Déclaration de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales à RTL le 11 octobre 2006, sur le projet de réforme du statut de la fonction publique territoriale et sur le débat au sein de l'UMP pour la désignation de candidats à l'élection présidentielle de 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Texte intégral

Q- Jean Michel Aphatie : Bonjour Brice Hortefeux. Vous êtes ministre des Collectivités Territoriales. On n'en parle pas souvent. Et pourtant aujourd'hui, vous présentez un texte aux députés qui réforment le statut des agents de la Fonction publique territoriale - et c'est 1,7 million de personnes - quel est l'apport de ce texte, Brice Hortefeux ?
R- Brice Hortefeux : C'est un texte très important puisqu'il concerne, effectivement, 1,7 million de fonctionnaires territoriaux. Il concerne aussi 55.000 employeurs que sont les maires, les présidents de conseils généraux et les présidents de régions. Pourquoi c'est important ? Tout simplement, parce que c'est une réforme qui oxygène, c'est-à-dire ça permet de recruter plus facilement, plus librement, d'offrir des perspectives de carrière, grâce à une notion simple qui est la reconnaissance de l'expérience professionnelle. C'est en même temps une réforme qui innove puisqu'elle instaure, pour la première fois, le droit individuel à la formation. C'est donc une réforme extrêmement sociale. Et puis, enfin, c'est une réforme qui rassemble puisqu'elle est passée devant le Conseil supérieur de la Fonction publique territoriale, présidée par un élu socialiste, Bernard de Rosier. Cela a été adopté à la majorité des deux tiers, un peu plus des deux tiers ; et cela a déjà été discuté au Sénat. Il y a seulement le groupe communiste qui s'y est opposé. Cela signifie tout simplement qu'il existe des réformes qui sont utiles, modernes et, je l'espère, consensuelles.
Q- Voilà. Des consensus, donc, il y en a dans les réformes. Y'en a moins à l'UMP ? C'est le retour de la guerre entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin à l'UMP, Brice Hortefeux ?
R- Pourquoi me dites-vous cela ?
Q- Je ne sais pas. Ca n'a pas l'air d'aller. Regardez, les journaux. On vous voit, vous, en photo, Brice Hortefeux, à l'Assemblée hier, visiblement en train de vous disputer avec le Premier ministre. Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
R- D'abord, qui peut croire, une seule seconde, que s'il y avait un vif désaccord, comme vous le dites. Une dispute, comme vous l'exprimez, celle-ci se serait développée au vu et au su de tous.
Q- Il y a des photos, Brice Hortefeux...
R-Et la réalité...
Q- Le "Figaro" et "Le Parisien" publient des photos, Brice Hortefeux.
R- Les photos, je ne sais pas si elles sont flatteuses. Mais elles ne montrent pas que nous sommes crispés. Donc, la réalité est différente. C'est tout simplement que le Premier ministre m'a fait part d'un certain nombre de réflexions. Je lui ai moi-même fait partager les miennes. Et je trouve cela sain, logique et bien - pour être tout à fait clair - qu'un ministre puisse s'exprimer aussi directement qu'avec son Premier ministre. C'est donc une bonne chose.
Q- Des réflexions... c'étaient des désaccords... Les réflexions : c'est le mot qui sert à cacher le fait que vous êtes en désaccord.
R- Pas du tout. Ces réflexions ont abouti, en réalité, à un constat commun et un espoir commun : c'est qu'il y ait de l'unité dans la majorité, aujourd'hui et demain, de l'union.
Q- Dominique de Villepin était l'invité du Grand Jury, dimanche. Et il a dit : "Ce serait normal après tout qu'il y ait plusieurs candidats de l'UMP". Vous partagez son point de vue, Brice Hortefeux ?
R- Dominique de Villepin n'a pas dit que cela. Il a dit qu'il espérait qu'il y ait un candidat d'union. Et d'ailleurs, et l'ensemble... Si vous prenez l'ensemble des déclarations de Dominique de Villepin comme de la plupart des autres responsables de la majorité, tous aspirent à ce qu'il y ait un candidat d'union. L'avantage, c'est que Nicolas Sarkozy, en bâtissant une formation politique moderne, a voulu que celle-ci soit démocratique et ait des règles. Que s'est-il passé ? Le 6 décembre dernier, il y a eu une réunion du bureau politique, c'est-à-dire l'instance dirigeante. Instance à laquelle participait Dominique de Villepin, à laquelle participait Michèle Alliot-Marie, à laquelle participaient quinze autres membres du gouvernement, le président de l'Assemblée nationale, bref... tout le monde. Et que s'est-il passé ? Il y a eu un accord, à la fois, sur la méthode et sur le calendrier. La méthode, quelle est-elle ? Eh bien, chaque militant, chacun des bientôt 300.000 militants pourra décider quel candidat l'UMP soutiendra.
Q- C'est-à-dire que les militants voteront pour départager éventuellement plusieurs candidats ? C'est ça, hein ? Ils voteront ?
R- Les militants décideront du soutien à un candidat.
Q- Attendez, ils voteront ou pas ?
R- Ils voteront. Chacun... C'est donc un progrès considérable puisque, généralement, ça se passait plutôt dans des petits cercles ou des petits cénacles. Et puis, il y a une deuxième décision qui a été prise : c'est que cela se déroulerait au mois de janvier. Ceci d'ailleurs n'était pas secret. C'était public. Il y a eu un communiqué et on tient le Verbatim à disposition, si cela vous intéresse.
Q- Alors, Dominique de Villepin toujours, puisque décidément on n'est pas en accord sur grand-chose, ce matin, vous et moi, Brice Hortefeux, a quand même dit que : "Michèle Alliot-Marie était une femme de grand talent" et qu'après tout, si elle réfléchissait à l'élection présidentielle, elle avait bien raison. C'est une femme de grand talent, Michèle Alliot-Marie ?
R- Ecoutez, j'espère que tous ceux qui ont été recrutés au gouvernement...
Q- C'est une femme de grand talent, Michèle Alliot-Marie ?
R- ... l'ont été sur ces critères, c'est très réconfortant pour les uns et les autres. Et naturellement, Michèle Alliot-Marie a vocation à participer au débat. C'est un plus et ce n'est pas un moins.
Q- Et elle peut être candidate à l'élection présidentielle ?
R- Mais ça relève de sa responsabilité et de sa liberté.
Q- Elle dit : "De nombreux militants - on en a entendu un d'ailleurs qui habite à Rueil-Malmaison, pensent que je suis la seule à pouvoir battre Ségolène Royal".
R- D'abord, première réflexion : Nicolas Sarkozy est lui-même trop attaché, trop épris de liberté pour pouvoir contester celle des autres. A fortiori, celle de Michèle Alliot-Marie. Deuxième réflexion : Nicolas Sarkozy ne craint pas le débat. Au contraire, même il le réclame. Lui, il croit à la confrontation des idées, pas au combat des personnes. Et donc, vous ne trouverez dans sa bouche et dans la mienne, aucune critique, aucune remarque, aucune attaque qui serait à l'égard des individus et des personnes.
Troisième réflexion : vous m'avez même dit, vous me citez la déclaration de Michèle Alliot-Marie indiquant qu'elle aurait rencontré des militants qui considéraient ce que vous venez d'exprimer. Et personnellement, je n'ai pas dû rencontrer les mêmes et les siens devaient être en tenue camouflée. Sans doute, s'agit-il tout simplement de son compagnon, Patrick Ollier puisqu'on vient de le citer. Ce qui serait bien normal puisque, généralement, on cherche toujours le réconfort parmi ses proches. Mais au-delà de cela, il y a quelque chose de beaucoup plus important : c'est qu'il y a quelque chose qui se dessine, qui est quelque chose qui s'affirme, quelque chose qui s'impose, c'est que chaque jour davantage, Nicolas Sarkozy devient le candidat naturel, devient notre candidat naturel. Et savez-vous pourquoi ?
Q- Non, mais vous allez me le dire, puisque vous vous êtes bien posé la question.
R- Et bien, j'étais sûr que cela vous intéresserait.
Q- Ca me passionne !
R- Tout simplement parce qu'il rassemble des qualités qui sont l'expérience, qui sont la compétence, peut-être des qualités qui sont très rares et très personnelles : qui sont la simplicité des mots et le courage des actes. Et puis, il y a une deuxième raison c'est que lui, c'est celui qui nous fera gagner. Et Michèle Alliot-Marie, d'ailleurs, en est même consciente puisqu'elle l'a dit dans le même interview et je suis étonné que vous ne l'ayez pas citée.
Q- Puisque vous parlez de Nicolas Sarkozy, on ne l'a pas vu et entendu hier puisqu'il avait une migraine - c'est la deuxième fois depuis qu'il est revenu au ministère de l'Intérieur en juin 2005 qu'il est empêché dans ses fonctions publiques à cause de cela - Quelle est sa fragilité particulière ?
R- Ecoutez, moi j'ai la chance de connaître Nicolas Sarkozy depuis plus de trente ans, trente-et-un ans - c'est toujours mieux de dire cela. Et donc, la réalité est très simple : il avait depuis toujours des migraines... Il en a de moins en moins, puisqu'effectivement, c'est tellement rare que vous prenez le temps de le souligner. Cela, naturellement, le gêne un peu une journée. Ce n'est pas très grave dans une année qui est bien remplie.
Q- Quand on est candidat à l'élection présidentielle, est-ce qu'on doit, selon vous Brice Hortefeux, faire la transparence sur son état de santé, sur d'éventuelles faiblesses physiques ?
R- Bien sûr.
Q- Il le fera ?
R- Bien sûr. J'en suis convaincu. Vous lui poserez la question mais c'est une tendance, c'est une évolution qui est logique, qui est saine. Et Nicolas Sarkozy étant généralement en avance par rapport à son époque, eh bien naturellement aura à codeur d'y répondre.
Q- Brice Hortefeux, pour qui tout va bien à l'UMP...
R- Merci.
... était l'invité d'RTL, ce matin. Bonne journée.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 13 octobre 2006