Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de vous être déplacés pour couvrir l'évènement du jour, le lancement de notre caravane viticole conduite Jean-Claude Martinez, Agrégé des Universités, député européen et notre spécialiste des questions agricoles, qui fut jadis, peut-être l'ignorez-vous, conseiller de sa Majesté le Roi Hassan II du Maroc.
C'est d'ailleurs en écho à ses fonctions illustres que Jean-Claude a proposé de baptiser du nom de « marche verte » la tournée qui, partant des côtes du Ventoux, sillonnera pendant une quinzaine de jour les vignobles du Sud-ouest et de l'Ouest.
Composée de politiques, de militants et de professionnels du vin, notre caravane ira à la rencontre d'une profession, la viticulture, qui fut l'un des fleurons de l'agriculture française, mais qui, hélas, est désormais la victime des erreurs commises par les politiciens français de gauche et de droite depuis 40 ans.
Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'évoquer ces problèmes tout à l'heure, à l'occasion d'une table ronde avec les viticulteurs de la coopérative de Richerenches.
Nous leur expliquerons ce que nous observons, depuis des années.
Depuis 1962, mais surtout depuis 1986 et le début des négociations commerciales planétaires dites de l'Uruguay round, la Commission de Bruxelles, avec la complicité de la classe politique hexagonale, a engagé sciemment les paysans de France et d'Europe dans une guerre agricole contre les Etats-Unis et leurs alliés.
Dans cette guerre, où nous n'étions pas si mal placés, nous avons perdu toutes les batailles menées jusqu'à présent.
C'est quand même curieux, et l'on peut se demander si l'état-major de notre armée, constitué des politiciens Français et européens, joue vraiment pour la victoire de notre camp.
I - Après celui du lait, celui du poulet et du sucre, le Verdun de la viticulture française a en effet commencé, sous l'impulsion de l'Europe elle-même.
Depuis quelques années, à rebours de nos savoirs faire traditionnels, Bruxelles a décidé de faire accepter à la France les pratiques oenologiques de l'industrie viticole anglo-saxonne, c'est-à-dire l'adjonction au jus de raisin d'eau, de copeaux et d'aromates.
Le résultat est en que, peu à peu, le vin n'est plus issu de la fermentation de raisins frais, mais de manipulations chimiques.
On nous explique que le tonneau de chêne, c'est daté.
Qu'il faut des copeaux.
Que le vin doit être fruité et aromatisé.
Qu'il ne faut plus de bouchon de liège mais une capsule à vis, pour faire disparaître le goût bouchonné.
Bientôt, on nous dira qu'il est tout-à-fait normal d'ajouter de la vanilline, puis des arômes bois brûlés et ensuite des arômes fruits.
Enfin, on fera du vin avec des nez de la parfumerie, et qui sait, nous aurons peut-être un jour un « Vin n°5 » de Chanel ?
Cette destruction programmée d'un savoir-faire traditionnel est en cours, mesdames et messieurs, parce que Bruxelles, loin de protéger notre outil de production et nos traditions, développe et diffuse le discours de l'Organisation Mondiale du Commerce sur la « modernité oenologique ».
Le discours sur la modernité oenologique, c'est faire pour le vin ce que l'Europe a fait pour le chocolat, c'est-à-dire remplacer le cacao par du beurre de karité, voire de soja.
De fait, la Commission européenne suggère de faire du vin avec des moûts importés, des infusions de copeaux et des mélanges de diverses matières.
On suggère également aux viticulteurs que le packaging d'alu, type boîte de Coca, voire le packaging de carton, comme un « berlingot de merlot », est supérieur à la bouteille !
Les choses sont claires. L'Europe exécute les choix de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Mais l'OMC, elle, exécute les ordres qui viennent des Etats-Unis.
En effet, l'Amérique a déclaré la guerre à nos Appellations d'Origine Contrôlées.
Les Appellations d'Origine Contrôlées et les Identifications Géographiques Protégées sont en effet un obstacle à la production standardisée, génératrice de juteuses économies d'échelle.
Par opposition, les marques sont plus profitables : on acquiert une marque, et on peut vendre à n'importe quel prix n'importe quelle piquette, au détriment de la qualité, du savoir-faire et des traditions d'excellence de la viticulture depuis des siècles.
Cette guerre entre les terroirs et les marques, nous sommes en train de la perdre, comme nous sommes en train de perdre la bataille pour la production.
Depuis vingt ans, les plans viticoles de la Commission utilisent toujours les mêmes outils : arrachages, limitation des plantations, des distillations ou des vendanges, couplées à quelques aides à la commercialisation.
Cette année, Bruxelles semble vouloir accélérer le pas : en juin dernier, Mariann Fischer Boel, commissaire européenne à l'agriculture, a déclaré son objectif d'arracher 400 000 hectares de vignes en cinq ans, de réduire encore la production et de diminuer massivement le nombre des exploitants, au prétexte farfelu d'une surproduction viticole européenne chronique.
Mais il n'y a d'excédent européen qu'en raison des importations massives de vin du nouveau monde.
Bien sûr, on achètera les Indiens viticoles réticents, grâce à une enveloppe de 7 000 euros par hectare arraché.
On poussera les vignerons à quitter leurs vignes par des aides fortement incitatives à la préretraite (18 000 euros par an).
Mais pourquoi l'Europe accepte-t-elle de faire disparaître, en silence, une profession, une tradition, un art de vivre ?
II- Je voudrais vous exposer ce que je crois être les vrais raisons du sacrifice viticole.
Dans la guerre agricole contemporaine, la Commission européenne a passé, depuis 1986, lors d'un sommet commercial mondial du GATT, connu sous le nom d'Uruguay round, un accord stratégique avec les Etats-Unis et les 17 pays agricoles du Pacifique sud.
Les clauses de cet accord sont simples : aux pays du Nord le monopole des exportations de services et de technologie, aux pays du Tiers-Monde, l'alimentation mondiale, solide ou liquide.
A la vérité, la viticulture française est donc sacrifié parce qu'elle n'est qu'un élément du « deal » mondial en cours.
Cet accord, c'est un marché de dupes, car il ya 20 ans, les négociateurs européens n'ont pas vu que les perspectives en matière agro-alimentaire étaient juteuses.
En effet, qui, de l'Europe, du Brésil, des Etats agricoles du Pacifique, nourrira en 2020 la Chine, l'Inde et l'Indonésie ?
Voilà l'enjeu de cet affrontement agricole géant.
Voilà, au fond, la raison pour laquelle les caves sont pleines et les vignes s'arrachent : dans le cadre de la division planétaire des profits, pour les idéologues libre-échangistes de Bruxelles, nos vignobles et nos vergers doivent être délocalisés dans le tiers-monde, au détriment de nos producteurs.
En même temps, au fur et à mesure que les terres agricoles diminuent, dans le Languedoc d'abord, et ailleurs ensuite, l'espace peut être utilisé pour autre chose, d'autant qu'une demande anglaise, néerlandaise, nordique, existe pour acquérir le foncier du Périgord à l'Aquitaine.
En effet, depuis 15 ans, l'Europe du nord migre au soleil.
La côte méditerranéenne étant bétonnée de Gênes à Valence en Espagne, si l'on renonçait complètement à la viticulture sur 3 milliards de m² en Languedoc, on pourrait construire au minimum 3 millions de villas, à 200 000 euros ou 300 000 la villa.
Les migrations vers le sud représentent ainsi un chiffre d'affaires compris entre 600 milliards et 900 milliards d'euros, qui doit allécher bien des intérêts économiques.
Or les intérêts économiques, ils savent se manifester, à Bruxelles, auprès des décideurs politiques.
Nous autres députés européens, les voyons à l'oeuvre, tous les jours, auprès du Parlement Européen, de la Commission Européenne, des hauts fonctionnaires européens.
III- Une chose est claire, mesdames et messieurs.
Les préoccupations de tel ou tel groupement d'intérêt commercial ne sont pas celles du candidat de la famille nationale.
Ce qui me préoccupe, moi, c'est de préserver l'agriculture française, dont la viticulture est un des fleurons.
En effet, il y a là un enjeu considérable, en terme d'emplois et d'activité économique mais aussi en terme d'identité, au travers de la défense de nos savoirs faire et de nos traditions productives.
Pour sauver la viticulture française, il faut prendre dès 2007 quelques mesures fondamentales.
Il faut créer un Conservatoire du vignoble, qui appuiera notamment l'installation des jeunes vignerons et qui aura en charge le service de la dette vigneronne, avec les amortissements en cours, jusqu'à rétablissement de la situation économique des exploitations aujourd'hui sinistrées.
Il faut également se doter d'un Fond d'intervention pour le Vignoble, qui dans le cadre d'une grande politique de solidarité rurale, définira le périmètre de Zones Franches Viticoles et programmera les équipements urgents de cohésion sociale (haltes-garderies, services publics et services d'assistance à la personne).
En effet, préserver le peuplement de nos campagnes, c'est garantir l'équilibre territorial de notre pays.
Il faut ouvrir le marché de l'Europe du nord, aujourd'hui scandaleusement protégé par des entraves administratives et fiscales.
En Scandinavie, les accises, très élevées, renchérissent considérablement le prix du vin.
De plus, pour protéger leur marché, la Suède et la Finlande maintiennent un curieux monopole d'Etat pour l'importation de 90 % des vins consommés. Seuls 10 % des vins consommés sont libres dans les circuits de restauration. Ces barrières administratives doivent être éliminées.
La France doit mettre ce dossier sur la table du Conseil des ministres européens, où nous devons, enfin, apprendre à défendre nos intérêts jusqu'au bout !
Il est indispensable de stopper la dérive dans la définition du vin, en défendant la loi du 1er août 1905, qui définit le vin comme un « produit alimentaire issu d'une fermentation exclusive du raisin ou du jus de raisin frais ».
La défense de la fabrication traditionnelle implique aussi de créer un registre multilatéral des identifications géographiques viticoles afin d'éviter que les marques soient détachées des terroirs et des conditions de productions.
J'entends également, si je suis élu, protéger nos marchés, y compris le marché du vin, en instituant des droits de douane déductibles sous la forme d'un crédit douanier offert à l'exportateur, à utiliser pour des achats dans le pays importateur.
Il faut en effet répartir équitablement les sacrifices viticoles à l'échelle planétaire, afin que les vignerons français ne soient plus les seuls à arracher, quand ceux d'Australie, du Chili, d'Afrique du Sud et de Californie ont planté 230 000 hectares en dix ans.
Viticulteurs, défendez-vous !
Aidez-moi à vous défendre !
Votre disparition n'est pas une fatalité, pas plus que la disparition de l'identité et de la prospérité française.
Unissons nos efforts, pour construire l'avenir de nos enfants, dans le respect des valeurs et la continuité des traditions de nos anciens.
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com, le 15 novembre 2006
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de vous être déplacés pour couvrir l'évènement du jour, le lancement de notre caravane viticole conduite Jean-Claude Martinez, Agrégé des Universités, député européen et notre spécialiste des questions agricoles, qui fut jadis, peut-être l'ignorez-vous, conseiller de sa Majesté le Roi Hassan II du Maroc.
C'est d'ailleurs en écho à ses fonctions illustres que Jean-Claude a proposé de baptiser du nom de « marche verte » la tournée qui, partant des côtes du Ventoux, sillonnera pendant une quinzaine de jour les vignobles du Sud-ouest et de l'Ouest.
Composée de politiques, de militants et de professionnels du vin, notre caravane ira à la rencontre d'une profession, la viticulture, qui fut l'un des fleurons de l'agriculture française, mais qui, hélas, est désormais la victime des erreurs commises par les politiciens français de gauche et de droite depuis 40 ans.
Nous aurons d'ailleurs l'occasion d'évoquer ces problèmes tout à l'heure, à l'occasion d'une table ronde avec les viticulteurs de la coopérative de Richerenches.
Nous leur expliquerons ce que nous observons, depuis des années.
Depuis 1962, mais surtout depuis 1986 et le début des négociations commerciales planétaires dites de l'Uruguay round, la Commission de Bruxelles, avec la complicité de la classe politique hexagonale, a engagé sciemment les paysans de France et d'Europe dans une guerre agricole contre les Etats-Unis et leurs alliés.
Dans cette guerre, où nous n'étions pas si mal placés, nous avons perdu toutes les batailles menées jusqu'à présent.
C'est quand même curieux, et l'on peut se demander si l'état-major de notre armée, constitué des politiciens Français et européens, joue vraiment pour la victoire de notre camp.
I - Après celui du lait, celui du poulet et du sucre, le Verdun de la viticulture française a en effet commencé, sous l'impulsion de l'Europe elle-même.
Depuis quelques années, à rebours de nos savoirs faire traditionnels, Bruxelles a décidé de faire accepter à la France les pratiques oenologiques de l'industrie viticole anglo-saxonne, c'est-à-dire l'adjonction au jus de raisin d'eau, de copeaux et d'aromates.
Le résultat est en que, peu à peu, le vin n'est plus issu de la fermentation de raisins frais, mais de manipulations chimiques.
On nous explique que le tonneau de chêne, c'est daté.
Qu'il faut des copeaux.
Que le vin doit être fruité et aromatisé.
Qu'il ne faut plus de bouchon de liège mais une capsule à vis, pour faire disparaître le goût bouchonné.
Bientôt, on nous dira qu'il est tout-à-fait normal d'ajouter de la vanilline, puis des arômes bois brûlés et ensuite des arômes fruits.
Enfin, on fera du vin avec des nez de la parfumerie, et qui sait, nous aurons peut-être un jour un « Vin n°5 » de Chanel ?
Cette destruction programmée d'un savoir-faire traditionnel est en cours, mesdames et messieurs, parce que Bruxelles, loin de protéger notre outil de production et nos traditions, développe et diffuse le discours de l'Organisation Mondiale du Commerce sur la « modernité oenologique ».
Le discours sur la modernité oenologique, c'est faire pour le vin ce que l'Europe a fait pour le chocolat, c'est-à-dire remplacer le cacao par du beurre de karité, voire de soja.
De fait, la Commission européenne suggère de faire du vin avec des moûts importés, des infusions de copeaux et des mélanges de diverses matières.
On suggère également aux viticulteurs que le packaging d'alu, type boîte de Coca, voire le packaging de carton, comme un « berlingot de merlot », est supérieur à la bouteille !
Les choses sont claires. L'Europe exécute les choix de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Mais l'OMC, elle, exécute les ordres qui viennent des Etats-Unis.
En effet, l'Amérique a déclaré la guerre à nos Appellations d'Origine Contrôlées.
Les Appellations d'Origine Contrôlées et les Identifications Géographiques Protégées sont en effet un obstacle à la production standardisée, génératrice de juteuses économies d'échelle.
Par opposition, les marques sont plus profitables : on acquiert une marque, et on peut vendre à n'importe quel prix n'importe quelle piquette, au détriment de la qualité, du savoir-faire et des traditions d'excellence de la viticulture depuis des siècles.
Cette guerre entre les terroirs et les marques, nous sommes en train de la perdre, comme nous sommes en train de perdre la bataille pour la production.
Depuis vingt ans, les plans viticoles de la Commission utilisent toujours les mêmes outils : arrachages, limitation des plantations, des distillations ou des vendanges, couplées à quelques aides à la commercialisation.
Cette année, Bruxelles semble vouloir accélérer le pas : en juin dernier, Mariann Fischer Boel, commissaire européenne à l'agriculture, a déclaré son objectif d'arracher 400 000 hectares de vignes en cinq ans, de réduire encore la production et de diminuer massivement le nombre des exploitants, au prétexte farfelu d'une surproduction viticole européenne chronique.
Mais il n'y a d'excédent européen qu'en raison des importations massives de vin du nouveau monde.
Bien sûr, on achètera les Indiens viticoles réticents, grâce à une enveloppe de 7 000 euros par hectare arraché.
On poussera les vignerons à quitter leurs vignes par des aides fortement incitatives à la préretraite (18 000 euros par an).
Mais pourquoi l'Europe accepte-t-elle de faire disparaître, en silence, une profession, une tradition, un art de vivre ?
II- Je voudrais vous exposer ce que je crois être les vrais raisons du sacrifice viticole.
Dans la guerre agricole contemporaine, la Commission européenne a passé, depuis 1986, lors d'un sommet commercial mondial du GATT, connu sous le nom d'Uruguay round, un accord stratégique avec les Etats-Unis et les 17 pays agricoles du Pacifique sud.
Les clauses de cet accord sont simples : aux pays du Nord le monopole des exportations de services et de technologie, aux pays du Tiers-Monde, l'alimentation mondiale, solide ou liquide.
A la vérité, la viticulture française est donc sacrifié parce qu'elle n'est qu'un élément du « deal » mondial en cours.
Cet accord, c'est un marché de dupes, car il ya 20 ans, les négociateurs européens n'ont pas vu que les perspectives en matière agro-alimentaire étaient juteuses.
En effet, qui, de l'Europe, du Brésil, des Etats agricoles du Pacifique, nourrira en 2020 la Chine, l'Inde et l'Indonésie ?
Voilà l'enjeu de cet affrontement agricole géant.
Voilà, au fond, la raison pour laquelle les caves sont pleines et les vignes s'arrachent : dans le cadre de la division planétaire des profits, pour les idéologues libre-échangistes de Bruxelles, nos vignobles et nos vergers doivent être délocalisés dans le tiers-monde, au détriment de nos producteurs.
En même temps, au fur et à mesure que les terres agricoles diminuent, dans le Languedoc d'abord, et ailleurs ensuite, l'espace peut être utilisé pour autre chose, d'autant qu'une demande anglaise, néerlandaise, nordique, existe pour acquérir le foncier du Périgord à l'Aquitaine.
En effet, depuis 15 ans, l'Europe du nord migre au soleil.
La côte méditerranéenne étant bétonnée de Gênes à Valence en Espagne, si l'on renonçait complètement à la viticulture sur 3 milliards de m² en Languedoc, on pourrait construire au minimum 3 millions de villas, à 200 000 euros ou 300 000 la villa.
Les migrations vers le sud représentent ainsi un chiffre d'affaires compris entre 600 milliards et 900 milliards d'euros, qui doit allécher bien des intérêts économiques.
Or les intérêts économiques, ils savent se manifester, à Bruxelles, auprès des décideurs politiques.
Nous autres députés européens, les voyons à l'oeuvre, tous les jours, auprès du Parlement Européen, de la Commission Européenne, des hauts fonctionnaires européens.
III- Une chose est claire, mesdames et messieurs.
Les préoccupations de tel ou tel groupement d'intérêt commercial ne sont pas celles du candidat de la famille nationale.
Ce qui me préoccupe, moi, c'est de préserver l'agriculture française, dont la viticulture est un des fleurons.
En effet, il y a là un enjeu considérable, en terme d'emplois et d'activité économique mais aussi en terme d'identité, au travers de la défense de nos savoirs faire et de nos traditions productives.
Pour sauver la viticulture française, il faut prendre dès 2007 quelques mesures fondamentales.
Il faut créer un Conservatoire du vignoble, qui appuiera notamment l'installation des jeunes vignerons et qui aura en charge le service de la dette vigneronne, avec les amortissements en cours, jusqu'à rétablissement de la situation économique des exploitations aujourd'hui sinistrées.
Il faut également se doter d'un Fond d'intervention pour le Vignoble, qui dans le cadre d'une grande politique de solidarité rurale, définira le périmètre de Zones Franches Viticoles et programmera les équipements urgents de cohésion sociale (haltes-garderies, services publics et services d'assistance à la personne).
En effet, préserver le peuplement de nos campagnes, c'est garantir l'équilibre territorial de notre pays.
Il faut ouvrir le marché de l'Europe du nord, aujourd'hui scandaleusement protégé par des entraves administratives et fiscales.
En Scandinavie, les accises, très élevées, renchérissent considérablement le prix du vin.
De plus, pour protéger leur marché, la Suède et la Finlande maintiennent un curieux monopole d'Etat pour l'importation de 90 % des vins consommés. Seuls 10 % des vins consommés sont libres dans les circuits de restauration. Ces barrières administratives doivent être éliminées.
La France doit mettre ce dossier sur la table du Conseil des ministres européens, où nous devons, enfin, apprendre à défendre nos intérêts jusqu'au bout !
Il est indispensable de stopper la dérive dans la définition du vin, en défendant la loi du 1er août 1905, qui définit le vin comme un « produit alimentaire issu d'une fermentation exclusive du raisin ou du jus de raisin frais ».
La défense de la fabrication traditionnelle implique aussi de créer un registre multilatéral des identifications géographiques viticoles afin d'éviter que les marques soient détachées des terroirs et des conditions de productions.
J'entends également, si je suis élu, protéger nos marchés, y compris le marché du vin, en instituant des droits de douane déductibles sous la forme d'un crédit douanier offert à l'exportateur, à utiliser pour des achats dans le pays importateur.
Il faut en effet répartir équitablement les sacrifices viticoles à l'échelle planétaire, afin que les vignerons français ne soient plus les seuls à arracher, quand ceux d'Australie, du Chili, d'Afrique du Sud et de Californie ont planté 230 000 hectares en dix ans.
Viticulteurs, défendez-vous !
Aidez-moi à vous défendre !
Votre disparition n'est pas une fatalité, pas plus que la disparition de l'identité et de la prospérité française.
Unissons nos efforts, pour construire l'avenir de nos enfants, dans le respect des valeurs et la continuité des traditions de nos anciens.
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com, le 15 novembre 2006