Texte intégral
Je voudrais d'abord saluer l'ensemble du personnel médical de l'hôpital Gabriel Touré, ce sont de véritables professionnels. Et je suis très sensible au professionnalisme qui est le vôtre ici. Je connais cet hôpital, je sais qu'il joue un rôle important au Mali, et au-delà, en Afrique, où il est un exemple.
Ce qui me frappe également, c'est le courage des enfants. Nous avons visité durant une heure l'hôpital, et nous n'avons pas entendu un enfant pleurer ou presque. Il faut saluer le courage des enfants qui sont soignés ici. Ce qui donne de la force à notre engagement, c'est de voir ces enfants se battre.
Pour moi, la fracture sanitaire qui existe entre le Nord et le Sud, avec les médicaments au Nord et les malades au Sud, ne peut pas durer. C'est la raison pour laquelle les présidents Chirac et Lula, avec d'autres, ont créé UNITAID : tous unis pour aider, pour s'aider entre nous. On perçoit un peu d'argent sur les billets d'avion afin d'acheter des médicaments à des prix moins élevés, pour pouvoir vous les donner. Mais ces médicaments sont aussi efficaces que ceux qui sont disponibles ailleurs, dans trois domaines : le paludisme, la tuberculose et le sida. Je suis très heureux de voir que quelques mois après le début d'UNITAID, vous êtes déjà en mesure de soigner 900 enfants en tri-thérapie, avec des formules pédiatriques nouvelles, qui combinent les trois médicaments en un seul, sans nécessiter d'eau, sans tout ce qui posait problème auparavant.
Que représente UNITAID au Mali ?
D'abord, le financement d'anti-rétroviraux pédiatriques, en partenariat avec la Fondation Clinton, que je voudrais saluer ici. Les traitements qui seront mis à disposition du gouvernement du Mali dans les toutes prochaines semaines, permettront de soigner près de 1.000 enfants, dont 556 bénéficieront pour la première fois d'un traitement. Ce n'est qu'un début, certes modeste, mais un début concret.
En deuxième lieu, UNITAID au Mali concerne les nouveaux traitements à base d'artémisine, contre le paludisme, le nouveau antipaludéen, en partenariat avec le Fond mondial de lutte contre le sida. En 2007, UNITAID allouera près de 1,5 million de dollars, soit 3 millions en deux ans, pour financer les nouveaux traitements à base d'artémisine, qui constituent aujourd'hui le traitement le plus efficace contre le paludisme sensible aux résistances, apparu dans de très nombreux pays d'Afrique.
Tout doit être mis en oeuvre pour remédier à la situation des enfants qui paient un tribut affreusement lourd aujourd'hui face à l'épidémie du sida, face au paludisme, et face à la première maladie opportuniste du sida, la tuberculose. Le Mali est l'un des premiers pays qui bénéficiera du soutien d'UNITAID en 2007. Cela représente au total 3,5 millions de dollars cette année, fournis grâce à UNITAID.
Notre idée est ainsi de favoriser l'accès aux médicaments dans tous les pays du monde, y compris ceux qui n'ont pas la possibilité de les acheter. C'est une question mondiale de santé publique et il s'agit autant d'une question de politique internationale que n'importe quelle autre crise dans le monde. Cette solidarité et cette imagination politique au service du développement, constituent précisément la raison d'être et le fondement d'UNITAID.
Je voudrais vous citer une belle phrase de Saint-Augustin : "Il n'y a pas de passé ni de présent, ni de futur. Mais le présent du passé, c'est la mémoire, le présent du présent, c'est l'action, et le présent du futur, c'est l'imagination". C'est notre idée : imaginer que demain il n'existe pas de différence aussi considérable entre ces enfants ici et ceux que je vois dans mon pays. Il s'agit d'une question de Droits de l'Homme. En 1789, les Droits de l'Homme en France étaient ceux figurant dans la Déclaration de cette année- là ; en 2007, les Droits de l'Homme sont ceux que nous venons de voir aujourd'hui.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2007