Texte intégral
Conférence Mondiale sur le Dopage à Lausanne le 2 février 1999
Intervention de Marie-George Buffet, Ministre de la Jeunesse et des Sports de la République Française
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Ce qui nous réunit aujourdhui, est essentiel pour lavenir du sport.
Le combat contre le dopage, nous devons le mener en pensant à ces millions de femmes, dhommes, de jeunes, qui trouvent dans le sport une source dépanouissement, de liberté, de rencontre et douverture aux autres.
Nous devons le mener pour ces championnes et champions qui nous ont donné et nous donnent de lémotion, du rêve, grâce à leur talent, leur travail, leur persévérance.
Nous devons le mener en pensant à tous ces jeunes pour qui le sport est porteur de valeurs et de repères.
Ce qui motive la présence du gouvernement de la France à cette Conférence, cest la conviction que pour être gagné, ce combat a besoin dune mobilisation sans précédent des Etats, au côté, et en complémentarité de laction des associations sportives nationales et internationales.
Regardons la réalité du dopage dans le sport, telle quelle est, partout dans le monde.
Regardons cette réalité en évitant, den minimiser lampleur et la gravité. En refusant, comme cest parfois trop commode, de montrer du doigt telle ou telle discipline, et entretenir ainsi lillusion dun phénomène marginal.
Mais regardons aussi cette réalité en refusant tout autant, et avec la même vigueur, de laisser croire que tous les sportifs, toutes les sportives seraient des dopés, ce qui est faux !
Car si nous acceptions cet almagame, cette banalisation du dopage dans le sport, nous risquerions daboutir à lacceptation dun dopage médicalement assisté.
Le dopage, cest dabord une tricherie, une atteinte à léthique du sport, un détournement du sens et des valeurs humaines que le sport doit porter.
Certes, le phénomène nest pas récent. Mais il sest considérablement transformé.
Aujourdhui, le dopage na ni frontières, ni nationalité. Il concerne aussi bien les pratiques amateurs que professionnelles, aussi bien le haut niveau que la base, la compétition que le loisir, les hommes que les femmes, les adultes que les jeunes.
Dans le même temps, les produits utilisés sont de plus en plus sophistiqués et dangereux. Ce que nous commençons à peine à savoir sur leurs conséquences à plus ou moins long terme, montre que des vies humaines sont en danger.
Enfin, cela nest plus à démontrer, le dopage est devenu un commerce lucratif, qui donne lieu à des trafics organisés.
Face à un tel fléau, le gouvernement français, avec lappui du mouvement sportif et en premier lieu du Comité National Olympique, a travaillé à une nouvelle législation qui se caractérise par trois axes forts.
- Dabord, la priorité absolue est donnée à la prévention, avec la mise en place dun suivi médical des sportifs de haut niveau. Ce dispositif - je tiens à le souligner - est mis en oeuvre conjointement par lEtat et par les fédérations sportives.
- Par ailleurs, la nouvelle loi française renforce la lutte contre les trafics de produits interdits, en sanctionnant plus sévèrement les pourvoyeurs, et en élargissant les champs dinvestigation.
- Enfin, la nouvelle loi crée une structure réellement indépendante de tous les pouvoirs. Cette autorité est notamment chargée de suivre et de conseiller le mouvement sportif dans les procédures de sanctions.
Jajoute que cette loi contre le dopage sera suivie dune nouvelle loi sur le sport, qui devra donner au mouvement sportif les moyens de préserver le sens de la pratique sportive, face à la pression des intérêts financiers.
Mais chacun en est bien conscient : face à un dopage qui concerne tous les pays, une action concertée et cohérente au niveau mondial, est devenue indispensable.
Cest pourquoi, le gouvernement français se félicite, dune part, de la tenue de cette conférence organisée par le Comité International Olympique et de linitiative dy inviter les Etats ; et, dautre part, de lengagement de lUnion Européenne dans cette mobilisation.
Oui, une action à léchelle mondiale est incontournable, et devrait se fixer trois objectifs prioritaires.
En premier lieu, il est nécessaire de sattaquer aux causes profondes du dopage. Disons-le clairement : à travers le dopage et dautres dérives, le sport subit aujourdhui très durement la pression aveugle dintérêts financiers, qui ne se soucient ni du sens du sport, ni de la vie dêtres humains.
Bien évidemment, le sport a besoin dargent. Mais largent ne doit pas dicter ses règles au sport. Or, il faut bien le reconnaître : les enjeux dintérêts privés liés aux droits de télévision, aux contrats publicitaires, aux ventes de produits dérivés, exercent une terrible pression sur les compétitions sportives et sur les sportifs eux-mêmes.
Cette pression aboutit a des calendriers sportifs surchargés, à des entraînements de plus en plus lourds, à des temps de récupération de plus en plus écourtés.
Cest au bout de cette course infernale aux résultats à tout prix et à nimporte quel prix, que se rencontre la tentation du dopage.
Si nous voulons faire reculer durablement le dopage, cela passe nécessairement par la priorité de léthique sportive sur toute autre considération.
Je pense que, sans tarder, des mesures précises doivent être prises, pour que les calendriers des compétitions soient compatibles avec la protection de la santé des sportifs. Cette responsabilité incombe, bien sûr, aux organisations sportives internationales.
Le second objectif dune action mondiale, devrait être dinciter chaque pays à mener une lutte déterminée contre le dopage.
Naturellement, il ne sagit pas, dans notre esprit, dimposer arbitrairement tel ou tel dispositif. Libre à chaque pays de déterminer la voie et les moyens datteindre un objectif commun, dans le respect des compétences des Etats et des mouvements sportifs.
Le troisième objectif dune action mondiale contre le dopage, devrait être de parvenir à une harmonisation indispensable dun certain nombre de dispositifs, tant au niveau des Etats que des organisations sportives.
Dans ce cadre, nous estimons urgent :
- De faire respecter et appliquer par lensemble des mouvements sportifs une liste unique des substances et des procédés interdits.
- Dans le même esprit, il est indispensable dadopter une procédure unique de prélèvement et danalyse médicale, applicable par tous les laboratoires agréés.
- Enfin, il est nécessaire dharmoniser les sanctions sportives, afin déviter les disparités actuelles dun sport à lautre, qui sont vécues comme une injustice, une incohérence et alourdissent les procédures juridiques. Cette harmonisation doit se faire dans une démarche déquipée et doit miser sur la possibilité pour un sportif de retrouver le chemin dun sport sans dopage.
Par ailleurs, dans le cadre des actions communes qui peuvent déjà se mener au niveau de lEurope, la France souhaite, dune part, que la recherche médicale sur le dopage soit intégrée au programme européen de santé et de recherche ; et, dautre part, que la lutte contre les trafics de produits interdits fasse lobjet dune coopération policière, judiciaire et douanière.
Enfin, sagissant du projet de création dune agence mondiale de lutte contre le dopage, nous estimons quune telle structure devrait présenter toutes les garanties dindépendance et de transparence ; elle devrait travailler en coordination avec les agences nationales existantes, et apporter une aide directe aux pays en voie de développement, qui ne sauraient être tenus à lécart de cette aspiration universelle à un sport véritablement humain.
Mesdames et Messieurs,
Le dopage est une négation du sport. Nous devons nous attaquer à ce fléau avec courage et détermination. Cette conférence mondiale suscite de lintérêt et beaucoup dattente. Cest à nous tous ; Gouvernements, Comités Olympiques, fédérations sportives médecins, éducateurs, que revient la responsabilité de répondre à ces attentes.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr)
Intervention de Marie-George Buffet, Ministre de la Jeunesse et des Sports de la République Française
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Ce qui nous réunit aujourdhui, est essentiel pour lavenir du sport.
Le combat contre le dopage, nous devons le mener en pensant à ces millions de femmes, dhommes, de jeunes, qui trouvent dans le sport une source dépanouissement, de liberté, de rencontre et douverture aux autres.
Nous devons le mener pour ces championnes et champions qui nous ont donné et nous donnent de lémotion, du rêve, grâce à leur talent, leur travail, leur persévérance.
Nous devons le mener en pensant à tous ces jeunes pour qui le sport est porteur de valeurs et de repères.
Ce qui motive la présence du gouvernement de la France à cette Conférence, cest la conviction que pour être gagné, ce combat a besoin dune mobilisation sans précédent des Etats, au côté, et en complémentarité de laction des associations sportives nationales et internationales.
Regardons la réalité du dopage dans le sport, telle quelle est, partout dans le monde.
Regardons cette réalité en évitant, den minimiser lampleur et la gravité. En refusant, comme cest parfois trop commode, de montrer du doigt telle ou telle discipline, et entretenir ainsi lillusion dun phénomène marginal.
Mais regardons aussi cette réalité en refusant tout autant, et avec la même vigueur, de laisser croire que tous les sportifs, toutes les sportives seraient des dopés, ce qui est faux !
Car si nous acceptions cet almagame, cette banalisation du dopage dans le sport, nous risquerions daboutir à lacceptation dun dopage médicalement assisté.
Le dopage, cest dabord une tricherie, une atteinte à léthique du sport, un détournement du sens et des valeurs humaines que le sport doit porter.
Certes, le phénomène nest pas récent. Mais il sest considérablement transformé.
Aujourdhui, le dopage na ni frontières, ni nationalité. Il concerne aussi bien les pratiques amateurs que professionnelles, aussi bien le haut niveau que la base, la compétition que le loisir, les hommes que les femmes, les adultes que les jeunes.
Dans le même temps, les produits utilisés sont de plus en plus sophistiqués et dangereux. Ce que nous commençons à peine à savoir sur leurs conséquences à plus ou moins long terme, montre que des vies humaines sont en danger.
Enfin, cela nest plus à démontrer, le dopage est devenu un commerce lucratif, qui donne lieu à des trafics organisés.
Face à un tel fléau, le gouvernement français, avec lappui du mouvement sportif et en premier lieu du Comité National Olympique, a travaillé à une nouvelle législation qui se caractérise par trois axes forts.
- Dabord, la priorité absolue est donnée à la prévention, avec la mise en place dun suivi médical des sportifs de haut niveau. Ce dispositif - je tiens à le souligner - est mis en oeuvre conjointement par lEtat et par les fédérations sportives.
- Par ailleurs, la nouvelle loi française renforce la lutte contre les trafics de produits interdits, en sanctionnant plus sévèrement les pourvoyeurs, et en élargissant les champs dinvestigation.
- Enfin, la nouvelle loi crée une structure réellement indépendante de tous les pouvoirs. Cette autorité est notamment chargée de suivre et de conseiller le mouvement sportif dans les procédures de sanctions.
Jajoute que cette loi contre le dopage sera suivie dune nouvelle loi sur le sport, qui devra donner au mouvement sportif les moyens de préserver le sens de la pratique sportive, face à la pression des intérêts financiers.
Mais chacun en est bien conscient : face à un dopage qui concerne tous les pays, une action concertée et cohérente au niveau mondial, est devenue indispensable.
Cest pourquoi, le gouvernement français se félicite, dune part, de la tenue de cette conférence organisée par le Comité International Olympique et de linitiative dy inviter les Etats ; et, dautre part, de lengagement de lUnion Européenne dans cette mobilisation.
Oui, une action à léchelle mondiale est incontournable, et devrait se fixer trois objectifs prioritaires.
En premier lieu, il est nécessaire de sattaquer aux causes profondes du dopage. Disons-le clairement : à travers le dopage et dautres dérives, le sport subit aujourdhui très durement la pression aveugle dintérêts financiers, qui ne se soucient ni du sens du sport, ni de la vie dêtres humains.
Bien évidemment, le sport a besoin dargent. Mais largent ne doit pas dicter ses règles au sport. Or, il faut bien le reconnaître : les enjeux dintérêts privés liés aux droits de télévision, aux contrats publicitaires, aux ventes de produits dérivés, exercent une terrible pression sur les compétitions sportives et sur les sportifs eux-mêmes.
Cette pression aboutit a des calendriers sportifs surchargés, à des entraînements de plus en plus lourds, à des temps de récupération de plus en plus écourtés.
Cest au bout de cette course infernale aux résultats à tout prix et à nimporte quel prix, que se rencontre la tentation du dopage.
Si nous voulons faire reculer durablement le dopage, cela passe nécessairement par la priorité de léthique sportive sur toute autre considération.
Je pense que, sans tarder, des mesures précises doivent être prises, pour que les calendriers des compétitions soient compatibles avec la protection de la santé des sportifs. Cette responsabilité incombe, bien sûr, aux organisations sportives internationales.
Le second objectif dune action mondiale, devrait être dinciter chaque pays à mener une lutte déterminée contre le dopage.
Naturellement, il ne sagit pas, dans notre esprit, dimposer arbitrairement tel ou tel dispositif. Libre à chaque pays de déterminer la voie et les moyens datteindre un objectif commun, dans le respect des compétences des Etats et des mouvements sportifs.
Le troisième objectif dune action mondiale contre le dopage, devrait être de parvenir à une harmonisation indispensable dun certain nombre de dispositifs, tant au niveau des Etats que des organisations sportives.
Dans ce cadre, nous estimons urgent :
- De faire respecter et appliquer par lensemble des mouvements sportifs une liste unique des substances et des procédés interdits.
- Dans le même esprit, il est indispensable dadopter une procédure unique de prélèvement et danalyse médicale, applicable par tous les laboratoires agréés.
- Enfin, il est nécessaire dharmoniser les sanctions sportives, afin déviter les disparités actuelles dun sport à lautre, qui sont vécues comme une injustice, une incohérence et alourdissent les procédures juridiques. Cette harmonisation doit se faire dans une démarche déquipée et doit miser sur la possibilité pour un sportif de retrouver le chemin dun sport sans dopage.
Par ailleurs, dans le cadre des actions communes qui peuvent déjà se mener au niveau de lEurope, la France souhaite, dune part, que la recherche médicale sur le dopage soit intégrée au programme européen de santé et de recherche ; et, dautre part, que la lutte contre les trafics de produits interdits fasse lobjet dune coopération policière, judiciaire et douanière.
Enfin, sagissant du projet de création dune agence mondiale de lutte contre le dopage, nous estimons quune telle structure devrait présenter toutes les garanties dindépendance et de transparence ; elle devrait travailler en coordination avec les agences nationales existantes, et apporter une aide directe aux pays en voie de développement, qui ne sauraient être tenus à lécart de cette aspiration universelle à un sport véritablement humain.
Mesdames et Messieurs,
Le dopage est une négation du sport. Nous devons nous attaquer à ce fléau avec courage et détermination. Cette conférence mondiale suscite de lintérêt et beaucoup dattente. Cest à nous tous ; Gouvernements, Comités Olympiques, fédérations sportives médecins, éducateurs, que revient la responsabilité de répondre à ces attentes.
Je vous remercie.
(Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr)