Interview de Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au commerce extérieur, à "La Tribune" le 6 février 2007, sur le premier bilan du plan Cap Export, initié pour aider les entreprises à mieux exporter.

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Média : La Tribune

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Les entreprises doivent s'ouvrir au monde
Q - Quel premier bilan peut-on tirer du plan Cap Export que vous avez initié ?
R - Plus d'un an après son lancement, Cap Export fonctionne bien. En témoignent les performances des entreprises françaises à l'export, notamment dans les cinq pays cibles définis dans le cadre de ce dispositif, la Chine, l'Inde, la Russie, les Etats-Unis, le Japon, auxquels il faut ajouter notre premier marché, l'Allemagne. Un exemple suffit : alors que les exportations totales ont progressé de 7,5 % sur un an en novembre, les exportations à destination de la Chine ont bondi de plus de 30 % sur la période. Les PME tricolores prennent désormais conscience qu'il leur est indispensable de s'ouvrir à l'extérieur si elles veulent survivre dans un monde de plus en plus concurrentiel. Et ce d'autant plus que la balance commerciale française reste déficitaire, malgré nos bonnes performances à l'international et notre 5ème rang d'exportateur mondial. Je note par ailleurs que les entreprises, et plus particulièrement les PME, ont bien utilisé ce dispositif. Qu'il s'agisse des VIE par exemple (volontaires internationaux en entreprise), inclus désormais dans l'assiette du crédit d'impôt export et dont le nombre a augmenté de 30 % en un an (4.500 VIE en poste actuellement), ou de l'assurance prospection Coface, qui a été améliorée dans Cap Export sur les 5 pays pilotes et dont les demandes ont crû de 20 % dans ces cinq pays.
Q - Les mesures destinées à aider les PME à exporter fonctionnent-elles ?
R - Le nombre d'entreprises utilisant les services et conseils d'Ubifrance et du réseau des Missions économiques a augmenté de 14 % en 2006, avec des niveaux de satisfaction exceptionnels (de l'ordre de 95 %). Les trois quarts des entreprises utilisatrices du VIE sont des PME. Le crédit impôt export connaît également un vif succès auprès des dirigeants de PME, tous les secteurs d'activité pouvant bénéficier de la procédure. Ces chiffres témoignent d'un vrai changement de mentalité. Alors que les chefs d'entreprise issus du baby-boom avaient une vision presque uniquement franco-européenne de leur métier, les dirigeants actuels n'hésitent plus à se lancer et à tenter de conquérir des pays plus lointains. Les vieux clichés, comme la faible pratique de l'anglais des chefs d'entreprise français, tombent peu à peu. Les dirigeants de société sont de mieux en mieux formés pour affronter la concurrence internationale et partir découvrir les opportunités offertes par la mondialisation.
Q - Certains pays comme la Chine exigent des transferts de technologies en échange de contrats. Est-ce un problème pour nos PME ?
R - Sans aucun doute. En acceptant de livrer une partie de leur savoir-faire, les grands industriels limitent de fait la possibilité offerte aux PME de participer activement aux grands contrats signés à l'étranger. Nous devons être vigilants. Il faut qu'un maximum d'entreprises françaises participent et accompagnent les grands projets gagnés par la France à l'étranger. Et, d'autre part, il faut que nous gardions une longueur technologique d'avance sur nos concurrents.