Déclaration de M. Dominique Perben, ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, sur le bilan de sa politique des transports, de l'équipement et du tourisme, et sur la nécessité absolue de préserver l'environnement, Paris le 17 janvier 2007.

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Circonstance : Voeux à la Presse et aux Personnalités à Paris le 17 janvier 2007

Texte intégral

Monsieur le Ministre, cher collègue,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un moment d'émotion particulière que de recevoir aujourd'hui les personnalités de la société civile et les membres de la presse qui suivent, de près ou de loin, les activités de ce ministère.
Emotion, tout d'abord, parce que la cérémonie des voeux de nouvelle année, même si c'est un exercice convenu, permet de mettre d'un coup en perspective notre vie individuelle par rapport à celle des autres, de manifester notre intérêt pour autrui, en exprimant pour chacun des voeux de bonheur, de réussite, de bien-être dans sa vie personnelle mais aussi sociale, professionnelle.
Ces voeux, je les forme de manière sincère et chaleureuse, car ma conviction, celle qui a fondé mon engagement politique, est de considérer que chaque vie prend sens, d'abord, par rapport aux autres.
Emotion, aussi, parce que ces voeux de 2007 constituent pour moi une dernière occasion de vous saluer tous dans l'exercice de mes fonctions actuelles.
2007 sera une année cruciale, car c'est une année de choix pour le pays, pour son avenir. Mon message est tout d'abord un message d'optimisme, d'espoir, de foi au progrès.
Aujourd'hui, l'année 2007 commençante permet d'esquisser un bilan. Un bilan de ce qui a été fait, initié, puis réalisé sur plusieurs années, avec le recul nécessaire.
A la manière de Marguerite Yourcenar, dans ses Souvenirs pieux, je vois se dessiner petit à petit un visage. C'est le profil d'une oeuvre qui a été accomplie avec détermination, une oeuvre commune, une oeuvre d'équipe, où volonté, compétence, passion et enthousiasme se sont exprimés. Elle reflète la volonté de laisser une pérennité dans la durée et la vérité à des choses réalisées avec ambition et foi.
Tout d'abord, parce que ce ministère incarne pour moi une idée du Progrès. Cette idée de progrès auquel on affecte souvent de ne plus vouloir croire, par manque d'optimisme et d'enthousiasme, qui se traduit le plus souvent par une certaine passivité, une tendance à se replier sur soi. Par des réflexes de désillusion, de résignation, de conformisme.
En 2 ans, que de progrès accomplis ! Grâce à un engagement de l'Etat sans précédent, ce Ministère a su reprendre un rôle aussi important que lors du gigantesque effort de reconstruction de l'après-guerre.
En développant tout d'abord une politique de grands travaux, pour donner à la France les grandes infrastructures de transport dont elle a besoin, pour restaurer l'idée de mobilité, donc de modernité. Trois chantiers simultanés de lignes nouvelles de TGV sont en cours. Trois grands chantiers portuaires ont été lancés en 2006, au Havre, à Saint-Nazaire, et à Marseille. De nouvelles autoroutes ont été construites. L'autoroute A28 nous permet désormais d'aller directement de Rouen jusqu'à Tours ! D'autres ont été lancées, comme l'A41 reliant Annecy à Genève, ou l'A65 Langon-Pau, sans qu'il ait été nécessaire d'avoir recours à des fonds publics : elles ne coûteront rien au contribuable !
Si nous avons pu décupler notre capacité de réalisation des grandes infrastructures de transport, c'est aussi parce que nous avons su adopter des pratiques modernes, en misant sur la décentralisation des compétences, sur un dialogue constant entre l'Etat et les collectivités locales, en investissant systématiquement dans les partenariats publics-privés.
Nous avons appliqué cette méthode faite de pragmatisme, de recherche de l'efficacité dans tous les domaines des transports. Je ne prendrai que deux exemples : l'ouverture du fret ferroviaire à la concurrence sera effective cette année, pour lui donner une compétitivité économique accrue. En même temps, un plan «fret» doit permettre de relancer l'activité de la SNCF. Les résultats du groupe Air France-KLM sont excellents et le trafic de passagers a connu en France une croissance soutenue de l'ordre de 5,5 %. Aéroports de Paris, transformé en société anonyme en juillet 2005, a été introduit en bourse avec succès en juin 2006.
Une nouvelle équipe est arrivée à la tête d'Airbus, avec un ambitieux plan d'actions destinées à restaurer la compétitivité de l'avionneur et à maintenir son niveau d'excellence face à Boeing.
Le progrès économique, l'aménagement de grandes infrastructures modernes, c'est aussi l'emploi. Nous avons essayé de jouer au mieux dans tous les différents registres de la temporalité au service de l'emploi, car c'est la 1ère préoccupation des Français.
En relançant puissamment les investissements dès 2005, nous avons contribué à la création directe de milliers d'emplois, grâce aux chantiers eux-mêmes, mais aussi à des emplois encore plus nombreux à moyen et long terme : en misant sur la régénération et la redynamisation de villes et de territoires entiers occasionnés par la mise en service de nouvelles infrastructures ; en incitant les entreprises à investir dans le sillage de l'Etat.
C'est la privatisation des sociétés concessionnaires d'autoroutes qui a permis de doter l'AFITF des ressources nécessaires pour mener à bien cette politique de grands travaux, le Ministère restant toujours, dans toutes ses composantes, les Transports, les BTP, le Tourisme, un grand pourvoyeur d'emplois.
N'oublions pas que la construction, les transports et le tourisme ont totalisé à eux-seuls 3,627 millions d'emplois salariés et non salariés à mi 2005. Or, ces effectifs ont augmenté de près 300 000 entre début 2002 et fin 2006, dans la construction, le tourisme et les transports.
L'activité de la construction et ses emplois ont quant à eux augmenté fortement en 2005 et 2006, à un rythme de 5 % en 2006, grâce, principalement, aux travaux publics, aux logements et bâtiments neufs.
L'emploi salarié permanent - 1.350.000 à la fin 2005, s'est vu créditer de 50.000 emplois supplémentaires en 2006. Et l'emploi intérimaire, de 15.000 équivalents à temps plein.
C'est dans cet esprit que nous avons également mis en place une politique maritime privilégiant ses activités économiques, et servant l'emploi des gens de la mer.
Pour la flotte de commerce, tous les moyens financiers nécessaires à la mise en oeuvre des dispositifs d'exonération de charges prévus pour les armements confrontés à la concurrence internationale sont en place depuis 2006.
Le transport maritime doit être le fer de lance de notre ambition maritime pour la France.
Il s'agit clairement de consolider la place de nos ports et de nos entreprises de transport maritime dans la bataille mondiale qui caractérise ce secteur.
Car les entreprises de transport maritime françaises sont engagées avec les pouvoirs publics dans une formidable bataille pour occuper une position européenne et mondiale à la hauteur de nos capacités dans le commerce maritime.
Vous le savez, ces derniers mois, notre dispositif de soutien à l'investissement a été contrarié dans sa mise en oeuvre, avec des conséquences inacceptables pour notre économie et nos emplois.
C'est pour cela que je suis à cet égard très satisfait que la Commission européenne ait accepté notre proposition concernant le GIE fiscal. Nous avons ainsi pu mettre en oeuvre un nouveau dispositif, qui répond à la fois aux besoins des investisseurs, des banques et aux exigences de la Commission.
Une autre des préoccupations fortes de notre ministère, et de l'ensemble des Français, c'est la sécurité. Elle est indispensable dans tous les modes de transport, mais ce ministère, en 5 ans, a réussi à faire de cette préoccupation la priorité des priorités, et à obtenir des résultats qui inversent les tendances enregistrées depuis des années. La France a réduit quasiment de moitié, en 5 ans, le risque d'être tué sur ses routes. A ce titre, elle constitue aujourd'hui, dans le monde entier, une référence.
Il nous faudra d'ailleurs continuer sur cette voie avec une vigilance particulière, notamment en direction des jeunes, et des conducteurs de deux roues. L'actualité nous rappelle la vulnérabilité des piétions et la nécessité d'intégrer un partage de la voirie entre tous les usagers, piétions eux-même, cycles, deux roues motorisés et voitures.
De manière systématique, nos priorités, dans tous les modes de transport, se sont totalement articulées autour de la sécurité, de la sûreté et de la prise en compte de l'environnement.
La prise en compte de la sécurité, c'est aussi le cas pour l'aviation civile, avec la publication d'une liste noire des compagnies, mais aussi par des mesures concrètes de lutte contre le terrorisme et pour une sécurité optimale des voyageurs.
C'est le cas pour le transport maritime. Le renforcement de la sécurité et de la sûreté des activités maritimes a été, pour le Ministre chargé de la mer, que je suis, une de mes priorités absolues. Car elles signifient aussi bien la sauvegarde des vies que celle de l'environnement.
Il se traduit dès cette année par une augmentation de 42 % du budget pour ces services placés au coeur du dispositif de l'action de l'Etat pour la surveillance et le sauvetage en mer.
Je tiens par ailleurs à saluer également les efforts de l'ensemble des personnels de mon ministère pour avoir, en 3 ans, réussi à lui faire opérer une véritable révolution sur lui-même. Les Français attendaient des services publics proches de leurs attentes, réactifs : ce ministère a été à la pointe de la modernisation de l'administration.
Je voudrais ainsi mentionner le chantier majeur qu'a constitué celui des transferts de services et de personnels aux départements, et des réorganisations des services déconcentrés.
Près de 60.000 agents ont été à cette occasion réaffectés dans les différentes structures, en comprenant aussi les DRE, les DDE refondées et les nouvelles Directions Interdépartementales des Routes.
Ensemble, nous avons réussi à incarner un ministère en mouvement ; en faisant le choix d'assumer résolument son positionnement en fonction des mutations qu'a connues la société française : souci d'efficacité, décentralisation des compétences et dialogue d'égal à égal entre l'Etat et les élus locaux, ouverture économique croissante, développement d'une culture de l'écoute, volonté de simplifier les procédures pour répondre mieux et plus rapidement aux besoins des citoyens, dans tous les aspects de la vie locale et quotidienne.
Dans trois mois, mon voeu est de laisser à tous les agents de ce ministère l'assurance d'une légitimité nouvelle, d'une cohérence retrouvée de leur mission de service public. Je vous le dis avec force, ce ministère a un bel avenir !
L'autre grand défi relevé aura été d'avoir tout fait pour concilier cette idée de progrès avec la nécessité absolue de préserver l'environnement.
C'est le propre de la politique des transports que de se préparer sur de longues périodes. Les recherches en cours pour nous rendre économes en énergies, ou substituer de nouveaux carburants, nécessitent des travaux lourds, dont certains porteront leurs fruits dans 5, 10 ans, et parfois plus.
Ces choix stratégiques à long terme, nous les avons préparés en créant débat, en sensibilisant sans cesse nos concitoyens.
Je salue le travail d'information et de sensibilisation de la presse à ce sujet, car le réchauffement climatique fait aujourd'hui partie -et c'est récent- des préoccupations majeures de nos concitoyens.
Ce ministère, en quelques années, a réussi à devenir celui du développement durable. L'un de ses leviers essentiels est celui du rééquilibrage des modes de transports entre eux. Je suis particulièrement fier d'avoir mené une politique déterminée en la matière, qui devra être poursuivie dans les prochaines années.
Nous avons en effet entamé, en 2005-2006, un rééquilibrage modal très important. Il sera nécessaire de poursuivre ce mouvement, en assurant une articulation efficace entre les modes de transports, dont je répète mon crédo - qu'il ne s'agit pas de les opposer les uns aux autres.
Il faudra optimiser chacun d'eux, que ce soit l'écoulement du fret par des modes ferroviaires et fluviaux ou la régulation du trafic routier, sans parler de la substitution des nouveaux bio-carburants.
2007 sera une année importante pour les modes de transport complémentaires à la route que sont le ferroviaire et le fluvial, avec l'inauguration du TGV Est, ou la mise en service de l'autoroute ferroviaire Luxembourg-Perpignan, toutes actions qui vont dans le sens du développement durable de nos transports.
Le budget de l'AFITF pour 2007, orienté à près de 60 % vers le fluvial, le ferroviaire et le maritime, illustre d'ailleurs concrètement cette volonté.
En matière de recherche également, nous devons poursuivre l'effort. Nous aurons au total investi plus de 60 millions d'euros depuis 2002 sur des recherches portant sur des motorisations plus propres. J'ai décidé, par ailleurs, en accord avec le Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de créer dans le cadre du pôle de compétitivité «ville et mobilité durable» un ensemble scientifique de rang mondial dans le domaine de la construction, des transports, du génie civil et de l'environnement urbain.
Ce pôle se mettra en place progressivement par regroupement autour de l'école des ponts et chaussées, des implantations franciliennes des établissements nationaux du réseau scientifique et technique du ministère. Avec 1.800 personnes à terme, il se comparera aux plus grands centres mondiaux de recherche et d'ingénierie existants dans le monde.
C'est donc un vaste mouvement en avant que nous aurons initié ensemble pour la protection de l'environnement, pour assurer à tous une meilleure qualité de vie. Mais c'est aussi un acte de foi en la vie humaine et en la survie de notre planète qui devra nous animer, en 2007, et au-delà !
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Mes voeux de bonne année de 2007 sont des voeux de bonheur personnel et d'épanouissement professionnel, pour chacune et chacun d'entre vous.
En cette année cruciale pour l'avenir de notre pays, je souhaite aussi bonne chance à l'ensemble des Français, et bonne chance à la France.
Dans ce ministère, nous aurons tout entrepris pour préparer 2007, tout entrepris pour mener des actions de fond au service du pays, pour un pays optimiste, énergique, solidaire et fort de ses différences.
Pour aller vers la modernité, pour conforter le progrès, il nous faut défendre une vision de la France sur le long terme, avec une ambition européenne et mondiale dignes de son rang et de ses aspirations.
Pour y parvenir, battons nous avec optimisme, foi en l'avenir. Pour y parvenir, soyons intransigeants sur les principes de liberté, d'égalité, de fraternité.
Développons, jour après jour, cette culture du résultat que défend Nicolas Sarkozy, qui rime avec mérite, courage, et compétence.
Mon combat, comme citoyen, comme ministre, puise aussi son sens et sa force dans l'engagement total qui est le mien pour Lyon.
Je défends pour elle la même ambition que celle que j'aurai nourrie dans le cadre de mes fonctions ministérielles, jour après jour : progrès, solidarité, lien social et intergénérationnel, ambition internationale et européenne, proximité et écoute des autres, modernisation et respect de l'environnement, sécurité, pragmatisme et efficacité.
Pour la France, pour Lyon, ce sont les mêmes valeurs que je défendrai sans relâche tout au long de 2007. Ce sont, selon moi, les clés d'un avenir heureux, que je vous souhaite à tous, et que je souhaite à la France !
Source http://www.equipement.gouv.fr, le 18 janvier 2007