Texte intégral
Q - Quels sont les problèmes auxquels la Roumanie va être confrontée pour intégrer l'Union européenne ? Une stratégie post-intégration est-elle absolument nécessaire pour bénéficier des avantages offerts par l'Union européenne ? Si oui, laquelle ?
R - L'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne est le fruit de l'effort courageux mené depuis des années, en particulier dans le domaine de la justice, de la lutte contre la corruption et le crime organisé. Pour que votre pays achève son intégration dans les meilleures conditions, nous l'encourageons à poursuivre résolument dans cette voie et à tirer le meilleur parti des mécanismes de suivi instaurés par la Commission européenne. Ces mesures sont normales, elles n'ont rien de discriminatoire, et valent d'ailleurs aussi pour la Bulgarie. Par ailleurs, la Roumanie va bénéficier de fonds communautaires qui vont contribuer à son développement économique et social à hauteur de 29 milliards d'euros pour la période 2007-2013. Il est indispensable de poursuivre la mise en place des moyens de les gérer efficacement.
Q - La France a des problèmes avec l'immigration et le travail illégal. Comment expliquer qu'elle ait adopté des mesures moins strictes envers la Roumanie que d'autres pays de l'Union européenne ?
R - La libre circulation des travailleurs est l'un des principes fondateurs de l'Europe. La France est animée par le souci de traiter également les travailleurs roumains et les ressortissants des autres nouveaux Etats membres. C'est le plus simple. Nous avons décidé ainsi l'ouverture progressive et maîtrisée du marché du travail français depuis le 1er mai 2006 pour les partenaires qui nous avaient rejoints le 1er mai 2004 et dès le jour de l'adhésion pour nos deux nouveaux partenaires, donc à partir du 1er janvier prochain. C'est en fait un traitement plus favorable, car la Roumanie n'aura pas à attendre deux ans. En pratique, une soixantaine de métiers seront ouverts parmi sept secteurs d'activités couvrant des pans très larges de notre économie : le bâtiment, l'hôtellerie, l'agriculture, etc.
Q - Quels sont vos commentaires sur la désignation du commissaire roumain, la désignation de Varujan Vosganian, puis son "remplacement" par Leonard Orban ?
R - Je n'ai pas à commenter des décisions qui relèvent du gouvernement roumain mais sachez que j'ai aussitôt félicité M. Orban. Bien sûr, nous devons attendre l'examen de sa candidature par le Parlement européen à la mi-décembre. S'agissant de la nature de son portefeuille, la politique du multilinguisme, elle est particulièrement importante et les enjeux sont considérables. Le multilinguisme n'est pas seulement inhérent à l'exercice de la démocratie européenne. C'est aussi un élément fondamental de la diversité culturelle et un patrimoine précieux, qu'il convient de préserver et de développer. Je sais que la Roumanie le comprend du fonds du coeur, car c'est un pays de riche tradition intellectuelle et culturelle, et l'un des tout premiers Etats à avoir ratifié la convention de l'Unesco d'octobre 2005 sur la diversité culturelle. Bucarest vient d'accueillir le 11ème Sommet de la Francophonie, qui a été un succès. Pour la France, c'est un atout précieux.
Q - Quels sont les domaines de coopération les plus fructueux entre nos deux pays ? Quels sont ceux qui posent des difficultés et comment peut-on les faire progresser ?
R - Les coopérations entre nos deux pays sont nombreuses et excellentes. La France est le premier pays d'accueil des étudiants roumains à l'étranger. Ils sont en effet plus de 5.000, dont 10 % bénéficient de bourses du gouvernement français ou de l'Agence universitaire de la Francophonie. Notre coopération bilatérale administrative est également exemplaire, puisqu'avec une quarantaine de jumelages depuis 1998, nous demeurons votre principal partenaire dans ce domaine et nous vous avons aidé concrètement à préparer votre adhésion. La coopération décentralisée, qui comprend plus de 600 liens actifs entre départements et communes, est aussi la plus importante pour notre pays. Je tiens également à souligner la croissance constante de nos échanges économiques et commerciaux, la France étant votre 4ème partenaire commercial. Nos investissements en Roumanie ont augmenté quant à eux de plus de 20 % en 2005, et recouvrent l'ensemble des activités économiques, industrielles, ainsi que les services.
Q - L'axe Bucarest - Londres - Washington du président Traian Basescu, sans Paris, est-il toujours actuel ?
R - Le partenariat entre la France et la Roumanie est bien ancré dans l'histoire, et prometteur au sein de l'Union européenne, j'en ai la conviction. Je peux témoigner que l'entretien entre le président Chirac et votre président était de grande qualité ! Par ailleurs, il est tout à fait normal que la Roumanie cherche à assurer sa sécurité en travaillant à une meilleure stabilité de la région, notamment dans le cadre de l'OTAN. Ce qui est certain c'est que désormais, en tant qu'Etat membre, la Roumanie s'intéressera de plus en plus aux mécanismes et programmes européens en matière de défense et de sécurité commune, et c'est une très bonne chose.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2006