Déclarations de M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur la stratégie de développement de la métropole lyonnaise : planifacation spatiale, stratégie de grands équipements, grands projets, Lyon le 12 janvier 2007.

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Circonstance : Publication de la Directive territoriale d'aménagement (DTA) de l'aire métropolitaine lyonnaise

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de rencontrer les forces agissantes de notre belle région lyonnaise, à l'occasion de la publication de la directive territoriale d'aménagement de Lyon.
Cet instant est, sans emphase, historique, car ce document que Monsieur le Préfet va vous présenter dans quelques instants trace le futur de la métropole pour les vingt prochaines années. En un mot, c'est l'avenir de Lyon et de son aire métropolitaine qui nous est présenté aujourd'hui.
Je suis très heureux d'avoir suivi la progression de ce travail considérable. Je l'ai suivi à chacune de ses étapes, avec autant d'attention que d'enthousiasme. C'est devenu un projet essentiel pour moi, parce qu'il correspond pleinement à ma vision d'avenir pour Lyon. J'aurai l'occasion de le développer en 2ème partie.
Avant de lever le voile, je voudrais revenir en quelques mots sur le long processus de maturation et de réflexions collectives qui ont permis de tracer ce futur.
Les Directives Territoriales d'Aménagement sont des outils exceptionnels. Sur des territoires stratégiques pour l'avenir de notre pays, l'Etat et les collectivités organisent ensemble, à une grande échelle, l'aménagement du territoire, la localisation des grands projets, le tracé des infrastructures majeures, ainsi que les zones naturelles à préserver. Ce travail, qui peut durer plusieurs années, conduit à un document stratégique, et à de nombreuses cartes. Il est validé par le Conseil d'Etat. Une fois publié au Journal Officiel, il s'impose à tous les documents d'urbanisme de la zone. C'est à dire que les SCOT, les PLU et les POS devront être compatibles avec la DTA.
Vous le voyez, il s'agit d'un processus exceptionnel pour des territoires exceptionnels. Avant la publication de la DTA de Lyon, seuls 5 autres territoires ont conduit ce processus à son terme.
Alors, pourquoi la métropole lyonnaise ?
Ce n'est pas à une assemblée aussi distinguée que la vôtre que je vais faire une présentation des atouts et faiblesses de la métropole lyonnaise. Le constat est connu. Et nous connaissons tous la vocation internationale de Lyon, mais aussi les freins qui l'empêchent de se hisser durablement parmi les grandes villes européennes. Le Gouvernement en est pleinement conscient, et il veut conforter la deuxième métropole de France dans son statut européen.
La politique des pôles de compétitivité promue par le gouvernement, les choix faits en matière d'équipements publics, comme ceux concernant l'avenir de l'aéroport de Saint-Exupéry, et des grandes infrastructures destinées à améliorer l'accessibilité, l'intermodalité et la mobilité quotidienne ont vocation à porter cette ambition.
Mais une métropole aujourd'hui compétitive, c'est aussi une «métropole durable», où il fait bon vivre, et qui est, bien sûr, économe de son environnement. Qui sache surtout allier modernité, accessibilité, mobilité et, tout à la fois, proximité, diversité, mise en valeur des espaces et des milieux de qualité.
C'est toute l'ambition de cette DTA.
Avec la DTA, tous les habitants de cette aire métropolitaine lyonnaise, qui va de Lyon à St Etienne et à L'Isle d'Abeau, disposeront donc d'un document de référence, d'une vision prospective, et d'un projet partagé. Celui-ci offre les éléments constitutifs d'un système de transport efficace, un schéma de référence permettant de préserver et de valoriser des espaces naturels et agricoles majeurs. Il comporte un ensemble de règles du jeu qui permettront aux structures intercommunales de maîtriser l'étalement urbain et les déplacements, et de prendre en compte les solidarités territoriales.
Je voudrais souligner la masse de travail qu'a nécessitée la mise au point de cette vision partagée. Vous le savez, si un premier mandat a été adressé en 2000 au Préfet, l'avant projet de DTA a été approuvé par le CIADT du 18 décembre 2003.
Une concertation exceptionnelle s'est alors engagée pendant près de 2 ans. Nous n'avons pas le décompte des réunions, des comités locaux de pilotages, des comités stratégiques qui ont été conduits pendant cette période, mais je veux rendre hommage à tous ceux qui y ont participé, et qui ont aussi contribué à l'émergence de cette vision commune du territoire et de notre destin lyonnais. C'est tout aussi essentiel pour les 2 millions de Lyonnais que pour l'ensemble de notre pays.
Je passe maintenant la parole au Préfet qui va vous présenter ce que sera la grande métropole lyonnaise en 2020.
source http://www.equipement.gouv.fr, le 15 janvier 2007
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Monsieur le Préfet de l'exposé détaillé qui a pu vous permettre d'appréhender la valeur de cet instrument essentiel que constitue la DTA pour l'avenir de Lyon et sa région.
Mais tout instrument est le reflet de l'ambition et de la vision de celui qui l'utilise. Laissez-moi vous dire que ce projet d'avenir, il est devenu mon projet personnel.
Je le soutiens de toutes mes forces, avec enthousiasme, parce qu'il correspond à ma vision de l'avenir que j'ai de la métropole lyonnaise. Ce projet, j'entends le faire connaître et le faire partager à tous les citoyens de l'aire métropolitaine lyonnaise, leur faire mesurer et partager les enjeux qu'il représente pour leur avenir.
Cette ambition, cette vision nous impose une volonté de préparer l'avenir à partir de constats clairvoyants, et donc une vision stratégique de développement européen et international.
C'est pour moi une occasion de vous rappeler mes priorités, en tant que membre du Gouvernement, mais aussi en tant que Lyonnais, et porteur d'une ambition d'avenir pour cette métropole !
1. Il me paraît tout d'abord essentiel de miser sur l'intelligence pour susciter et attirer les talents, et garantir l'avenir économique de Lyon, dans un contexte de tertiarisation, mais aussi d'internationalisation, et de restructuration des groupes industriels.
Pour s'imposer sur les marchés mondiaux, Lyon doit tout faire pour éviter le piège de la déspécialisation de son économie, en refondant sa stratégie de développement de clusters. Misons sur un développement économique qualitatif.
Il est certes encourageant de voir que, parmi les 67 pôles de compétitivité retenus par le Comité International d'Aménagement, la région Rhône-Alpes s'est vu attribuer 15 labels et l'aire métropolitaine 10, dont 2 mondiaux (Lyon Biopôle et Minalogic), une à vocation mondiale (Chimie Environnement) et 7 nationaux (Lyon Urban Trucks et Bus, Enerrdis, Loisirs Numériques, Sporaltec, Viameca, Techtera, Plasturgie).
Le résultat témoigne des ressorts et des potentialités du monde économique, de la recherche, de la formation. Mais il faut renforcer encore cette dynamique basée sur l'excellence.
Un des meilleurs facteurs de développement, c'est l'intelligence : ciblons le développement des emplois qualifiés à forte valeur ajoutée.
2. Il est crucial de renforcer les fonctions métropolitaines de Lyon, car elles sont la clé de son rayonnement international futur.
Ce sont les fonctions rares qui concourent au rayonnement international d'une métropole : or, si Lyon est l'une des rares villes françaises en dehors de Paris capable d'accueillir des services de haut niveau, elle n'est pas encore à la hauteur du rang qui lui revient de métropole européenne majeure.
Tout d'abord, notre vision de l'agglomération lyonnaise pour demain implique de la resituer dans le contexte européen. L'enjeu n'est pas un enjeu régional au niveau national, mais au niveau européen.
Pour attirer cadres et professions mobiles, il faut certes un environnement économique favorable, mais l'expérience prouve qu'il faut aussi un cadre de vie de qualité : qualité urbaine et architecturale, offre de loisirs, qualités de services. Ce sont des atouts dont la région dispose, et qu'il faut faire fructifier.
Dans nombre de secteurs, l'objectif de se placer au niveau européen et mondial ne pourra être atteint sans stratégies d'alliance : c'est particulièrement vrai dans le domaine de l'enseignement supérieur, de la recherche, dans le domaine des organisations internationales publiques et privées, ou encore dans le secteur des transports et de la logistique.
Pour que Lyon soit compétitive par rapport aux autres métropoles européennes, il faut aussi refonder une vision de l'urbanisme :
- qui place l'être humain au coeur de son environnement ;
- un urbanisme qui combine l'économie, l'environnement, la vie de quartier. Qui sache travailler sur des échelles différentes et complexes ;
- lutter contre le principe de ville diffuse, ce rêve révolu, en lui donnant une logique nouvelle : aider les architectes, les urbanistes à travailler ensemble, en posant de bonnes problématiques.
C'est aussi une politique du logement lisible :
- qui permette à tous les acteurs économiques et sociaux de s'épanouir ;
- et de rénover le concept de ville européenne (unité, concilier des espaces, et des époques différentes, patrimoine et modernité) ;
- éviter la ghettoïsation sociale, qui résulte de l'isolement géographique, économique, et du manque de lien (lien social, mais aussi dessertes de transport).
Pour l'urbanisme, le logement, les déplacements, donner la priorité à l'environnement et au cadre de vie :
- espaces verts, jardins,
- lutte contre les nuisances (bruit, pollution),
- politique de déplacement urbain,
- donner à l'agglomération un rôle coordonnant des politiques culturelles.
La culture, outil de développement des territoires : attractivité touristique, lien avec les systèmes de formation, impact sur la capacité créative et l'initiation culturelle.
Pour garantir sa pertinence à cette Aire métropolitaine:
- il faut un système de gouvernance capable de réorienter et de mettre en oeuvre les objectifs que je viens de citer à cette échelle métropolitaine ;
- pour cela, réfléchissons, en termes de méthodes et de moyens, à la possibilité de mettre en oeuvre et de coordonner les grandes orientations stratégiques pour l'Aire métropolitaine dans le cadre européen.
Il ne suffit pas de trouver des grandes lignes de force, encore faut-il les rendre lisibles et compréhensibles par le citoyen : définir un chemin critique qui nous amènera aux objectifs souhaités.
Quel est l'objectif principal ?
Faire de l'agglomération un pôle d'attraction dans tous les domaines, reconnu au niveau européen.
3. Enfin organiser la métropole multipolaire et «durable»
Autour de ses principaux pôles que sont : à l'ouest, l'agglomération stéphanoise, à l'est, le pôle de la Ville Nouvelle de l'Isle d'Abeau/ Bourgoin-Jallieu et, enfin les autres pôles d'appui de l'aire métropolitaine (Ville-franche, Vienne, Givors, Ambérieu, Pont-de-Chéruy).
Enfin, au centre de la métropole, l'agglomération lyonnaise est appelée, elle aussi, à poursuivre ses projets ambitieux de rénovation urbaine. Restaurons les conditions d'entraînement du coeur délaissé !
En achevant l'aménagement du quartier de La Part-Dieu et le projet de Cité Internationale, en accélérant la ré-appropriation des fleuves dans l'espace urbain, en utilisant le site du Confluent entre le Rhône et la Saône, en maîtrisant le développement de Gerland, l'agglomération lyonnaise saura à la fois maintenir et valoriser un acquis exceptionnel, tout en dotant le centre de l'agglomération d'équipements nécessaires au coeur d'une grande métropole moderne.
D'ici 2020, ce sont au moins 200.000 logements qui devront être construits dans les secteurs prioritaires de reconquête dans les centres-villes et centres-bourgs. Une telle dynamique nécessitera une forte mobilisation de tous les acteurs, des politiques locales foncières, de logement, d'équipement soutenues.
La maîtrise de l'étalement urbain et la lutte contre la banalisation de l'espace, contre l'extension de la ville diffuse constituent une priorité pour l'ensemble du territoire, qui invite là encore à faire preuve d'imagination et de volonté, et à rechercher toutes les voies d'une utilisation plus rationnelle des derniers espaces disponibles.
A l'heure où des questions comme celles du réchauffement climatique ou de la protection contre les risques, très prégnante ici, (inondations, couloir de la chimie...) montent en puissance, c'est un effort collectif qui est appelé.
De même, il importe de mieux hiérarchiser les vocations économiques des espaces de la métropole. Des zones d'envergure métropolitaine judicieusement implantées et bien desservies constituent un facteur supplémentaire d'attractivité pour la métropole.
Il faut affirmer et protéger les vocations des espaces naturels, agricoles et paysagers à l'échelle de l'aire métropolitaine et les conditions de leur gestion. Ces vocations sont multiples : qu'il s'agisse de préserver les zones d'expansion des crues et les réserves en eau, de garantir la pérennité d'une agriculture périurbaine, conserver des poumons verts, préserver la diversité biologique, tous éléments qui font la richesse et la réputation internationale de cette région.
Conclusion
Dans un contexte international de plus en plus dominé par des logiques de concurrence forte entre territoires, c'est dans la combinaison vertueuse, alliant d'une part une politique d'équipement et d'aménagement volontariste, d'autre part une capacité de mobilisation de la ressource humaine, des acteurs publics et privés, que se joue aujourd'hui pour l'essentiel l'attractivité et la compétitivité des métropoles modernes.
La planification spatiale, la stratégie de grands équipements, les grands projets, sont essentiels à une stratégie de métropole ; mais ils ne sont valables que s'ils sont mis au service de l'initiative locale, et qu'à la condition d'être portés par un système de gouvernance métropolitaine à même de capter les opportunités, de créer les synergies et les solidarités nécessaires.
C'est aujourd'hui la stratégie qu'ont adoptée nombre de pays voisins qui ont, davantage que la France, avancé sur la voie de l'organisation et de la cohérence métropolitaine.
C'est pourquoi toutes les opportunités pour la métropole lyonnaise doivent être saisies. Cette situation nouvelle exige une approche du développement métropolitain à la fois partenariale, coordonnée à bonne échelle et orientée vers quelques priorités d'action.
Le développement de la métropole lyonnaise doit s'inscrire dans la double perspective d'une affirmation, à la fois comme métropole de rang européen, et du point de vue national, comme une alternative crédible à la région parisienne.
Ce projet porté par la DTA, je l'ai fait mien, et je le défendrai avec enthousiasme, en le faisant connaître des citoyens, de l'aire métropolitaine, pour en faire un sujet de débat essentiel pour l'avenir.
Source http://www.equipement.gouv.fr, le 15 janvier 2007