Texte intégral
Monsieur le Président, Cher Bill Clinton,
Madame la Présidente, Chère Sonia Gandhi,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi, pour commencer, de remercier Madame la Directrice de l'Hôpital pour enfants Kalawati Saran pour son accueil si chaleureux.
Je tiens à rendre ici hommage à l'ensemble du personnel médical et hospitalier qui s'investit au service de ses jeunes patients sans compter.
Je veux aussi saluer tous les enfants qui sont soignés ici, à l'Hôpital de Kalawati Saran : ils témoignent, dans l'épreuve de la maladie, d'un courage remarquable qui est une véritable leçon de vie.
C'est lui qui nous anime et qui donne toute sa force à notre engagement, dans la lutte que nous menons ensemble contre le sida.
Aussi, je suis très heureux, en tant que président élu du Conseil d'administration d'UNITAID, de me trouver aujourd'hui aux côtés du président Clinton et de Mme Sonia Gandhi, au moment d'une annonce qui revêt, à mes yeux, un caractère véritablement historique.
Pour la première fois depuis l'identification du virus du sida, un nombre très important d'enfants séropositifs des pays du Sud pourront bénéficier, dès les tous prochains mois, d'un traitement spécifique, adapté à leur âge et à l'avancée de leur maladie.
C'est là une grande source d'espoir en même temps qu'un formidable progrès.
Chacun ici connaît la fracture sanitaire à laquelle nous sommes confrontés à l'échelle du monde. Ce défi est aussi une injustice et un scandale majeurs : qu'il s'agisse du paludisme, du sida ou de la tuberculose, les populations du Sud restent les principales victimes, alors même que nous disposons, dans les pays du Nord, des médicaments et des traitements adéquats.
Favoriser un meilleur accès aux médicaments, c'est donc une question mondiale de santé publique ; c'est aussi, je le crois, une question éminemment politique, où entrent en comptent la volonté, la solidarité, l'imagination des hommes comme des nations.
C'est précisément la raison d'être et le fondement d'UNITAID.
UNITAID a été officiellement lancée, vous le savez, le 19 septembre dernier, à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Aujourd'hui, nous l'observons déjà : une véritable mondialisation de la solidarité est en marche. Pour la première fois, de très nombreux pays se sont accordés pour contribuer, concrètement, à l'achat de traitements à prix réduits contre les trois pandémies que sont le paludisme, le sida et la tuberculose.
44 pays travaillent actuellement à la mise en oeuvre de financements innovants du développement. Sur ces 44 pays, 19 d'entre eux ont déjà engagé des procédures de financement durables qui permettront de financer UNITAID. J'observe d'ailleurs qu'au cours de ces derniers jours, la Corée du Sud, l'Espagne, l'Algérie, Maurice, Madagascar, Chypre ont décidé de nous rejoindre ; d'autres partenaires s'apprêtent bientôt à le faire.
Au total, ce sont 60 millions de dollars pour 2006, 300 millions de dollars dès 2007, et jusqu'à 500 millions de dollars à partir de 2009, qui viendront financer les traitements des populations des pays les plus démunis et les plus défavorisés - des financements garantis d'année en année, qui viendront compléter les actions du Fonds mondial pour la Santé.
Ainsi, aujourd'hui, dans la lutte contre le sida, un mouvement unitaire existe. Ce mouvement solidaire n'unit pas seulement des Etats ; il unit aussi des hommes qui veulent saisir l'occasion de faire cause commune et donc d'être, en quelque sorte, de véritables citoyens du monde.
Je tiens, à cet égard, à saluer le travail remarquable réalisé par tous ceux qui animent les fondations, et en particulier la Fondation Clinton.
Dès son lancement en septembre 2006, UNITAID a noué un partenariat étroit avec la Fondation Clinton, dans l'objectif d'étendre la couverture des médicaments pour les enfants. Cette collaboration s'avère aujourd'hui exemplaire : l'annonce que nous faisons aujourd'hui ensemble en témoigne. Tout doit être mis en oeuvre, en effet, pour remédier à la situation des enfants qui payent un tribut exceptionnellement fort à l'épidémie de sida, en particulier en Afrique.
Plus de 2 millions d'enfants dans le monde sont séropositifs. Chaque jour, 1900 enfants sont nouvellement touchés, pour la plupart dans les pays du Sud. C'est aussi dans ces pays que l'accès aux traitements est le plus difficile : 15 à 20.000 enfants de moins de 15 ans y bénéficient de tri-thérapies, alors même que l'on estime à 600.000 ceux qui en auraient besoin.
Cet état de fait est d'autant plus scandaleux que le diagnostic est bien connu. Si les enfants séropositifs sont mal ou pas soignés, c'est en effet parce que les rares anti-rétro viraux pédiatriques, quand ils existent, sont mal adaptés - provoquant des effets secondaires - et que leur prix reste trop élevé. La complexité de ces produits fait que peu de laboratoires sont capables de les produire. Quant à ceux qui le pourraient, ils y sont d'autant moins incités que le marché s'est rétréci dans les pays développés, la transmission de la mère à l'enfant y ayant été aujourd'hui largement - mais heureusement - enrayée.
Nous nous trouvons là typiquement devant ce que l'on appelle une "logique de niche", une logique qui est précisément au coeur de la vocation de UNITAID, puisque nous voulons concentrer nos efforts là où leur impact sera le plus fort, le plus salutaire, le plus utile aux populations.
C'est en raison de cette convergence que les 9 et 10 octobre derniers, le premier Conseil d'administration d'UNITAID a décidé de faire de l'accès des enfants à des traitements pédiatriques appropriés un axe prioritaire de son action pour l'année 2006.
Je suis d'ailleurs en mesure de vous confirmer qu'en ce moment même, pendant que nous parlons, le deuxième Conseil d'administration d'UNITAID réuni à Genève est en train d'approuver la poursuite de cette action pour l'année 2007.
Etendre l'accès à des médicaments de qualité, mais aussi agir sur les prix afin de rendre ces médicaments plus abordables : les objectifs d'UNITAID rejoignent parfaitement les efforts de la Fondation Clinton et son initiative sur le sida. C'est très simplement pourquoi, entre nos deux institutions, une collaboration s'est immédiatement engagée.
La Fondation Clinton avait déjà négocié, depuis avril 2005, des accords de réduction de prix auprès de laboratoires de génériques, ce qui a permis à 10.000 enfants d'accéder à un traitement approprié.
Et sous l'impulsion d'UNITAID, un véritable saut quantitatif pourra être effectué : en 2007, grâce aux ressources financières que nous avons allouées, ce sont en effet 100.000 enfants dans 40 pays en développement qui bénéficieront d'anti-rétro viraux pédiatriques spécifiquement adaptés.
Ce progrès est spectaculaire et je m'en réjouis naturellement tout particulièrement. Mais je vois une seconde raison de nous réjouir, puisque grâce au volume accru de commandes, la Fondation Clinton a été en mesure de négocier avec les laboratoires de nouvelles baisses de prix, qui vont bien au-delà des tarifs déjà obtenus en avril 2005.
Ces résultats sont plus qu'encourageants. Ils concrétisent l'espoir, ils montrent que l'impossible reste possible pour peu que l'on associe ses forces, que l'on mette en commun ses moyens, que l'on fasse grandir des synergies au service du plus grand nombre.
Ces résultats valident, aussi, le modèle retenu pour UNITAID, à savoir la complémentarité avec d'autres acteurs dans tous les domaines où ils ont fait la démonstration de leur excellence.
Encore une fois, je tiens à témoigner très sincèrement et très chaleureusement au président Clinton et à sa Fondation tous mes remerciements.
Je veux l'assurer également de mon soutien total et de ma profonde admiration pour leurs efforts constants et constamment renouvelés dans la lutte contre le sida et pour l'avenir des enfants. En mon nom personnel et au nom d'UNITAID, je forme le voeu que l'heureuse annonce que nous faisons aujourd'hui soit suivie de bien d'autres, et j'invite déjà tous nos partenaires à se mobiliser.
Je suis très heureux enfin que Mme Sonia Gandhi soit associée à cet événement.
En réduisant les prix de leurs produits, les laboratoires indiens ont montré qu'ils pouvaient se saisir de nouvelles opportunités stratégiques, mais encore participer, ce faisant, à un développement plus juste, plus équitable, dont l'Inde et les Indiens pourront aussi bénéficier.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2006