Texte intégral
Je m'adresse à vous, femmes et hommes de la terre, paysans, céréaliers, éleveurs, maraîchers, et à vous vignerons de Touraine et de France.
Des champs de la Beauce aux pâturages de Normandie, des maïs de l'Adour aux plaines de la Somme et des lavandes de Provence aux contreforts du Forez,
Je viens à vous non pas seulement comme candidat à l'élection présidentielle, mais comme petit-fils, arrière-petit-fils d'une lignée sans fin de Le Pen paysan de Bretagne où, même lorsqu'avec mon père on quitte la terre pour le chalut du pêcheur, on reste laboureur de la mer.
C'est donc comme un des vôtres, qui sait beaucoup de votre force et de votre ténacité, mais aussi de vos raisons de douter, que je vous dis :
Alors que depuis plus de dix ans la fin des paysans est annoncée et les « champs du départ » sciemment programmés, un grand avenir économique au contraire se prépare pour vous.
À l'est, dans le sous-continent indien et plus loin encore jusqu'à la Chine, en marche forcée vers la puissance, le matin des paysans arrive. Et c'est à préparer les jeunes agriculteurs de France, pour qu'ils soient à ce grand rendez-vous agricole planétaire, prêts à répondre à l'appel d'offre alimentaire géant que la Chine, l'Inde et l'Asie vont lancer, que je vais consacrer ma présidence.
Certes, pour notre agriculture exportatrice et notre indépendance agro-alimentaire, il y aurait bien des raisons d'être pessimistes. Et ce n'est pas aux éleveurs ou aux vignerons que je vais l'apprendre. Bien de nos éleveurs, par exemple du Massif Central ont été acculés à éliminer leurs troupeaux de Salers, d'Aubrac ou de Limousines au port de tête altier, pour voir en final la France importer des viandes d'Amérique latine parce que nous cessons d'être autosuffisants en viande bovine.
Quant au sort des vignerons, ici, dans la Touraine du gamay et des pinots gris ou noir, est-il nécessaire de vous dire ce que va être leur sort ? Le 22 juin 2006, la Danoise Mariann Fischer Boel, commissaire européen à l'agriculture, a déclenché l'offensive que vous savez : arracher 400 000 hectares de vignes en cinq ans et licencier massivement chez les 144 000 exploitants viticoles français, avec une casse sociale aussi sauvage que dans les mines ou la sidérurgie des années 80.
Je pourrais continuer avec le sucre qui va finir par manquer, parce que les betteraviers de Picardie et du Nord vont devoir laisser la place au sucre importé du Brésil, pendant que les arboriculteurs du sud-ouest ou de Provence cèdent sous les cargos de pommes du Chili et que les apiculteurs des Alpilles voient les ruches décimées non seulement par le Gaucho de Bayer, mais par l'arrivée des miels frelatés de Chine ou du Mexique.
J'arrête l'énumération des fruits à coque de Californie et des ails de Malaisie. Tout cela, vous le savez. Même les roses des meetings socialistes viennent de l'Equateur.
Secteur par secteur et de renoncement en renoncement, les mauvais bergers politiques de la France nous conduisent vers la fin de notre agriculture européenne.
Si rien n'est fait, la date du final est même connue. Je vous la donne : 2014 !
Ière PARTIE : Subir
2014 :La fin de notre agriculture exportatrice
Au 1er janvier 2014 au plus tard, si je ne suis pas en charge des affaires de la France, pour arrêter le processus, l'agriculture européenne se sera en effet écrasée sur cinq murs.
1°) Le mur budgétaire d'abord
La programmation des finances agricoles a été faite pour 7 ans, de 2007 à 2013. Au-delà de cette date, il n'y a plus de crédits planifiés.
Certes, le Parlement européen, élu en 2009, sera chargé d'adopter les perspectives financières de 2014 à 2019. Mais nous savons déjà qu'il existe une ultra majorité de députés, composée des pays de l'Europe du nord, pour réduire les crédits agricoles à un simple financement d'un vague aménagement du territoire rural.
Dès cette semaine, sur le budget européen 2007, on a vu le Conseil des ministres de l'Europe lui-même amputer les crédits agricoles de 150 millions d'euros
2°) Le mur financier ensuite
Le 18 décembre 2005, à la 6ème Conférence ministérielle à Hong Kong, Peter Mandelson, commissaire européen au commerce extérieur, a accepté de supprimer définitivement les aides européennes aux exportations agricoles.
Certes, cela ne représente que moins de 5 milliards d'euros par an. Mais dans un secteur comme la viande bovine par exemple, ces restitutions aux exportations sont importantes pour résister au dumping social, environnemental, phytosanitaire et foncier des pays du sud.
3°) Le mur douanier aussi
En septembre 1986, François Guillaume, alors ministre de l'agriculture du deuxième gouvernement Jacques Chirac et ancien président de la FNSEA, a fait l'erreur tragique, à Punta del Este en Uruguay, d'accepter, pour la première fois depuis 1947, l'inscription de l'agriculture dans les négociations commerciales planétaires. À partir de cette date-là, les barrières douanières protégeant l'agriculture européenne ont été condamnées. C'est la préférence communautaire qui a commencé à être éliminée.
Ce processus va s'achever en 2007 avec le cycle de négociations commerciales mondiales en cours appelé « Cycle de Doha ».
Déjà, à Hong Kong, en décembre 2005, la pression du Brésil a été terrible. Si bien qu'après avoir cédé sur nos aides aux exportations, Peter Mandelson, en juillet 2006, a cédé sur les barrières douanières. Il a accepté de baisser nos droits de douane de 51 %. Ce qui veut dire 800 000 tonnes de bovins latino-américains en plus qui arrivent chez nous. C'est la fin de la préférence communautaire.
4°) Le mur des quotas laitiers
En 2013, ce sera aussi la fin des quotas laitiers. Ces quotas, inventés par Michel Rocard lorsqu'il était ministre de l'agriculture, ont eu certes des effets négatifs avec la disparition de milliers d'élevages. Mais pour les élevages qui ont subsisté, ils représentent une sorte de RMI agricole. Leur disparition en 2013 marquera la disparition d'une grande partie d'élevages restants. En zones de montagne par exemple.
5°) Le mur démographique enfin
La génération actuelle d'agriculteurs termine sa vie professionnelle, là encore, vers 2013. Pour assurer le renouvellement, il faudrait, en France, l'installation de 15 000 jeunes agriculteurs par an. Il ne s'en installe plus que 6 000.
Autrement dit, notre tissu agricole français se détruit définitivement. Si nous attendons, nous ne pourrons plus reconstituer un peuple de paysans pour de nombreuses raisons. Notamment parce que le coût du foncier ne permet plus financièrement à nos jeunes de s'installer sur des fermes rachetées par des Anglais, Néerlandais ou Belges.
Vous le voyez, l'horizon semble bien définitivement bouché. 2014 serait vraiment la fin :
- fin les quotas laitiers ;
- fin du budget agricole européen sanctuarisé ;
- fin du sucre européen ;
- fin du vignoble exportateur ;
- fin de la génération agricole actuelle ;
- fin de « l'homme de terre » de la civilisation rurale, éliminé par « l'homme de sable » des puces au silicium de la société informatique et « l'homme de vent » des marchés financiers mondialisés.
Et pourtant, je vous le dis : c'est l'inverse qui se prépare.
Tout le monde voit le crépuscule tomber sur l'Angélus de Millet, c'est en réalité l'aurore qui se prépare déjà à pointer.
2ème PARTIE : Choisir
2007 : Le matin des paysans
A - Deux facteurs
déjà en action, sont en train de faire germer à l'est, dans les plis de l'histoire de l'Asie, l'avenir des paysans.
1°) La raréfaction des terres agricoles
D'abord, les terres se raréfient en Asie sous l'effet de deux phénomènes gigantesques et dantesques : l'urbanisation et la désertification.
a) L'urbanisation
spécialement en Chine, mais aussi en Afrique, amène à une « explosion du bidonville global », avec 400 villes de plus d'un million d'habitants aujourd'hui, contre 86 en 1950 et 550 dans huit ans.
En 2007, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, il va y avoir plus d'urbains que de ruraux. Les moyennes villes, les bourgades sont « villifiées ». En Chine, en vingt ans, 200 millions de paysans ont migré vers la ville. Les politiques de déréglementation agricole, l'austérité du FMI et de la Banque mondiale et le libre-échange mondial du modèle néo libéral alimentent l'exode rural.
b) D'autant que la désertification est là.
L'Inde est un exemple de mer d'Aral subcontinentale. La révolution verte a épuisé les nappes phréatiques à coup de pompes à 600 dollars pièce et de puits utilisés par 21 millions de cultivateurs de riz, de blé, de maïs, de coton, de luzerne, de canne à sucre. L'eau devient en Inde, comme ailleurs, chère. 15 % du revenu d'une famille peut aller à l'achat de l'eau.
Révolution verte à sec
Certes l'Inde a réussi à nourrir une population qui a doublé. Grâce à une révolution verte faite par l'irrigation. L'Inde a du riz, du blé, du maïs. Les rivières ont été détournées vers les canaux, mais surtout 21 millions de cultivateurs pompent dans les nappes aquifères pour irriguer.
Dans les vingt dernières années, 12 milliards de dollars ont été consacrés à l'achat de ces pompes et au forage des puits. D'où une extraction annuelle de 250 kilomètres cubes d'eau par an. Soit 100 km3 de plus que le renouvellement assuré par les pluies.
Les experts évaluent alors à 200 millions de personnes la population indienne qui risque d'avoir un avenir sans eau.
Suicides paysans
Ainsi, au nord de l'Etat du Gujarat, les puits descendaient à dix mètres. Aujourd'hui, même à 400 mètres de profondeur, les forages ne donnent pas d'eau.
Dans l'ouest de l'Inde, des millions de puits tubulaires sont taris. La révolution verte peut finir.
Bientôt, quand l'Inde s'assèchera, les paysans d'Europe devront la nourrir. C'est folie alors de les faire disparaître en 2013.
L'importation du Nil
D'autant que le Pakistan épuise l'Indus au rythme de 50 km3 d'eau par an pour faire pousser le coton.
L'Iran, l'Egypte, la Jordanie et le Proche-Orient importent, chaque année, sous forme de viandes et de céréales provenant de pays à l'agriculture irriguée, une masse d'eau équivalente au débit annuel du Nil.
Qui va nourrir ces pays ? Qui va nourrir l'Inde ?
Les paysans indiens surendettés se suicident. Comme partout de la même façon : pendaison ou pesticides avalés. On se suicide pour un endettement de 10 000 roupies ou 170 euros.
2°) L'élévation du niveau de vie en Asie
Le temps arrive où l'Inde va être importatrice. Comme la Chine, où l'élévation du niveau de vie de 250 millions de la nouvelle bourgeoisie de Shanghai, de Pékin, de Guanzou et des villes champignons de la province de Guandong, va augmenter la demande en fruits, légumes, vins, viandes.
« Alimenter le monde » au XXIème siècle : voilà le vrai défi.
Qui va le relever ?
Qui va alimenter le monde ?
Parce que le Brésil est sur les rangs, avec ses 25 millions d'hectares en réserve en Amazonie, la France, elle aussi, doit se préparer à répondre à cet appel d'offre.
C'est là qu'est le matin nos paysans.
À l'appel d'offre alimentaire du monde,
ou c'est le Brésil qui emporte le marché des protéines animales et végétales pour le XXIème siècle
ou la France ne lui laisse pas le monopole de l'alimentation.
Le soleil vert du monde qui se lève, va-t-il être brésilien ou français ?
B - La question du retour de quels paysans : qui va nourrir l'Inde et la Chine ?
1°) Le Brésil
veut être la ferme du monde avec 340 millions d'hectares, soit autant qu'aux USA et deux fois plus que dans l'Union européenne à 25, soit presque trois fois plus qu'en Chine. C'est un géant de tout. Du coton, du soja, du riz, du sucre, du café, des oranges, du poulet et des bovins.
C'est le numéro 1 du poulet où le 2ème exportateur brésilien est la société française Doux, connue pour la marque « père Dodu », produisant au sud, à Rio Grande de Sul, avec cinq usines d'aliments, quatre abattoirs, 8 000 employés et un réseau de 3 500 éleveurs.
Un seul Etat des 27 Etats fédérés brésiliens, le Mato Grosso, a 5,4 millions d'hectares de soja. Soit la superficie autorisée pour toute l'Europe par l'accord de l'Uruguay round de 92.
Le Brésil était déjà le premier exportateur mondial de café, de sucre, d'éthanol et de jus d'orange concentré. Depuis peu, il est le premier exportateur mondial de viande bovine devant l'Australie, de soja et de volaille devant les Etats-Unis.
2°) Mais la France
malgré ses 29 millions d'hectares seulement, est aussi un géant de la qualité agricole.
Dans les vingt dernières années, nos paysans ont fait la plus grande révolution de la compétitivité agraire de l'histoire de l'humanité agricole depuis le néolithique.
La France a été capable d'exporter blés, vins, viandes, produits laitiers, fruits sur l'Afrique, le Moyen-Orient, les USA, l'Asie. Sans parler de l'Europe.
C'est la stupidité de nos dirigeants qui a entravé ce géant agricole français de mille chaînes :
- fiscales
- foncières
- bureaucratiques
- sociales
- et européennes l'empêchant d'être à égalité de concurrence sur le marché mondial.
C'est la trahison eurofédéraliste, libre-échangiste et mondialiste de nos dirigeants qui a livré, au GATT et à l'OMC, notre agriculture et nos paysans pour en faire une monnaie d'échange ;
Ils ont abandonné notre agriculture exportatrice à l'hémisphère sud et au Brésil, en échange de parts de marchés pour les assurances, la téléphonie, la banque ou la distribution au profit des multinationales finlandaises, suédoises ou anglo-saxonnes.
Eh bien ! Cela je ne peux l'accepter.
Alors que le matin des paysans arrive, avec un grand avenir pour eux, c'est juste le moment où on voudrait les éliminer... ?
Non ! Non ! Non ! Je ne l'accepte pas.
Ni pour vous, paysans de France
Ni pour dix générations de Le Pen paysans de Bretagne
Ni pour tous les paysans de l'Europe
Alors ici, à Tours, avec des femmes et des hommes qui n'acceptent par le mors et qui veulent vivre libres, je dis aux paysans de France :
Je ne laisserai pas Bruxelles vous amener à l'abattoir de la mondialisation.
Voilà pourquoi je suis candidat à l'élection présidentielle. Avec un programme pour nos paysans et une Marche verte pour les alerter.
a) Mon programme
C'est 9 mesures clefs, au-delà des mesures par secteurs agricoles.
9 mesures fondamentales.
9 mesures comme la preuve par 9 que nos paysans de France peuvent être sauvés.
Ces 9 mesures les voici :
Premièrement, dès la fin juin 2007, dans les jours qui suivront mon élection, comme une nouvelle méthode du redressement agricole national,
je convoquerai des Etats généraux de l'agriculture avec les représentants :
. des maires de nos villages
. de nos organisations professionnelles, dont je dois vous dire qu'en dépit de leurs erreurs dans une ligne eurofédérale, qui a conduit nos paysans dans l'impasse où nous sommes, elles ont su aussi, et en sens inverse, jouer un rôle capital dans la révolution agraire réussie des 30 dernières années.
Ces Etats généraux vont mettre au point le grand programme de redressement agricole.
Ma 2ème mesure sera prise dès le mois de juillet avec un moratoire de la dette agricole, qui sera cantonné dans une caisse publique d'amortissement. Jusqu'au rétablissement de l'équilibre financier des exploitations.
En août, un 3ème train de mesures fortes sera consacré pour l'installation de 15 000 jeunes agriculteurs par an.
Dès la rentrée de septembre, la 4ème mesure se concrétisera par une loi de justice agricole qui mettra en parité, en 5 ans, des retraies agricoles avec les retraites des autres Français, notamment pour le conjoint survivant, comme une mesure de restitution au monde paysan de la plus-value de productivité confisquée depuis trente ans au profit du secteur des services.
En octobre, la 5ème mesure sera une loi de sanctuarisation juridique du droit millénaire du paysan au réensemencement d'une partie de sa récolte, contre le brevetage du vivant par les multinationales. Ainsi, l'essentiel du danger des OGM sera conjuré. Les paysans ne tomberont pas sous la dépendance économique des brevets des multinationales.
En novembre, la 6ème mesure sera une loi de programmation pour un plan en 5 ans d'investissements dans les services publics ruraux.
Avec la loi de finances pour 2008, en décembre, deux autres mesures d'urgence fondamentales arriveront :
- Une 7ème mesure d'exonération, en 5 ans, des entreprises agricoles de toutes charges fiscales et sociales pour rétablir l'égalité de compétitivité face au dumping de l'agriculture de l'hémisphère sud.
- Une 8ème mesure avec la création d'un fonds d'intervention pour les campagnes, sur le modèle du fonds d'intervention pour la ville.
Ma 9ème mesure, enfin, en juillet 2008, sera prise sous présidence française de l'Union européenne. Je ferai réaffirmer et concrétiser la préférence communautaire par l'instauration d'une nouvelle technologie de droits de douane : les droits de douane modulables, remboursables et bonifiables.
Certes, d'autres mesures suivront, secteur par secteur, et d'abord, je le dis ici, en Touraine, pour le secteur viticole.
Nos vignerons vont bénéficier d'un Conservatoire du vignoble.
Mon ministre des affaires européennes ira à Bruxelles faire supprimer les entraves fiscales à la libre circulation des vins et supprimer aussi les barrières administratives qui sont d'autres entraves à cette libre circulation des vins.
Enfin, à l'OMC, je ne laisserai pas Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce, brader nos intérêts viticoles et agricoles. Je ferai imposer le registre multilatéral des indications géographiques viticoles et la répartition planétaire équitable des sacrifices viticoles. Les vignerons français et européens ne peuvent être les seuls à arracher 400 000 hectares, quand les vignerons de quatre pays du Pacifique, Australie, Chili, Afrique du Sud, Californie, ont planté, eux, 230 000 hectares en dix années.
L'excédent viticole étant planétaire, les arrachages doivent être équitablement négociés planétairement.
b) La Marche Verte, que je lance à partir du 15 novembre, ira le dire aux paysans de France.
Des vignes de Touraine en villages des Corbières,
De départements en régions,
Des terres du sud aux marches de Lorraine,
Ma caravane présidentielle, au label France,
Va venir vous soulever,
venir vous mobiliser.
Et quand, au printemps 2007, elle arrivera
avec vous rassemblés,
alors paysans de France,
vous serez sauvés !
Source http://www.frontnational.com, le 30 octobre 2006
Des champs de la Beauce aux pâturages de Normandie, des maïs de l'Adour aux plaines de la Somme et des lavandes de Provence aux contreforts du Forez,
Je viens à vous non pas seulement comme candidat à l'élection présidentielle, mais comme petit-fils, arrière-petit-fils d'une lignée sans fin de Le Pen paysan de Bretagne où, même lorsqu'avec mon père on quitte la terre pour le chalut du pêcheur, on reste laboureur de la mer.
C'est donc comme un des vôtres, qui sait beaucoup de votre force et de votre ténacité, mais aussi de vos raisons de douter, que je vous dis :
Alors que depuis plus de dix ans la fin des paysans est annoncée et les « champs du départ » sciemment programmés, un grand avenir économique au contraire se prépare pour vous.
À l'est, dans le sous-continent indien et plus loin encore jusqu'à la Chine, en marche forcée vers la puissance, le matin des paysans arrive. Et c'est à préparer les jeunes agriculteurs de France, pour qu'ils soient à ce grand rendez-vous agricole planétaire, prêts à répondre à l'appel d'offre alimentaire géant que la Chine, l'Inde et l'Asie vont lancer, que je vais consacrer ma présidence.
Certes, pour notre agriculture exportatrice et notre indépendance agro-alimentaire, il y aurait bien des raisons d'être pessimistes. Et ce n'est pas aux éleveurs ou aux vignerons que je vais l'apprendre. Bien de nos éleveurs, par exemple du Massif Central ont été acculés à éliminer leurs troupeaux de Salers, d'Aubrac ou de Limousines au port de tête altier, pour voir en final la France importer des viandes d'Amérique latine parce que nous cessons d'être autosuffisants en viande bovine.
Quant au sort des vignerons, ici, dans la Touraine du gamay et des pinots gris ou noir, est-il nécessaire de vous dire ce que va être leur sort ? Le 22 juin 2006, la Danoise Mariann Fischer Boel, commissaire européen à l'agriculture, a déclenché l'offensive que vous savez : arracher 400 000 hectares de vignes en cinq ans et licencier massivement chez les 144 000 exploitants viticoles français, avec une casse sociale aussi sauvage que dans les mines ou la sidérurgie des années 80.
Je pourrais continuer avec le sucre qui va finir par manquer, parce que les betteraviers de Picardie et du Nord vont devoir laisser la place au sucre importé du Brésil, pendant que les arboriculteurs du sud-ouest ou de Provence cèdent sous les cargos de pommes du Chili et que les apiculteurs des Alpilles voient les ruches décimées non seulement par le Gaucho de Bayer, mais par l'arrivée des miels frelatés de Chine ou du Mexique.
J'arrête l'énumération des fruits à coque de Californie et des ails de Malaisie. Tout cela, vous le savez. Même les roses des meetings socialistes viennent de l'Equateur.
Secteur par secteur et de renoncement en renoncement, les mauvais bergers politiques de la France nous conduisent vers la fin de notre agriculture européenne.
Si rien n'est fait, la date du final est même connue. Je vous la donne : 2014 !
Ière PARTIE : Subir
2014 :La fin de notre agriculture exportatrice
Au 1er janvier 2014 au plus tard, si je ne suis pas en charge des affaires de la France, pour arrêter le processus, l'agriculture européenne se sera en effet écrasée sur cinq murs.
1°) Le mur budgétaire d'abord
La programmation des finances agricoles a été faite pour 7 ans, de 2007 à 2013. Au-delà de cette date, il n'y a plus de crédits planifiés.
Certes, le Parlement européen, élu en 2009, sera chargé d'adopter les perspectives financières de 2014 à 2019. Mais nous savons déjà qu'il existe une ultra majorité de députés, composée des pays de l'Europe du nord, pour réduire les crédits agricoles à un simple financement d'un vague aménagement du territoire rural.
Dès cette semaine, sur le budget européen 2007, on a vu le Conseil des ministres de l'Europe lui-même amputer les crédits agricoles de 150 millions d'euros
2°) Le mur financier ensuite
Le 18 décembre 2005, à la 6ème Conférence ministérielle à Hong Kong, Peter Mandelson, commissaire européen au commerce extérieur, a accepté de supprimer définitivement les aides européennes aux exportations agricoles.
Certes, cela ne représente que moins de 5 milliards d'euros par an. Mais dans un secteur comme la viande bovine par exemple, ces restitutions aux exportations sont importantes pour résister au dumping social, environnemental, phytosanitaire et foncier des pays du sud.
3°) Le mur douanier aussi
En septembre 1986, François Guillaume, alors ministre de l'agriculture du deuxième gouvernement Jacques Chirac et ancien président de la FNSEA, a fait l'erreur tragique, à Punta del Este en Uruguay, d'accepter, pour la première fois depuis 1947, l'inscription de l'agriculture dans les négociations commerciales planétaires. À partir de cette date-là, les barrières douanières protégeant l'agriculture européenne ont été condamnées. C'est la préférence communautaire qui a commencé à être éliminée.
Ce processus va s'achever en 2007 avec le cycle de négociations commerciales mondiales en cours appelé « Cycle de Doha ».
Déjà, à Hong Kong, en décembre 2005, la pression du Brésil a été terrible. Si bien qu'après avoir cédé sur nos aides aux exportations, Peter Mandelson, en juillet 2006, a cédé sur les barrières douanières. Il a accepté de baisser nos droits de douane de 51 %. Ce qui veut dire 800 000 tonnes de bovins latino-américains en plus qui arrivent chez nous. C'est la fin de la préférence communautaire.
4°) Le mur des quotas laitiers
En 2013, ce sera aussi la fin des quotas laitiers. Ces quotas, inventés par Michel Rocard lorsqu'il était ministre de l'agriculture, ont eu certes des effets négatifs avec la disparition de milliers d'élevages. Mais pour les élevages qui ont subsisté, ils représentent une sorte de RMI agricole. Leur disparition en 2013 marquera la disparition d'une grande partie d'élevages restants. En zones de montagne par exemple.
5°) Le mur démographique enfin
La génération actuelle d'agriculteurs termine sa vie professionnelle, là encore, vers 2013. Pour assurer le renouvellement, il faudrait, en France, l'installation de 15 000 jeunes agriculteurs par an. Il ne s'en installe plus que 6 000.
Autrement dit, notre tissu agricole français se détruit définitivement. Si nous attendons, nous ne pourrons plus reconstituer un peuple de paysans pour de nombreuses raisons. Notamment parce que le coût du foncier ne permet plus financièrement à nos jeunes de s'installer sur des fermes rachetées par des Anglais, Néerlandais ou Belges.
Vous le voyez, l'horizon semble bien définitivement bouché. 2014 serait vraiment la fin :
- fin les quotas laitiers ;
- fin du budget agricole européen sanctuarisé ;
- fin du sucre européen ;
- fin du vignoble exportateur ;
- fin de la génération agricole actuelle ;
- fin de « l'homme de terre » de la civilisation rurale, éliminé par « l'homme de sable » des puces au silicium de la société informatique et « l'homme de vent » des marchés financiers mondialisés.
Et pourtant, je vous le dis : c'est l'inverse qui se prépare.
Tout le monde voit le crépuscule tomber sur l'Angélus de Millet, c'est en réalité l'aurore qui se prépare déjà à pointer.
2ème PARTIE : Choisir
2007 : Le matin des paysans
A - Deux facteurs
déjà en action, sont en train de faire germer à l'est, dans les plis de l'histoire de l'Asie, l'avenir des paysans.
1°) La raréfaction des terres agricoles
D'abord, les terres se raréfient en Asie sous l'effet de deux phénomènes gigantesques et dantesques : l'urbanisation et la désertification.
a) L'urbanisation
spécialement en Chine, mais aussi en Afrique, amène à une « explosion du bidonville global », avec 400 villes de plus d'un million d'habitants aujourd'hui, contre 86 en 1950 et 550 dans huit ans.
En 2007, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, il va y avoir plus d'urbains que de ruraux. Les moyennes villes, les bourgades sont « villifiées ». En Chine, en vingt ans, 200 millions de paysans ont migré vers la ville. Les politiques de déréglementation agricole, l'austérité du FMI et de la Banque mondiale et le libre-échange mondial du modèle néo libéral alimentent l'exode rural.
b) D'autant que la désertification est là.
L'Inde est un exemple de mer d'Aral subcontinentale. La révolution verte a épuisé les nappes phréatiques à coup de pompes à 600 dollars pièce et de puits utilisés par 21 millions de cultivateurs de riz, de blé, de maïs, de coton, de luzerne, de canne à sucre. L'eau devient en Inde, comme ailleurs, chère. 15 % du revenu d'une famille peut aller à l'achat de l'eau.
Révolution verte à sec
Certes l'Inde a réussi à nourrir une population qui a doublé. Grâce à une révolution verte faite par l'irrigation. L'Inde a du riz, du blé, du maïs. Les rivières ont été détournées vers les canaux, mais surtout 21 millions de cultivateurs pompent dans les nappes aquifères pour irriguer.
Dans les vingt dernières années, 12 milliards de dollars ont été consacrés à l'achat de ces pompes et au forage des puits. D'où une extraction annuelle de 250 kilomètres cubes d'eau par an. Soit 100 km3 de plus que le renouvellement assuré par les pluies.
Les experts évaluent alors à 200 millions de personnes la population indienne qui risque d'avoir un avenir sans eau.
Suicides paysans
Ainsi, au nord de l'Etat du Gujarat, les puits descendaient à dix mètres. Aujourd'hui, même à 400 mètres de profondeur, les forages ne donnent pas d'eau.
Dans l'ouest de l'Inde, des millions de puits tubulaires sont taris. La révolution verte peut finir.
Bientôt, quand l'Inde s'assèchera, les paysans d'Europe devront la nourrir. C'est folie alors de les faire disparaître en 2013.
L'importation du Nil
D'autant que le Pakistan épuise l'Indus au rythme de 50 km3 d'eau par an pour faire pousser le coton.
L'Iran, l'Egypte, la Jordanie et le Proche-Orient importent, chaque année, sous forme de viandes et de céréales provenant de pays à l'agriculture irriguée, une masse d'eau équivalente au débit annuel du Nil.
Qui va nourrir ces pays ? Qui va nourrir l'Inde ?
Les paysans indiens surendettés se suicident. Comme partout de la même façon : pendaison ou pesticides avalés. On se suicide pour un endettement de 10 000 roupies ou 170 euros.
2°) L'élévation du niveau de vie en Asie
Le temps arrive où l'Inde va être importatrice. Comme la Chine, où l'élévation du niveau de vie de 250 millions de la nouvelle bourgeoisie de Shanghai, de Pékin, de Guanzou et des villes champignons de la province de Guandong, va augmenter la demande en fruits, légumes, vins, viandes.
« Alimenter le monde » au XXIème siècle : voilà le vrai défi.
Qui va le relever ?
Qui va alimenter le monde ?
Parce que le Brésil est sur les rangs, avec ses 25 millions d'hectares en réserve en Amazonie, la France, elle aussi, doit se préparer à répondre à cet appel d'offre.
C'est là qu'est le matin nos paysans.
À l'appel d'offre alimentaire du monde,
ou c'est le Brésil qui emporte le marché des protéines animales et végétales pour le XXIème siècle
ou la France ne lui laisse pas le monopole de l'alimentation.
Le soleil vert du monde qui se lève, va-t-il être brésilien ou français ?
B - La question du retour de quels paysans : qui va nourrir l'Inde et la Chine ?
1°) Le Brésil
veut être la ferme du monde avec 340 millions d'hectares, soit autant qu'aux USA et deux fois plus que dans l'Union européenne à 25, soit presque trois fois plus qu'en Chine. C'est un géant de tout. Du coton, du soja, du riz, du sucre, du café, des oranges, du poulet et des bovins.
C'est le numéro 1 du poulet où le 2ème exportateur brésilien est la société française Doux, connue pour la marque « père Dodu », produisant au sud, à Rio Grande de Sul, avec cinq usines d'aliments, quatre abattoirs, 8 000 employés et un réseau de 3 500 éleveurs.
Un seul Etat des 27 Etats fédérés brésiliens, le Mato Grosso, a 5,4 millions d'hectares de soja. Soit la superficie autorisée pour toute l'Europe par l'accord de l'Uruguay round de 92.
Le Brésil était déjà le premier exportateur mondial de café, de sucre, d'éthanol et de jus d'orange concentré. Depuis peu, il est le premier exportateur mondial de viande bovine devant l'Australie, de soja et de volaille devant les Etats-Unis.
2°) Mais la France
malgré ses 29 millions d'hectares seulement, est aussi un géant de la qualité agricole.
Dans les vingt dernières années, nos paysans ont fait la plus grande révolution de la compétitivité agraire de l'histoire de l'humanité agricole depuis le néolithique.
La France a été capable d'exporter blés, vins, viandes, produits laitiers, fruits sur l'Afrique, le Moyen-Orient, les USA, l'Asie. Sans parler de l'Europe.
C'est la stupidité de nos dirigeants qui a entravé ce géant agricole français de mille chaînes :
- fiscales
- foncières
- bureaucratiques
- sociales
- et européennes l'empêchant d'être à égalité de concurrence sur le marché mondial.
C'est la trahison eurofédéraliste, libre-échangiste et mondialiste de nos dirigeants qui a livré, au GATT et à l'OMC, notre agriculture et nos paysans pour en faire une monnaie d'échange ;
Ils ont abandonné notre agriculture exportatrice à l'hémisphère sud et au Brésil, en échange de parts de marchés pour les assurances, la téléphonie, la banque ou la distribution au profit des multinationales finlandaises, suédoises ou anglo-saxonnes.
Eh bien ! Cela je ne peux l'accepter.
Alors que le matin des paysans arrive, avec un grand avenir pour eux, c'est juste le moment où on voudrait les éliminer... ?
Non ! Non ! Non ! Je ne l'accepte pas.
Ni pour vous, paysans de France
Ni pour dix générations de Le Pen paysans de Bretagne
Ni pour tous les paysans de l'Europe
Alors ici, à Tours, avec des femmes et des hommes qui n'acceptent par le mors et qui veulent vivre libres, je dis aux paysans de France :
Je ne laisserai pas Bruxelles vous amener à l'abattoir de la mondialisation.
Voilà pourquoi je suis candidat à l'élection présidentielle. Avec un programme pour nos paysans et une Marche verte pour les alerter.
a) Mon programme
C'est 9 mesures clefs, au-delà des mesures par secteurs agricoles.
9 mesures fondamentales.
9 mesures comme la preuve par 9 que nos paysans de France peuvent être sauvés.
Ces 9 mesures les voici :
Premièrement, dès la fin juin 2007, dans les jours qui suivront mon élection, comme une nouvelle méthode du redressement agricole national,
je convoquerai des Etats généraux de l'agriculture avec les représentants :
. des maires de nos villages
. de nos organisations professionnelles, dont je dois vous dire qu'en dépit de leurs erreurs dans une ligne eurofédérale, qui a conduit nos paysans dans l'impasse où nous sommes, elles ont su aussi, et en sens inverse, jouer un rôle capital dans la révolution agraire réussie des 30 dernières années.
Ces Etats généraux vont mettre au point le grand programme de redressement agricole.
Ma 2ème mesure sera prise dès le mois de juillet avec un moratoire de la dette agricole, qui sera cantonné dans une caisse publique d'amortissement. Jusqu'au rétablissement de l'équilibre financier des exploitations.
En août, un 3ème train de mesures fortes sera consacré pour l'installation de 15 000 jeunes agriculteurs par an.
Dès la rentrée de septembre, la 4ème mesure se concrétisera par une loi de justice agricole qui mettra en parité, en 5 ans, des retraies agricoles avec les retraites des autres Français, notamment pour le conjoint survivant, comme une mesure de restitution au monde paysan de la plus-value de productivité confisquée depuis trente ans au profit du secteur des services.
En octobre, la 5ème mesure sera une loi de sanctuarisation juridique du droit millénaire du paysan au réensemencement d'une partie de sa récolte, contre le brevetage du vivant par les multinationales. Ainsi, l'essentiel du danger des OGM sera conjuré. Les paysans ne tomberont pas sous la dépendance économique des brevets des multinationales.
En novembre, la 6ème mesure sera une loi de programmation pour un plan en 5 ans d'investissements dans les services publics ruraux.
Avec la loi de finances pour 2008, en décembre, deux autres mesures d'urgence fondamentales arriveront :
- Une 7ème mesure d'exonération, en 5 ans, des entreprises agricoles de toutes charges fiscales et sociales pour rétablir l'égalité de compétitivité face au dumping de l'agriculture de l'hémisphère sud.
- Une 8ème mesure avec la création d'un fonds d'intervention pour les campagnes, sur le modèle du fonds d'intervention pour la ville.
Ma 9ème mesure, enfin, en juillet 2008, sera prise sous présidence française de l'Union européenne. Je ferai réaffirmer et concrétiser la préférence communautaire par l'instauration d'une nouvelle technologie de droits de douane : les droits de douane modulables, remboursables et bonifiables.
Certes, d'autres mesures suivront, secteur par secteur, et d'abord, je le dis ici, en Touraine, pour le secteur viticole.
Nos vignerons vont bénéficier d'un Conservatoire du vignoble.
Mon ministre des affaires européennes ira à Bruxelles faire supprimer les entraves fiscales à la libre circulation des vins et supprimer aussi les barrières administratives qui sont d'autres entraves à cette libre circulation des vins.
Enfin, à l'OMC, je ne laisserai pas Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce, brader nos intérêts viticoles et agricoles. Je ferai imposer le registre multilatéral des indications géographiques viticoles et la répartition planétaire équitable des sacrifices viticoles. Les vignerons français et européens ne peuvent être les seuls à arracher 400 000 hectares, quand les vignerons de quatre pays du Pacifique, Australie, Chili, Afrique du Sud, Californie, ont planté, eux, 230 000 hectares en dix années.
L'excédent viticole étant planétaire, les arrachages doivent être équitablement négociés planétairement.
b) La Marche Verte, que je lance à partir du 15 novembre, ira le dire aux paysans de France.
Des vignes de Touraine en villages des Corbières,
De départements en régions,
Des terres du sud aux marches de Lorraine,
Ma caravane présidentielle, au label France,
Va venir vous soulever,
venir vous mobiliser.
Et quand, au printemps 2007, elle arrivera
avec vous rassemblés,
alors paysans de France,
vous serez sauvés !
Source http://www.frontnational.com, le 30 octobre 2006