Texte intégral
C'est pour moi une grande satisfaction de pouvoir, à l'occasion de ce bref séjour à Dakar, signer au nom du gouvernement français ces cinq conventions de financement qui sont une nouvelle manifestation de l'importance et de la vitalité de notre coopération.
Certes, avec un total de 3 milliards 200 millions de FCFA, ces conventions ne représentent qu'une part minime de l'effort fourni par la France pour contribuer au développement du Sénégal, effort qui globalement peut être évalué à plus de 70 milliards de FCFA par an.
Mais elles me paraissent concerner des domaines particulièrement sensibles pour l'avenir de votre pays et répondre à plusieurs des préoccupations majeures exprimées par les autorités sénégalaises.
Permettez-moi de rappeler brièvement le contenu et les objectifs des projets de coopération qui bénéficieront de ces financements :
1. Il s'agit en premier lieu d'un projet en matière de santé publique, d'un montant de 600 millions de FCFA, qui se décompose en deux volets. D'une part, une série d'actions d'appui pour l'amélioration du fonctionnement des centres de santé urbains de l'agglomération de Dakar, avec la formation des personnels de santé, la fourniture d'équipements médicaux, des mesures visant à une meilleure prise en charge des urgences, à une amélioration des conditions d'hygiène dans les quartiers et à un renforcement de la surveillance épidémiologique. D'autre part, un programme de lutte contre la bilharziose dans les zones rurales de la région de Saint-Louis qui comporte à la fois des actions de prévention et de sensibilisation des populations et la poursuite d'un programme de recherche pour la mise au point d'un vaccin susceptible d'éradiquer cette maladie endémique.
2. Le second projet, lui aussi d'un montant de 600 millions de FCFA, a pour objet d'aider à la modernisation, la bonne gestion et la transparence des administrations financières de l'Etat. Destiné aux principales administrations du ministère des Finances, il offrira un complément de formation à leurs personnels, apportera l'expertise nécessaire pour certaines réformes touchant aux procédures ou à l'organisation, et fournira une série d'équipements pour l'informatisation des services. Il contribuera aussi à la mise en place définitive de la Cour des Comptes sénégalaise, en aidant à son installation matérielle par des équipements informatiques et mobiliers, et par la formation continue de ses magistrats.
3. Un troisième projet de 600 millions de FCFA intéresse la police et la gendarmerie et vise à améliorer le niveau et les conditions de sécurité des citoyens, particulièrement dans certaines grandes zones urbaines. Il est destiné à renforcer les capacités de la police nationale en matière de sécurité publique et d'actions de proximité et à favoriser la création d'un service de police secours performant. Il contribuera aussi à améliorer, par la mise en place de moyens nouveaux et une restructuration des services, les conditions de travail et l'efficacité de la police judiciaire.
4. Le quatrième projet de 600 millions de FCFA porte sur le domaine de l'enseignement supérieur et plus particulièrement de l'enseignement à la gestion des entreprises. Il vise à adapter les formations des futurs cadres aux besoins de l'économie sénégalaise et sera mené en collaboration à la fois avec les autorités universitaires et les organisations patronales. Il devrait aboutir à une meilleure formation des enseignants des établissements publics et privés d'enseignement de la gestion et à la création dans ce domaine d'une école doctorale à l'Université de Dakar et d'une nouvelle maîtrise spécialisée à l'Université de Saint-Louis.
5. Le dernier projet enfin, d'un montant un peu supérieur puisqu'il est de 800 millions de FCFA, me tient spécialement à cur et me paraît avoir une résonance toute particulière dans le contexte actuel. Il s'agit en effet d'un projet d'appui au développement local dans la région de Casamance. Son objectif global est de participer à la relance des activités économiques en Casamance, en collaboration avec le Conseil régional de Ziguinchor et les représentants de la société civile de la région.
Il consistera d'une part à mettre à la disposition des responsables locaux l'expertise et les outils d'analyses économiques et sociales nécessaires pour parvenir à la définition de stratégies de développement adaptées à la situation spécifique et aux espoirs de paix dans la région. D'autre part, il permettra de consolider les dynamiques locales par un cofinancement des projets des communautés rurales et des groupements urbains (ONG, associations) ainsi que par un effort particulier concernant les programmes locaux de formation professionnelle.
Je voudrais souligner qu'au moment où le processus de paix en Casamance rentre dans une phase décisive, nous sommes heureux d'être parmi les premiers à pouvoir contribuer à la relance des activités économiques dans une province sinistrée par 20 ans de conflits.
Ces cinq projets financés par le Fonds de Solidarité prioritaire du ministère des Affaires étrangères touchent, on le voit, des domaines très divers. Mais ils viennent enrichir, dans des secteurs essentiels, la gamme des interventions de notre coopération visant à améliorer à court terme des conditions de vie des populations. Ils viennent renforcer le niveau de compétence, d'efficacité et de transparence de centres de décisions, qui jouent un rôle capital dans le développement à plus long terme de votre pays.
De ce fait, ces projets me paraissent s'inscrire parfaitement dans le cadre des deux objectifs majeurs retenus aujourd'hui par la communauté des bailleurs et la plupart des pays bénéficiaires de l'aide : la réduction de la pauvreté et la bonne gouvernance.
Ces deux axes prioritaires ont toujours été au centre des préoccupations et de la stratégie de la coopération franco-sénégalaise. Cela me paraît une excellente chose qu'ils soient maintenant partagés par l'ensemble des partenaires au développement et fassent l'objet d'un effort commun dans lequel la France est prête, bien entendu, à prendre toute sa part, comme le lui commandent les relations privilégiées qui l'unissent au Sénégal.
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 avril 2001)