Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis de vous accueillir ici ce matin pour cette conférence sur l'emploi et les revenus. Permettez-moi avant tout de vous remercier d'avoir répondu à l'invitation du gouvernement. Je crois profondément dans l'utilité du dialogue entre les organisations syndicales, les organisations professionnelles et le gouvernement. Le dialogue est utile. Il est nécessaire dans une période de grands changements économiques et d'interrogation sur notre modèle social. Le Projet de loi sur le dialogue social voulu par le Président de la République représente une étape majeure en ce sens.
Aujourd'hui les Français s'interrogent sur notre capacité à rester une grande puissance, face à l'émergence de grands pays comme la Chine ou l'Inde. Ils veulent que la France reste un pays industriel et garde une longueur d'avance en matière d'innovation technologique et de recherche. Ils veulent que l'Europe valorise davantage leurs forces et protège leurs intérêts, en construisant de grands champions industriels et en défendant des règles de commerce équitables. Ils s'interrogent enfin sur notre capacité à maintenir une vitalité économique sur l'ensemble du territoire, en prévenant mieux les délocalisations, en anticipant et en accompagnant les mutations économiques afin qu'elles soient moins difficiles pour les salariés.
Ma vision pour la France, vous la connaissez, c'est celle d'un pays capable de conjuguer le dynamisme économique avec la justice sociale, c'est celle d'un pays qui fait le choix de la croissance sociale. La croissance sociale, c'est un double défi à relever :
* La défi de la compétitivité d'abord : car il n'y a pas de richesse sans entreprises performantes. Il n'y a pas de richesse sans capacité à gagner des parts de marché et à réussir dans la mondialisation.
* Le défi de la solidarité ensuite : chacun dans notre pays doit avoir une perspective d'emploi. Chaque emploi dans notre pays doit être une garantie contre la précarité.
Les résultats que nous avons obtenus depuis plus d'un an, les prévisions faites par l'INSEE il y a quelques jours montrent que nous sommes sur la bonne voie. Comme l'a indiqué Thierry BRETON, la croissance est bien établie. Le chômage est en passe d'atteindre des niveaux que nous n'avions pas connus depuis 1983. Continuons d'avancer dans cette direction. C'est à force de persévérance que nous changerons les choses dans l'intérêt de tous les Français.
Si nous nous réunissons aujourd'hui, c'est donc pour garantir le succès de nos entreprises et pour les aider à faire face aux enjeux liés à l'émergence de nouveaux concurrents commerciaux. Mais c'est aussi pour répondre aux attentes d'une grande partie de la société française, les attentes de tous ceux qui aujourd'hui travaillent et qui pourtant ont peur pour leur avenir et pour celui de leurs enfants ; les attentes de tous ceux qui voudraient travailler mais à qui on ne propose rien ; les attentes de tous les Français qui aspirent à davantage de pouvoir d'achat et à une vie quotidienne plus simple.
A nous de répondre ensemble aux questions que se posent nos compatriotes : comment trouver un logement abordable ? Comment faire garder ses enfants pour aller travailler, lorsqu'on a des horaires décalés ? Comment espérer passer d'un travail précaire à un vrai emploi, avec un salaire suffisant et des perspectives de carrière ?
* Pour répondre à ces attentes, la priorité absolue, c'est l'emploi. L'emploi, ce sont d'abord les entreprises qui le créent. Je sais le rôle qu'elles ont joué dans l'amélioration que nous connaissons depuis plusieurs mois. Je veux leur dire que nous continuerons à nous battre pour qu'elles puissent se développer, croître, investir, et embaucher. Je veux aussi saluer le travail effectué par Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER ainsi que par le service public de l'emploi. Depuis plusieurs mois nous obtenons des résultats encourageants. Il n'est pas question de relâcher nos efforts.
A nous de trouver de nouvelles solutions pour tous ceux qui ont le plus de difficultés sur le marché de l'emploi, je pense notamment aux jeunes sans diplôme ni qualification.
A nous également d'améliorer la qualité des emplois. Je pense en particulier au travail précaire, aux CDD à répétition et au temps partiel subi. Si nous voulons remettre le travail au coeur de la société, nous devons permettre aux Français d'avoir de bons emplois. Nous devons faire en sorte que toute forme de travail soit valorisante. Nous devons aider les Français à s'adapter plus facilement aux changements d'emploi afin que leur parcours professionnel soit à la fois plus mobile et plus serein, afin qu'ils puissent véritablement construire leur projet de vie.
* Le deuxième enjeu c'est la rémunération du travail. Il faut que dans notre pays le travail paye. Y compris celui des moins qualifiés, y compris dans les secteurs qui peinent à recruter.
Les questions dont nous avons à débattre ne sont pas des questions simples. Comment augmenter la rémunération des Français sans que cela pèse sur la compétitivité des entreprises et donc sur l'emploi ? Comment éviter le tassement des salaires autour du SMIC ? Pour répondre aux aspirations des français il est indispensable de tirer les salaires vers le haut.
Nous avons des instruments à notre disposition : la prime pour l'emploi que nous avons portée à un treizième mois, la réforme de l'impôt sur le revenu qui est ciblée sur les classes moyennes, ou encore les négociations des grilles salariales. A nous de déterminer ensemble les voies les mieux à même de concilier une meilleure rémunération pour les salariés et le renforcement de la compétitivité des entreprises.
* Le troisième enjeu, c'est d'améliorer la vie quotidienne des salariés. Pour cela il faut partir de ce que vivent les Français : le passage à l'euro a augmenté le prix des produits de première nécessité. Le logement, les transports, les nouvelles dépenses, tout cela pèse de plus en plus lourd sur le budget des ménages. Avec le chèque-transport, nous voulons aider les Français à faire face à la hausse des prix de leur abonnement de transport. Je souhaite que nous puissions trouver ensemble des solutions sur une autre dépense qui pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages : le logement.
Mesdames, Messieurs,
L'objectif de cette conférence, c'est d'abord d'élaborer ensemble le diagnostic le plus complet et le plus précis possible des enjeux auxquels la société française est confrontée dans le domaine de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale. C'est aussi d'examiner les réponses concrètes que, tous ensemble, nous pouvons apporter aux attentes de nos concitoyens en mobilisant les outils dont nous disposons.
Pour apporter un éclairage plus large et plus international sur ces enjeux, j'ai demandé à Emmanuel Todd de nous faire en premier lieu une présentation plus large des opportunités et des contraintes que représente la mondialisation pour sur la société et l'économie françaises. Sophie Boissard, que je remercie de nous accueillir au Centre d'analyse stratégique, fera ensuite une présentation synthétique du rapport du CERC qui sert de base à nos travaux, complété par les éléments les plus récents d'information. Nous aurons ensuite un débat approfondi sur ces différentes questions, que nous pourrons poursuivre lors du déjeuner à Matignon.
Cet après-midi, de nouveaux intervenants participeront avec nous aux deux tables rondes que présideront Jean-Louis Borloo et Thierry Breton et que modéreront Raymond Soubie et Robert Rochefort. En fin de journée nous tirerons ensemble les conclusions de ces travaux.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 décembre 2006
Je me réjouis de vous accueillir ici ce matin pour cette conférence sur l'emploi et les revenus. Permettez-moi avant tout de vous remercier d'avoir répondu à l'invitation du gouvernement. Je crois profondément dans l'utilité du dialogue entre les organisations syndicales, les organisations professionnelles et le gouvernement. Le dialogue est utile. Il est nécessaire dans une période de grands changements économiques et d'interrogation sur notre modèle social. Le Projet de loi sur le dialogue social voulu par le Président de la République représente une étape majeure en ce sens.
Aujourd'hui les Français s'interrogent sur notre capacité à rester une grande puissance, face à l'émergence de grands pays comme la Chine ou l'Inde. Ils veulent que la France reste un pays industriel et garde une longueur d'avance en matière d'innovation technologique et de recherche. Ils veulent que l'Europe valorise davantage leurs forces et protège leurs intérêts, en construisant de grands champions industriels et en défendant des règles de commerce équitables. Ils s'interrogent enfin sur notre capacité à maintenir une vitalité économique sur l'ensemble du territoire, en prévenant mieux les délocalisations, en anticipant et en accompagnant les mutations économiques afin qu'elles soient moins difficiles pour les salariés.
Ma vision pour la France, vous la connaissez, c'est celle d'un pays capable de conjuguer le dynamisme économique avec la justice sociale, c'est celle d'un pays qui fait le choix de la croissance sociale. La croissance sociale, c'est un double défi à relever :
* La défi de la compétitivité d'abord : car il n'y a pas de richesse sans entreprises performantes. Il n'y a pas de richesse sans capacité à gagner des parts de marché et à réussir dans la mondialisation.
* Le défi de la solidarité ensuite : chacun dans notre pays doit avoir une perspective d'emploi. Chaque emploi dans notre pays doit être une garantie contre la précarité.
Les résultats que nous avons obtenus depuis plus d'un an, les prévisions faites par l'INSEE il y a quelques jours montrent que nous sommes sur la bonne voie. Comme l'a indiqué Thierry BRETON, la croissance est bien établie. Le chômage est en passe d'atteindre des niveaux que nous n'avions pas connus depuis 1983. Continuons d'avancer dans cette direction. C'est à force de persévérance que nous changerons les choses dans l'intérêt de tous les Français.
Si nous nous réunissons aujourd'hui, c'est donc pour garantir le succès de nos entreprises et pour les aider à faire face aux enjeux liés à l'émergence de nouveaux concurrents commerciaux. Mais c'est aussi pour répondre aux attentes d'une grande partie de la société française, les attentes de tous ceux qui aujourd'hui travaillent et qui pourtant ont peur pour leur avenir et pour celui de leurs enfants ; les attentes de tous ceux qui voudraient travailler mais à qui on ne propose rien ; les attentes de tous les Français qui aspirent à davantage de pouvoir d'achat et à une vie quotidienne plus simple.
A nous de répondre ensemble aux questions que se posent nos compatriotes : comment trouver un logement abordable ? Comment faire garder ses enfants pour aller travailler, lorsqu'on a des horaires décalés ? Comment espérer passer d'un travail précaire à un vrai emploi, avec un salaire suffisant et des perspectives de carrière ?
* Pour répondre à ces attentes, la priorité absolue, c'est l'emploi. L'emploi, ce sont d'abord les entreprises qui le créent. Je sais le rôle qu'elles ont joué dans l'amélioration que nous connaissons depuis plusieurs mois. Je veux leur dire que nous continuerons à nous battre pour qu'elles puissent se développer, croître, investir, et embaucher. Je veux aussi saluer le travail effectué par Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER ainsi que par le service public de l'emploi. Depuis plusieurs mois nous obtenons des résultats encourageants. Il n'est pas question de relâcher nos efforts.
A nous de trouver de nouvelles solutions pour tous ceux qui ont le plus de difficultés sur le marché de l'emploi, je pense notamment aux jeunes sans diplôme ni qualification.
A nous également d'améliorer la qualité des emplois. Je pense en particulier au travail précaire, aux CDD à répétition et au temps partiel subi. Si nous voulons remettre le travail au coeur de la société, nous devons permettre aux Français d'avoir de bons emplois. Nous devons faire en sorte que toute forme de travail soit valorisante. Nous devons aider les Français à s'adapter plus facilement aux changements d'emploi afin que leur parcours professionnel soit à la fois plus mobile et plus serein, afin qu'ils puissent véritablement construire leur projet de vie.
* Le deuxième enjeu c'est la rémunération du travail. Il faut que dans notre pays le travail paye. Y compris celui des moins qualifiés, y compris dans les secteurs qui peinent à recruter.
Les questions dont nous avons à débattre ne sont pas des questions simples. Comment augmenter la rémunération des Français sans que cela pèse sur la compétitivité des entreprises et donc sur l'emploi ? Comment éviter le tassement des salaires autour du SMIC ? Pour répondre aux aspirations des français il est indispensable de tirer les salaires vers le haut.
Nous avons des instruments à notre disposition : la prime pour l'emploi que nous avons portée à un treizième mois, la réforme de l'impôt sur le revenu qui est ciblée sur les classes moyennes, ou encore les négociations des grilles salariales. A nous de déterminer ensemble les voies les mieux à même de concilier une meilleure rémunération pour les salariés et le renforcement de la compétitivité des entreprises.
* Le troisième enjeu, c'est d'améliorer la vie quotidienne des salariés. Pour cela il faut partir de ce que vivent les Français : le passage à l'euro a augmenté le prix des produits de première nécessité. Le logement, les transports, les nouvelles dépenses, tout cela pèse de plus en plus lourd sur le budget des ménages. Avec le chèque-transport, nous voulons aider les Français à faire face à la hausse des prix de leur abonnement de transport. Je souhaite que nous puissions trouver ensemble des solutions sur une autre dépense qui pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages : le logement.
Mesdames, Messieurs,
L'objectif de cette conférence, c'est d'abord d'élaborer ensemble le diagnostic le plus complet et le plus précis possible des enjeux auxquels la société française est confrontée dans le domaine de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale. C'est aussi d'examiner les réponses concrètes que, tous ensemble, nous pouvons apporter aux attentes de nos concitoyens en mobilisant les outils dont nous disposons.
Pour apporter un éclairage plus large et plus international sur ces enjeux, j'ai demandé à Emmanuel Todd de nous faire en premier lieu une présentation plus large des opportunités et des contraintes que représente la mondialisation pour sur la société et l'économie françaises. Sophie Boissard, que je remercie de nous accueillir au Centre d'analyse stratégique, fera ensuite une présentation synthétique du rapport du CERC qui sert de base à nos travaux, complété par les éléments les plus récents d'information. Nous aurons ensuite un débat approfondi sur ces différentes questions, que nous pourrons poursuivre lors du déjeuner à Matignon.
Cet après-midi, de nouveaux intervenants participeront avec nous aux deux tables rondes que présideront Jean-Louis Borloo et Thierry Breton et que modéreront Raymond Soubie et Robert Rochefort. En fin de journée nous tirerons ensemble les conclusions de ces travaux.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 décembre 2006