêt général.
Q - Si le débat se passe mal, le gouvernement pourrait-il renoncer à
son texte ?
R - Si on votait à bulletins secrets, l'Assemblée nationale déciderait
de ne pas privatiser GDF, j'en suis certain. Je ne perds pas espoir que
le débat se développe et que le gouvernement change d'avis. Je refuse
de baisser les bras. La puissance publique porteuse de l'intérêt
général ne doit pas renoncer à la politique énergétique. Pour autant,
je suis contre la stratégie d'obstructions adoptée par le PS qui
empêche le débat de se développer et sert ceux qui au gouvernement sont
pour un passage en force.
Propos recueillis par Delphine Girard source http://www.udf.org, le 8 septembre 2006