Texte intégral
Q- Vous avez passé quelques heures ce week-end au Salon de l'Agriculture. Alors justement ce salon, il a ouvert ce week-end, les agriculteurs aujourd'hui, ne représentent plus que 4 % des électeurs en France. Cela baisse considérablement et on a constaté aussi que sur le Salon de l'Agriculture, il y a de moins en moins de visiteurs. L'an dernier 20 % en moins, quel intérêt pour les candidats à la présidentielle, de se précipiter sur ce salon ?
R- Alors d'abord, je vais me permettre de modifier quelque peu vos chiffres. C'est vrai que l'année dernière, il y avait eu moins de monde à peu près 20 %...
Q- 20 % tout de même.
R- Oui, ce qui n'est pas rien, alors c'était lié à plusieurs phénomènes : un, on était encore dans les travaux du tramway parisien et ça rendait les choses compliquées. Deux, on était pendant la grippe aviaire, donc il n'y avait pas de volailles, etc. les gens avaient un peu tout mélangé, certains avaient eu peur de venir. Trois, il y avait une météo épouvantable et quatre le prix des places étaient certainement trop élevé. Donc tout ça, a été géré cette année, même la météo, ça ce n'était pas du ressort des organisateurs et pour les premières journées, c'est-à-dire samedi et dimanche on a plus à 20 à 30 % déjà que les mêmes jours de l'an passé. Donc ça marche très bien.
Q- L'entrée c'est combien ?
R- Ecoutez, l'entrée c'est 12 euros pour quelqu'un qui vient. Mais alors il y a des tarifs pour les enfants, alors mes enfants sont déjà grands, je ne les connais plus. Mais enfin c'est accessible à une famille, l'année dernière c'était un peu trop cher.
Q- Mais reste qu'il y a de moins en moins d'agriculteurs, 4 % des électeurs, et pourtant on constate qu'il y a de plus en plus, enfin toujours les présidentiables qui viennent ?
R- Il ne faut pas s'arrêter à ça. Un, il y a dans la population active française, en effet, un peu moins de 4 % de gens qui vivent professionnellement à temps plein de l'agriculture. Mais si vous regardez, vous parliez à l'instant dans votre journal de l'aéronautique. Si vous regardez l'industrie, les emplois agro-alimentaires en France, c'est 13 % des emplois industriels, c'est-à-dire plus que l'industrie aéronautique, plus que l'industrie automobile. Donc il y a l'agriculture, il y a derrière, les emplois agro-industriels, il y a tous les artisans, les entreprises, vous avez en ce moment, un salon du machinisme agricole qui attend 200 000 visiteurs à Villepinte, ce sont des usines sur tout le
territoire. Donc la force économique et donc politique et sociale de l'agriculture va bien au-delà des seuls exploitants. D'où l'intérêt politique mais pas seulement, c'est une grande partie de l'économie française. J'ajoute que si nous sommes le premier pays touristique au monde, c'est parce que nous avons des agriculteurs qui entretiennent nos paysages et les gens qui nous écoutent en ce moment, aux stations de sports d'hiver, s'il n'y avait pas des vaches l'été pour faire qu'il y ait des alpages et des pistes l'hiver, il n'y aurait pas de station de sports d'hiver.
Q- A. Ventura : Une fois ces chiffres posés, on va peut-être parler des enjeux maintenant. Parce qu'on sent bien que nos agriculteurs en France, il y a un malaise chez eux ?
R- Je trouve qu'on exagère un peu, ce terme de malaise. D'abord le revenu agricole l'année dernière en France a crû de 15 %, sauf et ils nous écoutent beaucoup sur RMC, les viticulteurs du Sud qui ont, pour beaucoup d'entre eux, encore des difficultés. Mais on a eu une montée du revenu, les jeunes agriculteurs en France qui ne s'installaient plus, plus 4,4 % d'installations supplémentaires l'année dernière. Donc on a plutôt une agriculture française en bonne santé.
Q- Mais eux se font beaucoup de soucis. Est-ce que ça se joue encore en Europe l'agriculture ?
R- Cela se joue d'abord en Europe, puisque c'est une politique entièrement européenne. Le Général de Gaulle lorsqu'il a construit ce qui était à l'époque la CEE, la Communauté Economique Européenne, l'a fait autour de la politique agricole et la politique agricole est comme la politique de la pêche, la seule politique complètement européenne, complètement intégrée, dans laquelle il n'y a pas de financement...
Q- Mais ça ne va pas durer ?
R- Alors attendez, d'abord vous n'en savez rien et moi non plus. La politique actuelle, elle est bloquée, jusqu'en 2013, c'est ce que la France avec l'Allemagne ont imposé en 2003 au sommet de Berlin.
Q- G. Cahour : Elle sera renégociée en 2008 ?
R- Non, non, non, ce n'est pas une renégociation, alors là c'est... quand on dit ça, c'est qu'on écoute les sirènes ultra-libérales du nord de l'Europe qui voudraient bien que ça soit ça. Non. En 2008-2009, on fait un bilan, mais on ne renégocie pas.
Q- D'accord !
R- La fin du système actuel c'est 2013. Et ne dites pas aux agriculteurs français qu'on renégocie l'année prochaine. Ils viennent, c'est leur première année dans laquelle...
Q- Ils déboulent sur le plateau...
R- Ils déboulent sur le plateau, ils ne sont pas loin, ils auraient raison. C'est leur première année, de la nouvelle PAC aujourd'hui et puis comme A. Ventura, le disait à fort juste titre, il y a l'Europe et puis il y a les enjeux mondiaux de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Q- Justement les enjeux mondiaux : il y a cette montée en puissance des pays émergents, la Chine, l'Inde, le Brésil également, exactement, qui montent en puissance, qui grapillent des parts de marché. Est-ce qu'on pourrait imaginer, comme on l'a vu avec le textile chinois, il y a deux ans, qui a envahi les rayons de nos supermarchés. Est-ce qu'on peut imaginer dans un an, deux ans, trois ans, que l'agriculture des pays émergents envahisse également nos supermarchés et écrase nos agriculteurs ?
R- Si vous le permettez, Guillaume, il y a trois types de pays émergents. Vous avez les pays très pauvres, je pense aux pays d'Afrique, pour lesquels l'agriculture est encore une subsistance et qui n'ont pas du tout, la capacité, malheureusement de venir exporter sur les marchés mondiaux. Vous avez ensuite des pays, des grands pays, qui sont importateurs, vous avez cité l'Inde et la Chine, ce sont des pays qui aujourd'hui encore, importent une grande partie de leur nourriture et qui n'exportent pas ou très peu. Et puis vous avez des grandes puissances qui sont devenues les grandes puissances agro-industrielles, je pense naturellement au Brésil, qui est la première d'entre elles, je pense à l'Argentine, je pense à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et ça ce sont des véritables prédateurs, car ce sont des pays qui voudraient venir sur nos marchés, que nous abaissions nos droits de douanes, sans pour autant faire la moindre contrepartie pour que nous entrions chez eux. C'est la raison pour laquelle la France et l'Europe sont très fermes dans la négociation de l'Organisation Mondiale du Commerce, parce que nous avons un système de préférence communautaire, et nous ne voulons pas abattre nos frontières pour détruire une partie de notre agriculture.
Q- Donc aujourd'hui on vend, c'était le cas aussi avec le textile, et puis ces barrières douanières sont tombées, on l'a vu, il y a deux ans. Pourquoi les Chinois qui montent à une vitesse fulgurante dans tous les domaines, pourquoi dans cinq ans, on ne serait pas envahi par des produits chinois ?
R- Non, mais pour deux raisons : la première c'est que ces pays sont très, très loin de l'autosuffisance alimentaire. Et plus leur population augmente, plus ils doivent produire pour leur population. Donc le monde entier croît en population donc on aura de plus en plus besoin de produits agricoles. Ce qui peut se produire c'est une nouvelle répartition des rôles. Mais par exemple, je vais prendre un exemple, on parle beaucoup des vaches, au moment du salon etc. si nous laissions entrer les bovins brésiliens, sans droits de douanes sur le sol européen, c'est la destruction complète de l'élevage français. Alors ça serait terrible pour nos éleveurs, ça serait terrible pour beaucoup de régions de France, toutes les régions de montagne ou les régions de l'Ouest, où l'élevage est une partie importante du paysage. Et ce serait, pardonnez-moi de le dire aussi, terrible pour les consommateurs. Parce que quand en France, on a un problème sur un steak qui ne va pas, en quelques heures, on retrouve jusqu'à la bête, avant même son abattage, chez l'éleveur. Si vous importez à grands conteneurs de la viande congelée venant du Brésil etc. ; traçabilité, qualité sanitaire : aucune garantie et ça, le consommateur n'apprécierait pas.
Q- A. Ventura : Et quelle garantie on a, que ça n'arrive pas ?
R- La garantie de l'Union européenne, de la force de l'Union européenne là-dessus. Vous savez dans l'Union européenne sur les 27 pays, nous sommes une majorité des pays de l'Union européenne à ne pas vouloir que ça arrive. Nous avons des alliés qui sont les grands pays importateurs de riz, par exemple comme le Japon ou de grands pays comme la Suisse etc. et puis les Américains qui sont un peu entre les deux. C'est-à-dire que les Américains en réalité, ils sont prêts, ils défendent leur agriculture encore plus que nous, encore plus que nous les Européens. Mais eux, nous, on le dit et c'est clair, ce sont des mécanismes votés par les ministres de l'agriculture, eux ce sont des mécanismes un peu cachés par exemple, ils aident leurs exportations d'aides alimentaires, etc. Donc nous disons aux Américains, ok pour bouger, mais bougez les premiers messieurs les Américains.
Q- G. Cahour : N. Sarkozy, pour commencer à aborder la campagne présidentielle et puis on en reparlera plus précisément après une pause. Est-ce que vous, vous défendez la politique de N. Sarkozy en matière d'agriculture ? Lui sa thèse, c'est que les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur production et pas de subventions comme c'est le cas aujourd'hui ?
R- Oui...
Q- Est-ce que ça vous paraît réaliste et pas un peu trop libéral ?
R- Attendez, N. Sarkozy, on en a beaucoup parlé, il en reparlera quand il viendra au Salon jeudi. Il est comme je le suis ou comme l'est le président de la République ou comme le Gouvernement actuel français et ses autres positions, pour la préférence communautaire. Alors ensuite, c'est vrai qu'il y a un décalage de prix, mais le prix à payer pour maintenir une production européenne autonome, pour avoir le pouvoir vert, c'est, vu les bas prix sur le cours international, non pas les subventions, je n'aime pas beaucoup le terme, mais les compensations de nos agriculteurs. Et ça N. Sarkozy l'accepte parfaitement. Ce qu'il veut, c'est qu'on renforce la préférence communautaire et ça va tout à fait dans le sens de ce que je disais sur l'Organisation Mondiale du Commerce, oui, pour acheter et de préférence d'ailleurs disons-le, acheter chez les plus pauvres, acheter au Mali, acheter au Burkina et pas forcément à des grands agriculteurs....
Q- Un agriculteur français avec N. Sarkozy au pouvoir, pourra-t-il vivre de ses revenus et uniquement de ses revenus agricoles et pas de subventions ?
R- La politique agricole de N. Sarkozy, s'il est élu, ce que je souhaite de tout mon coeur, sera la même que celle qui est menée actuellement.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 mars 2007
R- Alors d'abord, je vais me permettre de modifier quelque peu vos chiffres. C'est vrai que l'année dernière, il y avait eu moins de monde à peu près 20 %...
Q- 20 % tout de même.
R- Oui, ce qui n'est pas rien, alors c'était lié à plusieurs phénomènes : un, on était encore dans les travaux du tramway parisien et ça rendait les choses compliquées. Deux, on était pendant la grippe aviaire, donc il n'y avait pas de volailles, etc. les gens avaient un peu tout mélangé, certains avaient eu peur de venir. Trois, il y avait une météo épouvantable et quatre le prix des places étaient certainement trop élevé. Donc tout ça, a été géré cette année, même la météo, ça ce n'était pas du ressort des organisateurs et pour les premières journées, c'est-à-dire samedi et dimanche on a plus à 20 à 30 % déjà que les mêmes jours de l'an passé. Donc ça marche très bien.
Q- L'entrée c'est combien ?
R- Ecoutez, l'entrée c'est 12 euros pour quelqu'un qui vient. Mais alors il y a des tarifs pour les enfants, alors mes enfants sont déjà grands, je ne les connais plus. Mais enfin c'est accessible à une famille, l'année dernière c'était un peu trop cher.
Q- Mais reste qu'il y a de moins en moins d'agriculteurs, 4 % des électeurs, et pourtant on constate qu'il y a de plus en plus, enfin toujours les présidentiables qui viennent ?
R- Il ne faut pas s'arrêter à ça. Un, il y a dans la population active française, en effet, un peu moins de 4 % de gens qui vivent professionnellement à temps plein de l'agriculture. Mais si vous regardez, vous parliez à l'instant dans votre journal de l'aéronautique. Si vous regardez l'industrie, les emplois agro-alimentaires en France, c'est 13 % des emplois industriels, c'est-à-dire plus que l'industrie aéronautique, plus que l'industrie automobile. Donc il y a l'agriculture, il y a derrière, les emplois agro-industriels, il y a tous les artisans, les entreprises, vous avez en ce moment, un salon du machinisme agricole qui attend 200 000 visiteurs à Villepinte, ce sont des usines sur tout le
territoire. Donc la force économique et donc politique et sociale de l'agriculture va bien au-delà des seuls exploitants. D'où l'intérêt politique mais pas seulement, c'est une grande partie de l'économie française. J'ajoute que si nous sommes le premier pays touristique au monde, c'est parce que nous avons des agriculteurs qui entretiennent nos paysages et les gens qui nous écoutent en ce moment, aux stations de sports d'hiver, s'il n'y avait pas des vaches l'été pour faire qu'il y ait des alpages et des pistes l'hiver, il n'y aurait pas de station de sports d'hiver.
Q- A. Ventura : Une fois ces chiffres posés, on va peut-être parler des enjeux maintenant. Parce qu'on sent bien que nos agriculteurs en France, il y a un malaise chez eux ?
R- Je trouve qu'on exagère un peu, ce terme de malaise. D'abord le revenu agricole l'année dernière en France a crû de 15 %, sauf et ils nous écoutent beaucoup sur RMC, les viticulteurs du Sud qui ont, pour beaucoup d'entre eux, encore des difficultés. Mais on a eu une montée du revenu, les jeunes agriculteurs en France qui ne s'installaient plus, plus 4,4 % d'installations supplémentaires l'année dernière. Donc on a plutôt une agriculture française en bonne santé.
Q- Mais eux se font beaucoup de soucis. Est-ce que ça se joue encore en Europe l'agriculture ?
R- Cela se joue d'abord en Europe, puisque c'est une politique entièrement européenne. Le Général de Gaulle lorsqu'il a construit ce qui était à l'époque la CEE, la Communauté Economique Européenne, l'a fait autour de la politique agricole et la politique agricole est comme la politique de la pêche, la seule politique complètement européenne, complètement intégrée, dans laquelle il n'y a pas de financement...
Q- Mais ça ne va pas durer ?
R- Alors attendez, d'abord vous n'en savez rien et moi non plus. La politique actuelle, elle est bloquée, jusqu'en 2013, c'est ce que la France avec l'Allemagne ont imposé en 2003 au sommet de Berlin.
Q- G. Cahour : Elle sera renégociée en 2008 ?
R- Non, non, non, ce n'est pas une renégociation, alors là c'est... quand on dit ça, c'est qu'on écoute les sirènes ultra-libérales du nord de l'Europe qui voudraient bien que ça soit ça. Non. En 2008-2009, on fait un bilan, mais on ne renégocie pas.
Q- D'accord !
R- La fin du système actuel c'est 2013. Et ne dites pas aux agriculteurs français qu'on renégocie l'année prochaine. Ils viennent, c'est leur première année dans laquelle...
Q- Ils déboulent sur le plateau...
R- Ils déboulent sur le plateau, ils ne sont pas loin, ils auraient raison. C'est leur première année, de la nouvelle PAC aujourd'hui et puis comme A. Ventura, le disait à fort juste titre, il y a l'Europe et puis il y a les enjeux mondiaux de l'Organisation Mondiale du Commerce.
Q- Justement les enjeux mondiaux : il y a cette montée en puissance des pays émergents, la Chine, l'Inde, le Brésil également, exactement, qui montent en puissance, qui grapillent des parts de marché. Est-ce qu'on pourrait imaginer, comme on l'a vu avec le textile chinois, il y a deux ans, qui a envahi les rayons de nos supermarchés. Est-ce qu'on peut imaginer dans un an, deux ans, trois ans, que l'agriculture des pays émergents envahisse également nos supermarchés et écrase nos agriculteurs ?
R- Si vous le permettez, Guillaume, il y a trois types de pays émergents. Vous avez les pays très pauvres, je pense aux pays d'Afrique, pour lesquels l'agriculture est encore une subsistance et qui n'ont pas du tout, la capacité, malheureusement de venir exporter sur les marchés mondiaux. Vous avez ensuite des pays, des grands pays, qui sont importateurs, vous avez cité l'Inde et la Chine, ce sont des pays qui aujourd'hui encore, importent une grande partie de leur nourriture et qui n'exportent pas ou très peu. Et puis vous avez des grandes puissances qui sont devenues les grandes puissances agro-industrielles, je pense naturellement au Brésil, qui est la première d'entre elles, je pense à l'Argentine, je pense à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et ça ce sont des véritables prédateurs, car ce sont des pays qui voudraient venir sur nos marchés, que nous abaissions nos droits de douanes, sans pour autant faire la moindre contrepartie pour que nous entrions chez eux. C'est la raison pour laquelle la France et l'Europe sont très fermes dans la négociation de l'Organisation Mondiale du Commerce, parce que nous avons un système de préférence communautaire, et nous ne voulons pas abattre nos frontières pour détruire une partie de notre agriculture.
Q- Donc aujourd'hui on vend, c'était le cas aussi avec le textile, et puis ces barrières douanières sont tombées, on l'a vu, il y a deux ans. Pourquoi les Chinois qui montent à une vitesse fulgurante dans tous les domaines, pourquoi dans cinq ans, on ne serait pas envahi par des produits chinois ?
R- Non, mais pour deux raisons : la première c'est que ces pays sont très, très loin de l'autosuffisance alimentaire. Et plus leur population augmente, plus ils doivent produire pour leur population. Donc le monde entier croît en population donc on aura de plus en plus besoin de produits agricoles. Ce qui peut se produire c'est une nouvelle répartition des rôles. Mais par exemple, je vais prendre un exemple, on parle beaucoup des vaches, au moment du salon etc. si nous laissions entrer les bovins brésiliens, sans droits de douanes sur le sol européen, c'est la destruction complète de l'élevage français. Alors ça serait terrible pour nos éleveurs, ça serait terrible pour beaucoup de régions de France, toutes les régions de montagne ou les régions de l'Ouest, où l'élevage est une partie importante du paysage. Et ce serait, pardonnez-moi de le dire aussi, terrible pour les consommateurs. Parce que quand en France, on a un problème sur un steak qui ne va pas, en quelques heures, on retrouve jusqu'à la bête, avant même son abattage, chez l'éleveur. Si vous importez à grands conteneurs de la viande congelée venant du Brésil etc. ; traçabilité, qualité sanitaire : aucune garantie et ça, le consommateur n'apprécierait pas.
Q- A. Ventura : Et quelle garantie on a, que ça n'arrive pas ?
R- La garantie de l'Union européenne, de la force de l'Union européenne là-dessus. Vous savez dans l'Union européenne sur les 27 pays, nous sommes une majorité des pays de l'Union européenne à ne pas vouloir que ça arrive. Nous avons des alliés qui sont les grands pays importateurs de riz, par exemple comme le Japon ou de grands pays comme la Suisse etc. et puis les Américains qui sont un peu entre les deux. C'est-à-dire que les Américains en réalité, ils sont prêts, ils défendent leur agriculture encore plus que nous, encore plus que nous les Européens. Mais eux, nous, on le dit et c'est clair, ce sont des mécanismes votés par les ministres de l'agriculture, eux ce sont des mécanismes un peu cachés par exemple, ils aident leurs exportations d'aides alimentaires, etc. Donc nous disons aux Américains, ok pour bouger, mais bougez les premiers messieurs les Américains.
Q- G. Cahour : N. Sarkozy, pour commencer à aborder la campagne présidentielle et puis on en reparlera plus précisément après une pause. Est-ce que vous, vous défendez la politique de N. Sarkozy en matière d'agriculture ? Lui sa thèse, c'est que les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur production et pas de subventions comme c'est le cas aujourd'hui ?
R- Oui...
Q- Est-ce que ça vous paraît réaliste et pas un peu trop libéral ?
R- Attendez, N. Sarkozy, on en a beaucoup parlé, il en reparlera quand il viendra au Salon jeudi. Il est comme je le suis ou comme l'est le président de la République ou comme le Gouvernement actuel français et ses autres positions, pour la préférence communautaire. Alors ensuite, c'est vrai qu'il y a un décalage de prix, mais le prix à payer pour maintenir une production européenne autonome, pour avoir le pouvoir vert, c'est, vu les bas prix sur le cours international, non pas les subventions, je n'aime pas beaucoup le terme, mais les compensations de nos agriculteurs. Et ça N. Sarkozy l'accepte parfaitement. Ce qu'il veut, c'est qu'on renforce la préférence communautaire et ça va tout à fait dans le sens de ce que je disais sur l'Organisation Mondiale du Commerce, oui, pour acheter et de préférence d'ailleurs disons-le, acheter chez les plus pauvres, acheter au Mali, acheter au Burkina et pas forcément à des grands agriculteurs....
Q- Un agriculteur français avec N. Sarkozy au pouvoir, pourra-t-il vivre de ses revenus et uniquement de ses revenus agricoles et pas de subventions ?
R- La politique agricole de N. Sarkozy, s'il est élu, ce que je souhaite de tout mon coeur, sera la même que celle qui est menée actuellement.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 mars 2007