Texte intégral
Q - Quelles possibilités voit la France pour résoudre politiquement le conflit nucléaire avec l'Iran, ensemble avec les partenaires de l'Union européenne ?
R - L'Iran doit respecter ses obligations, et donc avant tout accepter de suspendre son programme d'enrichissement. Ce n'est qu'à cette condition qu'un climat de confiance pourra être rétabli entre ce pays et la communauté internationale. Cette dernière est prête au dialogue et a fait une proposition de partenariat économique, technologique et politique d'envergure, mais il y a des conditions. Je voudrais souligner l'excellente concertation avec nos partenaires européens et tout particulièrement avec l'Allemagne et le Royaume-Uni avec lesquels, sur ce dossier, nous avons une coopération particulière.
Q - La France, l'Italie, l'Allemagne et d'autres pays de l'Union européenne participeront aux troupes de paix au Liban. Comment les Européens peuvent-ils contribuer à faire avancer une solution politique aux conflits du Proche-Orient ?
R - Seule une solution politique peut apporter la paix et la stabilité au Proche-Orient. Pour cette raison, nous sommes très attachés au traitement multilatéral de la crise dans cette région. Nous soutenons activement l'action du Conseil de sécurité des Nations unies. C'est dans ce cadre international que les Etats membres de l'Union européenne trouvent leur place pour participer à un règlement du conflit. Le déploiement de la FINUL renforcée au Liban est un succès politique pour l'Europe qui a pris ses responsabilités et démontre concrètement son engagement en faveur de la paix par la présence prochaine de plus de 7.000 hommes sur le terrain libanais.
Q - l'Espagne et l'Italie vivent actuellement un grand flux de réfugiés. Que peut faire l'Union européenne, pour endiguer cette vague de réfugiés?
R - Pour lutter contre l'immigration clandestine, il faut non seulement des mesures de protection aux frontières - une agence européenne ''Frontex'' pour la coordination aux frontières extérieures de l'Union européenne a été crée - mais aussi et surtout mettre en place des politiques de co-développement efficaces, pour traiter le problème à la source. Avec l'Espagne et le Maroc, nous avons ainsi organisé en juillet dernier une conférence à Rabat qui a réuni pour la première fois les pays de départ, de transit et d'arrivée des immigrants. Cette conférence a été un succès qui a débouché sur un plan d'action concret qui est en train d'être mis en oeuvre.
Q - Comment devrait être politiquement conduite, selon la France, une nouvelle tentative pour le traité constitutionnel européen?
R - Les chefs d'Etat et de gouvernement ont défini en juin dernier une séquence qui débutera début 2007 sous présidence allemande de l'Union européenne et qui se poursuivra jusqu'au second semestre 2008, sous présidence française. Au cours de cette période, des décisions devront être prises pour la réforme des institutions, qui est une nécessité. La France estime par ailleurs que des améliorations peuvent déjà être faites dans le cadre des textes actuels et elle a fait des propositions dans ce sens à ses partenaires qui les ont acceptées dans leur principe. Ces améliorations concernent le rôle des Parlements nationaux, la sécurité des citoyens, la dimension sociale et l'action extérieure de l'Union. Si elles étaient mises en oeuvre, ce serait déjà un pas significatif.
Q - Quelles attentes la France attache-t-elle à la présidence allemande de l'Union européenne, qui commence en janvier 2007 ?
R - La France soutiendra très activement la présidence allemande qui coïncidera avec le 50ème anniversaire des traités de Rome en mars 2007. Ce sera une date hautement symbolique qui devra notamment nous permettre de mesurer tout le chemin parcouru au cours de cette période. L'Allemagne aura un agenda chargé, puisqu'elle aura à traiter de la question de l'avenir des institutions européennes, comme je l'ai dit plus haut, mais aussi de la politique énergétique, ou encore des défis sécuritaires et économiques qui se posent à l'Europe dans un monde qui se transforme rapidement. Nous ferons tout notre possible pour aider au succès de cette présidence.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 septembre 2006