Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la commune, cellule de base de la démocratie et de la décentralisation, Vicq-sur-Gartempe (Vienne) le 3 mars 2007.

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Circonstance : Inauguration des nouveaux locaux de la mairie de Vicq-sur-Gartempe (Vienne), le 3 mars 2007

Texte intégral

Monsieur le Maire, cher Bernard JACOB,
Monsieur le Premier ministre, cher Jean-Pierre RAFFARIN,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président, cher René MONORY,
Monsieur le Président du Conseil général, cher Alain FOUCHÉ,
Messieurs les Députés, chers Jean-Pierre ABELIN et Arnaud LEPERCQ,
Monsieur le Vice-président du conseil régional, cher Paul FROMONTEIL,
Mesdames et Messieurs les élus locaux,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Permettez-moi de vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous aujourd'hui, à Vicq-sur-Gartempe, pour inaugurer les nouveaux locaux de la mairie.
Ma venue à Vicq-sur-Gartempe, dans ce charmant village de la Vienne situé aux confins du Poitou, du Berry et de la Touraine, a, pour moi, une saveur très particulière.
Je me sens, en effet, un peu comme en famille dans cette commune qui respire l'odeur de la terre, ce délicieux parfum d'authentique, symbole de la France rurale et vitrine de la France éternelle.
Périple teinté de joie, disais-je, mais aussi d'amitié.
L'amitié qui me lie à mes collègues sénateurs, Monsieur le Premier ministre Jean-Pierre RAFFARIN et Monsieur le Président Alain FOUCHÉ, mais aussi à mon illustre prédécesseur, Monsieur le Président René MONORY.
Le département de la Vienne a bien de la chance, Mesdames et Messieurs, d'être toujours si remarquablement représenté au Sénat de la République.
Vous avez de la chance, mais aussi de l'intuition. J'en veux pour preuve votre choix éclairé d'avoir confié les clés de la mairie à Bernard JACOB.
Depuis 2001, Bernard JACOB a consacré beaucoup de son temps et mis toute sa fougue et toute son énergie au service de la commune.
Je sais que vous n'avez pas ménagé votre peine, Monsieur le Maire, pour mener à bien le projet de réaménagement du presbytère en mairie et prouver, au passage, qu'un même lieu pouvait avoir plusieurs vies.
Armé de votre force de persuasion et de votre pugnacité, vous êtes parti à la chasse..., je veux dire à la chasse aux subventions.
Vous avez su convaincre vos interlocuteurs de la nécessité de soutenir votre projet.
Je tiens à vous féliciter, Monsieur le Maire, car votre action contribue à la préservation et à la promotion de notre patrimoine. Je tiens également à saluer les entreprises locales qui ont réalisé les travaux, en démontrant, une fois de plus, l'admirable savoir-faire de nos artisans.
Mesdames et Messieurs, vous me permettrez de profiter de l'inauguration de cette superbe mairie pour vous parler un peu du maire, de la commune et -Jean-Pierre RAFFARIN n'en sera pas surpris- de la décentralisation.
En tant que président du Sénat, assemblée parlementaire à part entière, à laquelle la Constitution a confié la mission de représenter les collectivités territoriales, je veux d'abord saluer haut et fort l'engagement des maires de France.
Car, on ne le dit jamais assez, où en seraient nos villes et nos campagnes sans le courage, le dévouement et l'abnégation de ces nouveaux hussards de la République ?
Nos concitoyens ne s'y trompent pas. A chaque consultation, à chaque sondage, à chaque enquête, ils désignent invariablement leur maire comme étant leur élu préféré.
Ce lien de proximité, qui unit le maire à ses concitoyens, traduit bien l'attachement, j'allais dire l'affection, que nourrissent les Français à l'égard de leur commune.
Car dans un monde globalisé, la commune se révèle, par une sorte de réflexe identitaire, comme un repère et un refuge.
Cellule de base de la démocratie, la commune est aussi cet espace de citoyenneté où se crée le lien social, où se façonne la cohésion sociale.
En ce sens, le maintien des services publics en milieu rural s'avère un enjeu capital. Car quand une école ferme, quand un bureau de poste baisse son rideau, c'est un peu de vie qui disparaît !
Alors « chapeau », Monsieur le Maire ! Les quelque 720 habitants de Vicq-sur-Gartempe peuvent se réjouir d'avoir dans leur commune, une école primaire, un bureau de poste et les principaux commerces de proximité.
Votre commune démontre que le mouvement amorcé de fermeture brutale de services publics et de disparition massive des commerces en milieu rural n'est pas inéluctable, et encore moins irréversible.
Je suis, par ailleurs, convaincu que nous pouvons définir, à l'échelle intercommunale, de nouvelles solutions concrètes et pragmatiques afin de garantir une présence équilibrée des services publics et un maillage pertinent du territoire.
Et ce n'est pas -j'en suis sûr- mon ami Alain FOUCHÉ qui dira le contraire !
À la tête de l'institution départementale, comme au Sénat, Alain FOUCHÉ est un ardent défenseur de la cause rurale et un inlassable promoteur d'un aménagement du territoire harmonieux et respectueux de l'environnement.
Mes chers amis, vous l'aurez compris, je suis un fervent militant de la gestion de proximité et de l'action locale.
- OUI, je suis de ceux qui considèrent que les collectivités territoriales sont les mieux placées pour renforcer l'efficacité de nos outils de cohésion sociale.
- OUI, je suis de ceux qui pensent que les collectivités territoriales sont les mieux à même de trouver les clés d'un développement économique maîtrisé, parce que nourri des atouts, des richesses et de la diversité de nos territoires.
Pour gagner le pari de l'efficacité, il faut miser sur la proximité !
Pour sa part, l'État doit se recentrer sur ses missions régaliennes, et se concentrer sur ses fonctions de correcteur des inégalités entre les hommes et entre les territoires.
C'est là tout le sens de mon combat en faveur de la décentralisation.
Ce combat, c'est aussi -vous le savez- celui de mon ami Jean-Pierre RAFFARIN, auquel je voudrais rendre aujourd'hui, ici, devant vous, un hommage appuyé, sincère et mérité, pour l'efficacité de son action en la matière.
En tant que Premier ministre, il a gagné une grande bataille. Il a su tenir bon et maintenir le cap qu'il s'était fixé pour mener à bien la « mère des réformes », -pour reprendre son expression-, avec tout le panache, le courage et la détermination qui le caractérisent.
Grâce à Jean-Pierre RAFFARIN, mais aussi -je crois pouvoir le dire- grâce au travail effectué en amont par le Sénat, sur le terrain, « l'organisation décentralisée de la République » est désormais inscrite dans le marbre de notre Constitution.
Aujourd'hui, parce que je sens monter un sentiment de méfiance -pour ne pas dire de défiance- des Français à l'égard de la décentralisation, je veux tordre le cou aux idées véhiculées par certains esprits jacobins nostalgiques, qui jouent les apprentis sorciers en diabolisant la décentralisation.
- NON, la décentralisation n'est pas inéluctablement un facteur de creusement des inégalités territoriales !
- NON, la décentralisation n'est pas inexorablement un vecteur d'augmentation des impôts locaux !
La décentralisation est, au contraire, une réforme bénéfique qui permet de faire plus, mieux et moins cher que l'État. À condition toutefois que l'État, lui-même, en tire toutes les conséquences, au niveau de son organisation et de son fonctionnement. À condition aussi que la fiscalité locale soit réformée et que de nouveaux mécanismes de péréquation soient définis.
Autant de défis à relever, qui constituent, à n'en pas douter, autant d'enjeux pour les prochaines échéances qui nous attendent.
Mes chers amis, voilà les quelques mots que je tenais à vous dire à l'occasion de cette inauguration.
Mais, avant de lever « le verre de l'amitié » et de trinquer à la santé de Vicq-sur-Gartempe, de ses habitants et de ses élus, je veux une nouvelle fois, Monsieur le Maire, cher Bernard JACOB, vous féliciter et vous exprimer toute ma reconnaissance pour votre invitation, bien sûr, mais surtout pour votre action, aussi talentueuse que déterminée, pour votre dynamisme et votre efficacité.
Je sais qu'à votre image, l'équipe municipale qui vous entoure et que vous animez n'est avare ni en imagination, ni en projets. Votre belle mairie en sera désormais une nouvelle et concrète illustration !
Mesdames, Messieurs, vous trouverez toujours au Sénat, « maison des collectivités locales », l'écoute attentive que nous vous devons. Je vous remercie.

Source http://www.senat.fr, le 19 mars 2007