Interview de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle 2007, à "Europe 1" le 23 janvier 2007, sur la polémique consécutive à son avis concernant la souveraineté du Québec, la démocratie populaire, son soutien au pacte écologique de Nicolas Hulot, les violences envers les femmes, les impôts, la retraite, la politique de l'emploi, et le climat au sein du PS relatif à sa candidature.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Europe 1

Texte intégral

JEAN-PIERRE ELKABBACH - Ségolène ROYAL, bienvenue.
SEGOLENE ROYAL - Bienvenue, bonjour.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Bonjour, je suis heureux de vous accueillir, vous qui pourriez dans trois mois présider la 4ème ou la 5ème puissance de la planète. D'abord l'information de la nuit qui a été développée un peu partout et sur EUROPE et qui secoue le Canada. En recevant monsieur BOISCLAIR hier, le chef du parti indépendantiste du Québec, vous vous seriez déclarée favorable à la liberté et à la souveraineté du Québec. Le Québec la question est simple : doit-il être libre et souverain ? Et est-ce que vous avez tenu des propos ?
SEGOLENE ROYAL - Vous savez j'ai décidé d'avoir toujours dans toutes les circonstances, une parole libre et maîtrisée. Et en l'occurrence, j'ai fait preuve ni d'ingérence, ni d'indifférence. Et ce que j'ai dit et ce que je confirme, c'est que comme dans toutes démocraties le peuple qui vote est souverain et libre. Et donc les Québécois décideront librement de leur destin, le moment venu, s'ils en sont saisis et ce n'est pas à la France de dicter, ni aux Québécois, ni aux Canadiens ce qu'ils doivent faire. Mais en revanche, les principes de souveraineté et de liberté ne me paraissent absolument pas contestables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc vous ne dites pas " Vive le Québec libre ! " ?
SEGOLENE ROYAL - C'est une belle phrase.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui, vous ne le dites pas ? Ou vous le dites ?
SEGOLENE ROYAL - Pas de cette façon-là, je crois que... mais les principes, je le répète de liberté et de souveraineté, d'ailleurs les Québécois se sont déjà prononcés, à deux reprises, peut-être se prononceront-ils encore ? Si les circonstances se présentent et ils le feront de façon souveraine et libre.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Les dirigeants du Canada, le Premier ministre en tête, ont trouvé inapproprié cette nuit, les télévisions, les radios etc. pour un leader étranger de se mêler des affaires démocratiques d'un autre pays, ce matin vous considérez qu'il faut les rassurer ?
SEGOLENE ROYAL - Ecoutez, j'ai précisé ce que je voulais dire, à aucun moment, je n'ai évoqué les réformes institutionnelles. Mais si ces réformes institutionnelles arrivent, je le répète, ces deux principes seront appliqués de souveraineté et de liberté. Donc je crois que les choses sont à la fois claires, il n'y a ni indifférence, ni ingérence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - André BOUAKER (phon) que vous avez reçu hier, sera accueilli ce matin par Nicolas SARKOZY. Alors en ouvrant le siège de votre campagne, Ségolène ROYAL, vous avez annoncé une accélération des débats participatifs de votre calendrier, vous ne vouliez rien changer. Qu'est-ce qui n'allait pas ?
SEGOLENE ROYAL - Le calendrier n'a pas changé, s'il y a accélération, c'est parce que sur l'ensemble des territoires, dans les départements, les régions, les villes, les quartiers, en commune rurale, comme urbaine, ce sont les débats eux-mêmes qui s'accélèrent. Et c'est de ça, dont je me suis félicitée. Nous aurons lorsque je me prononcerais le 11 février prochain, organisé 5000 débats, à travers toute la France et donc cette accélération-là c'est le peuple français qui la veut, tous ceux qui viennent massivement, dans ces réunions pour prendre la parole.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Ma question c'est : qu'est-ce qui n'allait pas ? Ou qu'est-ce qu'il faut qui aille mieux ? Parce que c'est François HOLLANDE qui disait hier, tout est rentré dans l'ordre au Parti socialiste, c'est donc qu'il y avait désordre ?
SEGOLENE ROYAL - Il n'y a pas désordre, il y a changement d'une méthode politique, donc c'est normal, qu'il y ait une phase de transition, d'ajustement et d'explication. C'est ce que j'ai fait, mais je crois qu'il faut tenir bon, sur cette méthode, sur cette démarche, parce que c'est de cette démarche de la réussite de cette démarche que va dépendre la crédibilité de ma parole, le bien-fondé du projet présidentiel que je vais porter prochainement et ensuite de l'obligation qui sera faite de tenir parole. Je pense que la crise de la représentation politique, vient d'une crise du résultat et des écarts considérables entre les discours et les actes...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc vous dites à peu près comme...
SEGOLENE ROYAL - Des promesses de campagne qui ne sont pas tenues. Et moi, je ne veux pas de cela.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous dites à peu près comme Nicolas SARKOZY, il faut tout dire avant de ce qu'on va tenir après ?
SEGOLENE ROYAL - Oui à condition de ne pas dire avant ce qui est intenable.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - De le tenir. Oui, vous promettez un premier compte-rendu de ces rencontres dans dix jours, le 3 février, sous quelle forme ?
SEGOLENE ROYAL - Oui, il y aura des rassemblements au niveau de chacune des régions, je réunis d'ailleurs les présidents de région demain matin, pour faire converger tout ce qui se passe sur l'ensemble des territoires, pour hiérarchiser aussi les priorités. On les voit, il y a déjà d'abord des confirmations, un certain nombre de propositions de réformes, qui ont été mises en débat, le projet des socialistes aussi est abordé au cours de ces débats participatifs.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est-à-dire on ne part pas de rien ?
SEGOLENE ROYAL - Bien sûr, on ne part pas de rien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous partez des propositions ?
SEGOLENE ROYAL - On part du projet des socialistes qui...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous leur demandez d'approuver des propositions ou de les reporter ou de les refuser c'est ça ?
SEGOLENE ROYAL - Bien sûr, il y a des propositions qui ont été faites, j'en ai fait sur le logement, sur l'emploi des jeunes, sur les questions des violences faites aux femmes par exemple, sur la question de l'éducation, il y a le projet des socialistes et tout cela est débattu, est débattu de façon organisée et ce qui est stupéfiant, étonnant formidable, dans ces débats c'est que viennent des citoyens qui ne viennent jamais aux réunions publiques et c'est cela l'enjeu, c'est de faire en sorte que les Français aient des espaces de liberté et de prise de parole pour se sentir co-auteur du projet présidentiel.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Dans ces débats vous dites " la parole est authentique, les citoyens sont les meilleurs experts de ce qui les concerne. " Est-ce que ça veut dire que pour vous le peuple a la réponse à tout et qu'il a raison sur tout ?
SEGOLENE ROYAL - Le peuple c'est beaucoup de choses...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais est-ce qu'il a raison sur tout ?
SEGOLENE ROYAL - Après il appartient aux responsables politiques de choisir, de trancher, dans le cadre du fonctionnement de la démocratie. Le Parlement, l'exécutif, donc ce travail-là se fera ensuite sur la mise en application opérationnelle des réformes. Mais je pense que si le peuple avait été davantage écouté, un certain nombre de problème serait résolu et je pense que compte-tenu de ce que nous avons, vécu en 2002, la reconstruction du lien démocratique et du lien citoyen avec les Français est pour moi un impératif. Alors c'est difficile, ça demande beaucoup plus d'énergie, ça demande une démarche inédite qui n'est parfois pas comprise et du temps.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et du temps et de la patience ?
SEGOLENE ROYAL - Et du temps et de la patience et du travail, moi, je suis aujourd'hui au travail et vous allez voir Jean-Pierre ELKABBACH que ce travail sera fructueux parce que lorsque l'on s'appuie sur l'intelligence collective des citoyens alors il en sort toujours quelques chose de grand.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Est-ce que vous pensez que les citoyens vont vous encourager à prendre les mesures de réformes nécessaires même si elles sont impopulaires. Par exemple, on va prendre des exemples : s'ils vous réclament une loi contre les arrêts de travail multiples à la RATP à la SNCF. Est-ce que vous proposerez un service minimum négocié ?
SEGOLENE ROYAL - Mon projet n'est pas comme celui de la droite libérale, il ne consiste pas...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Non, non, mais sur des questions précises, s'ils vous le demandent, ils en souffrent ?
SEGOLENE ROYAL - Il ne consiste pas, mais je vois à quoi vous faites allusion, je voulais vous dire ce que je ressens de la prise de parole des Français, c'est qu'ils n'ont pas envie d'un modèle de société où l'on dresse les Français, les uns contre les autres.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Non, mais vous réclamez du concret.
SEGOLENE ROYAL - Où les responsables des désordres c'est toujours le voisin et ce n'est pas le projet que je proposerais aux Français. Ils ont le souci de lutter contre les inégalités, qu'ils sentent monter dans le pays, ils ont le souci de voir reculer les précarités et l'ensemble des désordres économiques, sociaux et environnementaux, mais ils n'ont pas le sentiment que ce soit par des mesures ponctuelles comme celle que vous venez d'évoquer que l'on va régler la question du dialogue social et du malaise social. Je n'ai pas vu émerger cette proposition.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous n'avez pas autre chose, si la question c'est : sur quoi vous décidez de ne pas transiger ? Par exemple, si en raison des violences et des sécurités, vous sentez monter la réclamation du rétablissement de la peine de mort, est-ce que vous dites oui, est-ce que vous dites non ? Si c'est demandé ?
SEGOLENE ROYAL - Mais bien évidemment il y a des choses sur lesquelles on ne transige pas. Il y a une ligne politique à laquelle nous sommes fidèles. Mais Jean-Pierre ELKABBACH, je ne vois pas monter ce type de préoccupation. Les préoccupations premières des Français qui...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est un toit, un emploi, de l'éducation...
SEGOLENE ROYAL - Mais bien évidemment de l'éducation, l'attachement farouche à la réussite scolaire des enfants et j'ai confirmation d'un certain nombre de valeurs, que je défends et sur lesquelles je m'appuie et sur lesquelles je me suis déjà exprimée, mes combats principaux, j'en ai confirmation et en même temps, il y a une prise de parole avec des mots tellement authentiques que demain lorsque je parlerais au nom des Français, que j'aurais écouté...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - On a compris....
SEGOLENE ROYAL - Je mettrais des mots justes sur ces problèmes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Alors on continue, on pose des questions très précises et encore une fois, moi, j'interroge une candidate à l'Elysée, Ségolène ROYAL, pas pour Matignon, pour Bercy ou pour les Affaires sociales. Nicolas HULOT a renoncé à se présenter à l'Elysée. Mais il va maintenir son combat, vous, vous avez signé le pacte écologique de Nicolas HULOT, vous lui avez écrit le 5 janvier dernier, je cite " élu, vous ramènerez la part de l'électricité d'origine nucléaire à 50 % d'ici 2007 " quelle centrale nucléaire vous fermerez ?
SEGOLENE ROYAL - Alors monsieur ELKABBACH, vous venez de dire à l'instant que vous m'interrogiez comme une candidate à l'élection présidentielle et pas comme une ministre de l'Energie.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Ca c'est un choix stratégie du président de la République ?
SEGOLENE ROYAL - Oui, oui, c'est pour ça que je vous réponds, c'est un choix stratégique en effet, sur les équilibres concernant la production d'énergie et donc ces objectifs ont été fixés, il appartiendra au gouvernement de les réaliser. Et dans le pacte écologique de Nicolas HULOT, le coeur de ce pacte, c'est de redonner du sens au progrès et c'est de faire en sorte que la dimension environnementale soit intégrée dans toutes les décisions publiques.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Sans gêner la croissance ?
SEGOLENE ROYAL - Mais la croissance a tout à gagner de l'exigence, attendez, la croissance a tout à gagner de l'exigence environnementale. Pourquoi ? Parce que dans ces filières de production d'énergie renouvelable, de biomatériaux, de changement des productions agricoles, il y a de nouveaux emplois, de nouveaux métiers, des laboratoires de recherche...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et donc c'est le gouvernement qui décidera quelle centrale nucléaire il fermera ?
SEGOLENE ROYAL - Il y aura débat, bien évidemment sur cette question-là, et sur l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production énergétique française. Mais laissez-moi vous dire que l'enjeu se situe bien au-delà aujourd'hui, on le sait aucun système économique ou social ne résistera au dérèglement climatique. C'est donc notre avenir, l'avenir de nos vies qui est ici en jeu dans cette maîtrise du réchauffement planétaire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc l'écologie va prendre et l'environnement et le développement durable, une grande part dans la campagne électorale.
SEGOLENE ROYAL - Et dans le projet que je porterais puisque j'appelle les Français à continuer à signer le pacte écologique de Nicolas HULOT. Je les appelle à continuer à faire cela et ce pacte sera dans le projet présidentiel que je porterais. Parce que ses convictions sont profondes, j'ai été ministre de l'environnement, j'ai fait de la région, que je préside une région de l'excellence environnementale, c'est-à-dire j'ai prouvé aussi par mes actes, cette préoccupation majeure qui doit devenir celle de tous les Français et j'entends aussi porter au niveau de l'Europe de ce que j'appelle l'Europe par la preuve, la question de l'excellence environnementale et des énergies renouvelables.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Alors avant de parler des impôts ce texte ou votre intervention qui a peut-être été mal comprise, comment se fait-il que vous ayez proposé votre loi, pour protéger les femmes de toutes les violences y compris conjugales alors que des lois existent, qu'elles sont appliquées. Est-ce que vous ne saviez pas ? Est-ce qu'on ne vous a pas compris ou est-ce que vous voulez aller plus loin ?
SEGOLENE ROYAL - Ce qui est clair, c'est que la loi est insuffisante. Et je...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais elle existe ?
SEGOLENE ROYAL - Je déplore les polémiques politiciennes sur la question des violences faites aux femmes. Pourquoi ? Aujourd'hui, en France tous les trois jours, une femme est assassinée sous les coups de son conjoint.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est pour ça qu'il y a une loi.
SEGOLENE ROYAL - Oui et vous trouvez que la loi est efficace ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Elle commence à être appliquée.
SEGOLENE ROYAL - Ce sont les chiffres mêmes du gouvernement et on ose dire que la loi est suffisante. Non, la loi n'est pas suffisante et vous avez vu encore dans les débats participatifs de Roubaix, cette femme qui s'est levée...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui spontanément.
SEGOLENE ROYAL - Spontanément et qui a dit " ce soir, je rentre chez moi et mon mari va à nouveau me taper dessus, parce que je ne sais pas où aller. " Donc il faut...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui, non, mais ce que je veux dire, vous reconnaissez qu'il y a une loi...
SEGOLENE ROYAL - Une loi d'ailleurs d'origine socialiste, qui vient du groupe du Sénat.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - D'accord, mais votée, c'était Dominique PERBEN qui était à la Justice, il y a Nicolas SARKOZY, mais pour vous elle est insuffisante ? Pour qu'on comprenne bien.
SEGOLENE ROYAL - Pourquoi elle est insuffisante ? D'abord parce que lorsqu'il y a urgence, avant que les femmes ne se fassent assassiner, il faut qu'il y ait des lieux d'accueil, d'urgence. Donc premièrement, il faudra que la loi impose à tous les départements la création d'hébergement d'urgence pour les femmes battues. Deuxièmement, le problème, c'est que le mari violent revient au domicile et donc il faut régler cette question-là. Qui aujourd'hui n'est pas réglée dans la loi et d'ailleurs ce n'est pas seulement une loi, qui peut régler ça, c'est aussi un accompagnement. Et enfin le vrai problème de cette loi, c'est que pour que le mari violent soit écarté du domicile familial, il faut que la femme porte plainte, que la mère porte plainte et c'est là souvent où les femmes ont peur. Elles ont peur de porter plainte parce que si elle porte plainte, les coups sur elles peuvent redoubler. Et donc je souhaite que le dispositif juridique qui soit adopté soit celui que j'ai fait voter pour la loi contre le bizutage, c'est-à-dire qu'on puisse venir au secours d'une victime sans que celle-ci ait besoin de porter plainte. c'est-à-dire si la police constate un flagrant délit...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et ça, ça sera le gouvernement ?
SEGOLENE ROYAL - De coups sur une femme à ce moment-là, il pourra...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Le gouvernement si vous êtes élue, il le fera.
SEGOLENE ROYAL - Intervenir...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais il y avait une loi, vous irez plus loin, voilà ce qu'on veut comprendre ?
SEGOLENE ROYAL - Voilà et j'ai dit que ce serait la première loi qui serait déposée lorsque je serais élue.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Les impôts.
SEGOLENE ROYAL - Et je n'ai pas fait, je dis ça, je n'ai pas fait de polémique sur la loi actuelle, c'est une première étape, comme je l'ai rappelé tout à l'heure, c'est une loi d'origine des sénateurs socialistes, j'ai dit que c'était une première étape, mais que manifestement compte tenu de l'atrocité des chiffres réels qui sont là, que les Français ignorent, dont la presse ne parle jamais, il est évident qu'il va falloir régler ce problème, car les enfants qui vivent dans ces milieux familiaux...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Ils ratent l'école, ils ratent leur vie etc.
SEGOLENE ROYAL - Ecoutez, ils sont broyés, ils sont broyés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Les impôts, Nicolas SARKOZY n'est pas le seul à dire que la campagne 2007 va se faire sur les impôts, il dit et beaucoup le pensent que vous voulez les augmenter, il veut les réduire. Quand il dit qu'il veut baisser de quatre points les prélèvements obligatoires. Et qu'il ajoute dans LE MONDE que de cette façon, il rendra ainsi 68 milliards d'euros aux Français. Comment vous répondez ?
SEGOLENE ROYAL - Est-ce qu'il est vraiment crédible, dans la situation économique de la France actuelle, vu son niveau d'endettement et de déficit de promettre une baisse des prélèvements obligatoires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Je ne sais pas si vous avez lu le papier de Michel ROCARD hier, dans le papier qui disait que la France était contrairement à ce qu'on raconte partout, elle n'était pas en déclin, elle était en croissance et il a ajouté, que cette année, elle avait fait 36 milliards de plus de richesse que l'année précédente.
SEGOLENE ROYAL - Oui, en tout cas, les déficits sont là, l'endettement est là, et aujourd'hui promettre une baisse des prélèvements obligatoires, est-ce que ça correspond vraiment à la vérité de la parole politique ? Moi, je crois que non seulement ce n'est pas responsable...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est pour la politique de l'avenir, s'il est élu.
SEGOLENE ROYAL - Ce n'est pas responsable et en plus, c'est dangereux. Pourquoi c'est dangereux ? Parce qu'il faut dire sur quel service public seront faits ces économies ? Et ce n'est pas aujourd'hui où les Français constatent l'aggravation de la misère, le nombre des mal-logés, 6 millions de personnes en France sont mal-logées, parce que...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais nous avons tous ces chiffres en tête.
SEGOLENE ROYAL - Parce que le gouvernement actuel n'a même pas tenu parole sur la construction des logements sociaux. Il faut donc à la fois dépenser mieux, lutter contre les gaspillages, mais en même temps ne pas en rabattre sur les services publics, à un moment où les fractures sociales sont en train d'augmenter. Vous avez vu aussi, les manifestations d'enseignants, le malaise dans l'éducation nationale, la suppression de 5000 postes d'enseignants alors que ceux...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il y a moins d'élèves.
SEGOLENE ROYAL - Alors que l'investissement premier d'un pays et ce sera ma priorité, c'est l'investissement dans la formation, dans l'éducation, dans l'innovation...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc vous ne le croyez pas. Vous ne croyez pas que Nicolas SARKOZY...
SEGOLENE ROYAL - Personne, personne ne le croit.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais alors vous, vous êtes élue...
SEGOLENE ROYAL - Les Français sont intelligents et je pense que les Français ne croient pas ce que Nicolas SARKOZY vient de leur dire.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - D'accord, d'accord, dont les intelligents iront, attendez, les intelligents iront vers Ségolène ROYAL et les abrutis ou les imbéciles ou les ignorants vers SARKOZY ?
SEGOLENE ROYAL - Est-ce que je me suis exprimée de cette façon-là ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Non, mais parce que vous dites, " ils sont intelligents " dont ils connaissent...pour ne pas schématiser, mais par exemple...
SEGOLENE ROYAL - Non, non, attendez, non, non, je ne peux pas vous laisser faire ça. D'abord je ne m'exprime jamais de cette façon, à l'égard attendez...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Non, mais vous dites les gens sont intelligents...
SEGOLENE ROYAL - Monsieur ELKABBACH, le débat présidentiel doit garder un certain niveau. Et je n'ai jamais...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Un certain niveau d'accord.
SEGOLENE ROYAL - Et je n'ai jamais utilisé ces mots-là l'égard de mes adversaires. Je pense que les Français d'abord en ont assez de la gadgétisation de la campagne électorale et qu'ils veulent que le débat de fond s'engage projet contre projet, valeur contre valeur. Et sur la question que vous venez de me poser, les valeurs qui sont les miennes et sur lesquelles je m'appuierais et qui sont les valeurs des socialistes, c'est qu'une société a besoin de cohésion et que le service public est là bien sûr pour être réformé mais surtout pour être renforcé et que les inégalités sociales sont telles aujourd'hui en France, qu'il est scandaleux d'aller baisser les impôts sur les plus favorisés. Et que cette démarche-là qui est proposée par la droite est une démarche dangereuse, de déstructuration de la société française et c'est une démarche injuste et en plus elle n'est même pas crédible.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Alors Ségolène ROYAL, si vous êtes élue, vous trouvez la même dette, qu'est-ce que vous faites pour la réduire ? Est-ce que vous augmentez les impôts et lesquels ? Ou est-ce que vous baissez les dépenses, pas les services publics évidemment, pas ? Et quelles dépenses ? Par exemple est-ce que vous gardez sept sous-marins nucléaires ? Est-ce que vous continuez à garder le Rafale qui coûte, je ne sais pas, trois milliards d'euros par an ? Quelle économie vous faites ? Et où vous réduisez les dépenses ? Où vous augmentez les impôts ? Voilà !
SEGOLENE ROYAL - Oui, cette question-là se pose, je m'exprimerais sur cette question le moment venu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Aujourd'hui non ?
SEGOLENE ROYAL - Non, pas aujourd'hui je l'ai dit, je m'exprimerais sur cette question-là le 11 février, dans le cadre des grandes orientations sur le projet présidentiel que je présenterais à l'issue de ce travail préparatoire. Puisque je travaille à la fois avec des parlementaires, j'ai confié un certain nombre de missions, le parti travaille, il y a les débats participatifs, il y a les différents contacts et la candidate...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais vous la candidate ?
SEGOLENE ROYAL - Et la candidate...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La candidate qu'est-ce qu'elle dit ? Où je vais faire les économies, ça je sens ?
SEGOLENE ROYAL - La candidate pense qu'il faut relancer la machine économique. Et que ça c'est la première des priorités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et où on trouve les économies ?
SEGOLENE ROYAL - Il faut renouer...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Quelles dépenses ?
SEGOLENE ROYAL - Vous le verrez le moment venu, vous m'avez interrogé comme une candidate à l'élection présidentielle, dont le ministre du Budget, devra trouver les économies, le Parlement en débattra, les objectifs seront fixés...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - La Défense c'est important, c'est important sur la Défense ?
SEGOLENE ROYAL - L'objectif il est clair, il n'est pas d'augmentation de prélèvements obligatoires, une plus juste répartition de ces prélèvements obligatoires, le renforcement de l'efficacité des services publics par leur réforme mais sans en rabattre sur la densité des services publics et en investissant même davantage sur l'éducation, sur la formation et sur la recherche, comme l'ont fait les pays du Nord de l'Europe qui ont relancé la croissance économique en investissant dans la recherche et dans la formation professionnelle. Et je crois que c'est un pays qui se remet en mouvement dans un partenariat à trois entre les représentants des salariés, les entreprises et les pouvoirs publics pour faire en sorte que c'est investissements dans le futur soient efficaces et créaient de l'activité économique, que nous pourrons aussi répartir autrement les fruits de la croissance. Moi, je crois que la France peut se remettre en mouvement. Et en même temps, que la situation est extrêmement, difficile à cause de l'endettement et des déficits que laisse la droite. Mais, mais...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Je peux vous poser une question sur les retraites ? Au nom de l'égalité, et par principe, vous candidate, est-ce que vous gardez ou vous supprimez, vous faites évoluer, les régimes spéciaux ?
SEGOLENE ROYAL - C'est une discussion globale qui permettra de régler ce problème.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est-à-dire que vous n'avez pas de point de vue avant l'élection ?
SEGOLENE ROYAL - La priorité il y a des systèmes plus avantageux que d'autres, mais les valeurs qui m'animent ne sont pas celles qui consistent à pointer du doigt, une catégorie pour faire croire que tous les problèmes peuvent être résolus en dressant les Français les uns contre les autres. L'urgence sur les retraites, c'est la négociation sur la pénibilité des emplois et je déplore comme l'ont fait les organisations syndicales, que le MEDEF ait interrompu les discussions sur la prise en compte de cette pénibilité.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Le problème à régler sera : comment vous les financez ? Mais ça c'est donc plus tard ?
SEGOLENE ROYAL - En tout cas, pas comme le propose de façon assez choquante, monsieur SARKOZY qui évoque même la possibilité de travailler jusqu'à 70 ans, alors que l'on est confronté en France, à un double problème, celui du taux de chômage le plus élevé chez les jeunes, et celui du taux de chômage le plus élevé chez les plus de 50 ans. C'est-à-dire qu'il y a des gens qui de toute façon sont jetés du marché du travail à partir de 50 ans et notamment les femmes et on vient nous proposer de faire travailler les Français jusqu'à 70 ans...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - S'ils le veulent.
SEGOLENE ROYAL - S'ils le veulent, mais enfin écoutez, écoutez...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - En Europe, il y a des pays qui disent 65 ans, 67 ans, 68 ans...
SEGOLENE ROYAL - Ecoutez, il y a des millions de Français de plus de 50 ans, qui sont licenciés et qui aimeraient bien travailler à 50 ans. Alors maintenant...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et qui dépriment et qui coûtent de l'argent à la Sécurité sociale, on est tout à fait d'accord, il faut faire travailler les seniors.
SEGOLENE ROYAL - Bien sûr, et donc la priorité elle est là, elle est de lutter contre le chômage des jeunes, elle est de lutter contre le chômage des plus de 50 ans et sur la question du chômage des jeunes, j'ai proposé le droit au premier emploi, pour les jeunes. Aucun jeune ne restera au chômage pendant plus de six mois. Les relais seront pris soit par....
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Par l'Etat et les régions ?
SEGOLENE ROYAL - Soit par les emplois tremplins que nous avons crée, en effet, dans les régions. Soit par de la formation professionnelle rémunérée, parce que si les jeunes sont au chômage, c'est que leur formation ne correspond pas aux besoins des entreprises et donc nous trouverons des solutions pour qu'aucun jeune ne soit laissé sur le carreau, parce que l'avenir d'un pays, le dynamisme d'un pays dépend de la confiance qu'ont les jeunes en leur avenir. Et ça ce sera la priorité de mes priorités et c'est comme ça qu'on remet un pays en mouvement et c'est pour qu'il ne faut pas en rabattre sur les services publics, mais au contraire qu'il faut les améliorer.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - ... qui vous répondent sur les services publics...
SEGOLENE ROYAL - Et en particulier le service public de l'ANPE.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais comme vous aimez les questions concrètes, j'ai essayé de réfléchir, de regarder un peu ce qui se passe et j'ai vu que dans votre région, l'entreprise AUBADE, où des ouvrières souvent à la peine fabriquaient de la lingerie féminine de grande qualité, AUBADE va fermer, délocaliser vers la Tunisie, vous êtes présidente de la République, qu'est-ce que vous faites pour empêcher cette délocalisation-là de votre région ?
SEGOLENE ROYAL - Je pense qu'il faut renforcer la législation et la réglementation en ce domaine. Car ce qui s'est passé sur cette entreprise et proprement scandaleux, les machines ont été non pas déménagées, mais de nouvelles machines ont été installées en Tunisie, sans que les ouvrières n'en soient informées. Et donc les productions concurrentes ont commencé en Tunisie et ensuite le patron à justifier une baisse du chiffre d'affaires pour fermer l'entreprise. Mais c'est lui qui a organisé, attendez...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - D'accord, mais vous êtes présidente de la République, qu'est-ce que vous lui faites ?
SEGOLENE ROYAL - Attendez, c'est lui qui a organisé la baisse du chiffre d'affaires. Et ce qui est d'autant plus scandaleux, c'est que ses productions que vous venez de citer normalement à haute valeur ajoutée. Sont estampillées " fabriquée en France " alors que ce n'est pas le cas, c'est-à-dire que l'entreprise a organisé aussi une délocalisation de la marque et ça, c'est une concurrence déloyale. Les ouvrières aujourd'hui ont été laissées...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Non, mais qu'est-ce que vous faites ? Vous êtes élue, vous êtes à l'Elysée, qu'est-ce que vous faites ?
SEGOLENE ROYAL - D'abord, je pense qu'il faut empêcher par la loi, les délocalisations de marques. Déjà c'est-à-dire que les productions à haute valeur ajoutée, restent sur le territoire français parce que ça c'est possible. Et il ne faut plus permettre l'organisation, le dépeçage des entreprises et ensuite le même patron qui a organisé le dépeçage de l'entreprise vient justifier les résultats qu'il a lui-même organisé pour fermer l'entreprise. Donc nous avons...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Et bien voilà, il sait à quoi il s'attend ?
SEGOLENE ROYAL - J'ai réagi le préfet a également réagi, nous avons obtenu une sorte de moratoire, j'ai convoqué le patron qui est un patron suisse et donc qui organise sciemment des délocalisations à l'égard d'un territoire à l'égard duquel, il ne se sent aucune responsabilité. Il y a maintenant, on le sait des systèmes de direction d'entreprise qui sont totalement déconnectées des territoires, qui ne sont recrutées que pour organiser les plans sociaux. Il y a même un marché coté, figurez-vous des dirigeants qui savent organiser les plans sociaux et on les change tous les ans pour éviter qu'ils ne lient, qu'ils ne lient avec des relations affectives et responsables à l'égard des ouvriers et à l'égard des territoires.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Ségolène ROYAL donc il faut s'attendre à un grand débat idéologique droite/gauche sur des problèmes fondamentaux ?
SEGOLENE ROYAL - Absolument.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Une question économique, Catherine MARGUERITE en parlait tout à l'heure, le bruit court dans les milieux économiques et financiers, que vous auriez indiqué à Gérard MESTRALLET, qui d'ailleurs le dément, que vous maintiendriez la fusion GAZ DE FRANCE/SUEZ si elle était faite ? Quelle est la vérité ? Et votre position ? Clair, en peu de mots.
SEGOLENE ROYAL - Il y a beaucoup de bruits, comme vous le constatez...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui, c'est une campagne malheureusement...
SEGOLENE ROYAL - Oui, cette information est totalement fausse. Je n'ai jamais rencontré monsieur MESTRALLET et je reviendrais sur cette fusion pour créer un pôle de l'énergie avec EDF, nous avons besoin de la création de ce pôle de l'énergie pour les raisons d'ailleurs qu'on évoquait tout à l'heure, c'est-à-dire pour organiser aussi différemment les productions énergétiques. Et nous avons besoin de ce pôle aussi pour faire émerger un pôle énergétique européen.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Vous disiez dimanche sur CANAL+ " si les socialistes m'écoutent, je les conduirais à la victoire " vous vous rappelez ?
SEGOLENE ROYAL - Oui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Est-ce qu'ils sont indisciplinés puisqu'ils ne vous écoutent pas ?
SEGOLENE ROYAL - Si ils écoutent, ils écoutent mais parfois certains s'étonnent de cette méthode. Il y a aussi parfois des tentatives de déstabilisation du camp d'en face qui met en doute cette rénovation profonde de la politique et c'est pour ça que je leur ai dit, " faites ce que je vous demande, aller à l'écoute des Français, organiser ces différentes réunions et vous verrez le moment venu, à quel point nous serons forts, collectivement pour porter ces aspirations profondes. "
JEAN-PIERRE ELKABBACH - A quel moment vous mettrez tous les socialistes, tous les dirigeants, à côté de vous, derrière vous, comme SARKOZY l'a fait même avec ceux qui étaient les ralliés de la dernière heure et ceux qui l'avaient critiqué, tous ceux qui vous ont ou combattu et qui n'ont pas été tout de suite d'accord avec Ségolène ROYAL, et qui aujourd'hui vous suivent à quel moment vous les aurez tous avec vous, si vous en avez envie ? Pas individuellement, pas Martine AUBRY, DELANOË, cet après-midi Christiane TAUBIRA, vous avez donné une mission à Dominique STRAUSS-KAHN, quand ? Laurent FABIUS et quand vous les aurez tous avec vous ?
SEGOLENE ROYAL - Mais ils sont tous là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Mais vous savez que ce n'est pas tout à fait juste.
SEGOLENE ROYAL - Ils sont tous là, tous les mardis, ils sont tous là, dans le conseil politique et ils sont tous là sur leur territoire en train de m'aider à construire le projet présidentiel et donc la spécificité aussi de la gauche et des socialistes, c'est de rassembler des personnalités sans chercher à écraser leur identité, leur nuance, leur originalité, leur personnalité. Et moi, je me réjouis...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Donc un jour vous ferez un meeting avec tous ?
SEGOLENE ROYAL - Mais bien sûr, mais ils seront tous là, le 11 février.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Le rassemblement, voilà, et comme ça ils le savent. D'après LE MONDE que je lisais hier, François HOLLANDE partageait récemment une galette des rois avec des électeurs corréziens et il leur a dit : " les reines ça n'a qu'un temps, c'est une illusion. Le roi reprend toujours le pouvoir. " Est-ce que vous appréciez toujours ?
SEGOLENE ROYAL - Son humour ravageur !
JEAN-PIERRE ELKABBACH - L'humour ravageur de François HOLLANDE ?
SEGOLENE ROYAL - Mais oui, mais bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Le roi reprend toujours...
SEGOLENE ROYAL - D'ailleurs c'est ce qui fait tout son charme, vous le savez bien.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui, oui, il en a beaucoup, le roi reprend toujours le pouvoir ?
SEGOLENE ROYAL - Pourquoi pas ! Mais quel pouvoir ? Mais on n'est pas en monarchie quand même que je sache ! Alors laissez-le, laissez les traits d'humour....
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est lui qui le dit. Non mais hier, d'ailleurs il a activement défendu la candidate du PS et j'ai compris qu'il reconnaissait l'autorité des reines et même de sa reine hier en tout cas, comme s'il avait changé ? Quelle va être sa place ?
SEGOLENE ROYAL - Surtout ce qui est important, c'est que les rumeurs cessent, qu'on nous laisse un peu tranquille. Tous les jours on apprend de nouvelles informations sur notre couple, je crois que l'élection présidentielle ne se situe pas à ce niveau. Et là aussi, je crois que les Français sont fatigués de ces traitements médiatiques, de cette intrusion...
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Oui, mais ça vous l'avez dit, le jour où vous avez fait votre déclaration d'investiture vous avez dit, qu'on épargne ma famille et moi-même...
SEGOLENE ROYAL - Oui, mais je les remets à nouveau en garde, les enjeux sont quand même autrement plus importants par rapport à ce qui se passe, par rapport à ceux qui souffrent, à ceux qui attendent un changement profond pour qu'on se laisse disperser sur des considérations de ce niveau.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - C'est Alain JUPPE qui était là dimanche " Au grand rendez-vous " d'EUROPE 1, du PARISIEN etc. qui disait : " les risques de campagne, qu'il les condamnait, les risques de campagne ragots, rumeurs, poubelle. "
SEGOLENE ROYAL - Elles ne viennent pas de notre camp, vous l'aurez observé, parce que la manipulation d'Internet par certains parlementaires UMP encore récemment qui ne cachent même pas l'origine de leurs propos, je crois que ça doit cesser et je crois qu'un peu d'ordre et de dignité doit être mis dans ce débat politique, en tout cas ces méthodes ne viendront pas de notre camp et je pense qu'au bout du compte, les Français nous en seront grés.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Merci Ségolène ROYAL, le week-end prochain, vous serez aux Antilles, auparavant est-ce que vous allez aux funérailles de l'Abbé Pierre ?
SEGOLENE ROYAL - J'irais cet après-midi me recueillir et puis bien sûr, je crois qu'il est important de rappeler ici et de rendre un hommage à cet homme exceptionnel dont le souvenir et dont le cri ne doit pas être oublié. C'est cela qui compte aujourd'hui.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Il ne le sera pas, sa voix continuera d'être entendue.
SEGOLENE ROYAL - Il ne le sera pas si nous assumons nos responsabilités. Et si les mal-logés trouvent enfin une solution et si l'hiver 2008 ne revoient pas ce que l'on revoit à chaque fois de façon inactive.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Surtout qu'il fait très froid aujourd'hui. Je vous remercie Ségolène ROYAL à la prochaine rencontre. Et est-ce qu'il faut dire que pour vous, vos militants et vous-même vous êtes convaincue que tout commence avec vous ? Tout commence avec vous ?
SEGOLENE ROYAL - C'est les Français qui font commencer les choses, ce sont les Français auxquels je donne aujourd'hui la parole, c'est avec leurs voix que je veux faire grandir la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH - Merci, bonne journée.