Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec Le Parisien le 7 septembre 2006, sur le rôle des consulats dans la délivrance des visas et la prévention des fraudes par la généralisation des visas biométriques.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Q - Combien la France délivre-t-elle de visas chaque année ?
R - Sur quelque 90 millions de visiteurs étrangers en France par an, il y a 2,4 millions de demandes de visas. Nous en attribuons annuellement environ deux millions, soit 20 % des visas délivrés par l'ensemble des partenaires Schengen. Ce nombre est globalement stable depuis quatre ans car la demande a diminué avec l'introduction au 1er janvier 2003 de la procédure de paiement préalable des frais de dossier.
Q - Les consulats sont confrontés à de nombreux cas de fraudes...
R - La moitié des 90 000 mariages célébrés chaque année entre un Français et un étranger se fait à l'étranger. Or un tel mariage donne droit à un titre de séjour et, dans 95 % des cas, à l'acquisition de la nationalité. Il faut donc être sûr qu'il s'agit d'une vraie démarche et non d'un "mariage blanc". Par ailleurs, les consulats sont confrontés à la présentation d'actes d'état civil faux ou frauduleux. Dans certains pays, plus de 90 % des actes présentés sont entachés de fraude.
Q - Comment y remédier ?
R - Il faut limiter les fraudes par la généralisation des visas biométriques. En liaison étroite avec le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, et ses services, l'objectif est de sécuriser la délivrance des visas, de renforcer le contrôle aux frontières et sur le territoire national, de lutter contre l'immigration et les séjours clandestins et, bien sûr, de prévenir les actes de terrorisme.
Q - Tout cela coûte cher...
R - Pour financer la biométrie, le visa Schengen passera de 35 euros à 60 euros le 1er janvier. Fin 2006, 21 postes consulaires seront équipés avec ce matériel. Pour nos 210 représentations, c'est un investissement de 140 millions d'euros. Cela dit, il faut aussi améliorer la capacité et la qualité d'accueil. Les files d'attente sont désastreuses pour l'image de la France.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 septembre 2006