Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la stratégie européenne pour faire face au changement climatique, Paris le 6 décembre 2006.

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Circonstance : Ouverture du 4e Forum mondial du développement durable, à Paris le 6 décembre 2006

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je vous souhaite à toutes et à tous une cordiale bienvenue au Sénat de la République française qui accueille, pour sa quatrième édition, le Forum mondial du développement durable.
Sa troisième édition, centrée sur « le climat, patrimoine de l'humanité », avait été couronnée de succès l'an dernier, ce qui constitue, il est vrai, un formidable atout pour récidiver. Aussi, est-ce bien volontiers que j'ai accepté d'ouvrir votre rencontre inaugurale.
Le Sénat, assemblée ouverte sur le monde, soucieuse de l'avenir de la planète et des générations qui s'y épanouiront, a vocation à offrir une tribune à ce laboratoire d'idées que constitue cette manifestation initiée par la revue « Passages » et l'association ADAPES auxquelles je rends hommage pour la qualité des séminaires et des colloques qu'elles organisent, à intervalles réguliers, sur des thèmes essentiels à la compréhension du monde et à sa constante évolution.
Vous nous aviez annoncé, cher Émile MALLET, la présence du Président de la Commission européenne, Monsieur Manuel BARROSO, ce dont nous nous réjouissions vivement. Hélas, les contraintes de l'actualité ne lui ont pas permis de venir ce matin à Paris.
Nous le regrettons d'autant plus vivement que nous savons à quel point il s'efforce de faire progresser l'Europe de l'environnement depuis qu'il se trouve à la présidence de la Commission européenne.
Pour la sauvegarde de l'humanité et pour l'avenir de l'Europe, il appelle inlassablement à « réconcilier deux courants de pensée : la pensée écologique moderne et la pensée économique moderne » tout en restant à la pointe du combat contre les émissions à effet de serre.
On peut, certes, difficilement parler du changement climatique sans paraître alarmiste et le rapport de Sir Nicholas STERN, publié à la fin du mois d'octobre, montre avec une clarté implacable, le prix de l'inaction dans ce domaine.
Ce n'est pas un hasard si l'Europe est en première ligne sur la scène internationale en matière de gestion du changement climatique. Elle a démontré sa capacité à s'imposer par l'exemple, notamment en ce qui concerne le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre, jetant par là même les bases d'un marché international du carbone en pleine expansion.
La stratégie européenne pour une énergie sûre, compétitive et durable montre que le traitement du changement climatique et de la sécurité énergétique, d'une part, le renforcement de la compétitivité, d'autre part, vont de pair. C'est précisément dans cette perspective que la Commission a présenté un plan d'action sur l'efficacité énergétique en exposant les manières de l'accroître de 20 % d'ici à 2020.
Un véritable marché européen de l'énergie est indispensable, tout comme la recherche et l'innovation. C'est pourquoi, nous considérons la création de l'Institut européen de technologie (IET) comme un moteur de l'excellence de l'innovation destiné à attirer les talents et à réunir les meilleurs experts.
C'est pourquoi, nous nous félicitons de l'extraordinaire travail des scientifiques et des ingénieurs qui ont rendu possible la promesse d'ITER. ITER est le fruit d'une mobilisation peu commune pour faire face à cet enjeu qui dépasse toutes les frontières : produire des sources d'énergie propres, durables et virtuellement inépuisables par la fusion des atomes. A l'heure où la demande énergétique ne cesse de croître, l'enjeu est considérable et même vital pour la planète.
En effet, depuis quelques années, et particulièrement depuis dix-huit mois, la croissance continue des cours internationaux du pétrole et du gaz se double d'une augmentation structurelle de la demande qui vient se heurter à un manque de capacités de production. A cet état de fait viennent s'ajouter des tensions géostratégiques dans les zones de production, au Moyen-Orient, notamment, et dans les relations entre pays producteurs et pays consommateurs.
La panne d'électricité qui a plongé dix millions d'Européens dans le noir, le 4 novembre dernier, confirme, en outre, s'il en était besoin, l'urgence d'une politique énergétique commune.
Les réflexions que vous allez engager au cours des trois prochaines journées sont particulièrement d'actualité. Les énergies et les transports se trouvent à la base de toutes les mobilités, de tous les nomadismes, qui impliquent de nouveaux comportements dans la façon d'habiter la planète, notre maison commune.
En vous renouvelant mes voeux de cordiale bienvenue, je souhaite, à toutes et à tous, de fructueux et passionnants travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un excellent souvenir.
Source http://www.senat.fr, le 12 décembre 2006